Dieu, sans aucun doute, mais lequel ?

Dieu, après tout, ou avant rien ?

Le pasteur Etienne Guilloud a relevé au cours de notre discussion dans l’équipe théologique du CBOV que mon expression dubitative – c’est le moins qu’on puisse dire – à propos du terme « Dieu » avait troublé les jeunes participants à l’équipe de préparation du CBOV . En résumé la question est la suivante :

  • Comment peut-on être un théologien ( au CBOV)   et ne pas

  • croire en « Dieu » ?1

Nous nous en sommes expliqués et nous sommes tombés d’accord qu’il ne s’agit pas d’une confession d’athéisme, mais d’une compréhension des textes de la Bible qui nous fait utiliser le « mot valise » Dieu d’une manière qui traduit étymologiquement et culturellement depuis l’époque grecque, les concepts des auteurs et philosophes classiques. Un « divin » qui est radicalement différent de la perception Judéo-Mosaïque.

Comme le terme biblique « YHWH » est imprononçable, et intraduisible, pour des raisons de convenances on a dit que c’était « comme » Zeus, le dieu supérieur de la Grèce antique. Donc quand on ne l’appelle pas « EL»2., « Eloïm » ou « EL SHADDAÏ » le tout puissant, voir « LE SEIGNEUR » comme le fait la TOB pour « YHWH » que les juifs appellent « Adonaï », on l’appelle Dieu et c’est de là que vient une confusion qui me fait dire que je ne crois pas en ce « Dieu » là !

Le mot « Dieu » se rattache à une source indo-européenne : “Dei”, qui était utilisée par les anciens européens pour exprimer la lumière du soleil, et d’autres phénomènes lumineux observés dans le ciel. On peut dire que, étymologiquement, “Dei” signifiait et signifie toujours : “lumière dans le ciel”.

 Les Romains ont adopté, sous le nom de Jupiter, le “Zeus” des Grecs. Ce nom – celui du dieu suprême dans la mythologie grecque – “Zeus” se prononçait “Zeous”, ce qui a donné “Deus” ( prononciation latine: “De-ous” ). Et, c’est de cette racine “Di” en français, le mot “Dieu” a pris naissance à partir du latin “Deus” 

Avec ce mot “Dieu” on est donc très loin d’une traduction honnête du mot “Elohim”3, premier terme de la Genèse.

Le Dieu « culturel » qui accompagne le quotidien, celui qui nous « vient en aide » pour « faire la pluie et le beau temps », pour « gagner au Loto », pour retrouver notre parapluie, pour repousser l’échéance d’une facture ou nous faire réussir un examen, c’est le Zeus classique celui qui vient en aide à Ulysse, à Agamemnon, à Antigone.

Il est aussi « clandestin » dans les textes de la Bible qui datent de la période Perse et hellénistique, dès le 5e siècle av. JC, c’est ce Dieu-Zeus qui fait tourner la terre, arrêter le soleil et les Philistins, ouvrir la mer et « culbuter chevaux et cavaliers ».

Il convient de lui faire des offrandes, qu’il soit « Veau d’OR » ou au dessus des « Autels de sacrifices » cela ne change rien, « Dieu » reste le frère de Zeus, de Baal, d’Astarte, de Zoroastre et cie. Pour ne rester que dans la tradition biblique4.

Qui croire, en qui croire, comment croire,

qui le sait, et comment le dire ?

Il y a deux manières d’aborder la question : Accepter la (con)fusion philosophico étymologique, avec l’adhésion religieuse à la tradition thomiste (de St Thomas) et des philosophes chrétiens. Ils se sont évertués a organiser la dogmatique contraignante de l’EGLISE institution, qui laisse à Dieu par exemple de décider quand l’eucharistie sera universellement reconnue  : « C’est impossible (interdit) pour les hommes d’en décider » On attend donc « un coup de tonnerre » cataclysmique sur … allez au hasard, Le Vatican ! (C’est plein d’hommes, avec des robes!)

Deuxième possibilité : chercher dans les textes de la tradition du judaïsme le «  » traduit par YHWH, le « Nom Interdit » au « nom » duquel Jésus de Nazareth a été crucifié. Les Juifs disent « Hachem » = Le Nom sans préciser.

Première manière, la plus populaire pour ne pas dire traditionnelle

y compris dans nos églises, quelles que soient leurs dénominations :

Nous remontons le temps et nous essayons de comprendre l’intention des auteurs de nos « textes sacrés » et en plus « Bibliques » (voir « coraniques »). Ils sont, faut-il le rappeler, le fruit de traditions multiples et de couches rédactionnelles complexes développées sur une période qui se compte sans doute en siècles. Mais dont la rédaction finale, celle qui nous intéresse se fait, (à la louche) au 5e siècle av. JC. Et considérons l’environnement culturel des auteurs bibliques. Depuis la dynastie des Omrides, le Royaume d’Israël est en « relations d’affaires » avec tout le bassin méditerranéen : La présence des divinités « étrangères » dans les sanctuaires locaux sont autant de relais pour les marchands et les voyageurs. Les élites de la région, prophètes, sages, juges religieux sont influencés par les idées qui circulent avec les marchandises.

La religion « populaire », héritière de l’animisme primitif, répond aux questions courantes de la pluie et du beau temps et de l’humeur de la tribu. Elle est et reste largement respectée, adaptée, acclimatée par ceux qui « savent » mages, magiciens, devins et interprètes des « choses d’en haut » ou celles « d’en bas ». C’est le fond de commerce de toutes les religions qui deviennent des institutions … mêmes divines !

Donner un nom à la divinité avec un lieu, et une fonction permet d’en contrôler ses « oracles » et ses fidèles.

Si le début de la philosophie est envisagé au début du VIe siècle. Les premiers philosophes sont des physiciens, ils réfléchissent sur la physis = la nature : de quoi sommes nous constitués5 ?

Il faut noter que le Ve siècle méditerranéen est marqué par l’apogée philosophique de la Grèce. Platon et Socrate en sont les principaux acteurs. Cette situation est particulièrement vraie lorsqu’on se penche sur l’histoire d’Athènes, c’est en effet là que se concentrent savoir, sciences et richesses. C’est là, à l’âge d’or de la Grèce, qu’apparaît une forme de réflexion nouvelle, l’étude du logos « La Parole » ou « le verbe » qui dit le monde et son usage.

Nous en retrouvons la trace en ouverture de l’Evangile de Jean6 : « Au commencement était la Parole (Logos) , et la Parole était auprès de Dieu (Théos), et la Parole était Dieu ». Jean 1:1 « Et le Verbe s’est fait chair et il a planté sa tente parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité ». Jean 1 :14

Ici appliqué à Jésus de Nazareth.

