Doubles foyers, ma perception est troublée.

2012 bateau tempête

Un matin, j’entends l’éditorial du journaliste sportif à propos du match Suisse Irlande du Nord. Il dit que l’honneur de la suisse est en jeu, qu’elle ne peut pas perdre sans aussi perdre la face, et que ce serait la honte pour les helvète que de rater cette occasion de marquer durablement la réputation de la Suisse… Donc il est question aussi de mon honneur…

Quelques soirs plus tard, un documentaire à la télévision me fait (re)découvrir les magouilles et mensonges de Glencore. Cette société au bâtiment propre en ordre, corrompt les gouvernements, en particulier au Congo de Kabila, sans oublier aussi d’autres dirigeants et entreprises utiles à ses intérêts. La multi nationale est « Suisse » basée à Zoug, cela me concerne, et me consterne.

Arte-TV me décrit Monsanto qui ment. Ment et s’offre des lobbyistes appuyés pour maintenir son privilège, et le glyphosate, associé à ses monstrueux profits. Cela touche les membres de ma famille en Suisse, parce que je mange tous les jours.

Sans étonnements, les Paradises papers détaillent avec perspicacité et pugnacité les bons usages des lois fiscales et les bonnes règles de la gestion des profits aux dépends des citoyens de la planète (enfin pas de tous!)… Il y a des Suisses, pas mal, aussi.

Les prêcheurs de moralités élastiques se font piquer au jeux de l’amour et du hasard, tellement leur moralité s’éloigne de leur vie – qu’on espère pas quotidienne pour leurs victimes. Ils ont enseigné dans les établissements de mes enfants.

Enfin – mais c’est une manière de dire provisoire – il y a débat sur la place des églises, à Neuchâtel et Genève, pour en inscrire les limites dans la constitution.. Et tout cela comme dans la société francophone, au nom d’une laïcité érigée en religion, avec dogmes et excommunications, pour en définir les limites et les expressions.

Qui va faire quelque chose ?

Quand on évoque toutes ces questions dans les instances gouvernementales, les notables répondent « Qu’il faut laisser les sociétés réguler leurs procédures, la concurrence permet aux meilleurs de conformer leurs performances aux demandes du marché ». Donc pour plus de profit pour les investisseurs.

Nos ministres arguent que les règles « de moralité » contreviennent au maintien des sociétés dans les pays qui les édictent et encouragent les délocalisations. Il vaut donc mieux exploiter la main d’œuvres de nos voisins que la nôtre, qui perd son travail, mais ce ne sont pas les mêmes qui financeront leur misère.

La Suisse industrielle, pays de la Croix Rouge et des Droits de l’Homme, des « protocoles additionnels » pour protéger les civils en cas de conflits, demande des assouplissements aux interdictions de vente d’armement aux pays troublés par des mouvements belliqueux. Nos militaires auront certainement les meilleurs avions pour nous protéger des sub sahariens échoués en Sicile.

Les parabens -perturbateurs endocriniens – limitent la fertilité, mais c’est un avantage pour le plastique utilisé pour la fabrication des biberons de nos enfants . Sauf qu’un jour il y aura moins d’enfant pour utiliser les biberons, mais ce n’est pas demain la veille, et tant qu’à faire du profit, il y a de bonnes raisons de faire de la procrastination – un vilain défaut – à ce sujet.

Où est l’honneur réclamé par

le journaliste sportif cité plus haut ?

Je ne suis pas pratiquant de Foot, Rugby et autres Hockeys sur glace ou sur terre.

Je constate que ces sports entraînent des frais considérables en cas de hooliganisme, d’accidents, d’infrastructures immobilières, d’utilisation de terres. Que ces activités supposées développer la solidarité et l’harmonie auprès de la jeunesse, développent aussi des attitudes racistes, nationalistes, et une violence qui renverses les barrières des stades et de la décence – je sais que je fais de la peine à quelques collègues, pasteurs ou prof d’Éthique en théologie, qui aiment le foot et Facebook.

La caisse de ma retraite ne fait pas partie des « Fonds Prédateurs », et si c’est à son honneur, cela cause bien des soucis à ses administrateurs. Mes économies sont – presque – à portée de mains, mais ne me permettent ni voiliers aux Caïmans ni de retrouver « Mon vrai moi » dans un paradis des Antilles.

Je suis consterné par ce que nous allons laisser à nos petits enfants.

Mais que font nos autorités ?

