Claude Vigée, dans son livre « Dans le Silence de l’Aleph » nous rappelle que la genèse commence avec la lettre Beth Berechit. Avant, dans l’alphabet, Aleph, le caractère hébraïque est silencieux. Il ne « dit » rien mais il contient « tout » puisqu’il est à l’origine.
Il contient toute la Torah, toutes les « paroles » divines, toute la « sagesse de Dieu » et les fins dernières dans un soupir…
Il est « JE SUIS » qui s’adresse à Moïse dans le buisson, il est PAROLE VIVANTE et non écrite, exprimée par Jésus de Nazareth, et au cœur de la spiritualité hébraïque et donc aussi de la nôtre.
Introduction :
Il est passionnant de cheminer dans la pensée humaine et de découvrir que les nécessités du moment ont façonné la spiritualité, marqué la compréhension du monde, influencé les manières de vivre et de s’organiser pour créer des civilisations, des cultures et des religions.
Depuis l’apparition du « mâle Alpha » dans la meute, dans la tribus humanoïde des chasseurs cueilleurs, comme chez la plupart des mammifères rescapés de l’époque des dinosaures, nous avons ramassé des souvenirs, des mythologies, des rituels qui ont eu un impact sur les individus, les familles, les groupes-tribaux. Ces identifications ethniques, et les nations qui sont actuellement héritières de ces cheminements hasardeux ou conscients, sont les fruits des aspirations du pouvoir pour les uns ou d’une réflexion philosophique pour d’autres.
Aussi haut que nous remontons dans les strates archéologiques, nous trouvons – et nous n’avons pas encore tout exploré – des témoignages de ces progrès que nous appelons « civilisations » sans trop savoir si c’est positivement ou négativement comme le XXe siècle nous l’a hélas prouvé.
Les deux « Testaments » de la Bible témoignent de cette évolution et expriment avec perspicacité les étapes de nos prises de conscience et de notre situation dans la création. Les humains sont en ce sens, une espèce très particulière, et pour l’instant la seule qui articule et verbalise son évolution de manière consistante.
La Bible n’est pas LA révélation ultime des VERITES, mais elle a bien servi ceux qui en ont fait usage à leurs profits. Elle n’a pas été expurgée des bonnes idées pour se libérer des entraves à la liberté de penser. Elle va nous permettre d’accéder à une compréhension ouverte et tolérante de nos contemporains. Contemporains de toutes les époques, ce qui n’est pas rien.
Nous aborderons quelques textes bibliques en utilisant des techniques de partage modernes, pour décrypter les enjeux des « auteurs » qui les ont proposés à un moment donné, pour répondre à une attente ou une nécessité sociale, politique ou religieuse.
1. « JE SUIS m’a envoyé vers vous » Pour dé-masquer « Dieu » !
Il faut lire le livre de l’Exode au 21e siècle en utilisant, la technique de la Lectio Divina,
qui laisse le texte résonner/raisonner en nous, sans a priori historique ou spirituel.
Nous découvrons que l’affectif y prend une place importante. Les références de la religion populaires sont prépondérantes, surtout pour des « laïcs » qui ont une formation biblique élémentaire. C’est d’autant plus vrai pour les textes du premier testament, souvent évoqués dans le « catéchisme », comme une partie de « l’Histoire Sainte » de Jésus de Nazareth.
Dans le cadre de la préparation théologique du Camp Biblique Œcuménique de Vaumarcus, sur les « Je Suis » dans l’évangile de Jean, nous avons fait le détour par Exode 3, qui nous raconte la rencontre de Moïse et de « Dieux ». Lors de la mise en commun des réflexions induites par notre Lectio Divina, nous avons constaté que les participants d’âges très divers plaçaient leur représentation de DIEU au centre d’un schéma, où ils se situaient eux mêmes en périphérie.
Les « intentions de prières » qui en ont découlées s’adressaient à sens unique vers une divinité omnipotente … Il y avait les demandes générales du genre « paix dans le monde » ou « protection contre les catastrophes », par contre très peu de demandes qui auraient pu déboucher sur des relations interpersonnelles, de solidarité ou d’assistance.
Des « post-it » sont utilisés pour mettre en évidence la relation entre les participants et celui qui dit « JE SUIS ». Les descriptions de cet interlocuteur conduit en effet à ce que la tradition va interpréter par une sorte de mot-valise « Le Seigneur », pour traduire le tétragramme YHWH imprononçable selon la « Loi ». Dans les anciennes Bibles : « L’Éternel » va devenir le « Nom de Dieu », que le conseil donné à Moïse de « ne pas l’appeler en vain » soit ou non respecté.
Exode 3:6 écrit: « JE SUIS le dieu de ton père, dieu d’Abraham, Isaac et Jacob. » Il faut rappeler qu’ici le verbe être est au présent, pour l’attribuer à des patriarches qui ont vécu à des époques différentes.
Exode 3:12 : « « JE SUIS avec toi, et voici le signe que c’est moi qui t’ai envoyé – délivrer ton/mon peuple d’Égypte – Vous servirez dieu sur cette montagne »
Exode 3:14 : « Tu parleras au fils d’Israël « JE SUIS m’a envoyé vers vous… »
Exode 4:12 et 4:15 : JE SUIS avec ta bouche et je t’enseignerai ce que tu dois dire »
Sans oublier Exode 6:3 : « JE SUIS apparu à Abraham, Isaac et Jacob comme Dieu puissant, mais sous mon nom « Le Seigneur » (YHWH) je ne me suis pas fait connaître d’eux ».
Nous sommes héritiers de toute la pédagogie / Théologie hébraïque des tribus d’Israël.
Après de multiples divagations culturelles et géographiques cela nous a conduit à une interprétation contre laquelle s’élevait justement cette manière originale de percevoir Dieu, ou plutôt la « trace de Dieu » que constituent les « dix Paroles » qui sont le seul signe verbalisable de cette « divinité incroyable ».
2 le schéma « normal » à l’époque de Moïse comme à la nôtre.
Il faut revenir à l’expérience de la « Lectio divina » et situer « JE SUIS » dans ce cadre expérimental :
Il semble assez évident que nous étions d’accord pour dire que « JE SUIS » était au milieu de NOUS dans la mesure où nous formions un cercle, et ce « TOUT AUTRE » était au centre du cercle. Nous nous adressions à lui, en croyant/espérant que, de ce centre, il interviendrait d’une manière ou d’une autre, selon notre intime conviction. C’est bien ainsi que nous le percevons parfois.
Nous avons notre divinité avec un nom « Dieu », dont on dit qu’il s’est « incarné » dans une figure humaine exemplaire « Jésus de Nazareth » a un moment de l’Histoire.
Il a eu une mère : « Marie » la bienheureuse, comme tous les Pharaons et autres dieux dont la mythologie a signalé le passage sur la terre des mortels.
Quelques privilégiés ont saisi l’enjeu de ce schéma, son immuabilité,
comme son impossible pertinence en dehors de la « foi ».
Ils se sont proclamés interprètes du divin, et garants de la foi, si entente.
C’est l’origine de la caste des Inter-prêtres…. DEUS EX MACHINA est la norme.
Il faut plaire à la divinité par des rituels sélectifs pour chaque objectifs : Fécondité, pluie, etc.
Les « demandes » adressées à Dieu relèvent de l’action « supérieure » externe au groupe.
Dieu intervient dans le Mystère de la foi – si cela marche – et me place dans la catégorie des « pêcheurs » naturellement coupables et responsables, si cela ne marche pas.
