Pourquoi raconter les récits de la Résurrection ?

Jésus entre la crucifixion et Pentecôte

Propositions de réflexions autour de l’expérience humaine des lecteurs et auditeurs du 21e siècle.

Pour l’équipe théologique de préparation du Camp Biblique Oecuménique de Vaumarcus 2020

Si nous pouvons comprendre le sentiment des amis de Jésus de Nazareth après sa mort, lorsqu’ils se retrouvent dans le projet commun d’annonce du « Royaume de Dieu ». Il s’agit bien d’une incitation à changer le mode de perception des Dix Paroles pour les faire passer des « commandements à ne pas transgresser », à un encouragement à aimer Dieu, et donc son prochain, avec imagination, pour se libérer des culpabilités et des infirmités mortifères. (Voir mon article Jésus, après la mise au tombeau.)

Je rappellerai à cette occasion la phrase de Marshall McLuhan1 « Le medium est le message » ce qui se démontre à l’évidence dans notre pratique de la Bible comme vecteur de la « Bonne Nouvelle ». Mais là il faut bien distinguer le texte (medium) de son support (Le livre papier ou électronique) . Le texte est vecteur du « message » : il comporte aussi bien les paraboles, les récits apologétiques2, les souvenirs, et les interprétations des sentiments éprouvés par les rédacteurs. Le texte ne peut dans ce cas pas être LE message, puisque, les prédicateurs de toutes les époques l’ont bien exprimé, le message peut aussi bien devenir pertinent à travers d’autres citations, textes, anecdotes et récits biographiques. Il ne faut pas oublier non plus qu’au début de la diffusion des récits que nous trouvons dans les évangiles et le livre des actes, il n’y avait pas de support écrit, mais une transmission orale.

Il n’en reste pas moins, ou plus, que la présence de ces récits dans le second testament doit répondre à une nécessité que je voudrai essayer de recadrer dans le contexte de l’époque et des pratiques de communication que nous connaissons aujourd’hui

Les auteurs du Livre des Actes, des épîtres, mais de tout le Second Testament en fait, sont confrontés à la nécessité de « faire passer » le message de manière plus « contrôlée » pour évter les dérives. Ils sont dans une situation culturelle où toutes sortes d’histoires, de légendes, de mythologies traversent le monde gréco-romain et oriental. Les philosophes proposent des conception du monde et des relations humaines qui visent à organiser la société en fonction des nécessités politiques et sociales dont ils sont proches : Une organisation pyramidale dont l’empereur, voir Dieu, est au sommet, ou horizontale dont le « peuple » est souverain, si tous les citoyens sont égaux (plus ou moins) et rassemblés dans un consensus délibératif.3

Comme le Live des Actes nous le présente4 dans le cas de Paul : dire que « Jésus est ressuscité » n’entre pas dans les catégories intellectuelles des philosophes d’Athènes.

Mais les philosophes ne sont pas les « clients » privilégiés des disciples de Jésus de Nazareth, ceux qui sont visés sont ceux qui souffrent de leur situation présente, ou qui sont responsables de la vie de leurs contemporains, et accessoirement de leur propre vie.

  1. La validation du « porteur de la bonne Nouvelle »

Le premier testament nous a abondamment expliqué que les Juges, les Prophètes, les Rois ont été adoubés5 par une autorité précédente sur l’injonction de la divinité, ou de l’oracle, ou de la nécessité de la situation6

Les récits des « Aventures de Jésus de Nazareth » sont largement répandus dans le judéo-christianisme qui se constitue dès le rétablissement des relations entre les témoins de la vie de Jésus, après le choc de sa mort peu glorieuse aux yeux du monde.

Nous sommes aussi à une époque ou fleurit ce que nous appellerions aujourd’hui le « story telling » : « conter des histoires » car les personnes capables de lire sont rares, et les écrits le sont encore plus. La transmission des faits et gestes de Jésus et de ses amis se fait essentiellement oralement, et ce sera le cas jusqu’à l’invention de l’imprimerie, sauf pour les érudits qui ont accès aux bibliothèques, essentiellement dans les monastères. Donc c’est le « discours qiu est le message » pour reprendre l’idée de McLuhan.

Jésus qui se présentait comme un « fils de l’homme » soit un humain ordinaire, va recevoir le titre de « Fils de l’Homme » comme attribut divin. Le récit de son baptême va être souligné par une parole céleste : « Celui-ci est mon Fils, écoutez-le »7 et la « confession de Pierre »8 qui sera le « premier Pape » (?) le précisera quand Jésus lui dira que c’est sur cette « pierre » qu’il bâtira son église9.

D’où sortait-t-il, celui qui avait grandi à Nazareth, fils de Marie et de Joseph le charpentier ? Contesté se son vivant, mais né d’un miracle conceptuel, facilement compréhensible par les auditeurs du récit de sa naissance. Comme tous les êtres divins connus, il est nés de la conjugalité de (d’un) Dieu avec une vierge très humaine, qui devient « sainte » par l’action du Saint-Esprit : une évidence incontrôlable 40 ou 50 ans plus tard.

Ce qui est vraisemblable, dans l’éducation et l’évolution d’un jeune juif sera naturellement aussi le parcours de Jésus de Nazareth reconstitué lorsqu’il est devenu un « people » à l’époque. J’utilise intentionnellement ce terme car il traduit précisément la nécessité pour une personne connue pour son franc parler et son discours disruptif, d’avoir quelque chose de commun, ou en tout cas de compréhensible par ses auditeurs.

Qu’avons nous besoin de savoir quelle fut l’enfance de Roger Federer ou de Martina Navratilova pour admirer ou critiquer leurs manières de jouer ou de renvoyer la balle ?

Pourtant, ils se font aimer et admirer quand on en sait un peu plus sur leurs parents, l’école qu’ils ont fréquentée, et leurs premiers coachs qui ont fait d’eux ce qu’ils sont devenus. La curiosité des auditeurs est une constante « historique » !

Eugène Drewermann  a publié en 1992 un ouvrage important sur la nativité de Jésus qui est la meilleure introduction à sa méthode pour interpréter, avec la « psychologie des profondeurs », les grands textes et problèmes religieux. Pour accéder de façon neuve à la naissance et à l’enfance de Jésus racontées dans l’évangile de Luc, il les relie à l’héritage des mythes égyptiens et grecs qui racontent la naissance divine d’un homme (Pharaon) ou la naissance humaine d’un sauveur divin (Asclepios, le dieu grec de la médecine). Drewermann estime que là, plus que dans l’Ancien Testament, il faut chercher la source et le sens de ces récits, du merveilleux qui les entoure. En réintériorisant les symboles et les mythes de la naissance de l’homme-Dieu, les  » archétypes  » universels des naissances extraordinaires, l’homme ordinaire peut redevenir lui-même et réconcilier en lui-même la raison et le sentiment, le conscient et l’inconscient, l’enfant qu’il demeure dans l’adulte qu’il est devenu, le divin et l’humain qui sont présents en tout fils de Dieu.10

  1. L’importance de la « Pensée Magique »11

C’est une forme de pensée qui s’attribue la puissance de provoquer l’accomplissement de désirs, l’empêchement d’événements ou la résolution de problèmes sans intervention matérielle. C’est aussi une forme d’expression prisée par les hommes politiques12 et les chefs religieux toutes tendances confondues et de tous les temps.