Nous n’avons pas attendu les Wikileaks, les Paradise Papers et lanceurs d’alertes pour savoir que les parlementaires qui (ne) votent (pas) les lois sociales ne sont pas ceux qui en ont besoin.

Ils ont des retraites confortables sur trois piliers, et un quatrième en réserve, pour les cliniques privées et les liftings de moralité. Il font des lois. Leurs avocats les aident à les rédiger pour pouvoir les contourner légalement, d’un paragraphe négligeable en bas d’une colonnes de chiffres « qui ont été élaborés par des spécialistes ». Ils sont pour la « libre circulation » de tous et de tout Surtout de ce qui permet à leurs entreprises de s’échapper du filet qu’ils tissent par ailleurs pour maintenir le travail des humains à un niveau profitable : « Il vaut mieux exploiter les pauvres, ils sont plus nombreux que les riches » disait Desproges ou Coluche ? Nous sommes fiers de notre « PIB » et du rang économique de notre pays, de notre continent. Mais il faut empêcher les pauvres d’y accéder pour ne pas en diminuer le « revenu moyen », sauf si le déficit démographique le met en danger.

Nous mettons en avant la « paix du travail ». Ceux qui ont de bons fauteuils dans les conseils d’administration espèrent porter la retraite à 67 ans, et faire passer les semaines de 45h à 50h pour que les heures supplémentaires ne diminuent ni leurs « gratifications », ni le confort de leurs sièges.

Nous aimons et soutenons nos agriculteurs, jardiniers du paysage, et mélomanes du Cor des Alpes, tant qu’ils produisent du lait – mais pas trop. Le jour de leur retraite, il convient d’en faire des propriétaires immobiliers héritiers d’une plus-value telle qu’ils finissent en HLM, et vendent la maison de leurs ancêtres pour financer leurs EMS.

Nous sommes fiers de notre industrie chimique, qui fait la promotion de la santé. Pour la garder elle vend ses médicaments à un tel prix, que vous devez choisir entre manger, se loger, ou se soigner. Sans se soigner, à court terme vous n’avez plus besoin de manger, ni donc de vous loger, et la caisse dans laquelle vous finissez est un cercueil. Il n’a rien d’une retraite, sinon du monde des vivants, qui se précipitera sur votre logement enfin libre pour une augmentation de loyer.

Facile de dénoncer,

« mais c’est plus compliqué que ça ! »

Je sais… je sais que ce n’est pas à ma portée, sinon de mon bulletin de vote, quoi que je ne gagne jamais au tiercé des élections.

Mais, permettez moi une remarque en ce qui concerne « la légalité et la moralité » :

Nous avons lu et entendu des politiciens, des juristes, des constitutionnalistes, les magistrats des « pôles financiers », avec et sans moustaches, nous dire que tout ce qui a été organisé par ces cabinets exotiques est accompli dans le cadre de la légalité, du point de vue où il se trouvent. Que ce soit « moral » ou pas est une question d’appréciation. Moi en tout cas je ne suis pas objectif et je n’apprécie pas, mais alors pas du tout.

Pourquoi les impôts de la majorité rendue silencieuse, doivent-ils servir à couvrir les déficits supposés des établissements bancaires qui ont misé sur les mauvais chevaux en voulant gagner au tiercé.

Pourquoi laisser s’endetter des sociétés incapables de gérer des stades difficile à remplir, et les « renflouer » à coup de millions pour que des « sportifs » de tribunes finissent par en venir aux mains à la sortie.

Pourquoi soutenir des activités sportives – y compris des jeux olympiques à la réputation plus que douteuse – et refuser l’accompagnement spirituel des malades à l’hôpital, dans les prisons, les établissements d’internement administratif, sous prétexte qu’un tel financement est incompatible avec l’idée de séparation entre l’Eglise et l’État.

Les églises croulent aussi sous les frais d’entretien des bâtiments que « les gens souhaitent au milieu du village ». Elles assument tant bien que mal les charges salariales qui leur permettent de suppléer aux béances de la solidarité d’état.

Pourquoi laisser des sociétés ruiner des régions et priver les églises des moyens pour venir en aide à ceux qui n’ont personne d’autres pour les défendre contre les « Fonds Souverains » qui détruisent leur environnement, et les herbicides qui malforment leurs enfants ?