Le « logos » parole/verbe est la base même de « la communication » c’est le « message » qui « donne le sens ». En hébreu l’équivalent même la fonction créatrice.7

Pour les philosophes grecs, les cosmogonies (Mythologies) deviennent des histoires symboliques qui traduisent des comportements et des attitudes. Zeus est invoqué, mais tout le monde ne lui accorde pas la même crédibilité. Il devient « Dieu » un concept originel, joyeusement illustré et père de famille nombreuse, sans pour autant pouvoir faire avancer « le Schmilblick ».

Paul de Tarse « missionnaire » va se trouver confronté aux « philosophes d’Athènes » qu’il prend par erreur pour des adeptes croyant à la mythologie Olympienne8. Il fait référence au « dieu inconnu » dont il a aperçu un autel en allant les rencontrer. Eux se posent la question de la matière des choses, de l’arrangement des atomes, de la pertinence de la vision, de la perception des sons, et du mouvement des étoiles… Alors l’histoire d’un type qui revient du séjour des morts, même juif, ils ont compris : l’Hadès et Charon font de jolies histoires pour Epidaure et son théâtre ! Paul va se réfugier à Corinthe pour se familiariser avec la culture grecque pendant trois ans, heureusement pour nous !

Il y a donc deux manières de prendre la question de Qui est / qu’est-ce qui est « Dieu » avec le matériel littéraire à disposition du 5e siècle av.JC. Nous avons suivi dans les paragraphes précédents la voie « sacerdotale » celle qui va privilégier le sanctuaire de Jérusalem avec son fonctionnement « mis à jour » grâce aux Perses. La compréhension de la présence et de l’efficacité de Dieu-Zeus, est inspirée de la pensée hellénistique (sans doute aussi apportée par les philistins absorbés par la culture locale). Dieu va devenir « celui qui voit tout depuis la voûte céleste » qui contrôle la bonne marche des humains et les conduits à la « vie éternelle » dans le meilleur des cas. Le clergé sera le garant de la bonne marche du système, ouvrant ou fermant les portes du paradis « Au nom du Dieu Tout Puissant » Amen.

Pour retrouver ses clés, c’est St Antoine !

Pour être clair, vous savez que Jésus comprend la foi9 de ses interlocuteur sans la mettre en doute et en accepte toutes les variantes :

« Jésus lui dit alors Mc 5, 34: « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. » . Jésus, prenant la parole, lui dit: Mc 10:51 « Que veux-tu que je te fasse? Rabbouni, lui répondit l’aveugle, que je recouvre la vue. 52Et Jésus lui dit: Va, ta foi t’a sauvé. Aussitôt il recouvra la vue, et suivit Jésus dans le chemin ». , Puis Jésus dit au centenier: Mt 8:13 Va, qu’il te soit fait selon ta foi. Et à l’heure même le serviteur fut guéri. Etc.10

En ce qui me concerne, je n’ai aucun problème avec la foi de ceux avec qui je vis, si cette foi leur permet de « bien vivre », et d’être « libre » pour prendre les décisions du quotidien comme celles qui impliquent la communauté humaine, autrement dit la « politique » au sens noble du terme.

L’autre possibilité de l’alternative,

et c’est celle que va privilégier Jésus de Nazareth,

La première fois où la question du nom de « ??? » se pose, se trouve dans le livre de lExode 3 : 13 – 14
… 
« Moïse dit à Dieu11: J’irai donc vers les enfants d’Israël, et je leur dirai: Le Dieu de vos pères m’envoie vers vous. Mais, s’ils me demandent quel est son nom, que leur répondrai-je? Dieu dit à Moïse: Je suis celui qui suis. » Et il ajouta: « C’est ainsi que tu répondras aux enfants d’Israël: Celui qui s’appelle « je suis » m’a envoyé vers vous.

…Voilà mon nom pour l’éternité, voilà mon nom de génération en génération. »

« Eyeh asher Eieh » l’intraduisible formulation hébraïque qui continue d’embarrasser tous les religieux « du Livre ». C’est le nom de celui qui a formulé les « Dix Paroles »

« Ashem »= « le nom » en hébreu qui devient ce que les juifs peuvent prononcer à la place du mot « Dieu », dont nous avons vu qu’il s’élance de L’Olympe comme un terme générique qui plane sur toutes nos discussions.

« Nom de Nom » est un juron, que d’autres expriment par « De Dieu de Dieu »…

« Tu ne prononceras pas « le nom » en vain » est une des « dix Paroles ».

Pour un lecteur/auditeur francophone il faut dire : « Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain »…

Avant d’aller plus loin, je ne me prononcerai pas – par incompétence – sur les diverses théories des sources «  Deutéronomistes », « Elohistes »,« Yahvistes », « Sacerdotales » etc, qui sont certainement pertinentes pour dater, situer, mettre en perspective tel ou tel passage du Premier Testament. Ce n’est pas question de « foi » mais de recherche linguistique fondamentale sur les origines multiples d’un texte que nous pouvons lire en traduction et interprétation dans nos bibles12.

Je vous propose de suivre les besoins d’une partie de ceux que nous considérons comme les « anciens » du Judaïsme, les « nomades » qui pérégrinaient au moyen orient au « début de leurs histoires » qu’elles soient Abrahamique ou Mosaïque.

Nous lisons dans la Bible que les relations entre sédentaires et nomades ont toujours été problématiques voir conflictuelles. En particulier autour de l’utilisation des ressources en eau, des puits, des sources et des citernes. Les sédentaires ont en outre des lieux sacrés, monticules, autels ou sanctuaires, habités par des divinités tutélaires, généralement assez concrètes pour en faire des statues ou des représentations visibles.

Les nomades circulent avec leurs troupeaux entre les territoires, et s’invitent sur les aires de pâtures ou de culture des sédentaires, payant tribut ou allégeance, éventuellement en libérant l’accès en combattant.

Ces groupes familiaux élargis adoptent parfois – par mariage – la vénération de divinités adoptées qu’ils vont installer provisoirement avec d’autres, profitant d’un autel sacrificiel momentanément libre ou accueilant.

Les archéologues ont relevé que la densité des populations de Galilée, et encore plus des montagnes de Juda a été fluctuante : Les villages occupés à certaines époques sont désertés à d’autres, et cela pendant des dizaines d’années, voir un siècle ou deux. Les pressions climatiques ou militaires touchant les uns et pas les autres ont permis à des nomades de se sédentariser. Des sédentaires ont été forcés au nomadisme : Les pérégrinations d’Abraham n’ont pas toujours été volontaires à ce que nous en savons.