La pensée magique illustre une réalité comme support d’un projet ou d’une politique, d’une société idéale en dehors des contingences terrestres.

C’est le mode d’expression favori de la presse people, GALA, PARIS-MATCH, Point de Vues-Images du Monde vous font rêver de princesses, d’actrices et d’acteurs à qui vous souhaitez ressembler et qui vous poussent à croire que c’est donc possible : La Télé-réalité est votre référence, la religiosité est l’offre historiquement la plus ancienne .

Si l’abus de « la pensée magique » est critiquable voir condamnable quand elle devient escroquerie, elle n’en reste pas moins indispensable en publicité. En rhétorique elle sert pour faire découvrir un processus intellectuel qui vous permettra d’évoluer dans votre approche du monde, de la société ou de votre avenir. Car c’est en passant au tamis de la critique votre mode de pensée que vous déterminerez ce qui ressort de la « Pensée Magique » ou de la réalité qui est à votre portée, même idéalement.

  1. Du bon usage de la « Pensée Magique »

L’idée même de « la résurrection des morts » est une mise en œuvre de « la pensée magique » nécessaire à la communication du message, comme le souligne l’apôtre Paul dans sa lettre aux Corinthiens (15)

Bref, que ce soit moi, que ce soit eux, voilà ce que nous proclamons et voilà ce que vous avez cru. 12 Si l’on proclame que Christ est ressuscité des morts, comment certains d’entre vous disent-ils qu’il n’y a pas de résurrection des morts ?

La critique de la pensée magique est évoquée ici par Paul lui même :

13 S’il n’y a pas de résurrection des morts, Christ non plus n’est pas ressuscité, 14 et si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide, et vide aussi votre foi. 15 Il se trouve même que nous sommes de faux témoins de Dieu, car nous avons porté un contre-témoignage en affirmant que Dieu a ressuscité le Christ alors qu’il ne l’a pas ressuscité, s’il est vrai que les morts ne ressuscitent pas. 16 Si les morts ne ressuscitent pas, Christ non plus n’est pas ressuscité. 17 Et si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est illusoire, vous êtes encore dans vos péchés. 18 Dès lors, même ceux qui sont morts en Christ sont perdus. 19 Si nous avons mis notre espérance en Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. 20 Mais non ; Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui sont morts.

3 Ils partagent un repas avec son rituel qui leur « ouvre l’esprit ».

Les pèlerins d’Emmaüs sont un bon exemple pédagogique13 :

Il s’agit donc de prendre argument de la résurrection, et d’en donner des exemples vécus par les premiers adhérents au « Royaume de Dieu » pour que les paraboles, les récits de miracles deviennent acceptables, pour les auditeurs de toutes les époques, voir crédibles, donc utiles pour la communication du message.

  1. Ils expriment leur perplexité après les événements de la crucifixion.
  2. Ils rencontrent une personne qui éclaire la situation en expliquant « les Écritures » en fait en leur montrant que défendre un idéal est risqué.

4 Ils en concluent qu’ils ont partagé un moment / le repas eucharistique avec le « ressuscité ». Et ils vont partager la nouvelle plus loin.

Le message d’Emmaüs. C’est que, certainement, vous allez courir des risques en défendant les mêmes idées que Jésus de Nazareth, mais cela vaut la peine, puisque la vie vous permet d’essayer …

De même la 2e « pêche Miraculeuse » ou « Pique-nique au bord de l’eau »14 n’atteste pas le miracle de la résurrection, mais insiste sur la nécessité de collaborer avec tous les groupes de fidèles, malgré leurs approches différentes, puisqu’ils s’accordent au moins sur l’idée que le message (du ressuscité) reste pertinent.

  1. Ils ne l’ont pas reconnu !

L’intérêt de la lecture actuelle des récits de la résurrection, c’est qu’elle nous permet de comprendre que « la Pensée Magique » était utilisée avec ses limites à l’intérieur même du récit : Les apparitions de Jésus ressuscité le présente pratiquement toujours comme inconnu des témoins, alors qu’ils ont vécu avec lui des mois, voir des années.

Les contemporains des auteurs de notre second testament ne sont pas plus candides que nous : L’idée même de « vie après la mort » est hautement hypothétique. La résurrection des corps est un concept qui renvoie à une « autre réalité » : Le « ciel »,l’ « Au-delà », le « séjour des morts », l’ « Hadès » de la mythologie. Ce ne peut être une « réalité humainement vérifiable ». Mais c’est une référence qui est comprise dans la catégorie de « la Pensée Magique », autrement exprimée comme « Le mystère de la foi ». Et donc si vous y adhérez, vous écoutez le récit de « résurrection » (Medium) en y cherchant le sens du « message ».

Prenons par exemple le récit de l’apparition dans la « Chambre Haute, toutes portes fermées »15 précise le récit. Une situation hautement improbable d’apparition d’un hologramme pas encore inventé. Il s’agit bien cependant des interactions entre Thomas, le sceptique, et ses amis, reprenant le cours de leur « mission » dans de nouvelles conditions. Il s’agit bien de « toucher » cette nouvelle réalité : Les disciples sont maintenant « les Porteurs du Christ » en intégrant ce qui fait leur souffrance, la mort de Jésus, une blessure qu’ils portent tous, et l’espoir que tout n’est pas perdu, puisqu’ils (s)ont « le medium/message » du récit.

Dans ce cas, le merveilleux de l’apparition, ne doit pas être majoré comme l’événement extraordinaire et « pointe du texte ». C’est ce qui permet pourtant de le faire entendre par la plupart des auditeurs : Ce qu’ils proposent est ce que le « Fils de Dieu » a offert comme alternative aux règles culpabilisantes des religions en cours.

Ils sont ceux qui ont « perçu » la présence de Jésus de Nazareth dans la réalité de leur expérience,16 depuis la crucifixion… cette dernière ne relevant pas seulement de « la Pensée Magique » bien entendu. Donc ils sont légitimés dans leurs mission : La plupart d’entre -eux seront les premiers « évêques », Missionnaires « consacrés », promoteurs de ce qu’ils ont « vu ». Paul lui même s’en justifiera après sa rencontre désarçonnante avec Jésus sur le « Chemin de Damas »17.

