La résurrection et la mort.

Pourquoi introduire une note sur la mort

dans les documents de préparation du Camp Biblique Oecuménique de Vaumarcus sur le thème des récits concernant Jésus Ressuscité, entre la mise au tombeau et l’Ascension :

Nous avons abordé cette question en nous interrogeant sur l’opportunité de mentionner les textes de la Passion, car avec la mort de Jésus sur la croix, il n’y a pas de résurrection à envisager, si l’Évangile de Marc se termine sur la mention du « tombeau vide » (Mc. 16:8). comme le laissent supposer quelques manuscrits. Ou au contraire, les récits de résurrection découlent théologiquement de la passion…

Mais le thème choisi était « Jésus Ressuscité, entre la mise au tombeau et l’Ascension » à répartir sur 6 jours… et nous avons découvert dans une relecture des textes que la thématique du « ressuscité » ouvrait des perspectives passionnantes pour nos propres expériences de vie.

Toutefois, si Jésus est ressuscité, il n’en est pas moins mort, comme c’est le destin de chacun d’entre nous : Alors qu’est-ce que la mort, et surtout la peur du « passage » de « l’autre côté » pour autant qu’il y ait autre chose… du point de vue de ceux qui restent.

Une construction pour survivre.

La mort est une composante de la vie que nous devons tous affronter. Abruptement, nous savons que cet événement atteint une personne, qui cesse de vivre, point. Mais cet événement interroge ceux qui survivent, continuent leur vie sans la personne décédée, qui, généralement, ne sait pas ce qu’il y a de l’autre côté de la vie. Cela a été le cas de tout temps. Les archéologues ont parfois envisagé que les premières sépultures aient été le signe d’un changement dans l’évolution de l’humanité. L’inquiétude qui découle de la fin de vie, va très vite entraîner des rites funéraires, et des mythes, sur les besoins supposés des défunts, au delà de leur état de « vivants ».

Ceux qui « savent » vont accompagner les vivants, et vont rapidement devenir des autorités en la matière : Ils peuvent dire qui va dans quelle case de l’organisation de l’au delà, et à quelles conditions. L’attrait du pouvoir n’est pas loin et les religions en ont toutes utilisé les ressources pour consolider leurs convictions et conditionner leurs fidèles

1. L’expérience de la mort de l’autre.

Le décès d’un proche est souvent l’objet de l’interrogation de la famille : La cause de l’angoisse ou de la quiétude de son départ, des ses souffrances endurées sereinement ou douloureusement. Nous considérons sa vie, ses relations, son parcours pour tenter d’envisager ce qui serait éventuellement une autre manière de « rester parmi nous ».

Les rituels nous ont habitués à considérer notre vie comme incertaine du point de vue des grands principes de la foi judéo-chrétienne : en témoigne la « confession des péchés » de la liturgie genevoise, datant de Théodore de Bèze1, « Seigneur Dieu, Père éternel et tout-puissant, nous reconnaissons et nous confessons, devant ta sainte majesté, que nous sommes de pauvres pécheurs, nés dans la corruption, enclins au mal, incapables par nous-mêmes de faire le bien, et qui transgressons tous les jours et en plusieurs manières tes saints commandements, ce qui fait que nous attirons sur nous, par ton juste jugement, la condamnation et la mort.
Mais, Seigneur, nous avons une vive douleur de t’avoir offensé, et nous nous condamnons, nous et nos vices, avec une sérieuse repentance, recourant humblement à ta grâce et te suppliant de subvenir à notre misère. Veuille donc avoir pitié de nous, Dieu très bon, Père de miséricorde, et nous pardonner nos péchés pour l’amour de ton Fils Jésus-Christ, notre Sauveur.

Suivent les « Paroles de Grâces » exprimées par le pasteur du haut de la chaire…

Les manquements seront certainement portés au bilan, et les bonnes actions au crédit, mais de quoi ? Pas très rassurant !

