Doubles foyers, ma perception est troublée.

2012 bateau tempête

Un matin, j’entends l’éditorial du journaliste sportif à propos du match Suisse Irlande du Nord. Il dit que l’honneur de la suisse est en jeu, qu’elle ne peut pas perdre sans aussi perdre la face, et que ce serait la honte pour les helvète que de rater cette occasion de marquer durablement la réputation de la Suisse… Donc il est question aussi de mon honneur…

Quelques soirs plus tard, un documentaire à la télévision me fait (re)découvrir les magouilles et mensonges de Glencore. Cette société au bâtiment propre en ordre, corrompt les gouvernements, en particulier au Congo de Kabila, sans oublier aussi d’autres dirigeants et entreprises utiles à ses intérêts. La multi nationale est « Suisse » basée à Zoug, cela me concerne, et me consterne.

Arte-TV me décrit Monsanto qui ment. Ment et s’offre des lobbyistes appuyés pour maintenir son privilège, et le glyphosate, associé à ses monstrueux profits. Cela touche les membres de ma famille en Suisse, parce que je mange tous les jours.

Sans étonnements, les Paradises papers détaillent avec perspicacité et pugnacité les bons usages des lois fiscales et les bonnes règles de la gestion des profits aux dépends des citoyens de la planète (enfin pas de tous!)… Il y a des Suisses, pas mal, aussi.

Les prêcheurs de moralités élastiques se font piquer au jeux de l’amour et du hasard, tellement leur moralité s’éloigne de leur vie – qu’on espère pas quotidienne pour leurs victimes. Ils ont enseigné dans les établissements de mes enfants.

Enfin – mais c’est une manière de dire provisoire – il y a débat sur la place des églises, à Neuchâtel et Genève, pour en inscrire les limites dans la constitution.. Et tout cela comme dans la société francophone, au nom d’une laïcité érigée en religion, avec dogmes et excommunications, pour en définir les limites et les expressions.

Qui va faire quelque chose ?

Quand on évoque toutes ces questions dans les instances gouvernementales, les notables répondent « Qu’il faut laisser les sociétés réguler leurs procédures, la concurrence permet aux meilleurs de conformer leurs performances aux demandes du marché ». Donc pour plus de profit pour les investisseurs.

Nos ministres arguent que les règles « de moralité » contreviennent au maintien des sociétés dans les pays qui les édictent et encouragent les délocalisations. Il vaut donc mieux exploiter la main d’œuvres de nos voisins que la nôtre, qui perd son travail, mais ce ne sont pas les mêmes qui financeront leur misère.

La Suisse industrielle, pays de la Croix Rouge et des Droits de l’Homme, des « protocoles additionnels » pour protéger les civils en cas de conflits, demande des assouplissements aux interdictions de vente d’armement aux pays troublés par des mouvements belliqueux. Nos militaires auront certainement les meilleurs avions pour nous protéger des sub sahariens échoués en Sicile.

Les parabens -perturbateurs endocriniens – limitent la fertilité, mais c’est un avantage pour le plastique utilisé pour la fabrication des biberons de nos enfants . Sauf qu’un jour il y aura moins d’enfant pour utiliser les biberons, mais ce n’est pas demain la veille, et tant qu’à faire du profit, il y a de bonnes raisons de faire de la procrastination – un vilain défaut – à ce sujet.

Où est l’honneur réclamé par

le journaliste sportif cité plus haut ?

Je ne suis pas pratiquant de Foot, Rugby et autres Hockeys sur glace ou sur terre.

Je constate que ces sports entraînent des frais considérables en cas de hooliganisme, d’accidents, d’infrastructures immobilières, d’utilisation de terres. Que ces activités supposées développer la solidarité et l’harmonie auprès de la jeunesse, développent aussi des attitudes racistes, nationalistes, et une violence qui renverses les barrières des stades et de la décence – je sais que je fais de la peine à quelques collègues, pasteurs ou prof d’Éthique en théologie, qui aiment le foot et Facebook.

La caisse de ma retraite ne fait pas partie des « Fonds Prédateurs », et si c’est à son honneur, cela cause bien des soucis à ses administrateurs. Mes économies sont – presque – à portée de mains, mais ne me permettent ni voiliers aux Caïmans ni de retrouver « Mon vrai moi » dans un paradis des Antilles.

Je suis consterné par ce que nous allons laisser à nos petits enfants.

Mais que font nos autorités ?

Nous n’avons pas attendu les Wikileaks, les Paradise Papers et lanceurs d’alertes pour savoir que les parlementaires qui (ne) votent (pas) les lois sociales ne sont pas ceux qui en ont besoin.

