Pentecôte, un rendez vous avec l’Esprit

« Qu’il et difficile d’aimer… » chante Gilles Vignault, et je viens d’en faire l’expérience, que certains on pu voir en direct sur Fasse Bouque…

Il m’arrive de réagir à des phrases piquées ici ou là sur les contributions des « amis », en phase avec l’actualité ou le contexte culturel.

Cela a commencé avec l’annonce de mes amies de St Augustin, que j’apprécie toujours autant : L’annonce de « la tentation » d’une nouvelle version du « Notre Père ».

Il me semblait qu’aucune des versions en usage ou proposée ne correspondait plus à ce que nous percevions du message des évangiles (pluriels!) et de l’intention proposée par Jésus de Nazareth. En effet certainement qu’il ne souhaite pas nous « Laisser tomber dans la tentation », « succomber à la tentation » « induire en tentation » et encore moins « y conduire ».

J’avais relevé que l’exemple de Jésus nous indique plutôt que nous sommes responsables de nos comportements, et que notre attitude face à la tentation découle d’une décision individuelle dont les conséquences nous touchent personnellement.

Nous avons le choix, quand la tentation « passe devant nous » de prendre ou de ne pas prendre, d’hésiter, de soupeser, et finalement de décider.

Si c’est facile quand c’est une tartelette au citron de plus, c’est naturellement plus difficile quand il s’agit d’avoir plus de pouvoir, d’argent, ou d’influence.

C’est là que le dialogue a commencé à déraper : quand j’ai essayé d’argumenter avec la raison de la foi, j’ai eu quelques réactions positives – merci – et en particulier une autre qui m’opposait le « Catéchisme de l’Eglise Catholique », qui promet « l’Enfer » à qui se laisse tenter.

Il y a pas mal de références dans la vie de Jésus à propos de ceux qui ont été tentés, et donc « pécheurs ». Ils sont pardonnés : La« femme adultère » ne sera pas lapidées, Zachée hébergera Jésus à Jéricho et la phrase célèbre au Golgotha « Père pardonne leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ».

En ce qui concerne « l’Enfer » il est suffisamment présent sur cette terre, pour ne pas le souhaiter à son meilleur opposant.

En essayant de resituer ces notions dans leur contexte historique, comme l’usage de « codes » qui évoquent des émotions, des douleurs ou des récompenses. Il y a des images qui à leur époque permettaient de transmettre une idée, ou de contrer des croyances absurdes, et dont nous savons que « le pied de la lettre » est absurde…

Sauf que mon intention de partager sereinement des arguments divergents en vue de se comprendre, même si nos convictions ne sont pas les mêmes, a produit une agressivité troublante : J’étais devenu un abominable « protestant  anti catholique » indigne de dialoguer avec une VRAIE catholique qui me traite de « sale type » …

Pour ceux qui me connaissent, ce n’est pas vraiment ce qu’ils savent de mon parcours, pas seulement œcuménique, mais bienveillant envers mes frères et confrères « romains » qui m’accueillent, et avec qui je partage tant d’activités, toujours avec bonheur … et je ne parle pas des Sœurs de St Augustin, mes chères « frangines » depuis des années.

Dans les années 90, j’avais déjà été confronté à ce genre de problématique, lors d’un repas « œcuménique » avec les paroisses voisines. Un frère de St Jean m’avait expliqué pendant une heure en quoi mes convictions étaient étrangères et opposées à l’église catholique romaine… J’avais beau lui dire qu’il ignorait tout de mes convictions, il n’en démordait pas : Il avait le Salut, et moi la Géhenne : Le dessert a eu du mal à passer.

Les « dogmes » ont leur utilité, comme la connaissance des formules chimiques pour connaître la composition des matériaux, mais dans la vie courante, les explications sur les relations intra-trinitaires du concept divin, la pertinence de la durée de la « vie éternelle », la consubstantiation ou la transsubstantiation des espèces de l’eucharistie n’a que peu d’effet sur notre besoin de communier solidairement avec ce Jésus-Christ qui est présent et nous échappe. Il nous échappe comme le « Nom de Dieu », « Nom d’un Père » inconnaissable depuis la tradition hébraïque, mais « Père » qu’il faut « sanctifier » pour expérimenter notre famille spirituelle.

En ce qui concerne la nouvelle formulation de prière exemplaire, j’en donerai le sens suivant :

                                         « Aide nous à ne pas choisir de nous laisser tenter                                              par ce qui n’apporte rien à notre humanité »

Et je suis d’accord que, liturgiquement, c’est un peu difficile a dire tous ensemble, alors, n’importe quelle formule conviendra si nous en assumons la responsabilité.

Avec le temps j’ai appris que la foi de chacun est particulière, et que toutes les expressions qui en témoignent ont leur valeur si cela permet de vivre dans la liberté, la vérité et la charité.

Croire aux apparitions divines ou ne pas y croire, croire à l’intervention des saints ou les laisser dans leur cryptes ou leurs montagnes ne me gène pas du tout. Un lumignon éclairant le souvenir de ma visite, une médaille bénie qui aide à surmonter des difficultés, ou qu’elle soit seulement un bijou hérité de ses parents n’aura que la valeur que nous lui donnerons, « Grâce à Dieu ».

Mais tous les « il faut… » « on doit …», et toutes les barrières construites pour favoriser les privilèges de « ceux qui savent » ou qui imaginent imposer leur « pouvoir » d’ouvrir ou de fermer les portes de l’enfer sont exactement ce que Jésus de Nazareth dénonçait chez les scribes et les pharisiens.

Ce que nous raconte la Bible, c’est la géniale (vous pouvez dire Sainte) histoire de la vie des hommes et des femmes, confrontés aux difficultés de leur temps, économiques, politiques, spirituelles. A toutes les époques ils ont raconté leurs espoirs, leurs doutes, leurs morts et leurs victoires. Ils expliquent les conditions de leur survie, et surtout de la survie d’une idée fondamentale : Nous sommes porteurs de l’intuition vitale, « Divine » si vous voulez, qu’il y a quelques conditions pour que l’humanité puisse vivre en paix, du noyau familial à l’échelle des nations : « Dix Paroles » qui sont le message fondamental des croyants, et que nous pouvons trouver sur tous les continents et dans toutes les cultures.

Alors, oui, l’ENFER se manifeste quand ce que JE crois n’est pas conforme à ce que je pense que TU crois, et qu’il est nécessaire de T’éliminer pour affirmer que J’ai raison.

A propos des risques de « l’autorité » spirituelle, souvent mise en question quand elle devient abusive, les habitants des Indes disent qu’ « On a le gourou qu’on mérite », ici, le « président que nous avons élu »… Dans l’Eglise, nous qui avons les « Dix Paroles », nous avons quelques critères pour sélectionner ceux qui peuvent nous accompagner, et nous rappeler que nous ne sommes rien d’autre que l’un ou l’une d’entre nous, ni plus ni moins privilégié au regard de la communauté humaine.

En cela, le Pape François trace bien la route qui reconduit au « Royaume de Dieu » …  mais on y est pas encore.