Le salut m’est accordé à titre personnel et rarement bénévole, par l’intermédiaire « mandaté ». L’accomplissement de ma prière reste le « fait du prince » si c’est une élection sacerdotale, ou la conjonction des petits hasards de la vie que le croyant appelle « miracle » , mais il ne faut pas trop attendre du ciel comme nous le rappelait l’Ecclésiaste .
3 L’improbable gestion du Mâle Alpha
dans l’organisation humaine.
Le sociologue Dany-Robert Dufour risque une comparaison entre les mammifères à forte cohésion de meute, comme les loups, conduits à la chasse par le mâle dominant, et les chiens, héritiers/descendants des canidés dont le dressage à supprimé l’instinct d’obéissance à leur semblable le plus « fort » génétiquement.
Le dressage des meutes de chiens – mais c’est aussi valable pour le chien familial – va remplacer le semblable par le « maître chien », tout autre, qui organisera les activités des animaux et en assurera la subsistance et la survie.
Pour revenir à l’espèce humaine des « mammifères grégaires » – on ne peut se tromper sur la qualification – la Femelle Alpha productrice de la descendance, le fait avec le(s) mâle(s) à disposition, le meilleur sera le plus choisi. Nous pouvons en trouver la trace dans le récit de la Genèse, lorsque « Dieu fait l’humain à son image, mâle et femelle il les créa »
Mais nous trouvons aussi dans ce même livre de la Genèse, un autre récit d’origine qui va structurer la société « biblique » : l’homme est créé de la terre « Adam » pour cultiver le sol, puis sa femme, issue de son propre corps pour l’assister. La division des individus « Alpha » se singularise, c’est le moins qu’on puisse dire.
Chacun étant « Maître chez lui » la situation se complique quand les groupes se rencontrent, voir se confrontent pour le territoire de chasse et de cueillette.
Nous sommes loin dans le passé et ce sont naturellement des conjectures :
Il y a deux solutions : le « combat des chefs » dont nous avons un écho dans l’histoire de Caïn et Abel ou Jacob et Esaü, qui proposent la « négociation entre les chefs ». La raison voudra
pour la survie de tous que la négociation se développe avec un langage commun.
Reste la question de la légitimité du chef « Alpha », si la coexistence entre les groupes humains doit être organisée avec plus de références incontestables.
Si nous remontons encore sur une autre piste archéologique, entre Lascaux et Altamira pour faire court, les humains ont longtemps cohabité dans les mêmes grottes que les ours.
La plus ancienne trace connue d’association possible entre l’ours et la culture humaine se trouve dans la grotte du Regourdou, en Périgord . L’animal était plus puissant et il a sans doute été considéré comme supérieur par la force ou la résistance. De ce fait il est considéré comme une émanation de ce qui devait « gouverner les astres et la pluie ». Mais plus important, il était « tout autre » que l’espèce humaine… Dans les religions scandinaves et nordiques, l’ours est resté longtemps associé ou identifié à la divinité. Les légendes dans les cultures où vivent des ours en sont la trace évidente.
L’étape suivante sera d’interpréter les signes donnés par cet animal tutélaire.
Ce sera le développement du « chamanisme », de l’organisation religieuse, des « prêtres interprètes » de la « volonté des dieux », Nous retrouvons la comparaison faite par Dany Robert Dufour à propos des meutes de chiens : Le « maître Chien » devient le « Mâle Alpha » de la meute, comme le grand interprète du divin devient le leader de la tribu,
Dans une compétitivité du pouvoir, il partagera ce rôle avec le « chef » géniteur et/ou guerrier auquel il conférera sa légitimité.
Comme Samuel qui désignera Saül puis David comme rois d’Israël.
La religion serait donc un mode d’expression ethnoculturel dont on fait usage à bien plaire.
Dans la culture hellénistique, le lieu du divin est, identifié en gros par la montagne de l’Olympe, où règne « ZEUS » – dont le terme « DIEU » est en fait la traduction. Nous avons appris depuis longtemps que la mythologie grecque à l’époque de la rédaction du Second Testament n’était pas vraiment prise au sérieux comme « croyance » mais permettait, par ses typologies, de décrire les heurts et malheurs, les bienfaits et les hauts faits de la vie courante.
Le « bon sens » renvoyait « Aux Dieux » les pouvoirs surnaturels et aux prêtres le soin d’en organiser les rituels, qui, s’ils ne font pas de bien, ne font pas de mal.
A titre d’illustration de la conviction relative des grecs à l’époque de l’Apôtre Paul : Lorsqu’il traverse Athènes, il voit une autel au « dieu inconnu ». Selon sa culture religieuse, il pense que les philosophes grecs ont la « foi » en ces divinités dont il constate les temples érigés sur l’Acropole.
Invité à s’exprimer à l’aréopage devant les citoyens intellctuels de la ville, il se lance dans un discours identifiant le « dieu inconnu » de l’Autel entrevu avec le « dieu de Jésus Christ, mort et ressuscité ». Ce qui déclenche les rires de l’assemblée et contraint Paul à se réfugier à Corinthe
pour se familiariser avec la culture grecque et ses croyances.
4 Aménophis IV–> Akhenaton et la divinité solaire, un faux ancêtre, et une filiation incertaine.
Reprenons alors les textes d’Exode et situons la problématique dans son contexte socio-culturel à l’origine de l’intuition Mosaïque.
L’histoire des religions nous fait remonter de quelques siècles avant l’ère chrétienne, au temps des pharaons, et des intrigues religieuses entre les différents temples de la vallée du Nil.
Leurs divinités impliquent des propriété foncières et donc des revenus agricoles pas toujours équitablement négociés . Le pouvoir du Pharaon, lui même divin, pour autant que sa mère soit restée vierge en le mettant au monde, est contesté et contestable. Le rôle du Pharaon comme « chef de guerre » doit, par la force des choses, être soutenu par la population productrice des ressources agricoles, et de la soldatesque.
En Égypte, le rôle du Pharaon était de servir « les dieux » et d’obéir aux prêtres qui sont garants de l’orthodoxie. Aménophis IV se trouve paralysé par le clergé qui dispose de la garde des symboles divins tangibles et surtout des territoires dont il exploite la production pour ses propres revenus. Tout le monde s’épuise, y compris les travailleurs migrants qu’il faut inviter pour compléter la main d’œuvre nécessaire aux exigences somptuaires des temples : Plus c’est beau, plus c’est Divin.
En reprenant ici le concept du « Mâle Dominant » et de son substitut divin, les prêtres accordent à leurs dieux des pouvoirs fort utiles pour exploiter leurs contemporains.
Avec la territorialisation et la sédentarisation des tribus ou des peuples, la construction des temples est une bonne résidence pour des statues vénérables et vénérées.
Mais quand le nomadisme est le mode de vie du groupe, il y a deux possibilités : Soit profiter des Autels locaux, ce qu’ont fait les hébreux nomades à Béthel, Horeb (Sion), Garizim, Hébron, etc soit mettre le « divin » en boîte et le transporter avec tout son fourbi de place en place. C’est l’Arche de l’Alliance avec son problématique contenu et ses « accessoires de camping ».
Aménophis IV propose une intéressante alternative, sans doute suggérée de l’intuition d’un clan nomade particulièrement démuni : Troquer les dieux en matières périssables contre une évidence brûlante mais indispensable à la vie : Le soleil : Il brille sur les bons et sur les méchants, Il n’est pas enfermable dans un temple, ni une pyramide. Il se moque bien des ordres et désordres des prêtres, tous temples confondus. Pourvoyant à tous coups de soleils, sécheresse et inondations selon son humeur. Il est surtout inaccessible aux mains accapareuses des mafias religieuses traditionnelles.