Pourquoi limiter l’influence morale de ceux qui prônent la justice, l’égalité des droits et des devoirs et la charité sous prétexte que ce sont des institutions religieuses et que la religion n’a rien à faire dans la gestion de la société civile…Bien que certains politiciens se réclament d’une tradition judéo-chrétienne à défendre, comme argument électoral.

C’est vrai qu’il y a des dérives dans certains cercles religieux dirigeants : Corruption, détournements de fonds, scandales sexuels, népotisme etc. Ce sont des « sociétés humaines » avec leurs défauts humains . Mais elles suscitent aussi une espérance de générosité, d’amitiés, de convivialité et d’équilibre social à tous les niveaux de responsabilité, ou de participation. Ce qui n’est pas le cas des sélectionnés du CAC 40.

Bien sûr il y a eu les « guerres entre Catholiques et non catholiques, entre Romains et Orientaux, maintenant entre Chiites et Sunnites… mais le temps des extrémismes a passé pour certains et passera pour d’autres.

Les vertueux défenseurs d’une laïcité négationniste de la culture dans laquelle ils ont grandi prônent « le libre choix » entre croire ou ne pas croire ce qu’ils ont appris depuis leur enfance… ils oublient que le choix entre ce qu’offrent les églises – même maladroitement – et le « rien du tout » permet à n’importe qui de s’y mettre et d’y mettre n’importe quoi, comme la promesse du ciel avec 70 vierges, voilées ou pas, le paradis des ceintures d’explosifs, et le sacrifice des enfants pas assez grands pour ne pas vouloir en finir si jeunes.

Pas que du pain et des jeux :

L’honneur sorti du stade, les jeux de la télé-réalité, le pain si possible vendu et prémâché par une multinationale de Vevey ne doit pas être trop cher, pour vous permettre d’acheter les dernières trouvailles technologiques, pour aller réserver « d’un clic » votre place au stade, votre Pizza à la porte, et confier votre identité au Dieu GAFA (Google,Apple,Facebook et Amazon).

Je n’ai rien contre la « Leçon de Morale » qu’avait voulu instituer Sarkozy dans les écoles laïques de France et de Navarre. Je n’ai rien contre les encouragements à la coexistence des intellectuels musulmans – pour autant qu’ils ne soient pas exécutés par leurs coreligionnaires moins intellectuels.

Je n’ai rien contre les subventions aux églises, si elles restent indépendantes du pouvoir et évitent leur instrumentalisation toujours menaçantes, comme les conflits des Balkans l’ont montré il n’y a pas si longtemps. Ceci est aussi valable en Israël, aux Indes, au Pakistan, en Irlande du Nord, et en bas de mon immeuble.

J’aimerai que ces injonctions à la vie sociale deviennent ce qu’elles étaient à l’origine, en « libre accès » et qu’elles puissent être développées par chacun dans les termes qui lui conviennent.

A travers les âges, tu n’es qu’un passant sur la terre.

La vie qui est en toi s’inscrit dans une histoire et une culture qui te permet d’être humainement responsable.

Tu ne toléreras pas les idéologies et les promesses illusoires.

Tu seras charitable en exerçant avec discernement bonne volonté et bienveillance envers tes semblables et aussi envers ceux qui ne te ressemblent pas.

Tu défendras la justice et la vérité, en évitant les mensonges prometteurs des manipulateurs, avides de pouvoirs, car ce seront aussi tes enfants qui en pâtirons. Tu ne feras pas de faux témoignages pour en tirer avantage.

Si tu restes ferme dans ton intégrité et ton humanité, tu seras un modèle de génération en génération  et pas seulement pour les tiens :

Tu exerceras tes activités en ménageant ton temps pour ne pas t’épuiser et pour ne pas épuiser ceux qui travaillent avec toi.

Tu protégeras ce temps de repos, sans aucun ouvrage, ni pour toi, ni pour ton fils, ni pour ta fille, pas plus que pour ton collaborateur, pour ton employée, pour l’émigré qui est dans tes villes et tes entreprises, et pour les bêtes que tu as domestiquées.

Car comme le ciel et la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent savent prendre du temps pour se régénérer, c’est un bienfait naturel.

Tu respecteras tes parents et tu bénéficieras de leurs expériences et de leurs histoires, tu tiendras compte de leurs traditions.

Tu ne détourneras personne de son chemin, sauf en cas de danger pour lui même car tu en es aussi responsable.

Tu n’auras de visées ni sur la femme de ton voisin, ni sur son employé, sa collaboratrice, son instrument de travail, ni sur rien qui appartienne à ton voisin.