Akhénaton, le Pharaon qui règne entre -1355/-1353 à -1338/-1337 avait essayé de réformer la religion égyptienne, en instituant un dieu soleil unique, visible, aveuglant et inaltérable, avec un succès qui s’éteindra avec Toutankaton devenu Toutânkhamon (né vers -1345, mort vers -1327) les religieux d’autrefois ayant repris le pouvoir sur le jeune souverain. L’idée d’une divinité originelle extérieure parcourant le ciel et déterminant les saisons, les pluies, le chaud et le froid, et éclairant la surface de la terre avait quelque chose qui a certainement survécu chez quelques groupes, comme Jethro13 le prêtre de Madian chez qui Moïse s’est réfugié en fuyant l’Egypte…

Des hébreux localement employés pour la construction de Pithom et Pi-Ramses à l’époque de Ramsès 214 auraient quitté les chantiers et se seraient enfuis dans le Sinaï15. Il ne s’agit pas de tout un peuple, mais certainement de groupes qui partagent la même langue, et les mêmes coutumes que les nomades qu’ils vont rejoindre dans les zones de transhumances entre l’Égypte et le Mont Liban.

Ces nomades en déshérence n’ont pas d’attache religieuse et leurs dévotions les porteraient plus volontiers vers une divinité « comme les autres ». Problème : Ils n’ont pas de lieu où l’installer et là où ils sont aujourd’hui sera sans doute abandonné demain : On n’abandonne pas les dieux n’importe où… tout de même !

Le récit de l’exode va nous donner une piste intéressante : « Moïse » (si on veut) leader charismatique va faire une proposition qu’il va attribuer à « Dieux » Dix « paroles »16 qui sont autant de directives pour vivre en famille, en société, avec ses voisins, et en paix avec soi-même.

Nous savons par le récit biblique que cela ne fut pas facile à accepter : Les traditionalistes préférant un « Veau d’Or » plus bling-bling vis à vis des voisins, mais aussi plus lourd et convoitable par les ennemis.

L’avantage des « dix Paroles » c’est leur immatérialité : Apprises par cœur, on ne les oublie pas. Impossible à dérober, chacun peut les faire siennes et s’y référer pour prendre ses décisions.

Oui mais : Les humains sont ainsi faits qu’ils ont besoin de « voir » pour croire, de manifester leur adhésion par des cérémonies, comme des offrandes, voir des sacrifices. Impossible de faire un sacrifice pour des « Paroles » a moins qu’elles soient

visibles d’une manière ou d’une autre ; car dit une des dix paroles :
3 Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. 4Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. 5Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l’Eternel, ton Dieu17, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent,… Exode 20:3-5

L’astuce, comme compromis, sera d’écrire ces « Dix Paroles » sur des tablettes, d’argile ou de pierre, de les placer dans un coffre décoré finalement assez somptueusement – on ne lésine pas avec « Dieux », et on va développer un sanctuaire de camping pliable et transportable au gré des déplacements. Pour le monter et le démonter, des spécialistes vont être désignés, de la tribu de Lévi. Des sacrificateurs seront élus pour offrir des holocaustes sur les autels « officiels » près desquels on aura dressé la tente. Ainsi tout rentre dans l’ordre. Le pouvoir est toujours à prendre, rarement à partager.

Déjà à l’époque, « le sage montre le soleil, et l’imbécile regarde le doigt » L’important18, c’est le signifiant des « dix Paroles », pas les dix assemblages de mots écrits, ni leur support, aussi précieux soit il.

Le sociologue Dany Robert Dufour19 relève dans une étude qui aborde le développement de l’humanité sous l’angle des besoins initiaux de l’enfant pas terminé à la naissance, remarque que comme l’instinct de survie commun à tous les êtres vivants, on trouve sous toutes les latitudes des règles de « vie en commun » qui sont proches des « dix Paroles » attribuées à Moïse.

Implicitement, il vaut mieux s’entendre avec ses parents, ne pas tuer son voisin, nous pouvons avoir besoin de lui. Il ne faut pas le voler, pour qu’il n’exerce pas de rétorsion. Il vaut mieux ne pas piquer la compagne de ton frère, il serait en droit de t’en vouloir ! Etc. En cas de danger provoqué par le non respect de ces « conseils » le « sauve qui peut » conserve la vie.

Être vivant est le plus sûr moyen de le rester.

Pour ce sociologue athée le paradoxe est évident : les « dix Paroles » sont la seule « preuve de l’existence de Dieu » comme une sorte de trace dans l’ADN de l’humanité, témoignage articulé du vivant original et véritable « souffle de vie » au sens donné par les textes de la Bible20.

Quel sens donner maintenant à ce qui est nommé « Dieu ». ?

Nous avons traversé les textes de la tradition judéo-chrétienne. Nous avons tenté d’identifier ce qui relève du « Deus-Théos-Zeus » cette divinité qui réalise nos prières les plus incongrues par l’effet magique de formules, de liturgies, d’offrandes. Il nous récompense si nous sommes « sages » et veillant sur chacun de nous, il nous fait subir le châtiment que nous méritons en cas de rébeillon, consciemment ou pas.21

Nous avons parcouru la Palestine et nos lieux de cultes avec l’Arche de l’Alliance,

quelques reliques, et des tabernacles. Nous avons constaté que leur gestion relève plus de l’exercice du pouvoir que du discernement charitable, avec des exceptions bien sûr. Les rois sont des humains comme les prophètes.

Nous avons entrevus « Je suis » comme source de vie, et communicateur de principes essentiels de vie. Nous avons approché de la « lumière » dont Jésus dit qu’elle est aussi « la vie », comme « le chemin » ou « La Vérité ».

Quand on demande à Jésus « Quel est le premier de tous les commandements ? »

29 Jésus répondit : « Le premier, c’est : Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur ; 30 tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force.

31 Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là. » Marc 12:28-31

Quand nous lisons la description du berger qui sélectionne ses animaux Mt 25:31-46 nous savons que « la pratique » de la foi n’a rien à voir avec les jérémiades religieuses, mais essentiellement avec l’exercice de la charité.

C’est la mise en pratique des « Dix Paroles » comme le souligne l’histoire de l’homme riche qui demande : « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? »

17 Jésus lui dit : « Pourquoi m’interroges-tu sur le bon ? Unique est celui qui est bon. Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements. » 18 « Lesquels ? » lui dit-il. Jésus répondit : « Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne voleras pas. Tu ne porteras pas de faux témoignage. 19 Honore ton père et ta mère. Enfin : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » 20 Le jeune homme lui dit : « Tout cela, je l’ai observé. Que me manque-t-il encore ? » 21 Jésus lui dit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi ! » Mt 19:16 – 21

Croire ou savoir ?

