Les ambiguïtés des discours sur le « droit du retour » des juifs en Israël,
et leurs racines en Judée Palestine remontant aux Royaume de David et Salomon,
quand ce n’est pas à la promesse faite à Abraham
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La situation au mois de mai 2025 au Moyen Orient, et dans la bande de Gaza en particulier, donne lieu a une quantité de discours, d’affirmations, et de prétentions religieuses, politiques et géographiques qui oublient l’HISTOIRE de la région et son peuplement. Les territoires entre le Jourdain-Mer Morte ont été traversés par les migrations Égyptiennes, Eggéennes (philistins), Assyriennes, Perses, Grecques et Romaines, sans oublier les Arabes et les Croisés européens chrétiens, qui se sont associés avec les uns contre les autres et réciproquement.
Les traditions et mythes religieux ont conférés à cet espace une réputation qui maximalise toutes les contradictions spirituelles, politiques, sociales voir ethniques.
Il faut oublier l’idée d’une terre sans peuple destiné à un peuple sans terre :
Les archéologues ont mis en évidence qu’il y a toujours eu des résidents plus ou moins permanents, au gré des envahisseurs qui n’ont jamais «déporté» la totalité des habitants, comme tend à le faire le gouvernement Israélien entre 1948 et 2025.1
Les traditions font de Jérusalem le noyau dur (mais incertain) du judaïsme, du Christianisme et de l’Islam, et par conséquent de tous ceux qui se revendiquent héritiers prioritaires de cet espace entre le Jourdain et la Mer.
Si on se réfère à l’Histoire et à l’archéologie : Ces territoires ont toujours été occupés par des populations pratiquantes de langues sémitiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient été des Croyants-Pratiquants permanents d’une foi ou d’une autre.
L’histoire des religions nous rappelle qu’ils ont été tour a tour adeptes des religions animistes ou chamaniques, puis influencés par les envahisseurs et leurs divinités préférées.
Ils ont révéré le Soleil et la Lune, les animaux tutélaires. Ils ont adhéré aux «révélations» des prophètes annonçant un monde meilleur, pour les obéissants à la loi du plus fort.
Chacune des spiritualités a laissé des traces pour attester de sa pertinence, en espérant y établir une permanence, avec conviction – mais sans garantie d’éternité.
Certaines traditions ont développé des systèmes d’écritures qui ont permis de codifier les croyances et les mythes fondateurs. Dans le meilleur des cas, cela a permis de rédiger des lois ou des constitutions, pour gérer les relations humaines, sociale commerciales ou politiques. Les «dix Paroles» proférées par le Buisson à Moïse en font partie. Leur attribution a «dieu2» les a rendues légitimes.
La culture «Judéo-chrétienne» est actuellement complétée par la «culture musulmane» et englobe les systèmes de pensées qui régissent les relations entre les individus et les sociétés au 21e siècle. Les archives mémorielles, les traditions et les idéologies du passé sont activées au gré des mouvements sociaux et/ou religieux qui se font concurrence pour l’accès au pouvoir, à la notoriété, à l’économie ou aux opportunités géopolitiques.
L’absurdité de l’antisémitisme atavique, dénoncé par les politiciens de tous bords :
Développé au 19e siècle avec des théories racistes établissant des hiérarchies dans l’espèce «homo sapiens», toutes personnes se reconnaissant ou étant soupçonnée d’avoir des ascendances «religieuses juives» – pratiquants ou pas – a été considérée comme appartenant à une «race Juive» distincte des autochtones, culturellement perçus comme homogènes dans leurs divers pays ou régions. Les juifs ont été considérés comme inassimilables dans la mesure où leurs pratiques religieuses les distinguaient du consensus national dans les divers pays où ils sont repérés.
Il y a un problème de géographie et d’histoire humaine.
Par exemple : S’il y a des «juifs» partout en Europe, il n’y sont pas tous arrivés en même temps :
– Il y a eu les conquêtes du Moyen Orient qui ont poussé des populations pratiquant le judaïsme du côté de l’Egypte3, de la Perse et de la Mésopotamie avant l’ère Chrétienne.