Tu ne commettras pas de meurtre, et tu ne harcèlera pas ceux avec qui tu vis ou travailles.

En tout temps tu exprimeras de la reconnaissance, pour le bien qui résulte de ta manière de vivre, en famille et en société.

A quelques nuances sémantiques près, ces conseils sont connus de toutes les cultures et encouragés par toutes les religions, spiritualités ou philosophies, et sont aussi les « dix Paroles » énoncées par Moïse.

Seraient-elles interdites de rappel au nom de la séparation de l’Eglise et de l’État ?…

Un ami me disait que les règles du jardin d’enfant devraient être érigées en principe de vie dans les parlements et les sociétés.:

  • – Dire bonjour en arrivant.
  • – Écouter avec attention la parole de l’animateur ou de l’animatrice.
  • – S’exprimer en parlant et ne pas crier.
  • – Ne pas taper ses camarades,
  • – Ne pas leur prendre leurs jeux,
  • – Demander gentiment si tu peux jouer avec eux ou avec lui ou elle.
  • – Répondre gentiment aux questions
  • – Ne pas dire de « gros mots »
  • – Proposer des nouvelles idées ou des nouveaux jeux.
  • – Se laver les mains en sortant des toilettes.
  • – Poser et reprendre ses habits au vestiaire sans bousculade.
  • – Respecter le règlement.

Peut-être que cela sera utile à ceux qui cherchent comment prendre des décisions.

En résumé, si vous me comprenez bien, je suis favorable à une collaboration entre l’Eglise et l’État, surtout si les Églises font leur « mise à jour » dans leurs activités et leur pédagogie, ce que leurs détracteurs et les journalistes feignent souvent de rechercher.

A cause de mon scepticisme en ce qui concerne l’Honneur de la Suisse, je suis radicalement pour la séparation du  Sport de l’État.

Le 13.11.2017

L’idolâtrie se cache derrière les meilleures convictions.

La trinité

laque automobile sur bois et limites en laiton B.van Baalen

A l’occasion de l’anniversaire de la réforme religieuse de Luther, le site catholique romain « Aletheia » explique à ses « followers » les 7 différences entre catholiques et réformés. Ils le font sur la base des dogmes admis au cours des siècles et répertoriés comme « condition de la foi » romaine à différents moments de l’histoire.

L’ouverture de l’institut de formation professionnelle de théologie protestante – associée aussi à « Eucharistein » mouvement catholique plutôt conservateur – défend une lecture « sérieuse » des évangiles et de la tradition chrétienne « de toujours » pour reprendre une qualification qui rassure les inquiets de l’évolution des cultures.

Ce qui m’a toujours intéressé, ce sont les raisons qui ont été à l’origine des mythes.

Ceux de la Grèce sont assez clairement pris pour ce qu’ils sont : Une expression de la nécessité de répondre à des questions existentielles générales avec une incidence particulière, comme celui « Œdipe » bien expliqué par Freud – ou plus récents comme « le Petit Chaperon Rouge », actualisé par les prédateurs sexuels. Personne ne « croit » à ces figures symboliques ou mythologiques. Elles sont pourtant pertinentes pour comprendre des situations, et pour trouver des solutions pour mieux vivre.

Dans son édition du 1er novembre, le journal « LE TEMPS » publie une inerview de Boris Cyrulnik très intéressante sur le « besoin de croire en Dieu »(https://www.letemps.ch/monde/2017/10/31/boris-cyrulnik-religions-necessaires-socialiser-ames)

Une réaction de lecteur du journal « Réformés » déclare que quand la Virginité de Marie, la Naissance de Jésus, ses miracles, sa résurrection sont mis en doute, cela provoque l’effondrement des églises…1

Notre différence d’appréciation des mêmes sujets serait l’essence de notre incompatibilité entre Protestants et Catholiques (romains).

Si notre « foi » ne tient qu’aux textes de la bible et des dogmes de la tradition, à la performance des rituels, et que nous y croyons plus qu’aux « paroles » du Rabbi de Nazareth, se pose la question de la perception du monde dans lequel nous vivons, et des convictions qui nous animent. Le créationnisme en est un des effets collatéraux.

Quand j’ai cinq ans, la grand mère est mangée par le loup, et elle m’annonce qu’en tirant la bobinette la chevillette cherrera : J’y crois. Quand on me dit que Dieu est Père, Fils et St Esprit, « trois en un », comme le détergent de la machine à laver, pas de problème.