5 Les limites de l’idée de « Résurrection » comme « Pensée Magique »

Nous avons vu plus haut que les lieux de résidence des ressuscité sont dans le meilleur des cas « de verts pâturages » , de moelleux nuages célestes, avec une sonorisation angélique. Si vous n’êtes pas conformes pour y accéder, on peut vous y aider : en vous accordant l’absolution de ce qui vous empêcherait d’y arriver. Il y a aussi des officines qui vous offriront un ticket d’entrée moyennant financement d’une institution antichambre, quand ce n’est pas en payant directement le délégué religieux autoproclamé ou élu de service, le prophète, ou le gourou chrétien ou New Age, « la Pensée Magique » a toujours un bon rendement pour ceux qui savent s’en servir …

Mais le salut est gratuit… il est bon de s’en souvenir.18

Quand un « home riche demande à Jésus ce qu’il doit faire pour avoir la « vie éternelle », alors qu’il a l’impression d’avoir fait tout ce que la religion exige, Jésus lui recommande de vendre tous ses biens et de les donner aux pauvres.19..

Encore une remarque à propos de l’encouragement a « avoir Jésus dans son cœur »,

C’est une expression largement utilisée dans les églises évangéliques et le mouvement charismatique20. Elle est le plus souvent comprise comme un gage de salut personnel. Si cela implique d’  « aimer Dieu et son prochain comme soi-même », cela n’empêche pas de considérer ceux qui n’ont pas «  Jésus dans leur cœur » comme des gens peu ou pas fréquentables, ce qui est assez loin de la « Bonne Nouvelle ». C’est un exemple de « Pensée Magique » peu encourageante pour la pédagogie, qui implique alors une forme de culpabilité pour celui qui est considéré comme ayant « le cœur comme une belle pomme à l’extérieur, mais cœur pourri à l’intérieur »21

Après, vous faites comme vous le sentez : l’important est que vous ne soyez plus inquiet, que vous soyez libre et que vous vous sentiez aimé de Dieu donc re-suscités C’est l’essentiel de la résurrection vécue « avec le ressuscité. »

Le 14 août 2019

Voir aussi : « Jésus, après la mise au tombeau »

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Publié le 21 08 19

1Herbert Marshall McLuhan 1911-1980, canadien. Professeur de Littérature Anglaise et théoricien de la communication, il est un des fondateurs des études contemporaines sur les .médias. Exemple : l’Iphone est le média qui vous fait acheter la technologie qui vise à enrichir ses producteurs.

2L’apologétique consiste à défendre de façon cohérente une position. Le terme vient du grec apologia (ἀπολογία), qui signifie « justification, défense (contre une attaque) » en particulier en théologie. Il découle d’un parti pris dogmatique ou culturel qui vise à justifier une question de foi.

3L’aréopage à Athènes, le Sénat à Rome.

4Actes 17:16-34

5Approuver, confirmer, légitimer, officialiser.

6Samuel désigne David pour succéder à Saül défaillant.(Livre de Samuel)

7Mt 3:17, Mc 9:7 à la Transfiguration, = Mt 17:5

8Mt 16:13-20 « Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant » une affirmation ien plus tardive que l’événement évoqué.

9id. Mt 16:13-23. Ce qui attestera l’idée que Jésus est l’initiateur de l’Eglise …

10 De la naissance des dieux à la naissance du Christ Ed Seuil 1992
http://www.seuil.com/ouvrage/de-la-naissance-des-dieux-a-la-naissance-du-christ-eugen-drewermann/9782020331302

11 Ce type de pensée se manifeste principalement au cours de l’enfance et est, à l’âge adulte, appréhendé par la médecine comme un symptôme d’immaturité ou de déséquilibre psychologique. La pensée magique est souvent associée au mysticisme et au courant du New Age

12 Notablement Boris Johnson et le Brexit, Donald Trump et l’Amérique, Jaïre Bolsonaro et le Brésil idéal, Mélanchon et les lendemains qui chantent ou Blocher et une Suisse sans étrangers et sans Europe.

13Luc 24 :18-35.

14Jean 21:1-25

15Jean 20:26 les disciples étaient à nouveau réunis dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vint, toutes portes verrouillées, il se tint au milieu d’eux et leur dit : « La paix soit avec vous. »

16 29 Jésus dit : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru. »

17Actes 9:1-30

18 Romains 3.23-26 : Car il n’y a point de distinction, puisque tous ont péché, et sont privés de la gloire de Dieu, Et qu’ils sont justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est en Jésus-Christ, Que Dieu avait destiné à être une victime propitiatoire; par la foi, en son sang, afin de manifester sa justice par le pardon des péchés commis auparavant, pendant les jours de la patience de Dieu; Afin, dis-je, de faire paraître sa justice dans ce temps-ci, afin d’être reconnu juste, et comme justifiant celui qui a la foi en Jésus.

19 Mt 19 :16-26  Un homme s’approcha et dit à Jésus: «[Bon] Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle?»

20 Quand Jésus dit de lui-même « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6), Il ne dit pas qu’Il indique le bon chemin, qu’Il proclame la vérité et qu’Il donne accès à la vie. Non, il faut prendre la citation au pied de la lettre : Il EST vraiment le chemin : c’est la conformité au Christ dans chacune de nos pensées et de nos actions qui doit guider notre vie. Il EST la vérité. Ce n’est pas un discours qui indique la vérité, c’est sa personne elle-même, ce qui inclut, là aussi, son attitude, ses actes et ses paroles. Et Il est Dieu Créateur, la vie elle-même. Avant la vie, un Dieu vivant était là et le sera même après la fin de l’univers. https://www.reponses-catholiques.fr/rencontrer-jesus/

21Message des responsables de l’enseignement religieux « évangéliques » invités amicalement dans la Paroisse de Lancy Sud en 1980.

Jésus, après la mise au tombeau.

Poursuivant mes interrogations sur les miracles incroyables de la Bible,

je me suis intéressé aux besoins de la communauté naissante des fidèles

de raconter leurs expériences de « résurrections »

du Rabbi de Nazareth, « qui ne pouvait pas finir comme ça. ».

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  1. La nécessité de « la résurrection ».

Tous les biblistes s’accordent sur le fait que les récits concernant « Jésus Ressuscité » ne sont pas vraiment cohérents, ni coordonnés chronologiquement.

Il est parfois connu, ou reconnu, ou encore identifié comme tel. Jésus ressuscité sur la route de Damas se comporte comme un cogneur qui doit se présenter à Paul1, qui ne persécute pas Jésus en tant que tel, mais ceux qui lui sont fidèles

Les auteurs des « textes » qui figurent dans le 2e testament ont écrits au plus tôt 20-30 ans après les faits. Paul est le plus ancien à en parler. Les auteurs des Évangiles écrivent entre 80 et 120 ap. JC donc au mieux 50 ans après les événements dont ils relatent les circonstances. Les évangélistes ont chacun leurs objectifs et leurs publics cibles. Ils ont le souci de faire passer LE message, et non pas l’aspect miraculeux du messager, sauf que sous cet angle, et à l’époque cela aide.