Aménophis IV va donc tenter de changer le monde, en tout cas dans la vallée du Nil, et remplacer les cohortes de divinités par un Dieu unique et éminemment céleste inaccessible, dont la régularité du retour ne s’était jamais démentie Il va proclamer de son poste privilégié et pharaonique que le divin supérieur de tous les dieux est « ATON » le soleil.
C’est là qu’Aménophis IV devient Akhenaton, un pharaon exceptionnel.
Je m’en veux d’être rabat joie, mais il faut bien dire qu’avec son fils les choses ont assez mal tourné pour l’intuition d’Akhenaton. Très vite rattrapé par les « Frères Egyptiens Traditionalistes », le jeune roi ne résistera pas à la révolte des prêtres. Tout Ank Aton fut sans doute accompagné dans la mort, estourbi et majestueusement enseveli sous le nom de « Tout Ank Amon » avec sa garniture funéraire, pour la plus grande joie de Lord Carnavon et du Musée des Antiquités du Caire.
Ainsi tout reviendra dans l’ordre : Quand on sait où est Dieu, et comment on s’en sert,
la vie est plus facile, mais pas pour tout le monde.
5 Les mythes des patriarches migrateurs
Les nomades du « Croissant Fertile » se sont fait des divinités bien ancrées sur le sol qu’elles fertilisaient annuellement, avec une bonne grosse déesse dans le style des statues de Botero..
Déjà les changements climatiques rendent les territoires du moyen orient plutôt inconfortables pour les nomades. Quelques uns se rendent en Egypte pour se faire engager comme saisonniers. Ils y avaient été invités par un Joseph, l’un des leurs, qui s’était fait une place au soleil chez la femme de Potiphar, puis comme 1er ministre du Pharaon – c’est ce qu’on raconte, mais n’y accordez pas trop crédit : il n’y a pas trace de cette histoire sur les hiéroglyphes égyptiens pourtant bien renseignés.
Bref après quelques générations, les Nilotiques se sentent un peu à l’étroit sur leurs terres entre les déserts, puisqu’ils doivent partager leurs récoltes avec ces immigrants sans documents d’établissement, et pourtant bien utiles pour bâtir des pyramides et les temples, et garder les enfants des femmes de la noblesse.
Plus tard, à l’époque de Ramsès 2 Le Souverain « Mâle Alpha » caractéristique, va faire construire des monuments pharaoniques par des esclaves issus de populations nomades, attirées par la sécurité de l’approvisionnement généré par les crues du Nil, ce fleuve qui n’est pas soumis aux aléas du climat de la méditerranée orientale.
Ces travailleurs, soumis à une forme d’esclavage, avaient une extrême difficulté à comprendre l’enchaînement des causes et des effets d’une action collective ou individuelle. La perspective la plus large était sans doute la famille, et à terme la mort de l’individu. L’humain n’est qu’un grain de sable. Une des caractéristique de cette forme d’asservissement est la conviction que le statut des esclaves est « voulu par les dieux ».
Les droits limités, à part travailler, fournissent de bonnes raisons de se révolter.
Les migrants vont se retourner vers leurs ancêtres pour échapper au joug pharaonique.
Ils vont refaire le lien avec cette forme de spiritualité qui ne s’encombre pas de « Veau d’Or »
et de chats en onyx.
L’un des leurs, pourtant éduqué à la cour du pharaon, avait été obligé de s’enfuir un peu rapidement à la suite d’une dispute qui avait mal tourné. Il s’était mis à la disposition de Jéthro,
un éleveur qui transhumait dans le Sinaï. .
Nous retrouvons donc Moïse sur la montagne « Horeb » quelque part entre le golfe persique et la Mer Rouge, avec son idée de charte pour survivre ailleurs qu’en Egypte et en bonne intelligence avec ses voisins … Sauf que les Égyptiens ne voulaient pas vraiment voir leur personnel se syndiquer, se mettre en grève et larguer les amarres pour des cieux supposés plus cléments. C’était aussi sans compter sur les prudents à la mentalité presque helvétique qui pensaient que ce n’était pas le moment, la bonne saison, le bon leader, la bonne direction.
L’intuition qui va animer la démarche de « Moïse », c’est le souvenir de cette divinité insaisissable et improbable des Madianites, pourtant disponible tous les jours et indépendamment de nos humeurs. Une référence qui pourrait aider ces esclaves à « sortir d’Egypte ».
Moïse va donner au peuple quelques bonnes raisons de bien se comporter, en mettant en évidence des règles élémentaires de savoir vivre en familles. Des règles valables aussi à la dimension de la tribu, voir du peuple.
Moïse est un leader spirituel, intermédiaire entre le Divin et les humains, mais pas un « Chef Alpha » c’est ce qu’il fait remarquer au « buisson » Exode 3 :11 ¶ Moïse dit à Dieu : « Qui suis-je pour aller vers le Pharaon et faire sortir d’Égypte les fils d’Israël ? »
Exode 4 :10 ¶ Moïse dit au SEIGNEUR : « Je t’en prie, Seigneur, je ne suis pas doué pour la parole, ni d’hier, ni d’avant-hier, ni depuis que tu parles à ton serviteur. J’ai la bouche lourde et la langue lourde. »
11 Le SEIGNEUR lui dit : « Qui a donné une bouche à l’homme ? Qui rend muet ou sourd, voyant ou aveugle ? N’est-ce pas moi, le SEIGNEUR ? 12 Et maintenant, va, JE SUIS avec ta bouche et je t’enseignerai ce que tu devras dire. ».
13 Moïse dit : « Je t’en prie, Seigneur, envoie-le dire par qui tu voudras ! »
14 La colère du SEIGNEUR s’enflamma contre Moïse et il dit : « N’y a-t-il pas ton frère Aaron, le lévite ? Je sais qu’il a la parole facile, lui. … quand il te verra, il se réjouira en son cœur.
Bref, sans responsable de l’information, et avec un promoteur autrement plus éloquent, notre messager n’avait plus beaucoup d’arguments pour ne pas refiler la mission à son frangin Aaron, qui prendra la parole à sa place quand cela deviendra trop intimidant. Donc tout seul en présence d’un buisson prétendu ardent, il va recevoir les « DIX PAROLES » qui vont permettre de vivre libre, après avoir suivi la procédure d’exil indispensable auprès du Pharaon.
6 Une relation à Dieu qui évite l’objectivation
et la dépendance à « un autre » :
Exode 4 :12 « JE SUIS avec toi, dit–il. Et voici le signe que c’est moi qui t’ai envoyé : quand tu auras fait sortir le peuple d’Egypte, vous servirez Dieu sur cette montagne. »
13 Moïse dit à Dieu : « Voici ! Je vais aller vers les fils d’Israël et je leur dirai : Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous. S’ils me disent : Quel est son nom ? – que leur dirai–je ? »
14 Dieu dit à Moïse : « JE SUIS QUI JE SERAI. » Il dit : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : JE SUIS m’a envoyé vers vous. »
15 Dieu dit encore à Moïse : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : Le SEIGNEUR, Dieu de vos pères, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous. C’est là mon nom à jamais, c’est ainsi qu’on m’invoquera d’âge en âge.
Comme la grammaire de l’époque n’était pas encore configurée par l’académie, la fameuse phrase :« JE SUIS QUI JE SERAI. » donnera lieu à toutes sortes d’interprétations toutes plus passionnantes les une que les autres, pour signifier essentiellement ce que Dieu a si bien résumé : Il dit : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : JE SUIS m’a envoyé vers vous. »
Plus tard, on a expliqué : C’est le Dieu D’Abraham, Isaac et Jacob.
Surtout ce « divin » n’était pas réductible à un temps, à un objet, ni à un lieu particulier, ce qui pourtant lui arriva à l’insu de son plein gré, sur l’esplanade de Jérusalem particulièrement consacrée aux horions inter-religieux.
