Dieu, sans aucun doute, mais lequel ?

Dieu, après tout, ou avant rien ?

Le pasteur Etienne Guilloud a relevé au cours de notre discussion dans l’équipe théologique du CBOV que mon expression dubitative – c’est le moins qu’on puisse dire – à propos du terme « Dieu » avait troublé les jeunes participants à l’équipe de préparation du CBOV . En résumé la question est la suivante :

  • Comment peut-on être un théologien ( au CBOV)   et ne pas

  • croire en « Dieu » ?1

Nous nous en sommes expliqués et nous sommes tombés d’accord qu’il ne s’agit pas d’une confession d’athéisme, mais d’une compréhension des textes de la Bible qui nous fait utiliser le « mot valise » Dieu d’une manière qui traduit étymologiquement et culturellement depuis l’époque grecque, les concepts des auteurs et philosophes classiques. Un « divin » qui est radicalement différent de la perception Judéo-Mosaïque.

Comme le terme biblique « YHWH » est imprononçable, et intraduisible, pour des raisons de convenances on a dit que c’était « comme » Zeus, le dieu supérieur de la Grèce antique. Donc quand on ne l’appelle pas « EL»2., « Eloïm » ou « EL SHADDAÏ » le tout puissant, voir « LE SEIGNEUR » comme le fait la TOB pour « YHWH » que les juifs appellent « Adonaï », on l’appelle Dieu et c’est de là que vient une confusion qui me fait dire que je ne crois pas en ce « Dieu » là !

Le mot « Dieu » se rattache à une source indo-européenne : “Dei”, qui était utilisée par les anciens européens pour exprimer la lumière du soleil, et d’autres phénomènes lumineux observés dans le ciel. On peut dire que, étymologiquement, “Dei” signifiait et signifie toujours : “lumière dans le ciel”.

 Les Romains ont adopté, sous le nom de Jupiter, le “Zeus” des Grecs. Ce nom – celui du dieu suprême dans la mythologie grecque – “Zeus” se prononçait “Zeous”, ce qui a donné “Deus” ( prononciation latine: “De-ous” ). Et, c’est de cette racine “Di” en français, le mot “Dieu” a pris naissance à partir du latin “Deus” 

Avec ce mot “Dieu” on est donc très loin d’une traduction honnête du mot “Elohim”3, premier terme de la Genèse.

Le Dieu « culturel » qui accompagne le quotidien, celui qui nous « vient en aide » pour « faire la pluie et le beau temps », pour « gagner au Loto », pour retrouver notre parapluie, pour repousser l’échéance d’une facture ou nous faire réussir un examen, c’est le Zeus classique celui qui vient en aide à Ulysse, à Agamemnon, à Antigone.

Il est aussi « clandestin » dans les textes de la Bible qui datent de la période Perse et hellénistique, dès le 5e siècle av. JC, c’est ce Dieu-Zeus qui fait tourner la terre, arrêter le soleil et les Philistins, ouvrir la mer et « culbuter chevaux et cavaliers ».

Il convient de lui faire des offrandes, qu’il soit « Veau d’OR » ou au dessus des « Autels de sacrifices » cela ne change rien, « Dieu » reste le frère de Zeus, de Baal, d’Astarte, de Zoroastre et cie. Pour ne rester que dans la tradition biblique4.

Qui croire, en qui croire, comment croire,

qui le sait, et comment le dire ?

Il y a deux manières d’aborder la question : Accepter la (con)fusion philosophico étymologique, avec l’adhésion religieuse à la tradition thomiste (de St Thomas) et des philosophes chrétiens. Ils se sont évertués a organiser la dogmatique contraignante de l’EGLISE institution, qui laisse à Dieu par exemple de décider quand l’eucharistie sera universellement reconnue  : « C’est impossible (interdit) pour les hommes d’en décider » On attend donc « un coup de tonnerre » cataclysmique sur … allez au hasard, Le Vatican ! (C’est plein d’hommes, avec des robes!)

Deuxième possibilité : chercher dans les textes de la tradition du judaïsme le «  » traduit par YHWH, le « Nom Interdit » au « nom » duquel Jésus de Nazareth a été crucifié. Les Juifs disent « Hachem » = Le Nom sans préciser.

Première manière, la plus populaire pour ne pas dire traditionnelle

y compris dans nos églises, quelles que soient leurs dénominations :

Nous remontons le temps et nous essayons de comprendre l’intention des auteurs de nos « textes sacrés » et en plus « Bibliques » (voir « coraniques »). Ils sont, faut-il le rappeler, le fruit de traditions multiples et de couches rédactionnelles complexes développées sur une période qui se compte sans doute en siècles. Mais dont la rédaction finale, celle qui nous intéresse se fait, (à la louche) au 5e siècle av. JC. Et considérons l’environnement culturel des auteurs bibliques. Depuis la dynastie des Omrides, le Royaume d’Israël est en « relations d’affaires » avec tout le bassin méditerranéen : La présence des divinités « étrangères » dans les sanctuaires locaux sont autant de relais pour les marchands et les voyageurs. Les élites de la région, prophètes, sages, juges religieux sont influencés par les idées qui circulent avec les marchandises.

La religion « populaire », héritière de l’animisme primitif, répond aux questions courantes de la pluie et du beau temps et de l’humeur de la tribu. Elle est et reste largement respectée, adaptée, acclimatée par ceux qui « savent » mages, magiciens, devins et interprètes des « choses d’en haut » ou celles « d’en bas ». C’est le fond de commerce de toutes les religions qui deviennent des institutions … mêmes divines !

Donner un nom à la divinité avec un lieu, et une fonction permet d’en contrôler ses « oracles » et ses fidèles.

Si le début de la philosophie est envisagé au début du VIe siècle. Les premiers philosophes sont des physiciens, ils réfléchissent sur la physis = la nature : de quoi sommes nous constitués5 ?

Il faut noter que le Ve siècle méditerranéen est marqué par l’apogée philosophique de la Grèce. Platon et Socrate en sont les principaux acteurs. Cette situation est particulièrement vraie lorsqu’on se penche sur l’histoire d’Athènes, c’est en effet là que se concentrent savoir, sciences et richesses. C’est là, à l’âge d’or de la Grèce, qu’apparaît une forme de réflexion nouvelle, l’étude du logos « La Parole » ou « le verbe » qui dit le monde et son usage.

Nous en retrouvons la trace en ouverture de l’Evangile de Jean6 : « Au commencement était la Parole (Logos) , et la Parole était auprès de Dieu (Théos), et la Parole était Dieu ». Jean 1:1 « Et le Verbe s’est fait chair et il a planté sa tente parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité ». Jean 1 :14

Ici appliqué à Jésus de Nazareth.

Le « logos » parole/verbe est la base même de « la communication » c’est le « message » qui « donne le sens ». En hébreu l’équivalent même la fonction créatrice.7

Pour les philosophes grecs, les cosmogonies (Mythologies) deviennent des histoires symboliques qui traduisent des comportements et des attitudes. Zeus est invoqué, mais tout le monde ne lui accorde pas la même crédibilité. Il devient « Dieu » un concept originel, joyeusement illustré et père de famille nombreuse, sans pour autant pouvoir faire avancer « le Schmilblick ».

Paul de Tarse « missionnaire » va se trouver confronté aux « philosophes d’Athènes » qu’il prend par erreur pour des adeptes croyant à la mythologie Olympienne8. Il fait référence au « dieu inconnu » dont il a aperçu un autel en allant les rencontrer. Eux se posent la question de la matière des choses, de l’arrangement des atomes, de la pertinence de la vision, de la perception des sons, et du mouvement des étoiles… Alors l’histoire d’un type qui revient du séjour des morts, même juif, ils ont compris : l’Hadès et Charon font de jolies histoires pour Epidaure et son théâtre ! Paul va se réfugier à Corinthe pour se familiariser avec la culture grecque pendant trois ans, heureusement pour nous !