Paul écrit Mais si le Christ n’est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi votre foi. 15 Il se trouve même que nous sommes des faux témoins de Dieu, puisque nous avons attesté contre Dieu qu’il a ressuscité le Christ, alors qu’il ne l’a pas ressuscité, s’il est vrai que les morts ne ressuscitent pas.

16 Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n’est pas ressuscité
17 Et si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi ; vous êtes encore dans vos péchés. 18 Alors aussi ceux qui se sont endormis dans le Christ ont péri.19 Si c’est pour cette vie seulement que nous avons mis notre espoir dans le Christ, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes.

20 Mais non ; le Christ est ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis. 21 Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts.

(1 Cor. 15:14 ss.)

Il est évident que pour Paul, la question de « la vie après la mort » est un des premiers soucis de ses contemporains. La peur des châtiments éternels va être au cours des siècles un argument de pouvoir que Jésus de Nazareth avait pourtant essayé de contrer2. Déjà à cette époque il était évident que la mort était un moment de séparation définitif entre le connu et la croyance religieuse3.

La diversité des récits, des circonstances, des témoins exprime manifestement le besoin de rendre le message universel. Il est destinés à tous, quel que soit son statut ou son orientation sexuelle. (!)

A la fin du 1er siècle et le début du second, la séparation entre les « chrétiens » et les « juifs » n’est pas universelle. Il y a les « judéo-chrétiens » qui sont des fidèles de la Synagogue et dont nous découvrons l’existence dans les « écrits » non canoniques mis à jour par l’École Biblique de Jérusalem.

Il y a encore une constellation de croyants, qui ne sont pas des « sectes », mais des « courants spirituels ». Certains sont bien connus, comme les pharisiens et les sadducéens, critiqués par Jésus de son vivant. Il y a les moins connus : Les esséniens, retirés dans les déserts, dont Jean le Baptiste était sans doute proche.

Il y a aussi les « Craignants Dieu » ces « non juifs » qui admirent les convictions du judaïsme et son éthique, fondée sur les « dix Paroles », mais qui ne seront jamais autorisés à entrer dans la « communauté juive ». Et il y a aussi tous les juifs dispersés dans le bassin méditerranéen. Ils sont admirés par les populations locales, qui apprécient leur manière de célébrer leur Dieu et de suivre ses préceptes. Cela les change des processions et autres obligations vis à vis des divinités locales ou impériales : Le judaïsme est une école de liberté, de critique de la religion, et les idées de Jésus de Nazareth s’inscrivent dans la continuité de cette spiritualité.

2 Le rayonnement de Jésus, le Rabbi de Nazareth

Toutes les populations qui vivent entre la Méditerranée et le désert de Moab, du Mont Liban au désert du Sinaï, ont croisé la route du Rabbi de Nazareth à un moment ou un autre lors de ses déplacements dans la région. Ils en ont entendu parler par ses disciples, envoyés deux par deux, pour annoncer le « Royaume de Dieu » : Un état du monde où régneront la paix, la justice, la solidarité, la fraternité et, par dessus tout, la bienveillante « charité » qui permet d’interpréter la « loi divine ». L’interprétation de la loi était enfermées, voir confisquée, par le Sanhédrin4, entre les murs du temple d’Hérode le Grand, restaurateur, ou usurpateur, des privilèges liés au Temple qu’il avait « restructuré », pour le dire sans prendre de risque.

Donc tous sont bouleversés, et se demandent si c’était « vrai » que le Royaume s’était approché : Il y avait eu l’épisode de la femme pas lapidée5, les repas pris malgré les interdits alimentaires ou des relations humaines, Jésus mange avec les pécheurs et les gens de mauvaise vie6.

Tout de même, quand il avait résumé son enseignement « sur la Montagne »7 cela avait frappé les imaginations. C’était plein de « bon sens » et en même temps cela collait parfaitement avec une conception ouverte du message divin, ou ce que nous pensions qu’il pouvait être. Nous avions même partagé les provisions que nous avions avec nous ce jour là… comme une multiplication de la nourriture…d’habitude on ne le fait pas trop.

Donc, si nous voulons croire que c’est possible, il faut en chercher tous les signes qui nous restent, tous les souvenirs, et toutes les habitudes prises en sa compagnie. Comme par exemple l’écouter répondre aux questions, en marchant dans la campagne, en prenant quelques épis de blé, même le jour du Sabbat8, pour bien assimiler que le Sabbat est fait pour l’homme et non le contraire.

Jésus allait à la Synagogue, parfois il en était expulsé quand il soulignait la pertinence de ce qui était lu9. Mais il allait aussi le long des rives du Jourdain, où se rassemblaient les « non conformes » venus écouter Jean le mangeur de sauterelles. Et probablement encore aux sources du Jourdain dans la région de Césarée de Philippe, au Sanctuaire d’Asclépios, où se pratiquaient les rituels de guérison. Il avait même demandé comment ses amis le considéraient à ce moment là « Au dire des hommes, qui est le Fils de l’homme10 ? » 14 Ils dirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste, pour d’autres, Elie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. » 15 Il leur dit : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » 16 Prenant la parole, Simon-Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. »11

Tout ce dont ses amis avaient été témoins ne pouvait pas s’évanouir comme des « propos insignifiants ». Ils avaient couru des risques, certains avaient quitté leurs familles, leur travail, leurs espérances d’héritage, pour le suivre sans garantie autre que la confiance dans ses paroles 12 … Leurs expériences de la vie ordinaire en sa compagnie, que ce soit en Galilée ou autour de Jérusalem, et en particulier à Béthanie, chez Marthe et Marie les avait marqués.13

OK, tous n’ont pas été cool avec lui quand il avait été arrêté,14 mais nous pensions qu’avec ses « légions d’anges »15 il s’en tirerait. Tu parles, entre deux malfrats, il a fini assez peu glorieusement, en ne nous laissant aucune chance d’en faire un « Roi ».

Oui, mais… Car il y a ce « mais » qui les taraude : Si nous suivions malgré tout ses traces, en reprenant ses paroles, certainement inspirées par Dieu… En tout cas conformes à ce qu’on peut attendre de Dieu, en tout cas de ce Dieu d’Israël dont il prétendait être l’un des fils, comme vous et moi, fils et filles de Dieu.