La pédagogie du « buisson », a été de persuader Moïse qu’il avait une mission : Avant, tu disais « je suis les ordre d’un autre » en courbant l’échine. Maintenant tu dois te montrer à la hauteur en t’affirmant « JE SUIS porteur de la règle » qui nous permettra de vivre là où coulera le lait et le miel, pour autant que j’y élève mon bétail et que nous entretenions nos ruches… sans les piquer aux voisins et en bonne entente avec eux…
Donc en ce temps là, comme on raconte dans les histoires, ces nomades, avaient suivi leurs troupeaux avec armes et bagages. Ils avaient émigrés dans le delta du Nil. Installés, ils sont devenus des cultivateurs . Ils étaient aussi les ouvriers bâtisseurs de villes et de temples.
Si Moïse prend de l’autorité, il tente de la faire partager par son peuple… Il ne veut pas être le Grand Prêtre d’une nouvelle divinité, il ne veut même pas en récupérer une dans la liste des viennent ensuite en dehors de l’Égypte. Le sens du divin qu’il tente de faire passer est dans l’être de la personne. L’être humain qui s’affirme est le seul garant de la règle de vie qui s’impose comme condition minimum.
Ce sont dix règles de vies sans effet contraignants autres que le consentement commun.
Et si on y parvient, alors on se réjouira ensemble et ce sera la célébration de ce « JE SUIS » enfin universel…
Ces itinérants qui n’avaient pas encore inventé le char, devaient se contenter d’une divinité mobile. Elle devait être assez légère pour être déplacée de campement en campement, éventuellement dans un coffre décoré de chérubins, qu’on appellera, en temps utile, « Arche de l’Alliance » chez les hébreux.
Le « dominant divin tout autre » est géré par les descendants d’Aaron, les lévites, qui organisent la « tente d’assignation », la version Camping du Temple. Comme l’explique Thomas Römer : A la longue cela devient un peu encombrant !
Pas de chance très vite le schéma de base refait son apparition : Le Veau d’Or en est un épisode, mais aussi cette phrase critique d’Exode 6:3 : « JE SUIS apparu à Abraham, Isaac et Jacob comme Dieu puissant, mais sous mon nom « Le Seigneur » (YHWH) je ne me suis pas fait connaître d’eux » : sous entendu « Ils l’ont inventé ! ».
La célébration sur l’Horeb rassemblera le peuple, et l’holocauste (sacrifice) offert est l’incinération complète de l’offrande, de ce fait il n’y a pas de reste pour alimenter un clergé !
Le besoin de se conformer aux exigences de la culture religieuse va imposer la présence des dix paroles sous forme tangible, comme référence divine : Si on n’a plus d’idole, au moins on a quelque chose à montrer. Le pentateuque va mettre en évidence ce besoin de conformité et cette lutte incessante pour asseoir la légitimité du peuple hébreu- D’abord avec la « Tente d’Assignation » et « L’Arche de l’Alliance » puis avec la construction longtemps repoussée du « Temple », refusée à David et concédée à Salomon. Il sera finalement construit par Josias.
On y incinère rituellement l’holocauste, mais on y brûle aussi toutes sortes d’animaux, dont le clergé fait sa nourriture, en encaissant les taxes religieuses. Il faut bien entretenir ces gens et leur rôle de contrôleur du rituel.
La règle devient impérative : Ce sont « Dix Commandements ». Elle se vénère comme norme à côté de la divinité dont on tait le nom. Le « SEIGNEUR » est identifié comme « Puissant » avec tous les attributs des divinités « normales », et naturellement « la meilleure » pour ses adeptes. Pour accompagner les Dix Paroles, on mettra dans la « caisse » quelques objets dont on ignore aujourd’hui l’inventaire, mais qui pourraient bien être une « Tête de Veau » et quelques autres objets symboliques en or offerts par des amis qui voulaient se faire bien voir, ou spoliés chez des ennemis pour se venger des pertes subies.
Les fidèles de Moïse vont se baser sur ces débuts prometteurs pour élaborer un ensemble de textes devenus « bibliques » inspirés par toutes sortes de sagesses, de disputes et de trouvailles. Ils ont augmenté les dix paroles d’une infinité d’autres préceptes pour éviter les sandwiches Jambon Beurre, le travail du samedi, les mariages inter religieux et les voisins arabes.
La destruction du Temple 5e siècle av.JC va permettre le développement de la célébration synagogale et le questionnement du texte justement mis à jour par Esdras et Nehémie.
La reconstruction du Temple par Hérode l’Iduméen, contesté à l’époque de Jésus par les disciples de Jean Baptiste et les juifs de Qumran, va remettre au centre des polémiques religieuses le statut du temple, de ses servants prêtres, Lévites, pharisiens et autres docteurs de la Loi. Les débats se retrouvent aujourd’hui dans les textes de la tradition juive du Talmud, de Jérusalem ou de Babylone.
7 Le retour aux sources, ou la pérennité de l’intuition initiale
Dans le Livre de l’Exode, lorsque « JE SUIS » se manifeste, ce sont des hommes de chair et de sang, des « messagers » pour Abraham et Sarah par exemple(EX:6:3), un « combattant » pour les retrouvailles de Jacob et Esaü.
Dans le Premier Testament, nous découvrons que « Je Suis » mandate Moïse (Ex 3:14) pour exprimer devant le peuple les dix paroles.
« Je suis qui je suis » l’énigmatique identité de ce Dieu qui va se transcrire par « יהוה YHWH »
et se faire nommer « Le SEIGNEUR » ou « Adonaï » (Hébreu : אֲדֹנָי), Mes Seigneur, qui est la forme « plurielle » de « Seigneur », bien que syntacticalement singulier , pour éviter de prononcer son nom en vain, nom qui a finalement été comme effacé de la mémoire et de la tradition.
« Le nom divin suggère, pour utiliser une expression moderne, la totalité de l’être et de l’existant » écrit Mircea Eliade son « Histoire des croyances et des idées religieuses ».
Dans la traduction grecque du Premier Testament, le tétragramme « יהוה YHWH » est traduit par « Kurios Kurios » qui est traduit par « SEIGNEUR » celui qui est très vite associé au terme de
«דבר DAVAR » la parole créatrice de la Genèse… seule manière d’appréhender l’identité divine. C’est cette même identité à qui est attribuée la création et les dix paroles qui sont au cœur même de l’enseignement de Jésus de Nazareth
Abraham Heschel écrit que « L’hébreu biblique n’a pas d’équivalent au mot « chose », « objet ». Le mot «דבר DAVAR », qui plus tard servira à traduire « chose », signifie en hébreu biblique: parole, mot, message, nouvelle, demande, promesse, décision, récit, dicton, affaire, occupation, actions, bonnes actions, événement, façon, manière, raison, cause; mais jamais « chose » ni « objet ». Est-ce le signe d’une pauvreté de vocabulaire, ou plutôt l’indication d’une juste vue du monde, qui ne confond pas la réalité (mot dérivé du latin res, chose ) avec le monde des objets ? »
8 Le terme employé par Jean : le « Logos logos »
dans le contexte hellénistique.
La tradition du premier testament en grec, alimenté par la LXX utilise le terme de Logos pour traduire דבר DAVAR ce qui ne pouvait échapper à Jean l’Evangéliste, ni à Jésus lui même qui baignait dans la culture hellénistique de la région. Une région où aujourd’hui encore la pratique de diverses langues s’impose naturellement… Et nous retrouvons le « Kurios Kurios » dont nous lisons qu’il s’identifie avec Jésus dans les évangiles.