Il faut maintenant aborder la question de la « fidélité » au « message de Jésus de Nazareth », autrement dit à ce qui et couramment défini comme « l’EVANGILE »22

L’Ecole Biblique de Jérusalem23 et Etienne Nodet ont abondamment décrit le milieu contestataire du judaïsme puis du judéo-christianisme. La domination des Pharisiens sur les Lois et Rituels liés au Temple est de notoriété biblique24 Les dissidents se retrouvaient en dehors des agglomérations, le long des rivières, au bord de la Mer Morte ou de Tibériade où Jésus les rejoignait pour les encourager25 : Cette foule ne supportait plus le pouvoir exercé par les « gardiens du Temple » qui, par exemple, forçaient les fidèles à faire des offrandes payées avec l’argent du temple, différent de la monnaie romaine en usage en dehors. Le Temple était même contesté, ayant été reconstruit par Hérode l’Asmonéen, qui n’était pas dans la lignée Davidique.

La contestation du symbole le plus important de l’identité judaïque n’était pas nouvelle au temps de Jésus, le Prophète Amos26 n’est pas tendre non plus avec les élites qui gouvernaient à l’époque :

« Je déteste, je méprise vos pèlerinages, je ne puis sentir vos rassemblements, 22 quand vous faites monter vers moi des holocaustes ; et dans vos offrandes, rien qui me plaise ; votre sacrifice de bêtes grasses, j’en détourne les yeux ; 23 éloigne de moi le brouhaha de tes cantiques, le jeu de tes harpes, je ne peux pas l’entendre. 24 Mais que le droit jaillisse comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable ! » Amos 5 :21 ¶

Il faut revenir aux commencements, même les plus complexes, de l’irruption des « dix Paroles ».

  • Il y a l’interdiction de donner un nom ou de représenter la divinité qui en est à l’origine.

  • Il y a la réponse à la question « Qui es-tu ? » qui n’a pas été donnée à Jacob lors de son « Combat avec l’Ange »27

  • Mais surtout la question posée par Moïse, et dont la réponse consiste en un « JE SUIS » : Une forme permanente impossible à traduire, mais qui identifie celui qui énonce les « Dix Paroles ».

  • Enfin il y a toutes les occasions où Jésus exprime qui est celui qu’il incarne :

« JE SUIS » le chemin, la vérité et la vie28, « JE SUIS » la lumière du monde29

et en d’autres occasions où il n’est pas certain qu’il parle de lui même, mais de ce qu’il incarne et qui lui sera reconnu par les théologiens.30

Le verbe (logos) « être » à la, première personne identifie celui qui parle … S’il est « programmé » avec les « Dix Paroles » il agira en conséquence, et cela sera à ses risques et périls, comme Jésus de Nazareth l’a démontré avec sa fin atroce.31

– Si c’est une question de foi = croyance, alors on peut en négocier personnellement l’intensité.

  • Si cela relève du « savoir », c’est une évidence qui est extérieure à moi. Je peux adhérer ou pas, mais elle est objectivement discernable dans les textes, comme j’ai essayé de le montrer, et dans l’expérience de nombreux compagnons en charité et « contemporains » de Jésus de Nazareth au cours des siècles, qui se sont affirmés debout « JE SUIS » en mettant en pratique les « Dix Paroles ».

Dans la culture du début du 21e siècle, de l’informatique et des communications, de la physique Quantique, de la relativité générale, et peut-être de l’intelligence artificielle,

les « dogmes » dérivés de la lecture de la Bible jusqu’au 20e siècle ne résistent pas à l’expérience du quotidien de la plupart d’entre nous.

Dans cette même culture, les thèmes et Histoires Saintes de la Bible trouvent un sens nouveau dans une lecture ouverte qui entend la voix des anciens, et en fait le meilleur usage dans le cadre de sa propre compréhension : Prières, méditations communes, louanges etc. Pour vivre librement et heureux. L’absolution est une pratique qui libère, à condition qu’elle n’asservisse pas le pêcheur repenti !

Nous ne devons pas oublier que dans la besace que trimbale le christianisme qui a succédé au judaïsme, les vierges des sources, les troncs sacrés des Celtes, les grottes au carrefour des méridiens magnétiques et les Calendes Grecques, la fête du Solstice et celles des récoltes ont été phagocytées et baptisées puisqu’on ne pouvait en éradiquer la vénération. Tout ce qui vous aide à vivre est sacré, tout ce qui entrave votre vie est contraire au « logos » …

Evêque épiscopalien32 de Newark près de New York jusqu’en 2000, John Shelby Spong, disait – et écrivait- que les trois premières affirmations du Notre Père étaient absurdes et ne correspondaient plus à rien :

Notre Père : Cette image n’a pas de sens depuis que nous savons que génétiquement nous n’avons pas d’ancêtre singulier ou commun.

Qui est… C’est une affirmation qui n’a pas de sens sinon pour ceux qui souhaitent le croire, mais c’est vraiment très relatif : Personne n’en sait rien.

Aux Cieux… Là il n’y a plus de doute, entre les galaxies les plus lointaines, et au plus profond des « Trous Noirs », il n’y a rien ni personne pour pouvoir seulement avoir l’air d’être « Dieu ».

Cependant, ajoute l’évêque, dans la liturgie, dans un groupe, avec un ami, je prononce le « Notre-Père » je me constitue solidaire fraternellement de ceux qui avec moi, expriment cette relation. Si « Dieu » n’est pas dans les cieux, il est là au cœur de la vie fraternelle, de ceux qui la partagent à ce moment33 puisqu’ils ont le même « père ».

Il n’est donc pas question de dire « Nous avons été abusés par ceux qui nous ont fait croire aux histoires de la Bible » et donc la religion chrétienne n’a pas de sens !34

Les institutions chrétiennes, toutes églises confondues, ont eu à cœur de copier, recopier et nous transmettre les textes bibliques, dont ils connaissaient la valeur du « Logos » qu’ils contenaient. Nous devons être reconnaissants à tous les croyants de quelque orientation que ce soit, qui se sont mis au service des institutions pour lire, relire, désosser, analyser les textes de la bible et des contemporains (de toutes les époques!) Nous devons beaucoup au Siècle des Lumières, aux philosophes de la renaissance, à Spinoza, juif et perspicace, qui avait compris de quoi il retournait, et à Nietzsche qui nous a dit que Dieu ne se portait pas très bien, comme l’a confirmé J.A.T Robinson dans son livre sur la « mort de Dieu » en 1964.

En 2007 le pasteur hollandais Klaas Hendrikse publiait : Croire en un Dieu qui n’existe pas. Manifeste d’un pasteur athée. 40 000 exemplaires vendus aux Pays-Bas. Un succès inattendu pour un ouvrage de théologie : « Je l’ai écrit pour lancer le débat. Dans les Églises, les gens sont tous assis, regardant dans la même direction et écoutant la même personne. Je propose un modèle qui préfigurerait l’Église du futur. Il faut que ce soit une discussion, un échange d’expériences. »35

Enfin, et pour arriver à une conclusion « ouverte » je rappellerai cette rencontre entre des pasteurs suisses en recyclage à Jérusalem, et accueilli par un rabbin qui n’avait pas peur de rencontrer des « goys » qui connaissaient36 la Bible. Un des participants posait une question en s’adressant au Rabbin comme à un « collègue théologien ».