Nous n’en savons pas plus aujourd’hui que les anthropopithèques d’il y a 400’000 ans. La science, ne nous explique rien, la philosophie nous aide, la psychanalyse soigne nos angoisses, et l’absolution devrait nous libérer… de quoi ? C’est frustrant, surtout quand notre santé est atteinte et que cela s’ajoute aux soins dont nous espérons l’efficacité.

1 1519 – 1605

Nous avons vu dans un autre article1, que les cultures offrent toutes sortes de scénarios pour les « fins ultimes », pour autant que nous y accordions crédit. Mais toutes ont le défaut de ne pas nous épargner l’angoisse du passage, même si l’humour s’y glisse souvent quand nous ne sommes pas concernés.

  1. La proposition de Jésus de Nazareth

Le rabbi qui avait été confronté au deuil de ses amis avait eu des réactions étonnantes vis a vis de la mort : Mat.18:19-23

19 Un scribe s’approcha et lui dit : « Maître, je te suivrai partout où tu iras. » … 21 Un autre des disciples lui dit : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » 22 Mais Jésus lui dit : « Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts. » 23 ¶ Il monta dans la barque et ses disciples le suivirent.

Jésus a été appelé à ramener à la vie quelques uns de ses amis ou leurs proches : Le plus célèbre est Lazare raconté dans l’Évangile de Jean 11:1-45 Le récit est circonstancié, je relève cette parole : 25 Jésus dit à Marthe: « Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; 26 et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Plus loin, alors que Lazare est déjà au tombeau, Jésus dit encore à Marthe : « Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? » 41 On ôta donc la pierre Alors, Jésus leva les yeux et dit : « Père, je te rends grâce de ce que tu m’as exaucé. 42 Certes, je savais bien que tu m’exauces toujours, mais j’ai parlé à cause de cette foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé. » 43 Ayant ainsi parlé, il cria d’une voix forte : « Lazare, sors ! ».

Il y a également la guérison du fils du centurion et de la belle-mère de Pierre Mat 8:5-13 et Luc 7:1-10, et encore la fille de Jaïrus : Marc 5:21-43 , Matthieu 9:18-26 et Luc 8:40-56 . qu’il va « réveiller » Je ne préciserai pas ici les raisons de l’insertion de ces récits dans le texte biblique, mais je souligne que « la mort » n’est pas un problème pour Jésus… Il rend la vie pour peu que les proches aient « la foi » en « la résurrection et la vie ».

Avant la mort, il y a la souffrance, et là encore Jésus intervient avec pertinence : Marc2 :1-12 raconte la descente par le toit d’un paralytique qui sort avec son brancard sous le bras. Avec l’homme à la main « sèche » Marc 2:27-3:6 comme lors de la guérison des lépreux : Luc 17:11-22 Jésus remet en relation les exclus de la société.

Dans le récit de l’aveugle né, nous touchons à la question que tout le monde se pose : Jean 9 : 1 Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. 2 Ses disciples lui firent cette question: Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle? 3 Jésus répondit: Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui

Nous retrouvons là la préoccupation de la plupart de nos contemporains, quand ils considèrent leur propre vie. Elle n’est pas autant affectée, mais « on ne sait jamais ».

Cette angoisse devant la mort a un effet paralysant, aveuglant, dans tous les cas handicapant, et le Jésus de Nazareth que nous connaissons comme le « Christ » a voulu nous « rendre libres » Jean 8:31-36 31 ¶ Jésus donc dit aux Juifs qui avaient cru en lui : « Si vous habitez ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, 32 vous connaîtrez la vérité et la vérité fera de vous des hommes libres. » … « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui commet le péché est esclave du péché. 35 L’esclave ne demeure pas toujours dans la maison ; le fils, lui, y demeure pour toujours. 36 Dès lors, si c’est le Fils2 qui vous affranchit, vous serez réellement des hommes libres.

1Voir les références en fin d’article.

2Un « Fils » que vous reconnaissez … « Celui qui m’a vu a vu le Père »..Jean 14:9.