Il y a donc deux manières de prendre la question de Qui est / qu’est-ce qui est « Dieu » avec le matériel littéraire à disposition du 5e siècle av.JC. Nous avons suivi dans les paragraphes précédents la voie « sacerdotale » celle qui va privilégier le sanctuaire de Jérusalem avec son fonctionnement « mis à jour » grâce aux Perses. La compréhension de la présence et de l’efficacité de Dieu-Zeus, est inspirée de la pensée hellénistique (sans doute aussi apportée par les philistins absorbés par la culture locale). Dieu va devenir « celui qui voit tout depuis la voûte céleste » qui contrôle la bonne marche des humains et les conduits à la « vie éternelle » dans le meilleur des cas. Le clergé sera le garant de la bonne marche du système, ouvrant ou fermant les portes du paradis « Au nom du Dieu Tout Puissant » Amen.

Pour retrouver ses clés, c’est St Antoine !

Pour être clair, vous savez que Jésus comprend la foi9 de ses interlocuteur sans la mettre en doute et en accepte toutes les variantes :

« Jésus lui dit alors Mc 5, 34: « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. » . Jésus, prenant la parole, lui dit: Mc 10:51 « Que veux-tu que je te fasse? Rabbouni, lui répondit l’aveugle, que je recouvre la vue. 52Et Jésus lui dit: Va, ta foi t’a sauvé. Aussitôt il recouvra la vue, et suivit Jésus dans le chemin ». , Puis Jésus dit au centenier: Mt 8:13 Va, qu’il te soit fait selon ta foi. Et à l’heure même le serviteur fut guéri. Etc.10

En ce qui me concerne, je n’ai aucun problème avec la foi de ceux avec qui je vis, si cette foi leur permet de « bien vivre », et d’être « libre » pour prendre les décisions du quotidien comme celles qui impliquent la communauté humaine, autrement dit la « politique » au sens noble du terme.

L’autre possibilité de l’alternative,

et c’est celle que va privilégier Jésus de Nazareth,

La première fois où la question du nom de « ??? » se pose, se trouve dans le livre de lExode 3 : 13 – 14
… 
« Moïse dit à Dieu11: J’irai donc vers les enfants d’Israël, et je leur dirai: Le Dieu de vos pères m’envoie vers vous. Mais, s’ils me demandent quel est son nom, que leur répondrai-je? Dieu dit à Moïse: Je suis celui qui suis. » Et il ajouta: « C’est ainsi que tu répondras aux enfants d’Israël: Celui qui s’appelle « je suis » m’a envoyé vers vous.

…Voilà mon nom pour l’éternité, voilà mon nom de génération en génération. »

« Eyeh asher Eieh » l’intraduisible formulation hébraïque qui continue d’embarrasser tous les religieux « du Livre ». C’est le nom de celui qui a formulé les « Dix Paroles »

« Ashem »= « le nom » en hébreu qui devient ce que les juifs peuvent prononcer à la place du mot « Dieu », dont nous avons vu qu’il s’élance de L’Olympe comme un terme générique qui plane sur toutes nos discussions.

« Nom de Nom » est un juron, que d’autres expriment par « De Dieu de Dieu »…

« Tu ne prononceras pas « le nom » en vain » est une des « dix Paroles ».

Pour un lecteur/auditeur francophone il faut dire : « Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain »…

Avant d’aller plus loin, je ne me prononcerai pas – par incompétence – sur les diverses théories des sources «  Deutéronomistes », « Elohistes »,« Yahvistes », « Sacerdotales » etc, qui sont certainement pertinentes pour dater, situer, mettre en perspective tel ou tel passage du Premier Testament. Ce n’est pas question de « foi » mais de recherche linguistique fondamentale sur les origines multiples d’un texte que nous pouvons lire en traduction et interprétation dans nos bibles12.

Je vous propose de suivre les besoins d’une partie de ceux que nous considérons comme les « anciens » du Judaïsme, les « nomades » qui pérégrinaient au moyen orient au « début de leurs histoires » qu’elles soient Abrahamique ou Mosaïque.

Nous lisons dans la Bible que les relations entre sédentaires et nomades ont toujours été problématiques voir conflictuelles. En particulier autour de l’utilisation des ressources en eau, des puits, des sources et des citernes. Les sédentaires ont en outre des lieux sacrés, monticules, autels ou sanctuaires, habités par des divinités tutélaires, généralement assez concrètes pour en faire des statues ou des représentations visibles.

Les nomades circulent avec leurs troupeaux entre les territoires, et s’invitent sur les aires de pâtures ou de culture des sédentaires, payant tribut ou allégeance, éventuellement en libérant l’accès en combattant.

Ces groupes familiaux élargis adoptent parfois – par mariage – la vénération de divinités adoptées qu’ils vont installer provisoirement avec d’autres, profitant d’un autel sacrificiel momentanément libre ou accueilant.

Les archéologues ont relevé que la densité des populations de Galilée, et encore plus des montagnes de Juda a été fluctuante : Les villages occupés à certaines époques sont désertés à d’autres, et cela pendant des dizaines d’années, voir un siècle ou deux. Les pressions climatiques ou militaires touchant les uns et pas les autres ont permis à des nomades de se sédentariser. Des sédentaires ont été forcés au nomadisme : Les pérégrinations d’Abraham n’ont pas toujours été volontaires à ce que nous en savons.

Akhénaton, le Pharaon qui règne entre -1355/-1353 à -1338/-1337 avait essayé de réformer la religion égyptienne, en instituant un dieu soleil unique, visible, aveuglant et inaltérable, avec un succès qui s’éteindra avec Toutankaton devenu Toutânkhamon (né vers -1345, mort vers -1327) les religieux d’autrefois ayant repris le pouvoir sur le jeune souverain. L’idée d’une divinité originelle extérieure parcourant le ciel et déterminant les saisons, les pluies, le chaud et le froid, et éclairant la surface de la terre avait quelque chose qui a certainement survécu chez quelques groupes, comme Jethro13 le prêtre de Madian chez qui Moïse s’est réfugié en fuyant l’Egypte…

Des hébreux localement employés pour la construction de Pithom et Pi-Ramses à l’époque de Ramsès 214 auraient quitté les chantiers et se seraient enfuis dans le Sinaï15. Il ne s’agit pas de tout un peuple, mais certainement de groupes qui partagent la même langue, et les mêmes coutumes que les nomades qu’ils vont rejoindre dans les zones de transhumances entre l’Égypte et le Mont Liban.

Ces nomades en déshérence n’ont pas d’attache religieuse et leurs dévotions les porteraient plus volontiers vers une divinité « comme les autres ». Problème : Ils n’ont pas de lieu où l’installer et là où ils sont aujourd’hui sera sans doute abandonné demain : On n’abandonne pas les dieux n’importe où… tout de même !

Le récit de l’exode va nous donner une piste intéressante : « Moïse » (si on veut) leader charismatique va faire une proposition qu’il va attribuer à « Dieux » Dix « paroles »16 qui sont autant de directives pour vivre en famille, en société, avec ses voisins, et en paix avec soi-même.

Nous savons par le récit biblique que cela ne fut pas facile à accepter : Les traditionalistes préférant un « Veau d’Or » plus bling-bling vis à vis des voisins, mais aussi plus lourd et convoitable par les ennemis.