Le rabbin l’a vertement corrigé : Il n’était pas « théologien » car il n’y a pas de théologie37 possible en considérant une divinité dont on ne sait rien, dont nous ne connaissons pas le nom, par ailleurs interdit. Il n’existe pas au sens commun du terme, Il est impossible à déterminer ou à définir. Toute proposition à son propos serait démentie par son contraire : Puissant, il est impuissant, Grand, il est petit, accueillant, il est sourd. « Tout puissant » il a depuis longtemps prouvé son impuissance.

Présent, il ne cesse d’être absent. Tonitruant, il s’est tu à Auschwitz.

Le rabbin a expliqué que nous pouvons à loisir exprimer la position et les réflexions des hommes sur leurs relations avec « Dieu ». Ce sera toujours une relation partielle et partiale. De « Dieu » on ne peut rien dire. Mais les hommes et les femmes peuvent le percevoir quand il se manifeste, toujours incognito et par surprise là où personne ne l’attendait. Le rabbin avait terminé par la boutade banale en Israël :

« Dieu n’existe pas et nous sommes son peuple ! »

Au début des dictionnaires automatiques dans les traitements de textes informatiques, lorsque vous tapiez « dieu » le programme vous proposait systématiquement « vieux »… jusqu’au jour où vos l’inscriviez dans votre dico perso.

Nous ne pouvons que constater que les questions de « dieu » et de « la religion » sont plus problématique aujourd’hui dans un contexte des revendications d’une laïcité

pure et dure : Pour les tenants d’une laïcité fondamentaliste il semble que « Dieu » a une très grande importance si nous considérons les moyens qu’ils mettent en œuvre pour le mettre de côté.

Pour la majorité des européens de traditions judéo-chrétiennes, La religion et Dieu sont le cadet de ses soucis, tant qu’on n’en a pas besoin « pour marquer le coup » ou les étapes d’une vie.

En résumé, avant le « Big Bang » il n’y avait rien, ni temps, ni espace, ni personne.

La Bible raconte la création en sept jours38 par le « verbe » de Dieu…

« Dieu » serait-il « la Parole » avant « les Paroles »

Les dix en sont la trace…

C’est tout ce que je sais,

Mais je crois que je peux le partager avec toi …

Bernard van Baalen, le 4 décembre 2018

Bibliographie :

Essai sur les origines du judaïsme de Josué aux Pharisiens,

Étienne Nodet39 Collection Les Études annexes de la Bible de J. 304 pages – avril 1992.

A New Christianity for a New World

J.S Spong, HarpersSanfrancisco, 2002.

Honest to God.

John A. T. Robinson, traduit en français : Dieu sans Dieu. Paris,

Nouvelles Editions Latines, 1964, 188 p.

La Bible dévoilée

Les nouvelles révélations de l’archéologie
[The Bible unearthed] Israël Finkelstein, Neil Asher Silberman

Trad. de l’anglais par Patrice Ghirardi

Collection Folio histoire (n° 127),Bayard 2002, Gallimard 2004

Croire en un Dieu qui n’existe pas. Manifeste d’un pasteur athée,

Klaas Hendrikse, Editions Labor et Fides, 2011, 232 pages

L’idée de Dieu chez les hébreux nomades.

Une monolâtrie sur fond de polydémonisme
Daniel Faivre, L’Harmattan 1996.

On achève bien les hommes:

De quelques conséquences actuelles et futures de la mort de Dieu

Dany Robert Dufour, Denoël 2005


Bibliographie :

Essai sur les origines du judaïsme de Josué aux Pharisiens,

Étienne Nodet39 Collection Les Études annexes de la Bible de J. 304 pages – avril 1992.

A New Christianity for a New World

J.S Spong, HarpersSanfrancisco, 2002.

Honest to God.

John A. T. Robinson, traduit en français : Dieu sans Dieu. Paris,

Nouvelles Editions Latines, 1964, 188 p.

La Bible dévoilée

Les nouvelles révélations de l’archéologie
[The Bible unearthed] Israël Finkelstein, Neil Asher Silberman

Trad. de l’anglais par Patrice Ghirardi

Collection Folio histoire (n° 127),Bayard 2002, Gallimard 2004

Croire en un Dieu qui n’existe pas. Manifeste d’un pasteur athée,

Klaas Hendrikse, Editions Labor et Fides, 2011, 232 pages

L’idée de Dieu chez les hébreux nomades.

Une monolâtrie sur fond de polydémonisme
Daniel Faivre, L’Harmattan 1996.

On achève bien les hommes:

De quelques conséquences actuelles et futures de la mort de Dieu

Dany Robert Dufour, Denoël 2005

Implication pratique de la lecture de la bible

comme témoignage d’expériences vécues.

Dans la première partie de cette proposition d’interprétation du mot « dieu » j’ai essayé d’examiner les besoins des populations qui ont porté ces textes jusqu’à nos jours, en les situant dans leurs contextes historiques et culturels.

En préparant le thème de la « Vocation de Samuel » pour le camp Biblique Oecuménique 2019 à Vaumarcus, nous abordons plus spécifiquement les « livres historiques » qui racontent les situations vécues par le peuple hébreu depuis « les Prophêtes » jusqu’à la fin de la Royauté.

Le texte est assemblé entre le 5e et le 4e siècle, sur la base des traditions orales, des récits attachés aux sanctuaires et aux tribus qui ont formé un ensemble pas très homogène, mais linguistiquement proche.

« Les livres historiques » Josué, Juges Samuel et Rois sont utiles à la fin de la royauté, quand les Perses vont régir l’administration de la région, et Jérusalem devient le « centre spirituel » des Hébreux, héritiers des nomades vivant entre la Syrie et l’Egypte.

L’intérêt de ces « histoires » c’est leur vertu pédagogique : Elles paraissent au moment où, dit-on, le peuple juif se recompose et réorganise le culte du Temple.

Les histoires de l’Arche de l’Alliance évoquent le passé lointain du nomadisme qui ne se pratique plus. Les territoires ont été partagés entre les « familles » devenues « tribus ». Son contenu même a quitté les « tables de la Loi » pour entrer dans les « paroles » dont on fait mémoire.

Il est question des « sages-juges » d’autrefois, plus modestes que les rois contemporains. Il est question des « Rois d’Israël et de Juda » à commencer par Saül, David et Salomon dont le modèle culturel sera les Omrides qui lui succéderont deux siècles plus tard. Les rois ne sont que des hommes avec leurs qualités et leurs défauts, les « combats des chefs » ont servi à répartir les territoires. Tout cela, c’est du passé, il faut regarder vers l’avenir.