3. Le déplacement de la peur de la mort.

Nous voyons que la crainte de ce qui va se passer « après la vie » est essentiellement une perturbation de notre existence avant notre propre mort. Jésus a « libéré des vivants » au parcours contrariés sans doute aussi par leurs peurs de « ne pas bien faire ». C’est le conformisme, la « bien-pensance », le « politiquement » ou « religieusement » correct, lié à nos confessions de foi et à la dogmatique en cours dans nos communautés qui, comme les pharisiens et les sadducéens obscurcissaient leur conception le la foi : Marc 12 :18 ¶ Des Sadducéens viennent auprès de lui. Ces gens disent qu’il n’y a pas de résurrection. Ils lui posaient cette question :19 « Maître, Moïse a écrit pour nous : Si un homme a un frère qui meurt en laissant une femme, mais sans laisser d’enfant, qu’il épouse la veuve et donne une descendance à son frère … 20 Il y avait sept frères. Le premier a pris femme et est mort sans laisser de descendance. 21 Le second a épousé cette femme et est mort sans laisser de descendance. Le troisième également, 22 et les sept n’ont laissé aucune descendance. Après eux tous, la femme est morte aussi. 23 A la résurrection, quand ils ressusciteront, duquel d’entre eux sera-t-elle la femme, puisque les sept l’ont eue pour femme ? » 24 Jésus leur dit : « N’est-ce point parce que vous ne connaissez ni les Écritures ni la puissance de Dieu que vous êtes dans l’erreur ? 25 En effet, quand on ressuscite d’entre les morts, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme des anges dans les cieux. 26 Quant au fait que les morts doivent ressusciter, n’avez-vous pas lu dans le livre de Moïse, au récit du buisson ardent, comment Dieu lui a dit : Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob1 ? 27 Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Vous êtes complètement dans l’erreur. »

Et l’erreur est pérenne… en fait tout le monde se fiche pas mal du statut de cette femme et de celui de ses maris. Comme pour la Samaritaine de Jean 4:1-42 qui bien qu’ayant eu 7 compagnons et « n’a pas de mari ». Elle reçoit « l’eau vive » qui la libère de l’opprobre extérieure et de sa culpabilité, la rendant même communicante de l’Évangile.

Nous voyons dans ces références que la notion de « résurrection » ne se limite pas à celle de la « mort » physique. Est-ce que nous ne disons pas d’un ami qui change de vie qu’il est comme « ressuscité » ou qu’une opération chirurgicale a « ressuscité » un patient dont le pronostic vital était engagé, par exemple après un accident.

1La citation avec le présent exprime que Dieu est celui qui est avec chacun des patriarches, et non pas dans la continuité… une astuce linguistique impossible à rendre en français.

4. La résurrection accessible et communicative ?

Dans l’Évangile de Jean, à la fin, nous trouvons ces paroles : Jn 20:21. Alors, à nouveau, Jésus leur dit : « La paix soit avec vous. Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie. » 22 Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint ; 23 ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. »

C’est une sorte d’«ordre de mission » dont on peut légitimement comprendre qu’il ait été particulièrement mis en évidence par les hiérarchies ecclésiastiques déjà en place à l’époque de la rédaction de l’Évangile de Jean. L’objectif poursuivi par Jésus est de libérer les croyants de la peur de la mort et des châtiments qui vont avec, pour nous permettre de vivre dans la paix et la sérénité. Bon, il ne s’agit pas de vivre comme un sacripant et d’obtenir l’absolution d’un « clerc légitime et assermenté » pour recommencer le lendemain, si ce n’est pas plus tôt. C’est la « Pensée Magique » originale que Jésus de Nazareth met en œuvre, en opposition à celle qui est privilégiée par les amateurs de pouvoir et les exploitants de la crédulité des fidèles. Car ces instruments de contrôle sont de puissantes machines économiques : Les voyants extralucides et les pompes funèbres n’en sont que la partie émergée de l’Iceberg, avec les excès du « Temple Solaire » et de la « Scientologie ».