Ils ont des retraites confortables sur trois piliers, et un quatrième en réserve, pour les cliniques privées et les liftings de moralité. Il font des lois. Leurs avocats les aident à les rédiger pour pouvoir les contourner légalement, d’un paragraphe négligeable en bas d’une colonnes de chiffres « qui ont été élaborés par des spécialistes ». Ils sont pour la « libre circulation » de tous et de tout Surtout de ce qui permet à leurs entreprises de s’échapper du filet qu’ils tissent par ailleurs pour maintenir le travail des humains à un niveau profitable : « Il vaut mieux exploiter les pauvres, ils sont plus nombreux que les riches » disait Desproges ou Coluche ? Nous sommes fiers de notre « PIB » et du rang économique de notre pays, de notre continent. Mais il faut empêcher les pauvres d’y accéder pour ne pas en diminuer le « revenu moyen », sauf si le déficit démographique le met en danger.

Nous mettons en avant la « paix du travail ». Ceux qui ont de bons fauteuils dans les conseils d’administration espèrent porter la retraite à 67 ans, et faire passer les semaines de 45h à 50h pour que les heures supplémentaires ne diminuent ni leurs « gratifications », ni le confort de leurs sièges.

Nous aimons et soutenons nos agriculteurs, jardiniers du paysage, et mélomanes du Cor des Alpes, tant qu’ils produisent du lait – mais pas trop. Le jour de leur retraite, il convient d’en faire des propriétaires immobiliers héritiers d’une plus-value telle qu’ils finissent en HLM, et vendent la maison de leurs ancêtres pour financer leurs EMS.

Nous sommes fiers de notre industrie chimique, qui fait la promotion de la santé. Pour la garder elle vend ses médicaments à un tel prix, que vous devez choisir entre manger, se loger, ou se soigner. Sans se soigner, à court terme vous n’avez plus besoin de manger, ni donc de vous loger, et la caisse dans laquelle vous finissez est un cercueil. Il n’a rien d’une retraite, sinon du monde des vivants, qui se précipitera sur votre logement enfin libre pour une augmentation de loyer.

Facile de dénoncer,

« mais c’est plus compliqué que ça ! »

Je sais… je sais que ce n’est pas à ma portée, sinon de mon bulletin de vote, quoi que je ne gagne jamais au tiercé des élections.

Mais, permettez moi une remarque en ce qui concerne « la légalité et la moralité » :

Nous avons lu et entendu des politiciens, des juristes, des constitutionnalistes, les magistrats des « pôles financiers », avec et sans moustaches, nous dire que tout ce qui a été organisé par ces cabinets exotiques est accompli dans le cadre de la légalité, du point de vue où il se trouvent. Que ce soit « moral » ou pas est une question d’appréciation. Moi en tout cas je ne suis pas objectif et je n’apprécie pas, mais alors pas du tout.

Pourquoi les impôts de la majorité rendue silencieuse, doivent-ils servir à couvrir les déficits supposés des établissements bancaires qui ont misé sur les mauvais chevaux en voulant gagner au tiercé.

Pourquoi laisser s’endetter des sociétés incapables de gérer des stades difficile à remplir, et les « renflouer » à coup de millions pour que des « sportifs » de tribunes finissent par en venir aux mains à la sortie.

Pourquoi soutenir des activités sportives – y compris des jeux olympiques à la réputation plus que douteuse – et refuser l’accompagnement spirituel des malades à l’hôpital, dans les prisons, les établissements d’internement administratif, sous prétexte qu’un tel financement est incompatible avec l’idée de séparation entre l’Eglise et l’État.

Les églises croulent aussi sous les frais d’entretien des bâtiments que « les gens souhaitent au milieu du village ». Elles assument tant bien que mal les charges salariales qui leur permettent de suppléer aux béances de la solidarité d’état.

Pourquoi laisser des sociétés ruiner des régions et priver les églises des moyens pour venir en aide à ceux qui n’ont personne d’autres pour les défendre contre les « Fonds Souverains » qui détruisent leur environnement, et les herbicides qui malforment leurs enfants ?

Pourquoi limiter l’influence morale de ceux qui prônent la justice, l’égalité des droits et des devoirs et la charité sous prétexte que ce sont des institutions religieuses et que la religion n’a rien à faire dans la gestion de la société civile…Bien que certains politiciens se réclament d’une tradition judéo-chrétienne à défendre, comme argument électoral.

C’est vrai qu’il y a des dérives dans certains cercles religieux dirigeants : Corruption, détournements de fonds, scandales sexuels, népotisme etc. Ce sont des « sociétés humaines » avec leurs défauts humains . Mais elles suscitent aussi une espérance de générosité, d’amitiés, de convivialité et d’équilibre social à tous les niveaux de responsabilité, ou de participation. Ce qui n’est pas le cas des sélectionnés du CAC 40.

Bien sûr il y a eu les « guerres entre Catholiques et non catholiques, entre Romains et Orientaux, maintenant entre Chiites et Sunnites… mais le temps des extrémismes a passé pour certains et passera pour d’autres.

Les vertueux défenseurs d’une laïcité négationniste de la culture dans laquelle ils ont grandi prônent « le libre choix » entre croire ou ne pas croire ce qu’ils ont appris depuis leur enfance… ils oublient que le choix entre ce qu’offrent les églises – même maladroitement – et le « rien du tout » permet à n’importe qui de s’y mettre et d’y mettre n’importe quoi, comme la promesse du ciel avec 70 vierges, voilées ou pas, le paradis des ceintures d’explosifs, et le sacrifice des enfants pas assez grands pour ne pas vouloir en finir si jeunes.