Il n’y a pas de raison que cela ne finisse pas par « marcher » son idée de « Royaume de Dieu ». Sauf que … c’est comme les « mais », le sauf que : Ses amis sont un peu moins doués pour faire des discours. Ils peuvent raconter, et ils en ont à raconter, sur ce que Jésus a fait, sur ce que Jésus a dit, sur ce qu’il a obligé ses auditeurs à faire, et sur ce qu’il a fait tout naturellement pour montrer qu’il n’y avait pas de risque de se noyer en arrivant au port lors d’une tempête16…Quand on a de l’eau jusqu’à la ceinture, on ne peut pas se noyer17 … quoi que …

Donc en rentrant à la maison, et en se racontant, en se souvenant des événements récents, on en arrive à la conclusion que « c’est faisable ». On va même rituellement se donner des forces en prononçant le rituel du repas,18 comme si on était pas désespéré, mais au contraire, lancés dans une nouvelle aventure…

Et puis il y a eu cette histoire de femmes qui ne l’ont pas retrouvé pour l’embaumer19… cela aurait été super si on avait pu le conserver comme une momie. Elle aurait attiré les foules et on aurait pu le vénérer, comme un saint et raconter que « c’est bien lui » qui nous a mis en route20… Peut être qu’il est retourné en Galilée, ou que ses amis l’ont repris pour ne pas le laisser aux Romains.

Il n’y a pas de doute, Jésus était là, à l’auberge … peut être d’Emmaüs21, mais c’est aussi arrivé à d’autres qui se sont dit, « ensemble on va y arriver. »…

Dans la salle du dernier repas,22 après quelques jours, ses amis se sont retrouvés.

C’était chaleureux : Nous étions en sécurité , Judas avait suivi son destin… La conversation tournait autour de ce qu’il fallait faire « maintenant ». Les uns comme les autres étaient pressés de reprendre la route avec lui. Enfin « comme » avec lui, car tous se voulaient être ses porte-paroles. La discussion était tellement pleine d’espoir que manifestement, on « sentait sa présence » . Pas de doute « Il était là ».

Six mois, six ans ou plus tard, on a raconté ce moment historique en ajoutant que Thomas n’était pas vraiment convaincu… il avait mis le doigt sur la blessure que nous avions tous, tellement « Il » nous manquait.

Et vous savez, quand on raconte cette histoire, les gens y croient23, c’est incroyable !

Peu de temps plus tard, la routine a repris… Pierre est retourné à Capharnaüm, où il a retrouvé ses amis. Ils ont vite été assimilés aux « disciples de Jésus », comme c’était la coutume pour désigner les accompagnants des Rabbins enseignants.

Si Pierre avait été quelque peu « fragile » au moment du jugement de Jésus, pour ne pas en dire plus, le courage de ses amis, des amis de Jésus, tous autant qu’ils étaient avait eu sur lui une forte influence.

Ils revenaient donc d’une virée de pêche24, et Zébédée les attendait sur le rivage avec un petit feu, pour faire griller quelques poissons avant de rentrer au village.

La convivialité, le moment est plus détendu, et les conversations sont animées : Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ?

Zébédée avait une bonne nouvelle : Le centurion dont Jésus avait guéri le serviteur25 voulait faire quelque chose pour sa communauté, et il a décidé de reconstruire la synagogue en plus grand26, pour accueillir les « nouveaux » adeptes des idées de Jésus de Nazareth. Car c’est une évidence : ils arrivent le jour du sabbat d’un peu partout, et ils sont de toutes les traditions.

Vous vous souvenez que Jésus leur avait promis qu’ils seraient « pêcheurs d’hommes »27 (et de femmes!) Si nous nous associons avec tous ceux qui propagent l’idée d’un Royaume de Dieu qui nous sorte de nos difficultés et nous rende heureux, cela ouvre des perspectives … Mais qui va croire à ça, puisque finalement « Çà s’est fini en « Queue de poisson », c’est le cas de le dire.

Bon, le prochain sabbat est celui du « don de la loi », et comme tous les sabbats, nous serons présents à la célébration, et le matin suivant, « les confiants » en Jésus de Nazareth partageront quelques unes de ses paroles et des situations qu’il nous a fait vivre.28 Donc il faut trouver ce qui serait le plus significatif dans nos souvenirs :

Nous devrions raconter que Jésus avait pris avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il était monté sur la montagne pour prier. Il nous avait rappelé l’importance de suivre les commandements de Dieu et il nous avait éclairé sur les différents aspects de cette injonction : Pas de théorie, de la pratique Il nous avait laissés un moment et Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage changea et son vêtement devint d’une blancheur éclatante.

30 Et voici que deux hommes s’entretenaient avec lui: c’étaient Moïse et Elie; 31 apparaissant dans la gloire, ils parlaient de son prochain départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. 29

C’est ça qu’il faut raconter à « Chavouot » le prochain sabbat  30: Cela attestera que Jésus est bien détenteur de l’autorité que nous confère la Loi de Dieu, puisque les deux porteurs de la loi les plus importants sont avec lui pour en authentifier le témoignage…

Jacques, le frère de Jésus sera certainement d’accord avec cette proposition31.

Après les retrouvailles dans la maison du dernier repas, il avait été décidé que le groupe se disperserait pour ne pas donner prise aux espions romains et aux délateurs du Sanhédrin. Nous avions convenu que, selon la tradition, Jacques le frère de Jésus, serait le responsable du groupe. Marie Madeleine, son fils Judas, et Marie, la mère de Jésus avaient été exfiltrés entre Jérusalem et Bethléem, où ils sont incognito 32: En cas de problèmes avec les romains, ils seraient les premières cibles d’une purge destinée à éliminer les héritiers de cette nouvelle version du Judaïsme.

Mais revenons sur la berge, autour du feu :33 Il y avait maintenant d’autres barques qui rentraient : Des pêcheurs que Jésus avait rencontré le long du rivage et qui ne fréquentaient pas la Synagogue de Capharnaüm, et se considéraient pourtant comme Juifs. Simplement, ils refusaient les règles stupides des Pharisiens qui exerçaient un pouvoir exorbitant sur les communautés. Il y avait aussi des fondamentalistes Esséniens de passage vers le Mont Liban, et quelques romains qui allaient vers les sources du Jourdain pour rendre un culte à Asclépios en espérant une guérison pour un proche ou pour eux mêmes.

Pierre qui avait la parole facile, fit un discours de circonstance34, rappelant que le message de Jésus de Nazareth restait valable, et que la meilleure preuve était la présence de tous ces gens … Il a aussi proposé les Paroles d’ouverture et de clôture du repas comme bénédiction.

Il n’y a aucun doute, Jésus était présent dans la foule… sinon, rien ne se serait passé.

Etienne Nodet de l’Institut Biblique de Jérusalem explique la « Pêche Miraculeuse »

de Jean 21 et Luc 5:1-11 comme une illustration de ce qui s’était passé :

Le groupe des disciple étaient déprimés, partis à la pêche faute de mieux, il faut bien vivre… Sans beaucoup de succès.