Une des grandes figures de ce passé est le « Juge-Prophète » Samuel que nous allons suivre dans le premier livre qui porte son nom.

1 Samuel 1 : 1-19

« Dis Maman, pourquoi les rois ne sont pas des Superhéros ? »

Cela pourrait être la question que se posait un enfant d »Hébron au 5e siècle av JC, alors qu’il n’y avait plus de roi depuis -586…

Et son père aurait pu répondre « il était une fois à l’époque des Juges un saint homme au sanctuaire de Silo (…) qui finalement a consacré Saül le premier roi : Le saint homme s’appelait Samuel et il était un grand prophète… »

« Oui mais il venait d’où, et comment savait-on qu’il était un « prophète » ? »

« Je vais te raconter son histoire et sa naissance … » Et pour répondre à la demande avec pertinence, le narrateur va faire appel à ce qui répond le mieux à l’attente de ses auditeurs, à savoir aux récits mythologiques de naissance des « grandes figures symboliques » connues de la culture de l’époque. Le pharaon naît d’une vierge et de Dieu (Le pharaon précédent) La plupart des héros grecs sont dès leur naissance des personnages extraordinaires. Ils sont soit enfants d’un dieu et d’une mortelle comme Héraclès ou Achille, soit enfants d’un roi, comme ou Thésée. Le récit de la naissance de Moïse ressemble de près à la légende de la naissance de Sargon, roi légendaire, fondateur de l’Empire Assyrien. Certes, le thème de l’enfant exposé et miraculeusement sauvé est largement répandu dans le folklore (Romulus et Remus, Cyrus, Horus…); par exemple, le récit de la naissance de Sargon ressemble à celle de Moïse, sans oublier la naissance des fils d’Abraham dont la mère Sarah était stérile, et celle de Jésus de Nazareth, tous nés grâce à Dieu.

Encore faut-il le prouver: Les « gardiens de la religion » se méfient des personnes inspirée par des breuvages inappropriés… ou par des idées qui les mettent en défaut.

1 Samuel 1:20-28

Il est de première importance de souligner la légitimité de Samuel en en faisant un « élu » ou un

enfant né de l’intervention et porteur de l’inspiration divine. Il sera le garant et traducteur de cette volonté. En 587 Nebucadnetzar s’empare de Jérusalem et fait du Royaume de Juda une province de Babylone. Le temple est profané, on y célèbre des « dieux étrangers » comme autrefois dans le royaume de Samarie, et c’est la justification des défaites des héritiers de Moïse.

Pour éviter ça il faut respecter les rituels, les offrandes et holocaustes requis. Cela concerne en particulier les officiants des lieux saints qui se doivent d’être irréprochables, ce qui, à l’époque, était loin d’être le cas : Pour officier légalement, il fallait être formé et accrédité par le clergé local et par le pouvoir occupant. Le slalom spirituel devait être un sport éminemment stimulant intellectuellement et moralement. Si la tradition est respectée, si les responsables « consacrés » ne cèdent pas à la corruption, Dieu sauvera son peuple, comme il l’a déjà fait si souvent. Les fidèles (de l’époque) en sont la preuve. (« Let’s Israël be great again » Un argument qui ne trump pas !).

Si Samuel est obéissant, il sera le messager (du) divin.

1 Samuel 2 évoque les histoires connues : Quand le maître des lieux, Eli, ne contrôle pas ses enfants,et qu’ils se livrent à la corruption, à l’extorsion de fonds, et au détournement de biens sociaux, le châtiment divin s’abattra sur eux. La seule chance d’en sortir est la restauration de la loi et de l’ordre avec un nouveau gardien du temple.

En 538 Cyrus autorise le retour des juifs à Jérusalem et en 432 Esdras viendra rétablir la « LOI » au Temple de Jérusalem.

1 Samuel 3 : 1 – 4:1,

L’appel de Samuel est un récit obligé de tous les catéchismes : Un enfant appelé par Dieu, il y a de quoi faire rêver une grand-maman qui le voit déjà officier le dimanche matin !

Dieu appelle, ce n’est pas le gardien du Temple, héritier d’une dynastie corrompue. Non l’appel vient d’ « ailleurs ». Il vient de la souffrance du peuple qui patiente et subis les pressions de l’occupant et les méfaits de la corruption qui l’accompagne hier comme aujourd’hui. Samuel est appelé à faire le ménage à Silo, et ce ne sera pas sans crainte des représailles. Mais Eli est un brave prophète qui ne se fait pas d’illusion sur ses fils. Les Assyriens et les Babyloniens ont quelque peu dégradé les fonctions sacerdotales, même à Jérusalem. Les autres lieux saints sont disqualifiés pour cause de profanations – y compris Silo – Le Temple de Jérusalem pourrait un jour abriter l’Arche de l’Alliance (Ah bon, il n’y a que les grands prêtres qui le disent !). C’est la chance d’une restauration : C’est Dieu qui le veut, c’est raconté là, dans l’histoire de Samuel : On va y arriver : Il faut respecter les dix paroles des « Tables de la Loi » et c’est inscrit dans l’ADN du peuple, et le peuple ne se trompe jamais quand il se réfère à Dieu…

(Concept assez dangereux, hier comme aujourd’hui, d’où l’intérêt d’un tel livre.)

1 Samuel 4 et 5: Le châtiment de la dynastie d’Eli et les tribulations infligées par les Philistins

Avec ou sans la « Caisse de l’Alliance » le peuple s’est fait bousculer du Nord au Sud, c’est de notoriété historique et mémorielle. Les collines arides de Juda ont servi de refuge. La Samarie au Nord a été convoitée par les Égyptiens, puis par les Philistins dès le 11e siècle. Ils visaient ses ressources agricoles qui transitaient par les ports de la Méditerranée. Les Assyriens et les Babyloniens s’en sont mêlés avec la collaboration des tribus jalouses de la région. Les noms de lieux et les cités mentionnées dans le texte soit étaient désertées depuis longtemps ou pas encore réinvesties à l’époque racontée par les auteurs. La cité d’Hébron est le centre commercial entre l’Arabie l’Égypte et les ports Philistins de Tyr , Sidon, Ashdod et Ashkelon. L’ancêtre tutélaire d’Hébron va devenir le « père des patriarches » Abraham, qui devra bien s’entendre avec les autres figures des tribus de la région. Elles deviennent ses fils dans les récits de la Genèse : Les compromis économiques font les grandes familles.

1 Samuel 6 : 1 – 21

L’ « Arche de l’Alliance » est une sorte de patate chaude, un objet extrêmement encombrant qui rappelle les fondamentaux de l’humanité, donc divins. Si « les autres » ont gagné les batailles depuis pas mal d’années, c’est que nous n’avons pas été fidèles au contenu de l’arche.