Les persécutions romaines des chrétiens et des juifs ont envoyé des réfugiés tout autour de la Méditerranée. Dans l’empire Romain le judaïsme représentait une alternative aux élucubrations religieuses des célébrations divines et folkloriques qui servaient surtout à garantir la cohésion de la domination impériale.
Les invasions arabes et les conquêtes de l’Islam jusques au centre de l’Europe et dans la péninsule Ibérique va répandre une culture arabe dans laquelle il n’y a pas trace de judaïsme.
Au Moyen Age, la classe dirigeante Khazar, un royaume situé entre la Mer Noire et la Mer Caspienne avec une partie de l’Ukraine, se converti au Judaïsme (vers 860), afin d’assurer son indépendance vis-à-vis des voisins chrétiens et musulmans4 rejointe, un peu plus tard, par un grand nombre de Khazars pratiquant le chamanisme, qui se convertissent comme leur roi au judaïsme.
Il se trouve que les Kazars sont une population indo-européenne, pratiquant une langue germanique, qui a avalé la culture du judaïsme et son écriture. Ils ont conservé certains aspects de la mystique originelle qui se retrouve dans les traditions Ashkenases du judaïsme, comme le hassidisme.
Les traditions cultuelles du judaïsme impliquent la lecture des textes de la tradition, leur contestation, le développement de réflexions qui organisent la vie communautaire et sociale. Dans l’espace romain et du Moyen Age, les scribes juifs sont recherchés pour leur talent de messager, d’archivistes chroniqueurs et commerçants avec des relations dans tous les coins de l’Europe, et plus tard du reste du monde5.
A la fin du Moyen-Âge les traditions juives s’expriment d’une part dans un environnement Méditerranéen et «sefarade». Ils sont proches des populations arabes dont ils partagent la culture, la langue. Leur présence dans l’Espagne Andalouse et l’Afrique du Nord leur fait développer le «ladino» une langue avec des références latines et arabes, avec l’utilisation de l’alphabet hébraïque.
Les Juifs d’Espagne chassés par Ferdinand et Isabelle la catholique trouveront refuge dans les pays dominés par Constantinople, où ils s’intégreront sous la protection du Sultan qui leur donnera des responsabilités importantes dans la diplomatie et le commerce.6
L’Europe du Nord et de l’Est d’autre part, regroupe les traditions Ashkenases avec leurs langue, le «yiddish », dont beaucoup de descendants se fondent dans la culture et les traditions locales. Ils ne sont en aucun cas «sémites» sauf en cas de mariages «mixtes», réprouvés par les tenants de la pureté d’un judaïsme orthodoxe.
Souvent regroupés en «ghettos» dans les pays slaves ou de tradition chrétienne orthodoxe, ils sont victimes de pogroms et de vexations pour ne pas corrompre la pureté des tenants des tribus aussi peu «locales» qu’eux mêmes7.
Ces Juifs originaires de l’Est européens seront les principales victimes de la shoa.
Pourquoi tout se complique au Moyen Orient ?
Les résidents de Palestine sont arabes et sémites des pieds à la tête. Ceux qui ne sont pas juifs peuvent être chrétiens de diverses confessions. Ils sont également marginalisés par leurs compatriotes musulmans dont ils partagent les quartiers et les campagnes.
Curieusement, en occident, ils sont tous considérés comme Arabes d’abord, et subissent l’anti-islamisme qui leur est aussi familier.
Depuis le Moyen-Âge les juifs faussement accusés de «déicides» par l’Église ont été interdits de certaines professions, de posséder des terres, ou de bénéficier des droits semblables à leurs contemporains locaux. La religion chrétienne considérant la fortune comme suspecte, laissait les commerçants juifs développer les échanges internationaux, les banques et le commerce des denrées importantes : Blé, Bois, etc. Pour se financer, les commerçants se spécialisent dans le prêt sur gage, et ont une réputation d’incorruptibles, ce qui évidemment ne va pas plaire à tout le monde.
Quand leurs moyens le permettent, techniquement et financièrement, ils investissent dans les imprimeries, et les métiers d’orfèvrerie, attirant la jalousie des voisins : Une origine des tensions antisémites. Confinés dans des quartiers séparés, les ghettos, ils forment des communautés caractéristiques, bientôt obligées a porter des signes distinctifs sur leurs vêtement, voir des chapeaux facilement identifiables.