L’avantage des « dix Paroles » c’est leur immatérialité : Apprises par cœur, on ne les oublie pas. Impossible à dérober, chacun peut les faire siennes et s’y référer pour prendre ses décisions.

Oui mais : Les humains sont ainsi faits qu’ils ont besoin de « voir » pour croire, de manifester leur adhésion par des cérémonies, comme des offrandes, voir des sacrifices. Impossible de faire un sacrifice pour des « Paroles » a moins qu’elles soient

visibles d’une manière ou d’une autre ; car dit une des dix paroles :
3 Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. 4Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. 5Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l’Eternel, ton Dieu17, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent,… Exode 20:3-5

L’astuce, comme compromis, sera d’écrire ces « Dix Paroles » sur des tablettes, d’argile ou de pierre, de les placer dans un coffre décoré finalement assez somptueusement – on ne lésine pas avec « Dieux », et on va développer un sanctuaire de camping pliable et transportable au gré des déplacements. Pour le monter et le démonter, des spécialistes vont être désignés, de la tribu de Lévi. Des sacrificateurs seront élus pour offrir des holocaustes sur les autels « officiels » près desquels on aura dressé la tente. Ainsi tout rentre dans l’ordre. Le pouvoir est toujours à prendre, rarement à partager.

Déjà à l’époque, « le sage montre le soleil, et l’imbécile regarde le doigt » L’important18, c’est le signifiant des « dix Paroles », pas les dix assemblages de mots écrits, ni leur support, aussi précieux soit il.

Le sociologue Dany Robert Dufour19 relève dans une étude qui aborde le développement de l’humanité sous l’angle des besoins initiaux de l’enfant pas terminé à la naissance, remarque que comme l’instinct de survie commun à tous les êtres vivants, on trouve sous toutes les latitudes des règles de « vie en commun » qui sont proches des « dix Paroles » attribuées à Moïse.

Implicitement, il vaut mieux s’entendre avec ses parents, ne pas tuer son voisin, nous pouvons avoir besoin de lui. Il ne faut pas le voler, pour qu’il n’exerce pas de rétorsion. Il vaut mieux ne pas piquer la compagne de ton frère, il serait en droit de t’en vouloir ! Etc. En cas de danger provoqué par le non respect de ces « conseils » le « sauve qui peut » conserve la vie.

Être vivant est le plus sûr moyen de le rester.

Pour ce sociologue athée le paradoxe est évident : les « dix Paroles » sont la seule « preuve de l’existence de Dieu » comme une sorte de trace dans l’ADN de l’humanité, témoignage articulé du vivant original et véritable « souffle de vie » au sens donné par les textes de la Bible20.

Quel sens donner maintenant à ce qui est nommé « Dieu ». ?

Nous avons traversé les textes de la tradition judéo-chrétienne. Nous avons tenté d’identifier ce qui relève du « Deus-Théos-Zeus » cette divinité qui réalise nos prières les plus incongrues par l’effet magique de formules, de liturgies, d’offrandes. Il nous récompense si nous sommes « sages » et veillant sur chacun de nous, il nous fait subir le châtiment que nous méritons en cas de rébeillon, consciemment ou pas.21

Nous avons parcouru la Palestine et nos lieux de cultes avec l’Arche de l’Alliance,

quelques reliques, et des tabernacles. Nous avons constaté que leur gestion relève plus de l’exercice du pouvoir que du discernement charitable, avec des exceptions bien sûr. Les rois sont des humains comme les prophètes.

Nous avons entrevus « Je suis » comme source de vie, et communicateur de principes essentiels de vie. Nous avons approché de la « lumière » dont Jésus dit qu’elle est aussi « la vie », comme « le chemin » ou « La Vérité ».

Quand on demande à Jésus « Quel est le premier de tous les commandements ? »

29 Jésus répondit : « Le premier, c’est : Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur ; 30 tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force.

31 Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là. » Marc 12:28-31

Quand nous lisons la description du berger qui sélectionne ses animaux Mt 25:31-46 nous savons que « la pratique » de la foi n’a rien à voir avec les jérémiades religieuses, mais essentiellement avec l’exercice de la charité.

C’est la mise en pratique des « Dix Paroles » comme le souligne l’histoire de l’homme riche qui demande : « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? »

17 Jésus lui dit : « Pourquoi m’interroges-tu sur le bon ? Unique est celui qui est bon. Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements. » 18 « Lesquels ? » lui dit-il. Jésus répondit : « Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne voleras pas. Tu ne porteras pas de faux témoignage. 19 Honore ton père et ta mère. Enfin : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » 20 Le jeune homme lui dit : « Tout cela, je l’ai observé. Que me manque-t-il encore ? » 21 Jésus lui dit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi ! » Mt 19:16 – 21

Croire ou savoir ?

Il faut maintenant aborder la question de la « fidélité » au « message de Jésus de Nazareth », autrement dit à ce qui et couramment défini comme « l’EVANGILE »22

L’Ecole Biblique de Jérusalem23 et Etienne Nodet ont abondamment décrit le milieu contestataire du judaïsme puis du judéo-christianisme. La domination des Pharisiens sur les Lois et Rituels liés au Temple est de notoriété biblique24 Les dissidents se retrouvaient en dehors des agglomérations, le long des rivières, au bord de la Mer Morte ou de Tibériade où Jésus les rejoignait pour les encourager25 : Cette foule ne supportait plus le pouvoir exercé par les « gardiens du Temple » qui, par exemple, forçaient les fidèles à faire des offrandes payées avec l’argent du temple, différent de la monnaie romaine en usage en dehors. Le Temple était même contesté, ayant été reconstruit par Hérode l’Asmonéen, qui n’était pas dans la lignée Davidique.

La contestation du symbole le plus important de l’identité judaïque n’était pas nouvelle au temps de Jésus, le Prophète Amos26 n’est pas tendre non plus avec les élites qui gouvernaient à l’époque :

« Je déteste, je méprise vos pèlerinages, je ne puis sentir vos rassemblements, 22 quand vous faites monter vers moi des holocaustes ; et dans vos offrandes, rien qui me plaise ; votre sacrifice de bêtes grasses, j’en détourne les yeux ; 23 éloigne de moi le brouhaha de tes cantiques, le jeu de tes harpes, je ne peux pas l’entendre. 24 Mais que le droit jaillisse comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable ! » Amos 5 :21 ¶

Il faut revenir aux commencements, même les plus complexes, de l’irruption des « dix Paroles ».

  • Il y a l’interdiction de donner un nom ou de représenter la divinité qui en est à l’origine.

  • Il y a la réponse à la question « Qui es-tu ? » qui n’a pas été donnée à Jacob lors de son « Combat avec l’Ange »27

  • Mais surtout la question posée par Moïse, et dont la réponse consiste en un « JE SUIS » : Une forme permanente impossible à traduire, mais qui identifie celui qui énonce les « Dix Paroles ».

  • Enfin il y a toutes les occasions où Jésus exprime qui est celui qu’il incarne :

« JE SUIS » le chemin, la vérité et la vie28, « JE SUIS » la lumière du monde29

et en d’autres occasions où il n’est pas certain qu’il parle de lui même, mais de ce qu’il incarne et qui lui sera reconnu par les théologiens.30

Le verbe (logos) « être » à la, première personne identifie celui qui parle … S’il est « programmé » avec les « Dix Paroles » il agira en conséquence, et cela sera à ses risques et périls, comme Jésus de Nazareth l’a démontré avec sa fin atroce.31

– Si c’est une question de foi = croyance, alors on peut en négocier personnellement l’intensité.