La pertinence de la proposition de Jésus de Nazareth, qui n’est pas exactement celle des église de toutes les dénominations, est qu’elle permet d’aborder la dernière étape de la vie sans peur et sans remords, puisque c’est dans la partie « vivante » que tout se passe. L’amour, la haine, la générosité et la pingrerie ne peuvent s’exercer que du vivant de celui ou celle qui en fait bénéficier ses semblables : Son « enfer » sera d’en subir les conséquences, sa « résurrection » d’en recevoir la sérénité, et cela n’a pas de prix.

5 . Qui a l’autorité de pardonner ?

La réponse à LA QUESTION de l’habilitation à partager le pardon est dans la relation interpersonnelle que nous avons avec nos proches. La psychanalyse peut aider à trouver le chemin, un/e psychologue, un ecclésiastique, un ami peut accompagner la démarche, mais elle reste personnelle dans notre rapport avec les règles fondamentales que nous avons héritées quasi « génétiquement » et mises en évidence par le récit des tables de la Loi de Moïse. C’est la seule et unique règle de vie proposée par le Rabbi de Nazareth. Une « pensée magique » qui fait ses preuves, comme nous pouvons le constater tous les jours.

Maintenant si vous avez « besoin » d’un rituel, d’un moniteur de conscience, vous êtes libres… à « condition » qu’il n’y en aie aucune autre que votre libre décision.

6. le cas particulier de Jésus de Nazareth à Gethsémané1.

Paradoxe du récit biblique de la Passion : La prière de Jésus semble indiquer que pour ce qui le concerne, il vit ce que tous les humains pressentent à l’approche de la mort et de la souffrance possible. Lui qui a toujours proclamé ses convictions à propos de la « vie éternelle » ou de la « résurrection » qu’il mettait en œuvre pour les autres est confronté à un choix que les évangiles nous ont heureusement épargnés: Échapper à l’arrestation et à la mort par une entourloupe divine, ou assumer ses choix de vie jusqu’au supplice infligé pour avoir été fidèle à l’injonction divine et non pas pour une faute pénalement condamnable dans l’absolu. Souvenez-vous d’un autre dénouement-résurrection où la « faute » traditionnelle est révoquée par la bienveillance vitale. La lapidation est évitée comme le raconte Jean 8,1-11. La coutume veut la mort de la femme convaincue d’adultère, et Jésus renvoie les intellectuels juristes en leur donnant le choix de jeter la première pierre s’ils sont eux mêmes sans péchés… Chacun s’examinant quitte le terrain et Jésus ne condamne pas la femme non plus.

Au « Jardin des Oliviers » ceux qui vont intervenir sont envoyés pour l’arrêter… les théologiens diront que c’était pour que soit proclamé le royaume de Dieu… qui reste un risque vital pour celui qui respecte la « loi de Dieu ». Jésus de Nazareth nous a habitué à aller jusqu’au bout de nos convictions, avec l’idée que la résurrection serait à l’autre bout du « tunnel » qui semble s’ouvrir au moment de la mort.2 Il va en faire la démonstration en ne reniant rien de ses convictions, Marc 14:33 raconte¶ Jésus emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean. Et il commença à ressentir frayeur et angoisse. 34 Il leur dit : « Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez. » 35 Et, allant un peu plus loin, il tombait à terre et priait pour que, si possible, cette heure passât loin de lui. 36 Il disait : « Abba, Père, à toi tout est possible, écarte de moi cette coupe ! Pourtant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! »

Rappelez-vous Jean 14 :6 Jésus dit : « Je suis le chemin et la vérité et la vie. Personne ne va au Père si ce n’est par moi.7 Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. Dès à présent vous le connaissez et vous l’avez vu. » Jésus se révèle ici comme totalement humain, avec la peur instinctive de la souffrance. La perspective de la résurrection ne l’atténue pas : C’est la limite de la « pensée magique » : Non pas la peur de la mort, mais de ce qui la précède. Aller jusqu’au bout de ses convictions est l’unique exemple que Jésus va donner, sachant que sa résurrection se fera sous d’autres formes, avec d’autres personnalités, quelles que soient les époques.

En annexe je vous donne un exemple du 20e siècle qui m’a beaucoup touché, à cause de mes amis chiliens qui connaissaient Victor Jara. Il est lui aussi allé jusqu’au bout de ses convictions.