Le summum de l’intolérance a été l’avènement du 3e Reich en Allemagne avec ses chambres à gaz et les massacres dans les territoires occupés par les Nazis. Les victimes ont été essentiellement les juifs Ashkénases. Les Sefarades – pour autant qu’ils ne résidaient pas en Europe – ont été protégés dans le monde Arabo-Musulman par les traditions et leur proximité culturelle.
Le paradoxe est donc que l’antisémitisme a surtout été exercé contre des juifs qui ne sont pas «sémites». Et que c’est une conception absurde et intolérable qui épargne les «sémites» qui le sont de culture et de tradition.
Dans la même optique l’anti islamisme touche indistinctement les arabes et les africains dans un amalgame stupide et dévastateur : Rien ne le justifie sur le plan humain, puisque nous que depuis l’extinction des Néandertaliens, il ne reste que des «homo-sapiens» de diverses cultures et traditions, humainement homogène, malgré la couleur de leur peau ou la forme de leurs yeux.
La «Palestine» Au 21e siècle.
Est le lieu de toutes nos contradictions : Les pratiquants du Judaïsme considèrent que c’est «leur Lieu» de refuge, selon la promesse faite à Abraham et à Moïse, puisqu’ils en ont été chassés au cours de l’Histoire : Nous avons vu que ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pratiquants du judaïsme
Les musulmans considèrent que c’est le lieu de résidence des arabes depuis toujours : Ce qui est correct si on considère tous les arabes, quelle que soit leur religion, sans oublier que les juifs d’avant Muhammad étaient aussi sémites.
Depuis l’occupation et le Mandat Britannique au début du 20e siècle les juifs du monde entier ont été encouragés par les mouvements sionistes à faire leur Alya, donc à revenir sur la terre (supposée) de leur ancêtres.
La création de l’État d’Israël en 1948 a figé les approches. Traumatisés par les massacres de la 2e guerre mondiale : Les juifs se sont arrogés le le droit d’avoir un territoire, même si les Russes leur avaient offert le Birobistan aux confins de la Chine.
Petit a petit, l’occupation coloniale du pays par les juifs conduit une forme d’apartheid pour tous ceux qui ne sont pas de religion juive et à l’exclusion des arabes du territoire, avec le paroxysme de la Bande de Gaza.
La religion des uns et des autres défini leurs revendications exclusives et justifie les arguments idéologiques qui opposent tous ces «sémites», qui ne manquent pas de se distinguer entre eux, en mesurant leur degré de pureté spirituelle et chromosomique.
Anti-sémitisme et anti-sionisme et/ou anti fascisme ?
Mes amis vont certainement me trouver incohérent, surtout mes amis juifs.
Au printemps 2025, nous sommes consternés par ce que le gouvernement d’Israël commet en Cisjordanie et surtout dans la bande de Gaza. Nous ne comprenons pas qu’une nation justifie son occupation de la Palestine par le génocide de la 2e guerre mondiale.
Les arabes de Judée Palestine n’y sont pour rien, même si leurs dirigeants se sont alliés à l’idée de Hitler à l’époque pour se maintenir au pouvoir.
Le massacre du 7 octobre 2023 est clairement un crime , mais contrairement à la propagande, ce n’est pas un acte sans antécédent… Les antécédents sont répertoriés depuis 1948 la Nakba jusqu’au 6 octobre. L’apartheid, la construction des murs , les morts des femmes et des enfants dans la bande de Gaza, les exactions des colons en Cisjordanie, le blocage des ressources alimentaires qui entraîne une famine insoutenable dans un paysage en totale ruine est inqualifiable… et quand il est «qualifié» c’est déclaré comme une critique antisémite.
Et tout le monde baisse la tête : Ce sont des Juifs, on ne peut pas les critiquer, ils ont souffert … et la Suisse est garante des traités et des conventions internationales qui protègent le droit et la justice, et les civils. La Suisse est neutre, donc elle ne dit rien pour ne pas être soupçonnée d’antisémitisme.