  • Si cela relève du « savoir », c’est une évidence qui est extérieure à moi. Je peux adhérer ou pas, mais elle est objectivement discernable dans les textes, comme j’ai essayé de le montrer, et dans l’expérience de nombreux compagnons en charité et « contemporains » de Jésus de Nazareth au cours des siècles, qui se sont affirmés debout « JE SUIS » en mettant en pratique les « Dix Paroles ».

Dans la culture du début du 21e siècle, de l’informatique et des communications, de la physique Quantique, de la relativité générale, et peut-être de l’intelligence artificielle,

les « dogmes » dérivés de la lecture de la Bible jusqu’au 20e siècle ne résistent pas à l’expérience du quotidien de la plupart d’entre nous.

Dans cette même culture, les thèmes et Histoires Saintes de la Bible trouvent un sens nouveau dans une lecture ouverte qui entend la voix des anciens, et en fait le meilleur usage dans le cadre de sa propre compréhension : Prières, méditations communes, louanges etc. Pour vivre librement et heureux. L’absolution est une pratique qui libère, à condition qu’elle n’asservisse pas le pêcheur repenti !

Nous ne devons pas oublier que dans la besace que trimbale le christianisme qui a succédé au judaïsme, les vierges des sources, les troncs sacrés des Celtes, les grottes au carrefour des méridiens magnétiques et les Calendes Grecques, la fête du Solstice et celles des récoltes ont été phagocytées et baptisées puisqu’on ne pouvait en éradiquer la vénération. Tout ce qui vous aide à vivre est sacré, tout ce qui entrave votre vie est contraire au « logos » …

Evêque épiscopalien32 de Newark près de New York jusqu’en 2000, John Shelby Spong, disait – et écrivait- que les trois premières affirmations du Notre Père étaient absurdes et ne correspondaient plus à rien :

Notre Père : Cette image n’a pas de sens depuis que nous savons que génétiquement nous n’avons pas d’ancêtre singulier ou commun.

Qui est… C’est une affirmation qui n’a pas de sens sinon pour ceux qui souhaitent le croire, mais c’est vraiment très relatif : Personne n’en sait rien.

Aux Cieux… Là il n’y a plus de doute, entre les galaxies les plus lointaines, et au plus profond des « Trous Noirs », il n’y a rien ni personne pour pouvoir seulement avoir l’air d’être « Dieu ».

Cependant, ajoute l’évêque, dans la liturgie, dans un groupe, avec un ami, je prononce le « Notre-Père » je me constitue solidaire fraternellement de ceux qui avec moi, expriment cette relation. Si « Dieu » n’est pas dans les cieux, il est là au cœur de la vie fraternelle, de ceux qui la partagent à ce moment33 puisqu’ils ont le même « père ».

Il n’est donc pas question de dire « Nous avons été abusés par ceux qui nous ont fait croire aux histoires de la Bible » et donc la religion chrétienne n’a pas de sens !34

Les institutions chrétiennes, toutes églises confondues, ont eu à cœur de copier, recopier et nous transmettre les textes bibliques, dont ils connaissaient la valeur du « Logos » qu’ils contenaient. Nous devons être reconnaissants à tous les croyants de quelque orientation que ce soit, qui se sont mis au service des institutions pour lire, relire, désosser, analyser les textes de la bible et des contemporains (de toutes les époques!) Nous devons beaucoup au Siècle des Lumières, aux philosophes de la renaissance, à Spinoza, juif et perspicace, qui avait compris de quoi il retournait, et à Nietzsche qui nous a dit que Dieu ne se portait pas très bien, comme l’a confirmé J.A.T Robinson dans son livre sur la « mort de Dieu » en 1964.

En 2007 le pasteur hollandais Klaas Hendrikse publiait : Croire en un Dieu qui n’existe pas. Manifeste d’un pasteur athée. 40 000 exemplaires vendus aux Pays-Bas. Un succès inattendu pour un ouvrage de théologie : « Je l’ai écrit pour lancer le débat. Dans les Églises, les gens sont tous assis, regardant dans la même direction et écoutant la même personne. Je propose un modèle qui préfigurerait l’Église du futur. Il faut que ce soit une discussion, un échange d’expériences. »35

Enfin, et pour arriver à une conclusion « ouverte » je rappellerai cette rencontre entre des pasteurs suisses en recyclage à Jérusalem, et accueilli par un rabbin qui n’avait pas peur de rencontrer des « goys » qui connaissaient36 la Bible. Un des participants posait une question en s’adressant au Rabbin comme à un « collègue théologien ».

Le rabbin l’a vertement corrigé : Il n’était pas « théologien » car il n’y a pas de théologie37 possible en considérant une divinité dont on ne sait rien, dont nous ne connaissons pas le nom, par ailleurs interdit. Il n’existe pas au sens commun du terme, Il est impossible à déterminer ou à définir. Toute proposition à son propos serait démentie par son contraire : Puissant, il est impuissant, Grand, il est petit, accueillant, il est sourd. « Tout puissant » il a depuis longtemps prouvé son impuissance.

Présent, il ne cesse d’être absent. Tonitruant, il s’est tu à Auschwitz.

Le rabbin a expliqué que nous pouvons à loisir exprimer la position et les réflexions des hommes sur leurs relations avec « Dieu ». Ce sera toujours une relation partielle et partiale. De « Dieu » on ne peut rien dire. Mais les hommes et les femmes peuvent le percevoir quand il se manifeste, toujours incognito et par surprise là où personne ne l’attendait. Le rabbin avait terminé par la boutade banale en Israël :

« Dieu n’existe pas et nous sommes son peuple ! »

Au début des dictionnaires automatiques dans les traitements de textes informatiques, lorsque vous tapiez « dieu » le programme vous proposait systématiquement « vieux »… jusqu’au jour où vos l’inscriviez dans votre dico perso.

Nous ne pouvons que constater que les questions de « dieu » et de « la religion » sont plus problématique aujourd’hui dans un contexte des revendications d’une laïcité

pure et dure : Pour les tenants d’une laïcité fondamentaliste il semble que « Dieu » a une très grande importance si nous considérons les moyens qu’ils mettent en œuvre pour le mettre de côté.

Pour la majorité des européens de traditions judéo-chrétiennes, La religion et Dieu sont le cadet de ses soucis, tant qu’on n’en a pas besoin « pour marquer le coup » ou les étapes d’une vie.

En résumé, avant le « Big Bang » il n’y avait rien, ni temps, ni espace, ni personne.

La Bible raconte la création en sept jours38 par le « verbe » de Dieu…

« Dieu » serait-il « la Parole » avant « les Paroles »

Les dix en sont la trace…

C’est tout ce que je sais,

Mais je crois que je peux le partager avec toi …

Bernard van Baalen, le 4 décembre 2018

Bibliographie :

Essai sur les origines du judaïsme de Josué aux Pharisiens,

Étienne Nodet39 Collection Les Études annexes de la Bible de J. 304 pages – avril 1992.

A New Christianity for a New World

J.S Spong, HarpersSanfrancisco, 2002.

Honest to God.

John A. T. Robinson, traduit en français : Dieu sans Dieu. Paris,

Nouvelles Editions Latines, 1964, 188 p.

La Bible dévoilée

Les nouvelles révélations de l’archéologie
[The Bible unearthed] Israël Finkelstein, Neil Asher Silberman

Trad. de l’anglais par Patrice Ghirardi

Collection Folio histoire (n° 127),Bayard 2002, Gallimard 2004

Croire en un Dieu qui n’existe pas. Manifeste d’un pasteur athée,

Klaas Hendrikse, Editions Labor et Fides, 2011, 232 pages

L’idée de Dieu chez les hébreux nomades.