Le « Logos=logos » est un concept qui apparaît au 6e siècle av JC et qui a été explicité – si on peut dire – par Héraclite d’Ephèse qui déplorait que « ce logos qui est toujours, les hommes sont incapables de le comprendre ».
Il est à l’origine de la pensée humaine, c’est le code qui nous permet de mettre des idées et des images en relation et de les formuler pour les partager, et les transmettre. Le logos est à l’origine de la pensée humaine, il est la raison créatrice de sens : « par la parole l’homme parvient à se représenter la réalité, à lui donner un sens » Après Héraclite la notion de Logos, assimilée à la fois à la raison et à la parole, va désigner la rationalité qui dirige le monde. »
Philon d’Alexandrie, philosophe juif contemporain de Jésus va intégrer ce concept dans la culture juive : « C’est l’image de Dieu la plus ancienne de toutes les choses intelligibles »
Dans Le Livre de la Sagesse 9:1-2, nous découvrons que Dieu a créé le monde à partir de sa parole (logos logos /דבר DAVAR) tandis qu’avec sa sagesse il a formé l’homme :
1 Dieu des pères et Seigneur miséricordieux qui as fait l’univers par ta parole,(logos ) 2 formé l’homme par ta Sagesse afin qu’il domine sur les créatures appelées par toi à l’existence.
Sagesse 9
Jean l’évangéliste va encore insister en citant des « paroles de Jésus » : « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, Je Suis. » (Jn 8:58) ce qui va naturellement horripiler les juifs qui l’entourent dans le temple de Jérusalem, et qui vont, évidemment, l’entendre comme « Je suis Dieu », ce que ne vont pas manquer d’expliquer les théologiens ultérieurement avec le dogme de la Trinité..
Dans l’évangile de Jean, en français, Le Verbe, c’est en grec le « Logos » logos
et quand Jésus dit « je suis » il utilise bien le verbe qui dit « l’être » personnel.
Et Jésus insiste – enfin ses amis ont insisté pour le lui faire dire – « Celui qui m’a vu a vu le Père »
Jean,14, 7-14 En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux- tu dire : ? Montre-nous le Père ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais.
Logiquement le début de l’Evangile de Jean résume cette affirmation, qui permettra au Rabbi de Nazareth de dire « Je Suis » avec autorité
Jean 1 :1 ¶ Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu.
2 Il était au commencement tourné vers Dieu.
3 Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui.
4 En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes,
5 ¶ et la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point comprise.
« Je Suis » les deux mots qui font « tilt dans l’Evangile de Jean : 59 mentions dans les 4 évangiles pour 91 citations dans la Bible.
« Le chemin la vérité, la vie » « la porte » « la lumière du monde » « le pain de vie » « celui que vous cherchez » et même Jean 13:19-20 : 19 Je vous le dis à présent, avant que l’événement n’arrive, afin que, lorsqu’il arrivera, vous croyiez que Je Suis.
20 En vérité, en vérité, je vous le dis, recevoir celui que j’enverrai, c’est me recevoir moi–même, et me recevoir c’est aussi recevoir celui qui m’a envoyé. »
Nous savons par le nombre de citations bibliques que le fait de dire « je suis » en affirmant sa personnalité : « Je suis celui que Dieu envoie » « Je suis le roi » «je suis prophète » etc, est une affirmation identitaire forte.
Employé dans d’autres circonstances, il est un auxiliaire verbal qui accompagne celui qui prononce les paroles : « je suis venu… » « Je suis arrivé … » « Je me suis trouvé … » « Je suis affligé… » etc. Qui ne souligne pas l’identité du locuteur, mais son activité ou sa situation a un moment donné.
Dans le prologue de l’Evangile de Jean cité ci dessus, l’évangéliste, et sa communauté associent directement la personne de Jésus comme expression du VERBE (être) de DIEU.
Dans la Bible on trouve « Je suis » comme affirmation divine 135 fois dans le premier Testament
71 fois seulement chez Ezechiel
et seulement 2 fois dans le second Testament
« Je suis » comme affirmation de son identité ou de son autorité : 124 fois dans le premier Testament 2 fois chez Ezechiel !
84 fois dans le second Testament 65 fois dans les actes et ss.
« Je suis …» affirmé par Jésus de Nazareth apparaît 61 fois dans les évangiles,
cité 5 fois dans le le reste du second Testament.
Le terme « Je suis le Seigneur » (Adonaï) est mentionné 90 fois dans la Bible
« Je suis Dieu » seulement 3 fois : Ps. 46:10, Esaïe 43:12, Osée 11:9
Esaïe 52:6 : Mon peuple va savoir que JE SUIS Celui-là même qui affirme « Me Voici »
Jean 14:9 « Je suis avec vous… Celui qui m’a vu a vu le Père » (Référence à « Notre Père » dont JC est le « fils »)
Jésus de Nazareth va exprimer « je suis » dans de nombreuses situations
« Je suis au milieu de vous » « Prenez et mangez, ceci est mon corps, ceci est mon sang »…
Là ou deux ou trois sot réunis en mon nom, « JE SUIS » au milieu d’eux ...
Tiens tiens… est-ce que cela ne signifierait pas une autre représentation schématique ?
Car nous le savons bien, c’est quand nous sommes ensemble que nous percevons la présence de « JE SUIS » comme quelque chose d’immédiat, de « personnel » et d’intérieur…
« JE SUIS » est alors le sujet et non plus une forme verbale attribuée à Jésus par les habitudes du Schéma classique : Si Dieu est « tout autre » il n’est donc pas de moi.
Jésus a vécu autrefois, il est certainement (?) ressuscité mais il ne faut pas trop en parler, car il est d’une essence divine, donc inaccessible à nous autres pauvres humains sans « I-phone » céleste…
Essayons alors un autre schéma pour dire « JE SUIS » au milieu de vous.
ll n’y a plus d’objectivation divine.
Le respect des dix paroles est du ressort de tous et de chacun.
L’autorité est le consensus.
Quand je prie, chacun entend ma prière, ou y est sensible.
JE SUIS me répond à travers l’attention qu’il me porte.
La présence de « JE SUIS » est faite de tous ceux qui sont porteurs de cette conviction intime : « nous sommes le sel de la terre » « Nous sommes la lumière du Monde ».
« Toutes les fois que vous l’avez fait c’est à moi que vous l’avez fait », … etc.
9 Le changement de schéma a un impact
sur le mode de célébration
A partir de la « résurrection » nous devons, une fois de plus, nous remettre à examiner la situation des disciples du Supplicié de Nazareth : L’idéal s’est effondré, c’est un cauchemar et le désarroi a gagné les plus fidèles. Pierre a même renié ses relations avec le crucifié, comme Jésus s’y attendait.
Et puis, le « calme » revenu dans les cœurs et les consciences. Le souvenir de l’autorité de leur ami et surtout la pertinence de ses propos devient évidente : Ils le reconnaissent même dans une conversation de bistrot, à Emmaüs. Au moment où ils partageaient les souvenirs de son enseignement, il devient clair que « JE SUIS (est) au milieu d’eux ». Ce sont leurs propres sentiments, leurs propres émotions, leurs propres convictions qui le rendent présents, non pas à côté d’eux, puisqu’il n’est plus là, mais dans leurs propres affirmations de pouvoir dire « je suis » porteur de ce « message » pour un monde différent.
Encore une autre manière de recevoir la « tradition » de l’Église qui s’est instituée assez rapidement : Si l’anecdote d’Emmaüs en est une illustration, elle traduit bien l’expérience commune de tous les amis après un traumatisme partagé : On va se retrouver, pour partager nos émotions, pour un repas, « pour boire un verre » en souvenir de lui.