Devenu adulte, je fais la différence : Avec Bettelheim, je comprend que le rôle du prédateur incarné par le loup est adéquat pour mettre en évidence le risque des « mauvaises occasions / mauvaises rencontres ». Je comprend que pour expliquer l’importance que représente « Jésus de Nazareth » – Le Fils. Il est fondamental que cela ne puisse venir que d’une « instance supérieure » – Le Père. Je suis capable de l’exprimer ou de l’assumer moi aussi avec la force reçue en en faisant la découverte – Le Saint Esprit. Le terme « Trinité » est donc le mot codé pour expliquer toutes une série de concepts « spirituels ».

L’idée de se retrouver autour du repas pascal ritualisé pour se souvenir de ce qui avait été vécu avec Jésus de Nazareth est fondamental… Très vite, sa mort tragique a été mise en rapport avec le sacrifice rituel de l’agneau pascal. La communauté chrétienne en a fait un « message » qui communiquait le risque qu’il y avait à aller au bout de ses convictions, contre les traditions et contre le pouvoir, en l’occurrence romain, de l’époque. C’est ce que rappelle l’Apocalypse, très terre à terre.

Les divergences doctrinales sur le pain/hostie et le vin/fruit de la vigne ont été des sujets de controverses interminables, et ce n’est pas fini. Là encore, il faut se souvenir des contextes :
Les paroles de l’institution de la Cène/Eucharistie transcrites dans la Bible sont postérieure à leurs apparitions d’usages : Comment rendre « vivante » cette coutume sociale du repas communautaire en présence du « Christ », sans en désigner les ingrédients comme des éléments constitutifs de la présence de Jésus, qui recommandait de le faire en toutes occasions.

Question d’enfant : « Il et où Jésus ? » réponse : « Il est là ! », « OK je ne le vois pas … »… « Il est dans le pain et dans le vin » qu’il nous recommande de partager… « Mais c’est toujours du pain et du vin non ? » « Ben oui, mais non ! »

D’où la nécessité de faire du pain autrement : l’hostie, et de ne plus partager le vin, pour éviter les questions oiseuses.

« Croyez-vous en la présence réelle du corps et du sang du Christ dans l’eucharistie ? »

La réponse permettait sous la torture de sauver sa peau. Et surtout donnait le pouvoir de vérifier la sincérité de l’accusé. Nous savons que ce n’est pas le cas !

Et là nous retrouvons la question du « mythe symbolique » en contradiction avec « la réalité objective » : Au 10e et 16e siècle, et encore aujourd’hui pour « Aletheia », cette question est au cœur du besoin de se compter, pour ne pas parler de territoire. Le schisme Orient Occident, et la réformation, en vertu du principe « Le souverain impose la religion à son territoire »2 ont entraîné un raidissement des interprétations « Que tous ceux qui croient comme moi, se rallient à mon panache blanc ! ».

Je crois à la présence réelle de Jésus de Nazareth dans la communauté qui célèbre la Cène/Eucharistie. Je sais en même temps que ce n’est qu’un mélange de farine et d’eau et une goutte de vin, qui donne du sens à ce que je suis en train de vivre. Il y a longtemps que plus personne ne croit aux manipulations de magiciens du prêtre qui transformerait ces espèces en protéine et en hémoglobine : Cela ferait de nous des anthropophages… Les ecclésiastiques moins que personne.

Si nous entendons que Dieu est l’ordonnateur du vivant, il aurait conduit/offert celui dont on dit qu’il est son fils « en sacrifice sur la croix ». Quelques années après la mort de Jésus sur la croix des criminels, cela s’est compris comme une évidence3.

Si les croyants souhaitaient faire admettre que le message de Jésus est plus important que son destin terrestre, c’est une nécessité. La « résurrection » est indispensable pour faire passer l’idée qu’un monde plus juste reste possible, malgré le scandale de la croix. Les « apparitions » de Jésus attesteront qu’il « est présent parmi nous, jusqu’à la fin du monde ». Une autre manière de dire la permanence de la pertinence de ses propos. La « trinité » en fait « Dieu avec nous ».

Revenons à l’élaboration théologique qui est à l’origine des textes bibliques, Les auteurs ont mis en parallèle le sacrifice du Temple, et la tradition du bouc émissaire.