Rappelez-vous : Quand les Cambodgiens massacraient leur population, les pays qui exprimaient des critiques n’étaient pas accusés d’antisémitisme. Quand les Rwandais se massacraient sous l’étiquette d’un génocide, les critiquer n’était pas une preuve d’antisémitisme. Le massacre des Arméniens par les turcs conduit toujours à une accusation de génocide, mais pas d’antisémitisme. Le massacre des Ukrainiens par le pouvoir Russe dans les années 30 a été condamné, mais ce n’était pas de l’antisémitisme.
Mais quand on critique les bombardements et les manœuvres des chars israéliens, c’est de l’antisémitisme. Netanyaou est un dictateur et le dire ne ressort pas de l’antisémitisme. Critiquer le gouvernement d’Israël c’est simplement dire que son attitude est intolérable. Oui, les Israéliens ont le droit de vivre en paix, les arabes de Palestine ont le droit de vivre en paix, il n’y a pas d’ambiguïté. Dire le contraire est alors de l’antisémitisme, puisqu’ils sont tous des «sémites»…
Les juifs qui s’expriment en faveur de la paix «Pas en mon nom/Not in my name» ne sont pas antisémites : Il sont simplement cohérent avec leur foi, ou leur tradition religieuse, que les politiciens israéliens ignorent lamentablement : Ont-ils seulement lu la Torah ?
Un ministre du gouvernement de Netanyaou a dit qu’il fallait tuer tous les enfants arabes, car ce seront de futurs adeptes du Hamas. Il n’a sans doute pas tort, si on laisse les enfants vivre après ce qu’ils auront constaté au milieu des ruines…
Mais on peut espérer autre chose, car la guerre ne sert à rien sinon a tuer des gens qui ne se connaissent pas pour des gens qui se connaissent très bien, mais sont protégés par leur pouvoir.
Critiquer Israël et ce qui se passe actuellement au printemps 2025 n’est pas de l’antisémitisme, c’est juste l’expression de notre dégoût pour des gens qui font aux autres ce qu’ils prétende qu’on a fait à leurs ancêtres européens : cherchez l’erreur !
Notice à propos des Kazars, tirée d’Internet.
l’histoire du royaume des Khazars. Ce royaume puissant qui régna, à son apogée, sur un immense territoire situé entre le Caucase et la Volga et entre la Mer noire et la Mer Caspienne, était surtout connu pour avoir protégé Byzance, à l’ouest, contre l’envahisseur arabe triomphant. Pratiquant le chamanisme, la classe dirigeante Khazar se converti au Judaïsme (vers 860), afin d’assurer son indépendance vis-à-vis des voisins chrétiens et musulmans (Byzance et le Califat arabe) rejointe, un peu plus tard, par un grand nombre de Khazars qui épouse la religion mosaïque.
Le royaume Khazar fut détruit au IXe siècle par les Russes, qui conquirent sa capitale, Atil, en 965.
- L’héritage des Khazars est complexe et a été sujet à plusieurs interprétations, notamment en lien avec les origines des juifs ashkénazes.
- La théorie des Khazars, qui propose que les juifs ashkénazes seraient des descendants des Khazars, est largement contestée par la communauté scientifique juive, car elle est souvent utilisée dans des discours antisémites.
Même si les Kazars ne sont pas «sémites» …
Qu’en est-il des «premières Nations» Américaines ? Critiquer les envahisseurs depuis Colomb est-ce «antisémite» ?
Bernard van Baalen 28 mai 2025
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1 Voir les publications de Thomas Römer, Finkielkraut, Schlomo Sand et les découvertes archéologiques.récentes
2 Le terme de «dieu» est indicatif et ne désigne aucune divinité en particulier. C’est la transcription phonétique de Zeus la divinité de l’Olympe, qui a également déguisé la divinité judéo-chrétienne que nous connaissons.
3 Alexandrie et sa bibliothèque, l’Ile d’Elephantine, etc
4 Byzance et le Califat arabe.
5 Cf Le testament d’Abraham de Marek Halter.
6 En Bulgarie en Grèce et en Turquie, les juifs parlent le Ladino, Avant 1943 Thessalonique est la plus grande ville juive de la méditerranée.
7 Les Magyars hongrois sont aussi des populations migrantes venues de l’est…