Pas que du pain et des jeux :

L’honneur sorti du stade, les jeux de la télé-réalité, le pain si possible vendu et prémâché par une multinationale de Vevey ne doit pas être trop cher, pour vous permettre d’acheter les dernières trouvailles technologiques, pour aller réserver « d’un clic » votre place au stade, votre Pizza à la porte, et confier votre identité au Dieu GAFA (Google,Apple,Facebook et Amazon).

Je n’ai rien contre la « Leçon de Morale » qu’avait voulu instituer Sarkozy dans les écoles laïques de France et de Navarre. Je n’ai rien contre les encouragements à la coexistence des intellectuels musulmans – pour autant qu’ils ne soient pas exécutés par leurs coreligionnaires moins intellectuels.

Je n’ai rien contre les subventions aux églises, si elles restent indépendantes du pouvoir et évitent leur instrumentalisation toujours menaçantes, comme les conflits des Balkans l’ont montré il n’y a pas si longtemps. Ceci est aussi valable en Israël, aux Indes, au Pakistan, en Irlande du Nord, et en bas de mon immeuble.

J’aimerai que ces injonctions à la vie sociale deviennent ce qu’elles étaient à l’origine, en « libre accès » et qu’elles puissent être développées par chacun dans les termes qui lui conviennent.

A travers les âges, tu n’es qu’un passant sur la terre.

La vie qui est en toi s’inscrit dans une histoire et une culture qui te permet d’être humainement responsable.

Tu ne toléreras pas les idéologies et les promesses illusoires.

Tu seras charitable en exerçant avec discernement bonne volonté et bienveillance envers tes semblables et aussi envers ceux qui ne te ressemblent pas.

Tu défendras la justice et la vérité, en évitant les mensonges prometteurs des manipulateurs, avides de pouvoirs, car ce seront aussi tes enfants qui en pâtirons. Tu ne feras pas de faux témoignages pour en tirer avantage.

Si tu restes ferme dans ton intégrité et ton humanité, tu seras un modèle de génération en génération  et pas seulement pour les tiens :

Tu exerceras tes activités en ménageant ton temps pour ne pas t’épuiser et pour ne pas épuiser ceux qui travaillent avec toi.

Tu protégeras ce temps de repos, sans aucun ouvrage, ni pour toi, ni pour ton fils, ni pour ta fille, pas plus que pour ton collaborateur, pour ton employée, pour l’émigré qui est dans tes villes et tes entreprises, et pour les bêtes que tu as domestiquées.

Car comme le ciel et la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent savent prendre du temps pour se régénérer, c’est un bienfait naturel.

Tu respecteras tes parents et tu bénéficieras de leurs expériences et de leurs histoires, tu tiendras compte de leurs traditions.

Tu ne détourneras personne de son chemin, sauf en cas de danger pour lui même car tu en es aussi responsable.

Tu n’auras de visées ni sur la femme de ton voisin, ni sur son employé, sa collaboratrice, son instrument de travail, ni sur rien qui appartienne à ton voisin.

Tu ne commettras pas de meurtre, et tu ne harcèlera pas ceux avec qui tu vis ou travailles.

En tout temps tu exprimeras de la reconnaissance, pour le bien qui résulte de ta manière de vivre, en famille et en société.

A quelques nuances sémantiques près, ces conseils sont connus de toutes les cultures et encouragés par toutes les religions, spiritualités ou philosophies, et sont aussi les « dix Paroles » énoncées par Moïse.

Seraient-elles interdites de rappel au nom de la séparation de l’Eglise et de l’État ?…

Un ami me disait que les règles du jardin d’enfant devraient être érigées en principe de vie dans les parlements et les sociétés.:

  • – Dire bonjour en arrivant.
  • – Écouter avec attention la parole de l’animateur ou de l’animatrice.
  • – S’exprimer en parlant et ne pas crier.
  • – Ne pas taper ses camarades,
  • – Ne pas leur prendre leurs jeux,
  • – Demander gentiment si tu peux jouer avec eux ou avec lui ou elle.
  • – Répondre gentiment aux questions
  • – Ne pas dire de « gros mots »
  • – Proposer des nouvelles idées ou des nouveaux jeux.
  • – Se laver les mains en sortant des toilettes.
  • – Poser et reprendre ses habits au vestiaire sans bousculade.
  • – Respecter le règlement.

Peut-être que cela sera utile à ceux qui cherchent comment prendre des décisions.

En résumé, si vous me comprenez bien, je suis favorable à une collaboration entre l’Eglise et l’État, surtout si les Églises font leur « mise à jour » dans leurs activités et leur pédagogie, ce que leurs détracteurs et les journalistes feignent souvent de rechercher.

A cause de mon scepticisme en ce qui concerne l’Honneur de la Suisse, je suis radicalement pour la séparation du  Sport de l’État.

Le 13.11.2017