Une monolâtrie sur fond de polydémonisme
Daniel Faivre, L’Harmattan 1996.

On achève bien les hommes:

De quelques conséquences actuelles et futures de la mort de Dieu

Dany Robert Dufour, Denoël 2005


Bibliographie :

Essai sur les origines du judaïsme de Josué aux Pharisiens,

Étienne Nodet39 Collection Les Études annexes de la Bible de J. 304 pages – avril 1992.

A New Christianity for a New World

J.S Spong, HarpersSanfrancisco, 2002.

Honest to God.

John A. T. Robinson, traduit en français : Dieu sans Dieu. Paris,

Nouvelles Editions Latines, 1964, 188 p.

La Bible dévoilée

Les nouvelles révélations de l’archéologie
[The Bible unearthed] Israël Finkelstein, Neil Asher Silberman

Trad. de l’anglais par Patrice Ghirardi

Collection Folio histoire (n° 127),Bayard 2002, Gallimard 2004

Croire en un Dieu qui n’existe pas. Manifeste d’un pasteur athée,

Klaas Hendrikse, Editions Labor et Fides, 2011, 232 pages

L’idée de Dieu chez les hébreux nomades.

Une monolâtrie sur fond de polydémonisme
Daniel Faivre, L’Harmattan 1996.

On achève bien les hommes:

De quelques conséquences actuelles et futures de la mort de Dieu

Dany Robert Dufour, Denoël 2005

Implication pratique de la lecture de la bible

comme témoignage d’expériences vécues.

Dans la première partie de cette proposition d’interprétation du mot « dieu » j’ai essayé d’examiner les besoins des populations qui ont porté ces textes jusqu’à nos jours, en les situant dans leurs contextes historiques et culturels.

En préparant le thème de la « Vocation de Samuel » pour le camp Biblique Oecuménique 2019 à Vaumarcus, nous abordons plus spécifiquement les « livres historiques » qui racontent les situations vécues par le peuple hébreu depuis « les Prophêtes » jusqu’à la fin de la Royauté.

Le texte est assemblé entre le 5e et le 4e siècle, sur la base des traditions orales, des récits attachés aux sanctuaires et aux tribus qui ont formé un ensemble pas très homogène, mais linguistiquement proche.

« Les livres historiques » Josué, Juges Samuel et Rois sont utiles à la fin de la royauté, quand les Perses vont régir l’administration de la région, et Jérusalem devient le « centre spirituel » des Hébreux, héritiers des nomades vivant entre la Syrie et l’Egypte.

L’intérêt de ces « histoires » c’est leur vertu pédagogique : Elles paraissent au moment où, dit-on, le peuple juif se recompose et réorganise le culte du Temple.

Les histoires de l’Arche de l’Alliance évoquent le passé lointain du nomadisme qui ne se pratique plus. Les territoires ont été partagés entre les « familles » devenues « tribus ». Son contenu même a quitté les « tables de la Loi » pour entrer dans les « paroles » dont on fait mémoire.

Il est question des « sages-juges » d’autrefois, plus modestes que les rois contemporains. Il est question des « Rois d’Israël et de Juda » à commencer par Saül, David et Salomon dont le modèle culturel sera les Omrides qui lui succéderont deux siècles plus tard. Les rois ne sont que des hommes avec leurs qualités et leurs défauts, les « combats des chefs » ont servi à répartir les territoires. Tout cela, c’est du passé, il faut regarder vers l’avenir.

Une des grandes figures de ce passé est le « Juge-Prophète » Samuel que nous allons suivre dans le premier livre qui porte son nom.

1 Samuel 1 : 1-19

« Dis Maman, pourquoi les rois ne sont pas des Superhéros ? »

Cela pourrait être la question que se posait un enfant d »Hébron au 5e siècle av JC, alors qu’il n’y avait plus de roi depuis -586…

Et son père aurait pu répondre « il était une fois à l’époque des Juges un saint homme au sanctuaire de Silo (…) qui finalement a consacré Saül le premier roi : Le saint homme s’appelait Samuel et il était un grand prophète… »

« Oui mais il venait d’où, et comment savait-on qu’il était un « prophète » ? »

« Je vais te raconter son histoire et sa naissance … » Et pour répondre à la demande avec pertinence, le narrateur va faire appel à ce qui répond le mieux à l’attente de ses auditeurs, à savoir aux récits mythologiques de naissance des « grandes figures symboliques » connues de la culture de l’époque. Le pharaon naît d’une vierge et de Dieu (Le pharaon précédent) La plupart des héros grecs sont dès leur naissance des personnages extraordinaires. Ils sont soit enfants d’un dieu et d’une mortelle comme Héraclès ou Achille, soit enfants d’un roi, comme ou Thésée. Le récit de la naissance de Moïse ressemble de près à la légende de la naissance de Sargon, roi légendaire, fondateur de l’Empire Assyrien. Certes, le thème de l’enfant exposé et miraculeusement sauvé est largement répandu dans le folklore (Romulus et Remus, Cyrus, Horus…); par exemple, le récit de la naissance de Sargon ressemble à celle de Moïse, sans oublier la naissance des fils d’Abraham dont la mère Sarah était stérile, et celle de Jésus de Nazareth, tous nés grâce à Dieu.

Encore faut-il le prouver: Les « gardiens de la religion » se méfient des personnes inspirée par des breuvages inappropriés… ou par des idées qui les mettent en défaut.

1 Samuel 1:20-28

Il est de première importance de souligner la légitimité de Samuel en en faisant un « élu » ou un

enfant né de l’intervention et porteur de l’inspiration divine. Il sera le garant et traducteur de cette volonté. En 587 Nebucadnetzar s’empare de Jérusalem et fait du Royaume de Juda une province de Babylone. Le temple est profané, on y célèbre des « dieux étrangers » comme autrefois dans le royaume de Samarie, et c’est la justification des défaites des héritiers de Moïse.

Pour éviter ça il faut respecter les rituels, les offrandes et holocaustes requis. Cela concerne en particulier les officiants des lieux saints qui se doivent d’être irréprochables, ce qui, à l’époque, était loin d’être le cas : Pour officier légalement, il fallait être formé et accrédité par le clergé local et par le pouvoir occupant. Le slalom spirituel devait être un sport éminemment stimulant intellectuellement et moralement. Si la tradition est respectée, si les responsables « consacrés » ne cèdent pas à la corruption, Dieu sauvera son peuple, comme il l’a déjà fait si souvent. Les fidèles (de l’époque) en sont la preuve. (« Let’s Israël be great again » Un argument qui ne trump pas !).

Si Samuel est obéissant, il sera le messager (du) divin.

1 Samuel 2 évoque les histoires connues : Quand le maître des lieux, Eli, ne contrôle pas ses enfants,et qu’ils se livrent à la corruption, à l’extorsion de fonds, et au détournement de biens sociaux, le châtiment divin s’abattra sur eux. La seule chance d’en sortir est la restauration de la loi et de l’ordre avec un nouveau gardien du temple.

En 538 Cyrus autorise le retour des juifs à Jérusalem et en 432 Esdras viendra rétablir la « LOI » au Temple de Jérusalem.

1 Samuel 3 : 1 – 4:1,

L’appel de Samuel est un récit obligé de tous les catéchismes : Un enfant appelé par Dieu, il y a de quoi faire rêver une grand-maman qui le voit déjà officier le dimanche matin !