Ils se reprennent en se remémorant les encouragement de Jésus à peut-être changer de méthode pour témoigner de leur espérance. Lancer les filets « de l’autre côté » est une aberration quand on connaît le métier. Les bateaux sont équilibrés pour que le poids des filets ne les fasse pas chavirer, et la répartition des charges est faite en conséquence.

Symboliquement dans le récit, ils changent donc de perspective et décident de s’y prendre autrement, et d’aller à la rencontre des autres croyants… qui viennent avec leurs barques pour leur donner un coup de main : Les disciples ne seront plus seuls à témoigner, et c’est bien un signe de résurrection, «Ça», non ?

Et puis il y a eu toutes les occasion ou les fidèles les plus proches ont vécu comme en sa présence réconfortante… Seulement avec le temps qui passe, ils se font plus rares. Marc a peut-être recueilli les souvenirs des véritables « témoins », Mathieu les a complétés, et Luc, plus prolixe, a trouvé des traces écrites de diverses origines, sans oublier Jean qui a voulu en faire une œuvre-témoin, plus « théologique »

Mais, au moment où il n’était pas encore question de rédiger des Évangiles, il fallait se rendre compte que la mort de Jésus était en quelque sorte définitive sur le plan terrestre. Il fallait, comme pour les récits de la liturgie dans la Synagogue, trouver un parallèle qui illustrerait désormais l’absence de Jésus, « corporellement ressuscité ».

Il y avait Elie et son char de feu qui monte au ciel35… et quelques autres prophètes ou personnages célèbres36 qui quittent la réalité des vivants sans pour autant perdre de leur influence… Quelques années plus tard, les croyants vont raconter qu’il est ressuscité – on ne cessait de le raconter – et qu’il est « monté au ciel37 », à sa mort, comme tout le monde, même si il est évident que c’est une image.

Cela reportait sur la communauté des croyants la responsabilité du témoignage, comme on l’expérimentait tous les jours. Et pour la fête des 50 jours après Pâques, les fidèles de Jésus de Nazareth étaient tellement nombreux à Jérusalem38 que Pierre dut faire un discours pour susciter de l’aide, motiver les fidèles, pour que la « Bonne Nouvelle », l’Évangile, soit proclamé partout et accessible à tous .

Chacun des auditeurs, enfin sans doute, presque tous, ont senti cette chaleur les toucher, et transformer leurs vies… C’était comme des langues de feu39, ont-ils raconté plus tard, quand il a été nécessaire de mettre de l’ordre dans les divers récits qui se propageaient sur l’aventure de Jésus et de son mouvement… Et si les synagogues se fermaient souvent à ces « illuminés » qui prétendaient « changer la Loi », les amis de Jésus eux s’organisaient pour devenir indépendants.

3 Le destin de ces souvenirs :

Ces moments exceptionnels sont concentrés – racontés – sur une période très courte, entre Pâques et Pentecôte, pour que les récits restent dans le cadre rituel des célébrations liturgiques. Les récits vont se figer dans une interprétation littérale : C’est écrit, c’était comme ça. Les auteurs de la Bible ont connu Jésus vivant – certainement pas – donc c’est « vrai ».

Les contemporains de Jésus étaient des gens ordinaires, avec une intelligence normale. Ils comprenaient ses images et ses paraboles en sachant bien que cela voulait « dire quelque chose d’important » mais que la réalité était différente :

Libérer un paralytique 40ne lui rendait pas la marche, mais le réintégrait dans la communauté : Il n’était plus vu comme un « cas » mais comme un frère. Guérir un

aveugle41 c’était ouvrir les yeux des témoins sur une nouvelle réalité. La main qui n’était plus « sèche »42 pouvait se tendre à nouveau pour aider son prochain.

Elie sur son char de feu n’a pas été enlevé par les extraterrestres43. L’ascension de Jésus nous confie une responsabilité ici et maintenant.

S’il est ressuscité, Jésus de Nazareth l’est essentiellement (C’est le cas de le dire) dans notre manière de le rendre vivant, en continuant à proposer le Royaume de Dieu comme une alternative à l’absurdité du monde actuel … quelles que soient les époques. Les deux testaments nous en racontent les circonvolutions, les espoirs et les problèmes qui s’y opposent… C’est « diablement » difficile.

On peut le dire aussi, et nous pouvons nous y encourager, en partageant symboliquement le pain et le vin, en toutes occasions

4 Les « credos » qui troublent la perception

de la résurrection.

Beaucoup de nos convictions sont marquées par notre adhésion formelle ou informelle aux credos habituels de nos églises : Nous avons été persuadés qu’il fallait « croire » à tous les termes qui les composent, faute de quoi nous étions sur le chemin de la perdition. Cela entraînait également les obligations nécessaires à notre salut en vue de la résurrection des morts, soit pour nous libérer de nos péchés, autrement dit de nos manquement aux articles du credo et nos absences des lieux qui les conservent. La performance des rites tient lieu de passeport pour le « ciel » et l’observation des règles est contraignante.

Une des conséquences notable a été que les croyants se sont trouvés soumis aux « Gardiens du Temple », qui contrôlaient nos vies « spirituelles ». Ils étaient moins regardants pour l’application des principes du « Royaume de Dieu » dans le quotidien de la survie ici bas. Mais comme leurs descriptions des flammes de l’enfer, illustrées par l’apocalypse, effrayaient le bon peuple, ils ont proposé des rabais sur les tickets d’entrée. Ils se sont fait – se font toujours, mais pas tous – de jolis magots sur la détresse des candidats à la vie éternelle.

Il faut dire que le grand bazar de l’éternité a toujours eu du succès et des conséquences monumentales, si nous nous référons par exemple aux Pyramides Pharaoniques, au Livre des Morts Tibétains, aux diverses réincarnations possible dans les « religions orientales », aux « totems animistes », origines des humains et réceptacles de leurs âmes en errance.

Les chrétiens ont eu le besoin de mettre un peu d’ordre dans ces croyances, peut-être pas sans une arrière pensée de pouvoir quand même.

Aujourd’hui, il s’agit aussi de clarifier la différence entre « résurrection » et « réincarnation », ce que les credos ont affronté dès l’origine.

4.1 Le Credo de Nicée Constantinople

Généralement compris comme « le »credo de l’Eglise Catholique Romaine

C’est est une profession de foi de consensus, à une période conflictuelle entre les différentes églises qui prétendaient détenir « la vérité », et donc avoir la « vraie foi ».

Il résume les points fondamentaux du christianisme en un temps particulier : Négocié lors du Concile de Nicée en 325 et il sera complété au concile de Constantinople en 381. Il est partagé par les confessions chrétiennes majoritaires44.