Alors bien sûr ils se souviennent des repas en commun et en particulier du repas de la veille de Pâque, avec son rituel et sa traditions de partage, de plats spéciaux, de pain partagé et de « coupe du Salut » « On va faire cela en mémoire de Lui » deviendra « En mémoire de Moi » dans la liturgie.
Ce qu’ils ont en commun, c’est la conviction que les « Dix Paroles » sont maintenant de leur responsabilité et qu’ils ont la possibilité de les affirmer en tant que « je suis » leur porte voix.
Le rituel ne s’adresse plus à un Zeus Ex Machina, mais rassemble les fidèles autour d’un événement commun : Le repas de la cène en est le signe organisé par les disciples de Jésus de Nazareth comme modèle de célébration de la présence de « JE SUIS » au milieu de nous.
L’étude de la Torah rend évidente « la présence divine » dans le groupe qui la partage…
Pour les convives d’Emmaüs, c’est « culturellement évident ».
A distance, cela demande un éclaircissement. Car pour beaucoup de « croyants », dès que l’histoire passe la naissance de Jésus, nous sommes dans un « monde Chrétien » et tout ce qui se dit et se raconte fait partie du « Christianisme » … Le fait que Jésus soit « juif », et pour certains le plus juif des juifs, est toujours un sujet d’étonnement.
La communauté réunie est signe de cette présence. Cette « présence » n’est plus le « symbole » d’une divinité qui aurait dit « je suis qui je suis » et que l’on va convoquer une fois par semaine dans une « célébration », et aussi souvent qu’on peut quand les choses ne se passent pas trop bien.
Peut-on mettre en question l’idée du « Divin Alpha » cité en exergue de cet article selon Claude Vigée … sauf que maintenant, il a de nombreux « Porte-Paroles » ordonnés ou désordonnés pour interpréter le « silence » ou la totalité de la Bible.
Nous pouvons mettre en évidence que la tradition hellénistique a avalé la tradition judéo-chrétienne dans une philosophie globalisante et rationnelle conforme à une « RELIGIO » qui a besoin d’un ensemble de règles qui permettent de se reconnaître « reliés ».
Et puis, ne nous voilons pas la face : Quand un groupe humain souhaite pérenniser son existence, il se constitue en « association », avec un président, un secrétaire, un trésorier et des membres…
Le Rabbin Marc Alain Ouaknine cite un des maîtres du Hassidisme qui demanda un jour à ses disciples quel était le plus grand malheur qui avait frappé le peuple Juif …
-
L’esclavage en Égypte ? Non
-
L’exil à Babylone Non,
-
La destruction du Temple Non
-
La diaspora forcée par les romains ? Non
-
Mais alors quoi ?
Le maître répond « La religion »…
Je ne peux pas manquer de rappeler que ces dix paroles ne sont pas des « commandements » à proprement parler, mais des principes de survie en société, fondamentaux pour la pérennité de l’espèce humaine . Ce sont des conseils – si on peut dire – qui se retrouvent dans toutes les société humaines, sous une forme ou sous une autre, de la Terre de Feu au Kamtchaka, et des Iles Kouriles à San Diego en Californie (en passant par Téhéran ou par l’île de Pâques!)
10 Le Mystère de l’identification consciente de Jésus.
Pour les besoins de la cause religieuse, nous assistons à une élaboration théologique de la personnalité de Jésus de Nazareth. Nous ignorons absolument s’il « savait » que ces attributions messianiques allaient lui donner le statut divin, dont la Trinité allait couronner son identité quelques années / siècles après sa mort.
En conséquence, l’affirmation « je suis » dans la bouche de Jésus doit être intégrée dans le contenu signifiant de ses paroles qui sont traditionnellement attribuées au « Kurios Kurios »« יהוה YHWH »
Pourtant, 6 lui qui est de condition divine n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu. 7 Mais il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes, et, reconnu à son aspect comme un homme, 8 il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix.
Une autre « collision » conceptuelle se produit quand Marie est envisagée comme « Mère de Dieu ». Cela se comprend naturellement, car elle est mère de Jésus, et quand il est devenu « Kurios Kurios », «דבר DAVAR » de « יהוה YHWH » … donc reconnu comme identique au Père originel. Ce qu’il n’a jamais lui-même prétendu.
Mais vous comprendrez aussi que cette « qualification » de Marie est une manière de
dire un dogme qui a l’inconvénient d’être totalement incompréhensible au 21e siècle
et qui doit être expliquée dans son contexte historique pour ne pas être ridicule : Comment faire cohabiter la notion de « Notre Père – Dieu – qui est aux cieux, Marie sa mère fécondée par le Saint-Esprit, qui donne naissance à Jésus –encore Dieu – sans faire des études de théologie dogmatique et historique. Se perdre dans ces méandres de l’imagination justifie certainement des bourses universitaires et des doctorats,
mais ne fait certainement pas avancer le « Royaume de Dieu ».
11 La Samaritaine et l’autorité
La rencontre de Jésus avec la Samaritaine tend à confirmer qu’il et possible de considérer
« JE SUIS » comme une affirmation personnelle des convictions exprimées par les dix paroles.
Jean 4: 19 –« Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es un prophète.
20 Nos pères ont adoré sur cette montagne et vous, vous affirmez qu’à Jérusalem se trouve le lieu où il faut adorer. »
Jean introduit la question dans la bouche de la samaritaine, interlocutrice improbable d’un juif traditionnel. Elle pose la question du lieu, donc de l’objectivation de la référence divine, justement celle dont « JE SUIS » avait voulu libérer le peuple hébreu par les dix paroles transmises par Moïse
21 Jésus lui dit : « Crois–moi, femme, l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père.
Jésus répond donc dans le sens voulu initialement par « JE SUIS » en libérant l’attachement au lieu de « vénération » ou du respect du divin.
22 Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
Vous adorez en un lieu qui n’est pas adéquat dit Jésus : ce qui est connu de la tradition juive qui l’a plus ou moins maladroitement transmis.
Ce sont les dix paroles, qu’il faut honorer, elles qui ne sauraient être contenues dans l’enceinte du temple de Jérusalem sous quelque forme que ce soit.
23 Mais l’heure vient, elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; tels sont, en effet, les adorateurs que cherche le Père.
24 Dieu est esprit et c’est pourquoi ceux qui l’adorent doivent adorer en esprit et en vérité. »
Quand vous dites que vous « agissez dans cet esprit » ou que vous dites « C’est dans cet esprit que je voulais l’exprimer » vous soulignez vos références morales ou éthiques, pas un « DIEU-ZEUS » qui vous tiendrait comme une marionnette par ses fils. C’est dans l’intériorisation de « JE SUIS », promoteur des dix paroles, que vous vous exprimez.
25 La femme lui dit : « Je sais qu’un Messie doit venir–celui qu’on appelle Christ. Lorsqu’il viendra, il nous annoncera toutes choses. »
26 Jésus lui dit : « JE le SUIS, moi qui te parle. »
La samaritaine l’a bien compris puisque le texte se poursuit au v. 39
Beaucoup de Samaritains de cette ville avaient cru en lui à cause de la parole de la femme qui attestait : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. »
40 Aussi, lorsqu’ils furent arrivés près de lui, les Samaritains le prièrent de demeurer parmi eux. Et il y demeura deux jours. 41 Bien plus nombreux encore furent ceux qui crurent à cause de sa parole à lui ; 42 et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus seulement à cause de tes dires que nous croyons ; nous l’avons entendu nous–mêmes et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde. »
Les paroles de Jésus les délivrent d’une obligation localisée d’obéir à un pouvoir qui leur est extérieur. Il leur permet l’autonomie quand ils peuvent dire à leur tour « JE SUIS responsable de mes actes et de mes paroles… donc LIBRE
12 Le témoignage de 1 Samuel 8 et la demande d’un roi.
Retour aux sources : les livres de la Torah et les livres historiques du Premier Testament sont écrits à la période Perse. Le territoire de la Palestine entre le Mont Liban et la péninsule du Sinaï est administrée par les souverains depuis l’époque de Cyrus. Les populations de culture hébraïque restaurent leurs lieux de cultes et cherchent à raviver leurs célébrations autour du sanctuaire de Jérusalem.