Dieu appelle, ce n’est pas le gardien du Temple, héritier d’une dynastie corrompue. Non l’appel vient d’ « ailleurs ». Il vient de la souffrance du peuple qui patiente et subis les pressions de l’occupant et les méfaits de la corruption qui l’accompagne hier comme aujourd’hui. Samuel est appelé à faire le ménage à Silo, et ce ne sera pas sans crainte des représailles. Mais Eli est un brave prophète qui ne se fait pas d’illusion sur ses fils. Les Assyriens et les Babyloniens ont quelque peu dégradé les fonctions sacerdotales, même à Jérusalem. Les autres lieux saints sont disqualifiés pour cause de profanations – y compris Silo – Le Temple de Jérusalem pourrait un jour abriter l’Arche de l’Alliance (Ah bon, il n’y a que les grands prêtres qui le disent !). C’est la chance d’une restauration : C’est Dieu qui le veut, c’est raconté là, dans l’histoire de Samuel : On va y arriver : Il faut respecter les dix paroles des « Tables de la Loi » et c’est inscrit dans l’ADN du peuple, et le peuple ne se trompe jamais quand il se réfère à Dieu…

(Concept assez dangereux, hier comme aujourd’hui, d’où l’intérêt d’un tel livre.)

1 Samuel 4 et 5: Le châtiment de la dynastie d’Eli et les tribulations infligées par les Philistins

Avec ou sans la « Caisse de l’Alliance » le peuple s’est fait bousculer du Nord au Sud, c’est de notoriété historique et mémorielle. Les collines arides de Juda ont servi de refuge. La Samarie au Nord a été convoitée par les Égyptiens, puis par les Philistins dès le 11e siècle. Ils visaient ses ressources agricoles qui transitaient par les ports de la Méditerranée. Les Assyriens et les Babyloniens s’en sont mêlés avec la collaboration des tribus jalouses de la région. Les noms de lieux et les cités mentionnées dans le texte soit étaient désertées depuis longtemps ou pas encore réinvesties à l’époque racontée par les auteurs. La cité d’Hébron est le centre commercial entre l’Arabie l’Égypte et les ports Philistins de Tyr , Sidon, Ashdod et Ashkelon. L’ancêtre tutélaire d’Hébron va devenir le « père des patriarches » Abraham, qui devra bien s’entendre avec les autres figures des tribus de la région. Elles deviennent ses fils dans les récits de la Genèse : Les compromis économiques font les grandes familles.

1 Samuel 6 : 1 – 21

L’ « Arche de l’Alliance » est une sorte de patate chaude, un objet extrêmement encombrant qui rappelle les fondamentaux de l’humanité, donc divins. Si « les autres » ont gagné les batailles depuis pas mal d’années, c’est que nous n’avons pas été fidèles au contenu de l’arche.

Et si ceux qui le détiennent ont des problèmes, c’est qu’ils n’ont pas compris que son « fonctionnement » est exclusif de toute autre allégeance.

C’est le contenu significatif de l’Arche qui pose plus problème que sa réalité matérielle.

Le récit ici se veut encore une fois pédagogique : Au 5e et 4e siècle la situation a changé ce ne sont plus les mêmes qui habitent les villes et les villages. Les mêmes causes produisent les mêmes effets : Va-t-on se battre pour le droit et la justice ou pour le pouvoir sur les voisins, pour les circuits économiques ou pour la liberté de vivre en paix ?

1 Samuel 7: 1- 27 :la restauration d’un « peuple »

Les Philistins sont définitivement vaincus/assimilés par les Perses vers -530.

Entre -520 et – 515 Suite à l’édit de Cyrus les sacrifices reprennent à Jérusalem. Le temple va être reconstruit. Il faut donc le re-légitimer en y réinstallant « la Loi ». Tous les temple de l’époque contiennent des statues ou des symboles de divinités… on ne peut pas y échapper, sauf qu’ici l’expression de « YHWH », ce sont dix paroles qui n’ont plus besoin de support matériel. Il faut également éliminer les restes des Baals et Astartés, et des autres divinités comme Ashéra, la compagne de YHWH qui s’efface des références depuis un siècle.

L’observation et l’étude de la loi vont remplacer les sacrifices dans les communautés éloignées à Babylone, et à Éléphantine, en Egypte. La pratique ouvrira la voie de la spiritualité et de la pratique Synagogale après la destruction définitive du Temple par les Romains.

C’est la période féconde de la rédaction des textes « historiques » de Samuel et des Rois qui vont être « publiés » en -444 avec la proclamation de « la Loi » (les 5 livres de Moïse) par Esdras et renouvellement de l’alliance avec Dieu.

Il faut raconter qu’à l’époque, Samuel, messager de Dieu, « Juge Prophète » a été à l’origine de la défaite des Philistins. – Josué avait vaincu Jéricho, alors pour les Philistins c’est aussi une vieille histoire. Les villes citées en fin de chapitre n’existaient pas à l’époque attribuée à Samuel, par contre elles sont bien réelles au 4-5e siècle, donc l’auditeur du récit comprend le contexte politique. Les Perses ont pacifié la zone… et donc Samuel pourra faire annuellement le tour des sanctuaires où il n’y a plus de conflit ouvert et il s’installe à Rama (Le Hauts), environ 8km au nord de Jérusalem, donc pas au Temple ! – Aujourd’hui en bordure des territoires « palestiniens », le lieu n’est pas répertorié sur les cartes israéliennes… Samuel ne serait sans doute pas bienvenus à Jérusalem.

1 Samuel 8 : 1 -22 « Tu l’as voulu, tu l’as eu ! »

Du point de vue contemporain, c’est le chapitre le plus révélateur de la pertinence des écrits bibliques.

Il faut absolument rétablir la situation, explique le texte aux juifs du 4e siècle. Les Perses libèrent les habitants de la région : Il n’y a plus de rois, ni de juges dignes de ce nom ; Les meneurs sont Esdras et Néhémie, prophètes autoproclamés et défenseurs d’une orthodoxie plus exclusive. Le Temple est en restauration, les cérémonies réorganisées. La paix semble pouvoir durer jusqu’à l’arrivée des romains. Il faut trouver un autre « modus vivendi ».

L’expérience montre que même avec un Juge-Prophête éclairé comme Samuel, la dynastie sacerdotale n’a pas d’avenir. Ses fils sont comme ceux d’Eli sont « dévoyés par le lucre : Ils acceptent des cadeaux, ils firent dévier le droit » (8:3). (Abu Dhabi et le Kremlin ne sont pas si loin!). Donc le bon peuple – il est toujours « bon » – va demander un roi à Samuel, pour faire comme tout les autres peuples du voisinage : Avoir un « Porte Parole » pour s’identifier, quand c’est nécessaire.

La pression exercée autrefois par les Philistins fut telle, qu’elle semble en partie avoir été responsable de l’institution de la monarchie israélite.

(Le personnage littéraire de) Samuel se rend compte que l’Arche de l’Alliance ne fait plus le poids, car elle a été subtilisée au moment de la destruction du Temple. La « Crainte de Dieu » n’est plus un argument de management.

Le peuple veut un Roi pour faire des affaires. Quelqu’un qui a visiblement l’autorité qu’il peut faire respecter, contrairement à une « éthique fondamentale » impossible à enfermer dans un code civil ou religieux. (Il a commencé à se faire à Babylone mais n’aura jamais statut juridique civil.)

Et là Samuel, inspiré par le bon sens et par Dieu va leur faire LE discours qui devrait être répété à toutes les ouvertures de constituantes et à toutes les élections

Samuel a demandé à « Dieu » ce qu’il devait faire avec la demande du peuple.