Les deux pratiques performées en public et collectivement dans la tradition juive libéraient les tensions de la communauté. C’était dans un contexte religieux où l’action liturgique4 était le lien (religio) commun.

Les sacrifices étaient la norme pour satisfaire les divinités qui protègent ceux qui en font l’offrande.

Le Bouc Émissaire est une autre forme d’évacuation de la culpabilité collective, qui causait défaites, sécheresses ou inondations.

La transmission rituelle et la rationalisation du « message de Jésus de Nazareth » s’élaborent selon l’attente et le contexte religieux. « Dieu sacrifie son fils » dans un holocauste symbolique à répéter, pour expier le fait que nous l’avons laissé aux mains des Romains et du Sanhédrin. Ces derniers ont accompli le rituel sous la conduite divine5. Ou nous l’avons sacrifié porteur de tous nos péchés comme le bouc émissaire mort à notre place « Crucifie,crucifie !» crie la foule.

L’apocalypse dira que nous avons été « lavé par son sang ». Les ménagères ne comprennent pas, mais elles ne sont pas théologiennes. C’est une autre collision entre le symbole et le réalisme.

« Aletheia »  écrit « Contrairement aux catholiques, les protestants ne croient pas que le baptême est efficace par lui-même, mais estiment qu’il doit être associé à la foi ».

Ce sont les mêmes remarques que pour l’eucharistie/Cène : Ce n’est pas le symbole/sacrement qui fait « foi » mais ce à quoi il renvoie. Pour le baptême des enfants, ce sont les parents qui y accordent de l’importance. Pour le baptême d’un adulte qui en fait la demande, cela lui permet de manifester ce qui lui tient à cœur : Il recevra en public le soutien de sa communauté, une autre manière de bénéficier de « l’aide du Saint Esprit », quelles que soient ses convictions.

Pour les autres « différences » du site dogmatique romain: « Purgatoire », « prière des saints » et « Vierge Marie », je rappellerai qu’en son temps et dans le contexte spirituel et culturel de l’élaboration des dogmes, il s’agissait de convertir une mythologie ethnique polymorphe, marquée par les traditions animiste et gréco-romaines, les traditions gnostiques à mystères, les mythes celtiques et germaniques de la terre mère etc. Et pour christianiser ces traditions, il était indispensable d’en inclure ce qui était possible dans les manifestations publiques et assimilables par les fidèles de l’époque.

Parfois cela n’a pas marché, l’exemple le plus connu se trouve dans le Livre des Actes : Paul devant les philosophes d’Athènes :

Paul, est un juif élevé dans la plus pure tradition pharisienne. Il ne connaissait que très mal les mythologies grecques. Les relations que les grecs entretenaient avec les rituels religieux étaient très divers. Paul évoque devant l’Aréopage « l’Autel dédié à un dieu inconnu » rencontré dans une rue d’Athènes. Il dit qu’il vient en son nom, et parle de son fils sacrifié sur la croix et ressuscité des morts…

Les philosophes rigolent, et le renvoient à ses croyances absurdes… C’est que les philosophes d’Athènes ne « croyaient » pas à leurs cosmogonies comme l’expression d’une vérité divine. Pour eux c’était des mythes qui permettaient de comprendre la réalité de la vie quotidienne et les relations humaines ou sociales. Les affrontements entre les peuples dépendaient de la compréhension qu’on avait des interactions entre les dieux et leurs alliés. Peut-être qu’une analyse de leurs aventures permettrait de savoir quelle politique adopter pour s’entendre ou pour vaincre.

Paul partira pour Corinthe. Il y restera 3 ans pour « faire ses classes » en culture gréco-romaine et adapter son discours, pour continuer son ministère et organiser le message de Jésus de Nazareth pour le rendre compréhensible au monde qu’il parcourait.

Plus haut j’utilisais le « Petit Chaperon Rouge » comme exemple de mythe auquel il n’est pas nécessaire de « croire » pour en percevoir la pertinence.

Il y a des mythes qui sont devenus extrêmement dangereux : L’existence des Aryens ancêtres de l’Allemagne rappelés par les nazis. Leurs références ont été érigées en dogmes qui ont conduit à la guerre la plus perverse du 20e siècle. C’était absurde, mais un peuple entier y a cru – certains y croient encore.