Les rédacteurs de la Torah vont essayer de mettre les aspirations populaires en face des réalités sociales et politiques de l’époque. Nous sommes loin des « Royaumes » de David et Salomon disparus depuis 5 siècles. Mais la tentation d’une « restauration » restera vivante jusqu’à l’époque de Jésus et au delà. L’histoire de Samuel va mettre en évidence l’inutilité de l’institution royale d’un « souverain dominant » : Samuel prend sur lui – et « Je Suis » – pour décrire les inconvénients et risques qu’il y a à désigner un roi : Abus de pouvoir, corruption, charges fiscales et militaires, détournement des femmes, etc. Naturellement, le récit nous dit que le peuple veut quand même un « roi ».
Les auteurs expliquent que le peuple refuse d’obéir à « Dieu – Dix Paroles » et préfère avoir un leader qui leur donne une identité pareille à leurs voisins. Cela devrait leur permettre de rendre à leurs familles et villages une certaine cohésion. « Vox populi, vox Dei »
Et c’est l’institution de la succession royale de Saül, David, Salomon, avec tous les détails qui vont expliquer les échecs de cette « histoire » du « Peuple de Dieu ». Le récit va raconter les errements politiques des rois, les compromissions des alliances, les échecs des batailles, et naturellement, les problèmes posés par « L’Arche de l’Alliance » et la représentation divine qu’il représente. Et nous découvrons que ce « Tabernacle » est plus embarrassant que motivant pour structurer le peuple, qui est pourtant sensé s’inspirer de son contenu.
Lire cette histoire et en débattre est plus utile et motivant que brûler des animaux et brailler des prières dans un temple qui ne peut plus rassembler tout le « peuple ».
Par contre, à Babylone, à Damas, en Égypte, et bientôt tout autour de la Méditerranée la tradition synagogale va se développer. Avec les juifs, nous en avons la trace dans le Talmud.
Tous les croyants sont à même de « célébrer » leur foi, de la mettre en question et d’en faire le meilleur usage en s’affirmant comme des être libres.
13 JE SUIS libre.
La réforme de l’église au 16e siècle a tenté de retrouver l’essentiel du message Mosaïque proclamé par Jésus de Nazareth en mettant en premier les textes de la Bible et la concertation synodale dans l’organisation des églises. Mais les Eglises n’ont pas su éviter le schéma fondamental de la « religio » et de l’objectivation intellectuelle de ce « Dieu tout autre ».
Il reste compris comme un « Divin dominant », qui ne l’était pas autrefois quand « Jésus de Nazareth » apprenait à ses amis à se tenir debout devant la loi et les traditions.
Karl Barth a développé sa dogmatique en relevant le caractère personnel de la relation à Dieu.
Il le décrivait comme « Le tout autre » et donc parfait. Une forme de modèle qu’il était possible, peut-être pas d’imiter totalement, mais nous pouvions au moins essayer d’accompagner « Je suis » dans le « Royaume qui s’est approché ».
L’exemple de Taizé est un compromis intéressant : La célébration y est fonctionnelle et émotionnelle. Dieu y est invoqué comme Présent dans l’Eucharistie et la communauté.
Il n’est pas évoqué comme une identification personnelle. « JE SUIS » reste celui qui a dit « Je suis celui qui dit Je suis »..Il reste sur la colline de Bourgogne, même si il est momentanément convoqué par des groupes pour des Célébrations « Taizé ». L’essentiel est de se sentir en communion et c’est déjà une manière d’assumer…« JE SUIS bien » avec les autres qui se sentent ussi bien.
En ce qui concerne l’Église Catholique Romaine, nous ne pouvons que constater qu’elle vient de loin. Elle est héritière de toutes lers sortes de traditions de la « religio » originelle.
En gardant les formes, elle tente de retrouver les fondements de l’intuition Mosaïque.
Dans l’organisation de certains ordres monastiques, dans des tentatives de réformes démocratiques, encore misogynes, elle n’échappe pas au schéma « religieux » que lui impose sa tradition et son organisation de pouvoir et d’obéissance. « Chassez le mâle dominant, il revient au galop ».
Avec les amis qui vivent un œcuménisme acrobatique en décalage avec les organes de l’institution nous pouvons reconnaître la pertinence du schéma N°2
« JE SUIS » au milieu de / parmi vous ».
Cela peut orienter notre réflexion et relativiser les élaborations dogmatiques qui ont tenté de faire plier « JE SUIS » entre les pages de nos théologies. Nous n’avons pas besoin d’un « souverain dominant, et encore moins d’une divinité extérieure… même si elle serait pratique et menaçante pour que les enfants restent « sages ».
En résumé : « JE SUIS » est « tout autre » en effet, il n’a rien de « DIEU-ZEUS », ni d’une idole
même intellectuelle. « JE SUIS » est mon propre sujet, et rien ni personne ne peut se l’approprier
en quelque temps ou circonstances que ce soit. Mais nous en éprouvons sa pertinence, lorsque deux ou trois sont réunis en référence à ce qu’il nous a donné : L’audace de la foi.
14 Le devoir de se poser un certain nombre de questions
sans forcément se référer à DIEU
Comment prendre sur soi « JE SUIS » et intégrer personnellement les dix paroles pour faire évoluer cette « Trace intime de Dieu »( יה והYHWH ») en une divinité optionnelle, qui se serait incarnée en Jésus Christ , si on en a la conviction ?
Si « יהוה YHWH » devient le « Tout Autre » insaisissable, il est donc problématique au nom de la liberté de croyance et de la laïcité dans le contexte culturel du 21e siècle.
Cependant son influence est difficilement contestable en référence permanente aux « droits de l’Homme » et à l’exigence de « justice » et de respect des besoins équitables de chaque individu. Nous y ajoutons la « charité » qui est culturellement associée à la tradition judéo-chrétienne, le grand + qui fait toute la différence… peut-être.
Pour quelques auteurs spécialistes de la « Source Q » qui rassemble les « paroles de Jésus » et pas grand chose d’autre, nous déduisons que le fils du charpentier de Nazareth a passé pas mal de temps dans une des écoles rabbiniques où se pratiquait la confrontation permanente des textes avec le bon sens, la tradition, les références des sages précédents.
Celui qui explique la « parole avec autorité » et non pas comme les scribes, Jésus ne va certainement pas se prendre pour « LE FILS de DIEU. », sinon comme l’un de ses fils, frère en humanité et porteur d’un message de liberté reçu autrefois à la sortie d’Égypte d’un « JE SUIS »
« יהוה YHWH » initial réputé être avec nous à travers vents et marées.
Nous avons tous l’instinct de survie, mais cet instinct est canalisé et orienté par les dix paroles, pour plus de justice, de vérité, de solidarité, de reconnaissance, de charité.
Pas « moi d’abord » mais selon la « volonté de Notre Père » pour le bien de tous, à cause de « יהוה YHWH » ou parce que « JE SUIS » solidaire avec toute l’humanité.