1 Samuel 8:7 Le SEIGNEUR dit à Samuel : « Écoute la voix du peuple en tout ce qu’ils te diront. Ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi. Ils ne veulent plus que je règne sur eux. 8Maintenant donc, écoute leur voix. Mais ne manque pas de les avertir : apprends-leur comment gouvernera le roi qui régnera sur eux. »”

10 Samuel redit toutes les paroles du SEIGNEUR au peuple qui lui demandait un roi.

11 Il dit : « Voici comment gouvernera le roi qui régnera sur vous : il prendra vos fils pour les affecter à ses chars et à sa cavalerie, et ils courront devant son char.

12 Il les prendra pour s’en faire des chefs de millier et des chefs de cinquantaine, pour labourer son labour, pour moissonner sa moisson, pour fabriquer ses armes et ses harnais. 13 Il prendra vos filles comme parfumeuses, cuisinières et boulangères.

14 Il prendra vos champs, vos vignes et vos oliviers les meilleurs. Il les prendra et les donnera à ses serviteurs.

15 Il lèvera la dîme sur vos grains et sur vos vignes et la donnera à ses eunuques et à ses serviteurs. 16 Il prendra vos serviteurs et vos servantes, les meilleurs de vos jeunes gens et vos ânes pour les mettre à son service.

17 Il lèvera la dîme sur vos troupeaux. Vous-mêmes enfin, vous deviendrez ses esclaves. 18 Ce jour-là, vous crierez à cause de ce roi que vous vous serez choisi, mais, ce jour-là, le SEIGNEUR ne vous répondra point. »40

19 Mais le peuple refusa d’écouter la voix de Samuel. « Non, dirent-ils. C’est un roi que nous aurons. 20 Et nous serons, nous aussi, comme toutes les nations. Notre roi nous jugera, il sortira à notre tête et combattra nos combats. »

21 Samuel écouta toutes les paroles du peuple et les répéta aux oreilles du SEIGNEUR.

L’auteur du texte ne se fait aucune illusion, il a l’expérience de trois siècles de royautés calamiteuses, et donc il sait de quoi il parle.

Le peuple dit « Cause toujours on veut un roi » Samuel leur répondit « Vous l’aurez car Dieu dit : V.22 « Écoute leur voix et donne leur un roi »

Et Samuel les renvoya « foutez moi le camp !».

Le récit Biblique décrit leurs rois, qu’ils s’appellent Saül, David, Salomon et tous les autres.

Aujourd’hui « le peuple » élit Trump, Orban, Netanyahou, Erdogan ou Bolsonaro, ils sont de tous les temps, et agissent toujours de la même manière : Ils se font élire par le « bon peuple » qui a toujours raison… et voilà pourquoi on raconte cette histoire encore aujourd’hui.

Concrètement, et historiquement, ils n’ont plus eu de roi.

1 Bibliographie en fin de texte:Je n’invente rien et je me réfère à des études de théologiens ou d’archéologues respectés.

2« El » semble avoir été, à l’époque du bronze ancien (-2300 – 1600 av JC), une sorte de nom générique comme le terme « dieu » que nous entendons aujourd’hui, il se trouve dans les noms : Israël, Ismaël, Nathanael, Yoël, etc.

3« Elohim » est un pluriel « englobant » signifiant de manière « singulière » un « Dieux » acceptable par tous….C’est le « principe créateur originel »… Vous n’avez pas compris ? « C’est fait pour ! » mais il faut bien « faire avec » ! .

4Cf Cahier théologique du CBOV « Je Suis ?» dans les Evangiles qui mentionne le Nom de Dieu donné à Moïse.

5 Les oracles divins n’expliquent plus la marche du monde, l’observation des astres, les mathématiques et l’expérimentation sont plus surs.

6 rédigé au 1er sècle, dans le meilleur grec du 2e testament

7« Dieu dit que la lumière soit, et la lumière fut » > tout le poème de la création.

8 Actes 17:16-34

9 la perception de Dieu ou ce qu’ils entendent par Dieu et son action.

10 la foi du centenier est particulière : Il croit surtout à la hiérarchie militaire et à l’autorité des chefs… et pour lui, Jésus est un « chef » en son genre.

11Ici le mot « dieu » traduit « Elohim » le terme employé aussi en Genèse 1 (voir note 2) Mais pas l’Eloim de Raéliens.

12 En ce qui concerne le premier testament, la version grecque dite « des 70 » emploie le mot « Théos » au sens générique et particulier pour désigner le « Dieu d’Abraham, Isaac et Jacob », un « dieu créateur » hellénistique.

13Dans la Bible. Il est l’un des fils d’Abraham et de sa concubine Ketourah, Les récits ne sont pas « historiques » mais portent la trace de l’évolution des habitants la région.

14(en égyptien ancien Ousirmaâtrê Setepenrê, Ramessou Meryamon), né aux alentours de -1304 et mort à Pi-Ramsès vers -1213

15C’est l’histoire de Moïse dont il n’y a aucune trace archéologique ne en Egypte ni dans les royaumes voisins. La naissance et l’enfance du Roi Sargon -2350 est sans doute à l’origine de la légende du panier enduit de bitume : Il n’y a pas de bitume en Egypte !

16 référence à ce fameux Logos

17« Hachem (Adonaï) Eloeka » ou « Je suis ton El » El étant une des identités de la divinité dans le premier testament.

18 C’est la rose, aussi !

19« On achève bien les hommes » Denoël, 2005

20Vous avez dit « Big Bang » ?

21« On a pas mérité ça !» « Les disciples posèrent cette question :à Jésus « Rabbi, qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents ? »Jean 9:2

22 Défini ,,, encore faudrait-il s’entendre sur les définitions !

23Un établissement dirigé par les Dominicains à Jérusalem près de la Porte de Damas.

24Matthieu 23:13 « Malheureux êtes-vous, scribes et Pharisiens hypocrites, vous qui fermez devant les hommes l’entrée du Royaume des cieux ! Vous-mêmes en effet n’y entrez pas, et vous ne laissez pas entrer ceux qui le voudraient ! »

25Matthieu 13:2 De grandes foules se rassemblèrent près de lui, si bien qu’il monta dans une barque où il s’assit ; toute la foule se tenait sur le rivage.

26Il était berger et originaire de Tekoa près de Jérusalem, dans le royaume de Juda. Il prophétisa sous les règnes de Jéroboam II, roi d’Israël et d’Ozias, roi de Juda (c’est-à-dire v. 750 av. J.C.), contre les riches et les puissants, hypocritement dévots ou idolâtres affichés.

27Genès 32 : 29 Jacob lui demanda : « De grâce, indique-moi ton nom. » — « Et pourquoi, dit-il, me demandes-tu mon nom ? » Là-même, il le bénit. 30 Jacob appela ce lieu Peniel-c’est-à-dire Face-de-Dieu-car « j’ai vu Dieu face à face et ma vie a été sauve ».

28Jean 14:6.

29Jean 8:12

30Jésus se révèle ainsi dans l’Evangile de Jean:  » Je suis le pain de vie  » (6,35) ;  » Je suis la lumière du monde  » (8,12) ;  » Je suis la porte  » (10,9) ;  » Je suis le bon berger  » (10,11.14) ;  » Je suis la résurrection  » (11,25) ;  » Je suis le chemin, la vérité et la vie  » (14,6), etc.

31Je ne comprend pas l’idée de « l’adoration de la croix » : Peut-on « au nom de la république » adorer la guillotine ?

32La communauté Anglicane américaine. J.S Spong a été collègue de François Bovon prof à la Fac de Théologie de Harward à Boston.

33Cf bibliographie en fin de document.