Bernard van Baalen

le 12 novembre 2019

1 Dans les évangiles synoptiques (Marc, Matthieu, Luc), Gethsémani ou « le pressoir à huile » est le lieu où Jésus a prié avant son arrestation .

2 La fameuse « lumière blanche au fond du tunnel » aperçue par les personnes ayant réchappé de peu à la mort, dont font part certaines victimes d’arrêts cardiaques, correspondent à un regain de l’activité cérébrale lorsque la circulation sanguine cesse dans le cerveau.

Annexes.

La mort du chanteur Víctor Jara, le 16 septembre 1973,

Né le 28 septembre 1932 dans une famille paysanne. Encouragé par sa mère à faire de la musique et des études, Victor Jara s’essaye à la comptabilité, puis il passera deux ans au séminaire en vue de la prêtrise. Il est désillusionné par l’immobilisme de l’Église Romaine1. Finalement Victor Jara sera enseignant, metteur en scène de théâtre, poète, auteur-compositeur-interprète et militant politique Il a développé le théâtre chilien, allant de pièces de théâtre produites localement à des œuvres classiques du monde, ainsi qu’un travail expérimental de dramaturgie . Il a également joué un rôle central parmi les musiciens néo-folkloriques, avec de nouvelles sonorités dans la musique populaire, qui ont créé le mouvement Nueva Cancion Chilena (Nouvelle chanson chilienne).

Engagé aux côtés de l’Unité Populaire, proche de Salvador Allende, Víctor Jara, 40 ans, fut arrêté le jour même du coup d’Etat, le 11 septembre. Enfermé au stade Chile, il est supplicié plusieurs jours de suite. Dans le stade, avec sa guitare, il chante :

« En marche sur le long chemin »

Un des chants très populaires au Chili de cette époque, que tout le stade va reprendre :

Ven, ven, conmigo ven,

ven, ven, conmigo ven.

Vamos por ancho camino,

nacerá un nuevo destino, ven.

Ven, ven, conmigo ven,

ven, ven, conmigo ven.

al corazón de la tierra

germinaremos con ella, ven.

El odio quedo atrás

no vuelvas nunca,

sigue hacia el mar

tu canto es río, sol y viento

pájaro que anuncia la paz.

Amigo tu hijo va,

hermano tu madre va,

van por el ancho camino

van galopando en el trigo, van

Ven, ven, conmigo ven,

ven, ven, conmigo ven.

Llegó la hora del viento

reventando los silencios, ven.

Viens, viens avec moi viens,
Viens, viens, viens avec moi.
Nous allons un long chemin,
Un nouveau destin va naître, viens.
 

Viens, viens avec moi viens,
Viens, viens, viens avec moi.
au cœur de la terre
Nous allons germer avec elle, viens.

La haine est laissée pour compte
ne reviens jamais
continue d’aller à la mer
Votre chanson est rivière, soleil et vent
Oiseau annonçant la paix

Ami ton fils s’en va,
frère ta mère s’en va,
ils vont sur un grands chemin
ils galopent dans le blé, ils vont

Viens, viens avec moi viens,
Viens, viens, viens avec moi.
L’heure du vent est venue
Briser les silences, viens.

Les militaires lui broient les mains à coups de crosses pour lui faire passer l’envie de jouer de la guitare. Sans les mains, il continue de chanter.

Il est finalement abattu, de 44 balles, dont le coup de grâce. Sa femme récupère le corps abandonné dans un terrain vague et l’enterre clandestinement. En 2009, le corps est exhumé et son enterrement officiel peut enfin avoir lieu.

Le stade de Santiago porte son nom.

1 le congrès de Medellín de la CELAM, en 1968, fit le choix prioritaire des pauvres, « engageant l’Eglise pour le développement intégral de tout l’homme et de tous les hommes vers une libération. Dom Helder Camara en a été l’une des figures marquantes. L’épiscopat conservateur était plus « réservé », sauf l’archevêque de Santiago qui a fait de son mieux pour protéger ses collaborateurs progressistes.