Il s’agissait de fixer les notions essentielles, qui étaient soit mises en doute, soit détournées ou interprétées de manières divergentes par les différents courants qui traversaient les églises : chacune prenant dans sa culture des éléments traditionnels de la religion locale, en les « christianisant » au mieux, et au pire, en prétendant que seuls les initiés pouvaient comprendre, moyennant le fameux « ticket d’entrée » qui permettait de bénéficier également des avantages dès ici bas.(Népotisme)

Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant,
créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible,
Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ,
le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles :
Il est Dieu, né de Dieu,
lumière, née de la lumière,
vrai Dieu, né du vrai Dieu
Engendré non pas créé,
de même nature que le Père ;
et par lui tout a été fait.
Pour nous les hommes, et pour notre salut,
il descendit du ciel;
Par l‘Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme.
Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,
Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau.
Il ressuscita le troisième jour,
conformément aux Ecritures, et il monta au ciel;
il est assis à la droite du Père.
Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts
et son règne n’aura pas de fin.
Je crois en l‘Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie;
il procède du Père et du Fils.
Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire;
il a parlé par les prophètes.

Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique.
Je reconnais un seul baptème pour le pardon des péchés.
J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir.

Je souligne ici quelques termes fondamentaux :

Je crois en un seul Dieu, reprend le « Shema Israël » credo du judaïsme affirmant l’unicité de la divinité, contre les tendances polythéistes.

Jésus était ni un Dieu différent, ni un demi Dieu .

Il est le Fils unique de Dieu … vrai Dieu, né du vrai Dieu pour lutter contre les hérétiques qui refusaient la filiation de Jésus, ou qui ne le considéraient que comme un prophète dans la succession des prophètes d’Israël.(Islam)

Il ressuscita le troisième jour, c’est ce qui nous intéresse dans la perspective des récits de la résurrection : Comme le rappelait l’apôtre Paul c’est une condition de la « vérité » chrétienne. C’est exactement ce qui fit rire les grecs de l’Aréopage quand Paul essaya de les convaincre lors de son passage à Athènes. En conséquence, J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir. Ce qui va conditionner mon comportement religieux, et donner un pouvoir exorbitant à ceux qui détiennent les clés de « l’au delà ».

Il faut se souvenir que les philosophes comme les observants des diverses religions de l’époque n’avaient pas les connaissances que nous avons aujourd’hui. Le « bon peuple » ne savait pas lire, et était bien incapable de tester les termes de cette confession de foi, qui paraît si évidente encore aujourd’hui à de nombreux croyants, j’ajouterai, « heureusement » pour eux.

4.2 La Confession de foi « réformée » ou « Symbole des Apôtres »

A l’époque de la renaissance, avec le développement de l’imprimerie, les théologiens ont essayé de quitter les perspectives « dogmatiques » conditionnelles et contraignantes, pour retrouver l’essentiel de la « Bonne Nouvelle » non pas dans les conciles, mais dans les textes de la Bible, que tout le monde45 pouvait lire.

La confession de foi devenait ainsi plus conforme à la lecture de la bible, et sans possibilité de biaiser sur son interprétation, quoi que

Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre. (Genèse 1,1, Ésaïe 44,24, Apocalypse 15,3)

Je crois en Jésus-Christ son fils unique, notre Seigneur,

qui a été conçu du Saint-Esprit, et qui est né de la vierge Marie

Mat.1, :18-20 & 23)

il a souffert sous Ponce-Pilate, (Matthieu 27,13) il a été crucifié, il est mort, il a été enseveli, (Matthieu 27,35,50 & 60) il est descendu aux enfers ; (1 Pierre 3,19, Éphésiens 4,9)

le troisième jour, il est ressuscité des morts ; (Matthieu 28,6)

il est monté au ciel, (Actes 1,2)

il siège à la droite de Dieu le Père tout-puissant ; (Actes 7,56)

il viendra de là pour juger les vivants et les morts.

(2 Timothée 4,1, Apocalypse 20,12)

Je crois en l’Esprit-Saint ; (Romains 15,13, 1 Corinthiens 6,19)

je crois la Sainte Église universelle,

(Éphésiens 1,22, Matthieu 16,18, 1 Timothée 3,15)

la communion des saints, (Éphésiens 4,22, 1 Corinthiens 10,16, 1 Jean 1,7)

la rémission des péchés, (Luc 24,47, Actes 5,31, & 13,38)

la résurrection de la chair

(Matthieu 17,22, 20,19, 22,31-32,  28,6-7, Jean 5,21, 11,25,

1 Corinthiens 15,35-37, )
et la vie éternelle. Amen.

(Jean 3,36, 4,14, 1 Jean 5,13, Romains 6,22-23, 1 Timothée 1,16)

Nous retrouvons la profession d’unicité du Dieu Créateur : Je crois en Dieu, le Père tout-puissant et la filiation de Jésus : Je crois en Jésus-Christ son fils unique, notre Seigneur, Conformément aux écritures le troisième jour, il est ressuscité des morts, il est monté au ciel…46 Et, in « cauda venenum »47 mais c’est plus « culturel » que théologique : la résurrection de la chair et la vie éternelle. Heureusement, on n’en défini plus les lieux. Mais on ne peut pas laisser le bon peuple gérer son salut, car « croire à la vie éternelle » en chair et en os demande quelques explications, que d’aucuns seront naturellement prêts à négocier contre espèces sonnantes et trébuchantes.48L’ancien évêque de Newark et professeur à Harward, J-S Spong49 souligne que dans le monde contemporain, il est possible, avec une culture religieuse conséquente, de comprendre les divers symboles de la foi chrétienne. Mais pour les destinataires de la « Bonne Nouvelle » au 21e siècle ces déclarations de foi ne font plus sens : Il est urgent de les réinterpréter, en se référant toujours aux fondamentaux bibliques, qui sont les pistes du « Royaume de Dieu »50. C’est encore un terme qu’il faut aussi transcrire quand il ne reste plus que des despotes corrompus dans les royaumes survivants, et que les « Princes des Eglises » ne sont pas à l’abri des journalistes à l’affût des moindres dérapages.
5 Une proposition de compréhension de « la résurrection »J’oserai proposer – vous l’avez déjà pressenti – que « la résurrection » est cette sensation, voir cette émotion, ressentie quand nous vivons des moments exceptionnels, que ce soit en communion avec d’autres dans une célébration chrétienne, ou une émotion amoureuse. Mais pas seulement : Les fans de Johnny Hallyday ou de Claude François évoquent également ce sentiment de présence ressuscitée. Les familles touchées par un deuil sentent aussi cette communion avec l’être cher décédé, a l’occasion d’un partage de son souvenir.La présence du Christ ressuscité est ressentie par les « brancardiers de Lourdes » dans l’accomplissement de leurs missions d’accompagnement. Comme Jésus est présent indépendamment de l’Eucharistie, qui le confirme, dans les célébrations de Taizé, sur la Place St Pierre à Rome, ou au St Sépulcre à Jérusalem. Il est aussi ressuscité dans la chapelle des Petites-Soeur de Jésus, au repas des « Compagnons d’Emmaüs » réunis en présence « ressuscitée », elle aussi, de l’Abbé Pierre.La résurrection est une autre manière de regarder la communauté, celle de deux personnes ou d’une grande assemblée, ou au Camp Biblique Œcuménique de Vaumarcus. L’aspiration au « Royaume de Dieu » doit cependant nous rendre attentifs aux manipulations possibles, aux faux prophètes, aux « Messies Improbables » plus avide de pouvoirs que de bonheur universel 51L’accès au « ciel » n’est pas le « paradis» : Les atolls polynésiens sont aussi ravagés par les ouragans. Si le Bhoutan est le pays où se mesure «Le Bonheur national brut », ce n’est pas pour tout le monde. En été, les chalets d’alpages demandent une certaine adaptation pour être paradisiaques.La « vie éternelle » ne se négocie pas, elle se découvre tous les jours en vivant pleinement le moment présent. Les disciples de Jésus de Nazareth l’ont découverte en vivant avec lui l’expérience de la rencontre de l’autre, comme Jésus le leur avait expliqué 52: « Qui vous accueille m’accueille moi-même, et qui m’accueille, accueille celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète, et qui accueille un juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste. Quiconque donnera à boire, ne serait-ce qu’un verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, en vérité, je vous le déclare, il ne perdra pas sa récompense. »
Jésus n’a pas fait allusion à une éternité de la vie53, la « récompense » est cette autre notion du bonheur de vive à laquelle nous sommes invités.Et là … le credo n’y est pour rien, sauf que… quand on le dit ensemble, alors on est en communion avec tous ceux , parce qu’ils « savent », pour qui cela a été important…comme un sentiment de résurrection partagé.