La fonction fondamentale de l’affirmation de soi « JE SUIS » en référence à « יהוה YHWH » est de nous aider a assumer les dix paroles, comme Jésus l’a fait et nous en a donné l’exemple,
« non pas pour abolir la loi, mais pour l’accomplir ».
Est-ce que cela se reflète dans le concept d’Humanitude cher a Albert Jacqard ?
« Les cadeaux que les hommes se sont faits les uns aux autres depuis qu’ils ont conscience d’être, et qu’ils peuvent se faire encore en un enrichissement sans limites, désignons-les par le mot humanitude . Ces cadeaux constituent l’ensemble des caractéristiques dont, à bon droit, nous sommes si fiers, marcher sur deux jambes ou parler, transformer le monde ou nous interroger sur notre avenir. L’humanitude, c’est ce trésor de compréhensions, d’émotions et surtout d’exigences, qui n’a d’existence que grâce à nous et sera perdu si nous disparaissons. Les hommes n’ont d’autre tâche que de profiter du trésor d’humanitude déjà accumulé et de continuer à l’enrichir . »
C’est à mon sens une façon de dire que nous sommes collectivement frères et sœurs en humanité et héritiers répondants du « Don des dix Paroles » par exemple lorsque nous disons ensemble « Notre Père… » comme le relève J-S Spong, ancien Évêque de Newark, dans sa tentative d’actualiser le message de Jésus.
« Il ne suffit pas de me dire : Seigneur, Seigneur ! pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. » Matthieu 7:21 Le reste est accessoire.
15 Pour ne pas tirer de conclusions.
Le parcours que je vous ai proposé dans cet essai ne prétend pas être normatif, ni exhaustif.
Il est le résultat de nos discussions en préparant les semaines du Camp Biblique Œcuménique de Vaumarcus avec « le groupe théologique ».
C’est aussi une tentative de répondre aux questions que se posent les participants à cette semaine annuelle de juillet au bord du Lac de Neuchâtel.
Les participants sont issus des paroisses des églises de Suisse Romande et de France, de leurs amis, croyants ou pas, curieux d’approcher la Bible et d’y expérimenter des techniques de lectures et de compréhension non dogmatiques, innovantes, curieuses, inventives … et traditionnelles.
– C’est quoi la Bible ? Qu’est-ce qu’elle a encore à nous dire aujourd’hui ?
– A quoi cela sert de lire ces textes vieux de plus de 2000 ans ?
– Pourquoi les Eglises ne tiennent pas plus compte de nos interrogations ?
– Peut on être non croyant et découvrir que ces textes sont importants pour comprendre notre époque ?
Il n’y a pas UNE lecture, UNE interprétation, UNE vérité,
UNE histoire du texte Biblique,
UNE conception du monde, UNE idée de Dieu.
Il y a vous et moi, il y a des savants qui ont fait des découvertes archéologiques. Il y a des philosophes qui se sont aussi posé de bonnes questions, d’autres qui ont divagué sur leurs
a-prioris dogmatiques, ou l’idée que la Bible était LA VERITE, comme une « PAROLE DE DIEU ».
Nous avons appris avec le temps que les êtres humains doivent bien se débrouiller avec leur réalité, leurs problèmes, l’air du temps, l’évolution du monde, le progrès, le bien et le mal, l’amour et la haine, la vie et la mort.
Ils ont trouvé dans l’échange de paroles, de quoi s’expliquer, se dire ce qu’ils ressentaient, et ce qu’ils avaient envie de partager sous le soleil et la pluie, en été et en hiver, en famille ou en solitaire, pour expliquer l’inexplicable, et se réjouir du lendemain, peut-être un autre jour.
Au cœur de toutes nos interrogations, la réponse est peut-être simplement
« la vie » comme une autre identité de « Je suis »…
Bernard van Baalen, le 20 mars 2019
PS Mais où a passé le « mâle dominant » ?
Bibliographie :
L’idée de Dieu chez les hébreux nomades, Daniel Faivre, (préface Martin Rose, univ NE)
l’Harmattan 1996. (ISBN 2-7384-4909-3) Une intéressante exploration des diverses influences qui ont inspiré les auteurs du Premier Testament et organisé leurs traditions.
Comment Jésus est devenu Dieu.
Frédéric Lenoir. (Rédacteur en chef du Monde des religions) Fayard., 2010
La signification de la notion de Parole
dans la pensée chrétienne
F._J Leenhardt Revue d’histoire et de Philosophie /PUF N° 3 1955
Introduction à la Bible II
A.Robert & A.Feuillet Desclée & Cie 1959
The Gospel of John
R.Bultmann Westminster press 1964-1966
Seuil – 1986
Lecture de l’Évangile selon St Jean
vol 1,2,3,4.
X.-L.Dufour Seuil 1988
Histoire des croyances
et des idées religieuses
Mircea Eliade, Payot 1989
Aux origines du christianisme
Andreas Dettwiler & Daniel Marguerat Labor et Fidès 1988
La communauté Johannique et son histoire
Ouvrage collectif / Article d’A.Dettwiler p.185 Labor et Fides 1990
L’Ours : Histoire d’un roi déchu,
Michel Pastoureau.Le Seuil, 2007
(ISBN 978-2-02-021542-8)
De la naissance des dieux
à la naissance du Christ
Eugène Drewermann, Seuil 1991
L’idée de Dieu chez les hébreux nomades
Daniel Faivre, L’Harmattan 1996
Liberating the gospels
John Shelby Spong, Harper&Collins 1996
Le quatrième Evangile
Claude F.Molla Labor et Fides 1977
(en particulier sur la lumière : Le pasteur C.Molla est d’origine juive.)
Jean, L’évangile revisité
André Thayse CERF/ Racine 2001
Et l’Homme créa les dieux
Pascal Boyer Robert Laffont 2001
On achève bien les hommes,
de quelque conséquences actuelles
et futures de la mort de Dieu.
Dany-Robert Dufour, Denoël 2005
L’Evangile selon StJean
Jean Zumstein Labor et Fides 2007
Comment Jésus est devenu Dieu
Frédéric Lenoir Fayard 2010
(ISBN 978-2-213-63673-3)
Frédéric Lenoir explore le début du mouvement des disciples de Jésus de Nazareth, et comment se sont développés les titres attribués à Jésus, fils du charpentier, devenu Dieu au fil des conciles…
Jésus
Jean-Christian Petitfils Fayard 2012
(Etat de la question : Un bon résumé des précédents !)
JE SUIS …. Qui ?
יהוה comme on ne l’attend pas.
p.1 Introduction : A l’origine, la meute s’organise autour du Mâle Alpha
p.2. 1 « JE SUIS m’a envoyé vers vous » pour dé-masquer « Dieu »
p.3 2 Le schéma « normal » à l’époque de Moïse comme à la notre.
3 L’improbable gestion du Mâle Alpha dans l’organisation humaine.
p.5 4 Aménophis IV-> Akhenaton et la divinité solaire,
un faux ancêtre, et une filiation incertaine
p.6 5 Les mythes des patriarches migrateurs
p.7 6 Une relation à Dieu qui évite l’objectivation
et la dépendance à « un autre »
p.9 7 Le retour aux sources, ou la pérennité de l’intuition initiale
8 Le terme employé par Jean : le « Logos logos » dans le contexte hellénistique.
p.12 9 Le changement de schéma a un impact
sur le mode de célébration
p.13 10 Le Mystère de l’identification consciente de Jésus
p.14 11 La Samaritaine et l’autorité
p.15 12 Le témoignage de 1 Samuel 8 et la demande d’un roi.
13 JE SUIS libre
p.16 14 Le devoir de se poser un certain nombre de questions
sans forcément se référer à DIEU
p.17 15 Pour ne pas tirer de conclusions
p.18 Bibliographie :