D.ieu aurait-il offert son fils en sacrifice pour le salut du monde ?

REFORMES Mars 2018

le journal des églises de Suisses Romande aborde le sens du sacrifice chrétien.

Pouvez-vous imaginer un père qui condamne son fils à être exécuté par le moyen le plus infamant pour l’opinion publique ?

Nous entendons souvent : « Il fallait que le Christ soit sacrifié pour notre salut »… Ben non, fallait pas. Et cependant, il faut expliquer les circonstances de ces expressions dans le contexte culturel de l’époque.

Le « Message de Bonnes Nouvelles » c’est que le « Royaume de D.ieu » est annoncé : Avec l’observation des « Dix Paroles » de « la Loi » données à Moïse sur le Mt Sinaï, de nouvelles conditions socio-politiques sont possibles.

Au cours de sa vie, Jésus a proposé des interprétations de ces principes : Dans le sermon sur la Montagne, le conseil au « Jeune Homme Riche ». En rappelant que « trois choses demeurent : La foi, l’espérance et la charité, mais la plus importante est la charité ».

La Foi : Croire à « la Bonne Nouvelle », l’Espérance : faire en sorte que cela arrive, La Charité : Appliquer la « loi » avec amour et discernement.

Exemple : La femme adultère qui ne sera pas lapidée. Il mange avec tout le monde, il critique les religieux dogmatiques.

Toutes ces prises de position sont dangereuses, et mettent les puissants et les « bien pensants » en positions scabreuses à cause de leurs multiples compromissions.

Mais comment « valider » la « Parole de D.ieu » portée par Jésus ?

Vivant il avait une notoriété évidente, mort il fallait la maintenir.

Pour être reconnu « Messie ». il faut que Jésus de Nazareth soit engendré par D.ieu et par une vierge. C’était le mode de naissance des Pharaons et des demi-dieux de l’Olympe. Jésus de Nazareth (après sa mort) est reconnu comme « Fils de D.ieu » … il le prétendait comme vous et moi de son vivant.

La mort de Jésus légitime sa volonté de ne pas transiger avec la vérité, la liberté et la charité : Il a tenu jusqu’au bout en sachant les risques qu’il encourait : La mort. C’est une décision personnelle qui est attestée dans sa prière au Jardin des Oliviers : Si c’était possible de l’éviter, ce serait mieux ! En ce sens, il nous montre l’exemple, et donc, en effet il agit en notre faveur, mais aucunement pour nous « laver de nos péchés », juste pour nous donner le courage de résister à la tentation.

A l’époque de l’élaboration de la Théologie chrétienne au 1er siècle, l’objectif était de nous libérer de l’angoisse de la mort, de lutter contre les discriminations et de l’arbitraire des religieux. Il fallait aussi surmonter les idées gnostiques et magiques qui en découlaient.

Au cours du 1er siècle, les disciples ont du trouver les mots et les références culturelles pour faire passer le « Messager de la Bonne Nouvelle ». Ils ont donc eu recours à l’image du sacrifice pascal et du bouc émissaire, en activant le rituel du Seder/Repas pascal « institué par Jésus », pour garder sa mémoire. Dans le rituel Jésus devient « l’Agneau  offert en rémission des péchés » dont il est aussi question dans l’Apocalypse. De victime, il devient offrande salvatrice, belle promotion.

Là encore D.ieu est supposé être à l’origine du déroulement des événements, lui qui sait mon destin dès ma conception.(ps.22:11 & Heb 2:6-10) Une notion de la divinité plus proche de Zeus que de YHVH du judaïsme, un œcuménisme qui apparaît déjà dans les psaumes (ps.144)

Alors, dire qu’il faut que Jésus meurt pour nous sauver, avec une absolution à la clé, revient à dire aujourd’hui qu’il faut les morts de la Ghouta de Damas pour que Poutine reste président. Il faut des sacrifices de collégiens pour que Trump soit réélu. Il faut que les femmes aient 18% de revenus en moins que les hommes pour la paix des ménages économiques, il faut que les néo-corticoïdes altèrent le génome de nos enfants pour que les riches restent riches, ou mieux, prospèrent…

Il faut reconnaître que les notions de « Trinité », de « naissance Virginale », comme les confessions de foi utilisées dans nos célébrations ont eu leurs raisons d’être à un moment de l’histoire politique et du développement de la culture chrétienne. Nous pouvons les expliquer et les recadrer dans un souci de clarification de nos convictions, pour faire le tri entre le message et le vecteur du message. Si nous croyons seulement aux dogmes et aux rituels, nous ne serons jamais des « porteurs de la Bonne Nouvelle ». Si nous réalisons les paroles de Jésus de Nazareth, alors, nous serons des « pratiquants » convaincants.

L’avenir du christianisme ne sera pas dans l’aménagement des structures ecclésiastiques, mais dans l’exemple donné par les chrétiens dans le monde dans lequel ils sont insérés, et il y a des chances qu’ils soient « Église » de manière inattendue.

Louis Evely rappelait que « Dieu n’a pas d’autres mains que les nôtres pour réaliser nos prières. »

 2 mars 2018