« Le seigneur est ressuscité » …  « Il et vraiment ressuscité ». C’est la salutation pascale dans les pays orthodoxes… Genève, le 21 août 2019

Voir aussi : Pourquoi raconter les récits de la Résurrection ? Publié le 21 08 19

1Actes 9 : 1-27 la conversion de Paul, qui n’a jamais rencontré Jésus de Nazareth de son vivant.

2Marc 12:18-27 ,la feme aux sept maris

3Les Saducéens ne croyaient pas à la résurrection des morts.

4Tribunal et « Conseil d’administration » du Temple

5Jean 8:3-11

6Luc 15:2

7Matthieu 5, 6, 7. Un projet de vie.

8Mt 12:1-8

9Luc 4:16-30 Jésus expulsé de la synagogue de son village, Nazareth,

10C’est devenu un « titre » alors que l’usage était de signifier « Un humain »

11 (TOB/matthieu-16-13) Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Une affirmation théologique élaborée par la communauté.

l’importance de Pierre est également soulignée pour le développement de l’Eglise … pas envisagé à l’époque.

12TOB Luc 4:1-11 Ramenant alors les barques à terre, laissant tout, ils le suivirent.

13Luc 10:38-42

14Mc 14:66-70

15Mt 26:53

16Matth. 8, 23-27 et Luc 8, 22-25

17Mc 4:31-41 & Lc 8:23-25

18 1 Corinthiens 11:17-34 L’eucharistie-Cène à Corinthe comme signe de solidarité et d’unité

19Mt 28:1-10

20Voir le cœur du St Sépulchre à Jérusalem : Le tombeau vide est « plein » de l’attente mystique des visiteurs.

21Luc 24:18-35

22Jean 20 : 19-29

23Cf infra p. 7, les credos.

24Jean 21:1-ss est une reprise de Luc 5:1-11 …ou réciproquement.

25Mt 8:5-13

26Synagogue byzantine judéo-chrétienne construite entre le II e siècle et le V e siècle.

27Mt 4:19 & Lc 1:17

28JS.Spong, La Bible dévoilée, raconte que l’Evangile de Marc séquencé en paragraphes était lu à la Synagogue parallèlement aux parachas (passages) qui racontaient l’histoire de Moïse depuis Pâques…Au début, les croyants en Jésus de Nazareth faisaient célébration commune avec les juifs … puisqu’ils étaient juifs !

29 Luc 9.28-36

30ou « Pentecôte »

31Actes 12:17 & 21:18

32 Le 27 mars 2008 – James Cameron, Simcha Jacobivici et plusieurs spécialistes ont présenté la découverte du tombeau de la famille de Jésus à Talpiot. La contestation de cette identification de la tombe familiale ressort plus d’un attachement à la tradition qu’au respect des hypothèses archéologues. Les fouilles ont été suspendues par les autorités israéliennes pour éviter les polémiques. Cette découverte ne changerait rien au message de Jésus !

33A Tabgha. Tout près de Capharnaüm.

34Actes 2:14-41 (il aurait pu prononcer un discours semblable ailleurs … selon le choix des auteurs des textes)

352 rois 2 : 1-25

36 Apollonios de Tyane, philosophe et aussi appelé « fils de Dieu »

37Définitions physique : Espace que l’on voit au dessus de nos têtes voir aussi : Atmosphère, firmament, air.

Définition religieuse: Expression symbolique d’un espace absorbant les corps et les âmes des défunts, sorte de « trou noir » spirituel dont on ne revient pas…

38Encore une fois : Actes 2:14-41

39« Notre coeur ne brûlait-il pas… » racontent les pèlerins d’Emmaüs Luc 24:32

40Mt:9:6, Mc 2:5, Lc 5:24

41Mt 12:22, Mc 8:22 & 10:46 (Bartimée) Lc 18:35 , Jn 9:6

42 Mt 12,9-21 ; Mc 3,1-6 ; Lc 6,6-11

432 Rois 2 11-12 Tandis qu’ils poursuivaient leur route tout en parlant, voici qu’un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent l’un (Elisée) de l’autre ; Elie monta au ciel dans la tempête.

12 Quant à Elisée, il voyait et criait : « Mon père ! Mon père ! Chars et cavalerie d’Israël ! » Puis il cessa de le voir.

44Et assez globalement par les membres du COE.

45Les versions de la bible en langues courantes ont été longtemps interdites par Rome ( sans polémique!)

46Grand Père est décédé, où est-il maintenant ? « Il est au ciel » … curieux quand on a suivi l’enterrement au cimetière., il doit y avoir un truc qui ne passe plus !

47Trad : « le venin est dans la queue ».

48Surtout si vous soutenez financièrement la paroisse… et aussi son pasteur …

49« Jesus for the non religious » J.-S.Spong Harpers & Collins . San Francisco 207

50« Eternal life » a new vision, J.-S.Spong Harper One, 2009

51Retournez lire 1 Samuel 8 et la description du roi .

52Mt 10:40-42

53 Luc 18:18-25