Quand les textes deviennent des « objets de cultes » et ne sont plus des objets du culte, il est nécessaire de se poser la question de leurs statuts, et réciproquement de celui des pratiquants qui s’y réfèrent : Il faut remonter à la période de l’Empire byzantin dite aussi « querelle iconoclaste » ou « Querelle des images », qui s’étend de 726 à 843. Elle a eu une redondance au moment de la réforme il y a 500 ans, et ce sont les mêmes arguments qui se sont affrontés – et parfois s’affrontent encore aujourd’hui6.

En résumé : Les statues et icônes devant lesquelles on se prosterne et qui sont objet de dévotions sont-elles « performantes » pour le salut de vos âmes ? Si la réponse est « oui » vous êtes idolâtres, et vous prenez ces objets pour une Divinité, comme on prenait par exemple l’empereur romain, avec droit de vie ou de mort… dans les arènes !

Si vous répondez « non » il faut alors en expliquer la présence dans les lieux de cultes.

Si leurs présences aident au salut de votre âme, qu’elles y restent, sinon qu’elles passent à la prochaine brocante – dans le meilleur des cas – ou au dépotoir de l’histoire.

Là il s’agit aussi de la relation avec les « saints », comme il y a une relation avec les ancêtres dans les religions animistes.

Les théologiens, pour justifier la présence de ces objets – et les investissements consentis pour les faire – ont expliqué que les images/statues n’étaient pas des objets de dévotions, mais un symbole de ce qu’ils représentent et vers qui s’orientent nos prières7.

On ne prie pas la statue de la « vierge noire », qui fut autrefois la déesse mère locale, mais on s’adresse à Marie, mère de Dieu, pour qu’elle intercède pour nous auprès de son fils etc…

On ne prie pas la statue de St François, mais on prie pour les pauvres, comme il l’a fait en son temps. Hélas, chassez le naturel, il revient au galop, la statue de la vierge à Medjugorge est plus efficace que celle de Lourdes ou de Fatima, on ne peut pas lutter contre 5000 ans de culture magique.

L’organisation et le management social nous vient de loin : L’autorité du Chef/Pape !

Peut-être est-ce en rapport avec«  la société ecclésiastique » et touche à l’autorité du Pape. Il faut rappeler que la structure de l’Eglise a été adaptée/héritée de l’empire romain et de la « vénération impériale ». Si le pape est le « Vicaire du Christ » il a succédé à l’empereur « Symbole Divin » dans l’Empire Romain, voir « incarnation de la divinité » … Toutes ces notions se sont intégrées dans le christianisme naissant, mais pas seulement.

Probablement depuis l’époque patriarcale8 le « Chef/Mâle Alpha » a la responsabilité de la troupe/meute. Pour obtenir une faveur, il convient de lui montrer son allégeance. Le cercle des ses proches est organisé par « népotisme »9 ou « achat des charges »10.

Avoir accès à l’un des proches permet de bénéficier de la bienveillance de son supérieur, voir de celui qui exerce la souveraineté, de recevoir des privilèges plus rapidement, d’obtenir des charges ou des responsabilités rémunératrices.

Dans une perspective eschatologique, les morts sont déjà proches de la zone divine. Si au cours de leurs vies, ils ont été des privilégiés par leurs relations spirituelles avec le « divin supérieur » qui est reflété par la structure humaine – l’Eglise – ils sont les intermédiaires qu’il faut actionner pour exaucer nos prières. Comme il convient de s’adresser au cousin du chef de clan, à sa mère, à l’un de ses héritiers dans le système de la mafia … et de bien des gouvernements de la planète où cela s’appelle « corruption »11. C’est pourtant un mode de fonctionnement rationnel, longuement expérimenté dans les royaumes féodaux, parce qu’il est « relationnel », quand il n’aboutit pas à des « abus de biens sociaux » bien sûr.

Concrètement, disons que toutes les sociétés et associations ont le droit de s’organiser comme elles le souhaitent, et de vivre sous des règlements qui permettent l’accueil ou l’exclusion des membres qui ne correspondent pas à leurs attentes. Les « excommunications » font partie du « jeu ». Il n’y a pas de différence entre catholiques et réformés, surtout en cas de sanctions pénales.

Pour revenir au propos initial de cet article, soit les différences entre les chrétiens évangéliques, les protestants (libéraux, comme on en parlait au siècle dernier) et les Catholiques Romains, elles sont réelles mais relèvent, si elles sont clivantes, de l’idolâtrie animiste ou tribale :

Si vous croyez que l’observation de la lettre des textes justifie vos comportement, vous tombez sous le jugement de Jésus de Nazareth sur « les scribes et les pharisiens » – c’est pas moi qui le dit, mais le texte (oups !). C’est aussi valable pour le Coran.