Et si ceux qui le détiennent ont des problèmes, c’est qu’ils n’ont pas compris que son « fonctionnement » est exclusif de toute autre allégeance.

C’est le contenu significatif de l’Arche qui pose plus problème que sa réalité matérielle.

Le récit ici se veut encore une fois pédagogique : Au 5e et 4e siècle la situation a changé ce ne sont plus les mêmes qui habitent les villes et les villages. Les mêmes causes produisent les mêmes effets : Va-t-on se battre pour le droit et la justice ou pour le pouvoir sur les voisins, pour les circuits économiques ou pour la liberté de vivre en paix ?

1 Samuel 7: 1- 27 :la restauration d’un « peuple »

Les Philistins sont définitivement vaincus/assimilés par les Perses vers -530.

Entre -520 et – 515 Suite à l’édit de Cyrus les sacrifices reprennent à Jérusalem. Le temple va être reconstruit. Il faut donc le re-légitimer en y réinstallant « la Loi ». Tous les temple de l’époque contiennent des statues ou des symboles de divinités… on ne peut pas y échapper, sauf qu’ici l’expression de « YHWH », ce sont dix paroles qui n’ont plus besoin de support matériel. Il faut également éliminer les restes des Baals et Astartés, et des autres divinités comme Ashéra, la compagne de YHWH qui s’efface des références depuis un siècle.

L’observation et l’étude de la loi vont remplacer les sacrifices dans les communautés éloignées à Babylone, et à Éléphantine, en Egypte. La pratique ouvrira la voie de la spiritualité et de la pratique Synagogale après la destruction définitive du Temple par les Romains.

C’est la période féconde de la rédaction des textes « historiques » de Samuel et des Rois qui vont être « publiés » en -444 avec la proclamation de « la Loi » (les 5 livres de Moïse) par Esdras et renouvellement de l’alliance avec Dieu.

Il faut raconter qu’à l’époque, Samuel, messager de Dieu, « Juge Prophète » a été à l’origine de la défaite des Philistins. – Josué avait vaincu Jéricho, alors pour les Philistins c’est aussi une vieille histoire. Les villes citées en fin de chapitre n’existaient pas à l’époque attribuée à Samuel, par contre elles sont bien réelles au 4-5e siècle, donc l’auditeur du récit comprend le contexte politique. Les Perses ont pacifié la zone… et donc Samuel pourra faire annuellement le tour des sanctuaires où il n’y a plus de conflit ouvert et il s’installe à Rama (Le Hauts), environ 8km au nord de Jérusalem, donc pas au Temple ! – Aujourd’hui en bordure des territoires « palestiniens », le lieu n’est pas répertorié sur les cartes israéliennes… Samuel ne serait sans doute pas bienvenus à Jérusalem.

1 Samuel 8 : 1 -22 « Tu l’as voulu, tu l’as eu ! »

Du point de vue contemporain, c’est le chapitre le plus révélateur de la pertinence des écrits bibliques.

Il faut absolument rétablir la situation, explique le texte aux juifs du 4e siècle. Les Perses libèrent les habitants de la région : Il n’y a plus de rois, ni de juges dignes de ce nom ; Les meneurs sont Esdras et Néhémie, prophètes autoproclamés et défenseurs d’une orthodoxie plus exclusive. Le Temple est en restauration, les cérémonies réorganisées. La paix semble pouvoir durer jusqu’à l’arrivée des romains. Il faut trouver un autre « modus vivendi ».

L’expérience montre que même avec un Juge-Prophête éclairé comme Samuel, la dynastie sacerdotale n’a pas d’avenir. Ses fils sont comme ceux d’Eli sont « dévoyés par le lucre : Ils acceptent des cadeaux, ils firent dévier le droit » (8:3). (Abu Dhabi et le Kremlin ne sont pas si loin!). Donc le bon peuple – il est toujours « bon » – va demander un roi à Samuel, pour faire comme tout les autres peuples du voisinage : Avoir un « Porte Parole » pour s’identifier, quand c’est nécessaire.

La pression exercée autrefois par les Philistins fut telle, qu’elle semble en partie avoir été responsable de l’institution de la monarchie israélite.

(Le personnage littéraire de) Samuel se rend compte que l’Arche de l’Alliance ne fait plus le poids, car elle a été subtilisée au moment de la destruction du Temple. La « Crainte de Dieu » n’est plus un argument de management.

Le peuple veut un Roi pour faire des affaires. Quelqu’un qui a visiblement l’autorité qu’il peut faire respecter, contrairement à une « éthique fondamentale » impossible à enfermer dans un code civil ou religieux. (Il a commencé à se faire à Babylone mais n’aura jamais statut juridique civil.)

Et là Samuel, inspiré par le bon sens et par Dieu va leur faire LE discours qui devrait être répété à toutes les ouvertures de constituantes et à toutes les élections

Samuel a demandé à « Dieu » ce qu’il devait faire avec la demande du peuple.

1 Samuel 8:7 Le SEIGNEUR dit à Samuel : « Écoute la voix du peuple en tout ce qu’ils te diront. Ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi. Ils ne veulent plus que je règne sur eux. 8Maintenant donc, écoute leur voix. Mais ne manque pas de les avertir : apprends-leur comment gouvernera le roi qui régnera sur eux. »”

10 Samuel redit toutes les paroles du SEIGNEUR au peuple qui lui demandait un roi.

11 Il dit : « Voici comment gouvernera le roi qui régnera sur vous : il prendra vos fils pour les affecter à ses chars et à sa cavalerie, et ils courront devant son char.

12 Il les prendra pour s’en faire des chefs de millier et des chefs de cinquantaine, pour labourer son labour, pour moissonner sa moisson, pour fabriquer ses armes et ses harnais. 13 Il prendra vos filles comme parfumeuses, cuisinières et boulangères.

14 Il prendra vos champs, vos vignes et vos oliviers les meilleurs. Il les prendra et les donnera à ses serviteurs.

15 Il lèvera la dîme sur vos grains et sur vos vignes et la donnera à ses eunuques et à ses serviteurs. 16 Il prendra vos serviteurs et vos servantes, les meilleurs de vos jeunes gens et vos ânes pour les mettre à son service.

17 Il lèvera la dîme sur vos troupeaux. Vous-mêmes enfin, vous deviendrez ses esclaves. 18 Ce jour-là, vous crierez à cause de ce roi que vous vous serez choisi, mais, ce jour-là, le SEIGNEUR ne vous répondra point. »40

19 Mais le peuple refusa d’écouter la voix de Samuel. « Non, dirent-ils. C’est un roi que nous aurons. 20 Et nous serons, nous aussi, comme toutes les nations. Notre roi nous jugera, il sortira à notre tête et combattra nos combats. »

21 Samuel écouta toutes les paroles du peuple et les répéta aux oreilles du SEIGNEUR.

L’auteur du texte ne se fait aucune illusion, il a l’expérience de trois siècles de royautés calamiteuses, et donc il sait de quoi il parle.