Si la croyance dans les vérités dogmatiques est plus importante que la signification qu’elles portent, vous êtes dans la performance de la magie, mais pas dans l’essence du christianisme.

Si vous pensez que les rituels sont nécessaires et suffisants pour assurer le salut de votre âme, vous êtes comme les fidèles de la Diane du Temple d’Éphèse, mais c’est votre choix, et pas celui de l’apôtre Paul.

Ce qui distingue les chrétiens, c’est leur attachement aux principes fondamentaux rappelés par Jésus de Nazareth : la charité et l’amour partagé, un résumé des Dix Paroles de Moïse.

Cependant il y a une limite à ne pas franchir non plus : « Ne jugez pas, si vous ne voulez pas être jugés » « Aimez-vous les uns les autres ».

Vous pouvez croire à l’horaire des transports publics, cela simplifiera vos déplacements, mais vous ne risquerez pas votre vie en doutant de leur exactitude.

Si pour votre compréhension du monde et de votre vie, vous avez besoin de croire à l’intercession de la Vierge Marie, que ce soit à Medjugorge, Lourdes ou Fatima, c’est votre conscience et Dieu vous reconnaîtra parmi les siens.

Si vous pensez que la célébration de l’eucharistie et votre communion est « au corps et au sang du Christ », soyez les bienvenus dans l’église universelle.

Si vos cierges plantés dans le sable devant l’icône de St Jean Chrisostome dans une chapelle latérale de Tinos peuvent vous aider à trouver les mots pour me contredire, que le Saint vous soit en aide.

En toutes choses, rappelez vous que les récits, les dogmes, les encycliques, les proclamations de toutes les religions répondent à des impératifs contextuels, historiques ou organisationnels et s’ils sont resitués correctement, ils prennent un sens auquel on peut adhérer, en sachant qu’ils ne sont pas « Vérité Divine » mais seulement une trace de l’indicible. Car on ne peut rien dire ou écrire de Dieu,

comme le rappellent les sages juifs du Talmud… qui nous ont libérés de l’idolâtrie en libérant Dieu de nos définitions : Ce qui est défini est « limité », et nous sommes tous persuadés que Dieu ne l’est pas.

Mais si un ecclésiastique de quelque religion que ce soit vous demande de l’argent pour assurer votre salut, fuyez, et adressez vous à un psychanalyste, vous serez remboursés par l’assurance maladie, ce sera toujours cela de gagné !

Bernard van Baalen 31 10 2017

1Des divergences théologiques choquantes Réponse à l’article du numéro de septembre consacré à la nouvelle filière de formation HET-PRO. Votre texte fait bien ressortir l’opposition qu’il y a entre l’approche « libérale » des textes bibliques (de l’EERV) et la conviction des « évangéliques » fondée sur ces mêmes textes […]. En ne souscrivant pas sans réserve aux convictions évangéliques, c’est aux dogmes fondamentaux qui fondent notre foi chrétienne que vous vous en prenez. S’il n’y a plus naissance miraculeuse de Jésus, ni incarnation, ni résurrection, que reste-t-il de la notion même d’Église ? Elle s’effondre, tout comme s’effondre l’espérance chrétienne du royaume éternel à venir […]. Georges Dufour, Saint-Légier Journal « Réformés » novembre 2017

2 Cujus regio, ejus religio  « À chaque région sa religion »est une maxime latine soulignant le principe politique, défendu au 16e siècle, suivant lequel la religion d’un peuple, à l’époque nécessairement celle de son souverain, pouvait différer selon l’État dans lequel on vivait

3 Les femmes palestiniennes sont fières de la mort de leurs enfants en martyrs, ce qui ne manque pas de nous interroger sur l’humanité.

4La « performance » ou le fait d’accomplir un rituel qui porte en lui une efficacité.

5« C’est pas nous, ce sont les juifs, on n’est pas responsables, Dieu l’a voulu » Nous savons où cela conduit !

6 j’attends « Aletheia » sur ce point !

Une forme de « channelling » pour prendre un concept plus actuel.

8 même dans les cavernes et pas seulement au Moyen Orient .

9Les proches de la famille ou de la tribu

10Par alliance économiques ou mariages

11Chez les américains autour de Trump, les russes autour de Poutine, etc.