Le peuple dit « Cause toujours on veut un roi » Samuel leur répondit « Vous l’aurez car Dieu dit : V.22 « Écoute leur voix et donne leur un roi »

Et Samuel les renvoya « foutez moi le camp !».

Le récit Biblique décrit leurs rois, qu’ils s’appellent Saül, David, Salomon et tous les autres.

Aujourd’hui « le peuple » élit Trump, Orban, Netanyahou, Erdogan ou Bolsonaro, ils sont de tous les temps, et agissent toujours de la même manière : Ils se font élire par le « bon peuple » qui a toujours raison… et voilà pourquoi on raconte cette histoire encore aujourd’hui.

Concrètement, et historiquement, ils n’ont plus eu de roi.

1 Bibliographie en fin de texte:Je n’invente rien et je me réfère à des études de théologiens ou d’archéologues respectés.

2« El » semble avoir été, à l’époque du bronze ancien (-2300 – 1600 av JC), une sorte de nom générique comme le terme « dieu » que nous entendons aujourd’hui, il se trouve dans les noms : Israël, Ismaël, Nathanael, Yoël, etc.

3« Elohim » est un pluriel « englobant » signifiant de manière « singulière » un « Dieux » acceptable par tous….C’est le « principe créateur originel »… Vous n’avez pas compris ? « C’est fait pour ! » mais il faut bien « faire avec » ! .

4Cf Cahier théologique du CBOV « Je Suis ?» dans les Evangiles qui mentionne le Nom de Dieu donné à Moïse.

5 Les oracles divins n’expliquent plus la marche du monde, l’observation des astres, les mathématiques et l’expérimentation sont plus surs.

6 rédigé au 1er sècle, dans le meilleur grec du 2e testament

7« Dieu dit que la lumière soit, et la lumière fut » > tout le poème de la création.

8 Actes 17:16-34

9 la perception de Dieu ou ce qu’ils entendent par Dieu et son action.

10 la foi du centenier est particulière : Il croit surtout à la hiérarchie militaire et à l’autorité des chefs… et pour lui, Jésus est un « chef » en son genre.

11Ici le mot « dieu » traduit « Elohim » le terme employé aussi en Genèse 1 (voir note 2) Mais pas l’Eloim de Raéliens.

12 En ce qui concerne le premier testament, la version grecque dite « des 70 » emploie le mot « Théos » au sens générique et particulier pour désigner le « Dieu d’Abraham, Isaac et Jacob », un « dieu créateur » hellénistique.

13Dans la Bible. Il est l’un des fils d’Abraham et de sa concubine Ketourah, Les récits ne sont pas « historiques » mais portent la trace de l’évolution des habitants la région.

14(en égyptien ancien Ousirmaâtrê Setepenrê, Ramessou Meryamon), né aux alentours de -1304 et mort à Pi-Ramsès vers -1213

15C’est l’histoire de Moïse dont il n’y a aucune trace archéologique ne en Egypte ni dans les royaumes voisins. La naissance et l’enfance du Roi Sargon -2350 est sans doute à l’origine de la légende du panier enduit de bitume : Il n’y a pas de bitume en Egypte !

16 référence à ce fameux Logos

17« Hachem (Adonaï) Eloeka » ou « Je suis ton El » El étant une des identités de la divinité dans le premier testament.

18 C’est la rose, aussi !

19« On achève bien les hommes » Denoël, 2005

20Vous avez dit « Big Bang » ?

21« On a pas mérité ça !» « Les disciples posèrent cette question :à Jésus « Rabbi, qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents ? »Jean 9:2

22 Défini ,,, encore faudrait-il s’entendre sur les définitions !

23Un établissement dirigé par les Dominicains à Jérusalem près de la Porte de Damas.

24Matthieu 23:13 « Malheureux êtes-vous, scribes et Pharisiens hypocrites, vous qui fermez devant les hommes l’entrée du Royaume des cieux ! Vous-mêmes en effet n’y entrez pas, et vous ne laissez pas entrer ceux qui le voudraient ! »

25Matthieu 13:2 De grandes foules se rassemblèrent près de lui, si bien qu’il monta dans une barque où il s’assit ; toute la foule se tenait sur le rivage.

26Il était berger et originaire de Tekoa près de Jérusalem, dans le royaume de Juda. Il prophétisa sous les règnes de Jéroboam II, roi d’Israël et d’Ozias, roi de Juda (c’est-à-dire v. 750 av. J.C.), contre les riches et les puissants, hypocritement dévots ou idolâtres affichés.

27Genès 32 : 29 Jacob lui demanda : « De grâce, indique-moi ton nom. » — « Et pourquoi, dit-il, me demandes-tu mon nom ? » Là-même, il le bénit. 30 Jacob appela ce lieu Peniel-c’est-à-dire Face-de-Dieu-car « j’ai vu Dieu face à face et ma vie a été sauve ».

28Jean 14:6.

29Jean 8:12

30Jésus se révèle ainsi dans l’Evangile de Jean:  » Je suis le pain de vie  » (6,35) ;  » Je suis la lumière du monde  » (8,12) ;  » Je suis la porte  » (10,9) ;  » Je suis le bon berger  » (10,11.14) ;  » Je suis la résurrection  » (11,25) ;  » Je suis le chemin, la vérité et la vie  » (14,6), etc.

31Je ne comprend pas l’idée de « l’adoration de la croix » : Peut-on « au nom de la république » adorer la guillotine ?

32La communauté Anglicane américaine. J.S Spong a été collègue de François Bovon prof à la Fac de Théologie de Harward à Boston.

33Cf bibliographie en fin de document.

34Et donc on va se tourner vers le bouddhisme, le chamanisme … ou l’islam (boum, c’est la suite du judéochristianisme)

35Anne Buloz article a été publié dans : Le quotidien fribourgeois La Liberté et le quotidien genevois Le Courrier le samedi 7 mai 2011.

36Ils connaissaient un peu. Ils étaient accompagnés par le pasteur Daniel Attinger, de la Communauté de Bose, résident de longue date à Jérusalem et bibliothécaire à Ste Anne.

37Théologie = Discours sur Dieu.

38 Y compris le jour du repos … ce n’est pas rien !

39 Il est un dominicain, Il enseigne à l’Ecole Biblique de Jérusalem C’est un spécialiste reconnu de l’histoire du judaïsme et du christianisme entre les 2e siècle avant JC et le 2e après.

40 Le v. 18 préfigure les « Gilets Jaunes » de l’automne 2018