34Et donc on va se tourner vers le bouddhisme, le chamanisme … ou l’islam (boum, c’est la suite du judéochristianisme)

35Anne Buloz article a été publié dans : Le quotidien fribourgeois La Liberté et le quotidien genevois Le Courrier le samedi 7 mai 2011.

36Ils connaissaient un peu. Ils étaient accompagnés par le pasteur Daniel Attinger, de la Communauté de Bose, résident de longue date à Jérusalem et bibliothécaire à Ste Anne.

37Théologie = Discours sur Dieu.

38 Y compris le jour du repos … ce n’est pas rien !

39 Il est un dominicain, Il enseigne à l’Ecole Biblique de Jérusalem C’est un spécialiste reconnu de l’histoire du judaïsme et du christianisme entre les 2e siècle avant JC et le 2e après.

40 Le v. 18 préfigure les « Gilets Jaunes » de l’automne 2018

Et alors, c’est pas l’Apocalypse qui me fait peur !

Pour moi la « Bible » n’est pas « Parole de D.ieu » – mais je n’ai rien contre un avis différent – dans la mesure où la tradition juive m’a appris qu’il est impossible de dire quoi que ce soit sur D.ieu sans le trahir: Il reste inaccessible, innommable, inqualifiable, inimaginable…

Par contre, j’aime chercher ce que les humains ont essayé de dire en racontant leurs tribulations intellectuelles et parfois violentes, avec cette idée qu’entre la vie et la mort, nous avons assez de temps pour nous inventer des comportements et des bonnes raisons de les avoir pour survivre. Donc toutes sortes de bonnes raisons pour Inventer D.ieu.

Le choix des «  Animaux de l’Apocalypse » est stimulant pour les représentations artistiques qui sortiront de l’atelier de gravure, mais plus complexe pour clarifier ce que la présence de ce zoo fantastique fait dans ce livre qui a eu de la peine à entrer dans le canon des écritures…

Pour les lecteurs attentifs de la Bible, à la suite du monument de Charles Brutsch1, du commentaire de Pierre Prigent2 et de l’approche de Daniel Attinger3, dernier publié, que pouvons-nous dire d’autre que … ces animaux n’ont aucune importance en eux mêmes. Ils sont interchangeables, et nous pouvons les affubler de toutes sortes d’oripeaux, de têtes, de couronnes et de queues pour en deviner les sens cachés. Nous ne serons jamais les auditeurs du 1er ou du second siècle, pour identifier avec amusement les élucubrations de ce Jean dont tout le monde sait qu’il n’est pas celui qu’il prétend être, à part de Patmos… une île dont le vignoble est déjà renommé.

Mais prenons ce passage – un autre aurait aussi bien convenu – mais celui-ci se termine aussi par une phrase qui a fait couler beaucoup d’encre.

Apocalypse 14. 11Alors je vis monter de la terre une autre bête. Elle avait deux cornes comme un agneau4, mais elle parlait comme un dragon.

12Tout le pouvoir de la première bête, (Décrite dans le chapitre précédent) elle l’exerce sous son regard. Elle fait adorer par la terre et ses habitants la première bête dont la plaie mortelle a été guérie. 13 Elle accomplit de grands prodiges, jusqu’à faire descendre du ciel, aux yeux de tous, un feu sur la terre.

14 Elle séduit les habitants de la terre par les prodiges qu’il lui est donné d’accomplir sous le regard de la bête. Elle les incite à dresser une image en l’honneur de la bête qui porte la blessure du glaive et qui a repris vie.

15 Il lui fut donné d’animer l’image de la bête, de sorte qu’elle ait même la parole et fasse mettre à mort quiconque n’adorerait pas l’image de la bête.

16 A tous, petits et grands, riches et pauvres, hommes libres et esclaves, elle impose une marque sur la main droite ou sur le front.

17Et nul ne pourra acheter ou vendre, s’il ne porte la marque, le nom de la bête ou le chiffre de son nom.

18C’est le moment d’avoir du discernement. Que celui qui a de l’intelligence interprète le chiffre de la bête, car c’est un chiffre d’homme : et son chiffre est six cent soixante-six.

Inutile de chercher le numéro de portable de la bête : Nous savons que c’est un chiffre d’homme, et pas d’une entité évanescente magique ou divine : Qui fait la bête fait l’homme et vice versa5.

Ce qui paraît évident, depuis les lettres aux églises au début de l’Apocalypse, jusqu’à la descente de la Jérusalem Céleste, et ce que relève assez simplement Daniel Attinger6, c’est que Jésus de Nazareth est au centre de ce texte, qu’il est porté par l’ÊGISE (majuscule). Elle est ballottée par toutes les vicissitudes offertes par l’humanité, dans ses aspirations au pouvoir et les recours à la corruption. L’auteur de l’apocalypse décrit assez bien tous les travers de la politique et de l’économie, de la spiritualité débridée et de la magie si pratique pour vous faire prendre des vessies pour des lanternes, afin d’éclairer les lendemains, qui chantent des cantiques, même parfois, encore aujourd’hui, en Latin…7

Que signifie être croyant ? Les limites du formalisme fondamentaliste.

Si comme le laisse croire certains courants religieux, les rituels sont les conditions du salut : la burqa, la barbe, la tonsure, le rabat, la liturgie, les autels, les bougies et par dessus tout les yeux fermés et les mains jointes pour ne pas risquer de se rendre compte que tout change. En fait, chacun fait comme il peut : Nous ne nous compromettons pas trop, comme le soulignait le Père Beaupère:: « L’unité – Le Royaume ? – ne se réalisera pas grâce à nos efforts, mais quand le Christ le voudra ». En attendant, la Croix-Rouge, Médecins sans Frontière, L’Eper, l’action de Carême, comme d’autres, courent les risques que nous finançons par quelques clics de nos smartphones … quand même.8

La monétisation de la nature, comme y parvient Monsanto, y compris de la nature humaine, ne vous permettra jamais de profiter des richesses amassées, une fois vos cendres répandues dans le « jardin du Souvenir ». Vos héritiers n’y trouveront sans doute pas plus qu’un bonheur fugace sous l’œil d’un cyclone dévastateur comme la queue d’un serpent.

Les traités de sociologie, de gestion institutionnelles, de politique internationale sont toujours passionnants et/ou consternants à lire : Les pensées profondes des « coaches » ou des candidats aux plus hautes fonctions vont toujours s’échouer sur les écueils de l’amour propre, du besoin de s’affirmer, d’avoir raison contre la raison. Ils espèrent passer pour le plus fort à la tribune de la fête nationale, ou le lit de leur(s) maîtresse(s).

Pour l’auteur de l’Apocalypse, les animaux règlent les comptes des malades incapables ou « fainéants » qui nous gouvernent, élus politiques ou de Conseils d’Administration, de multinationales ou de gangs agro alimentaires. Il nous rappelle que finalement, ils se seront tous bouffés entre eux, aussi puissants qu’ils sont. Leurs statues d’or ou de plomb seront recyclées pour les plus grand bien de tous … Bon c’est pas demain la veille, il faudra attendre un peu… mais c’est en respectant les dix paroles et en allant comme Jésus de Nazareth jusqu’au bout de leurs conséquences qu’adviendra la Nouvelle Jérusalem.

Si la référence à Jésus de Nazareth est au centre de votre réflexion, comme le navigateur de votre action, votre bonheur sera assuré, car il a dit « JE SUIS9 » (est) le chemin, la vérité et la vie. Le reste n’est que chimère et langue de bois.

L’apocalypse serait donc un traité d’éthique comportementale, politique et sociale, destiné à inspirer les humains et les sociétés, dans le respect mutuel et la charité, la vérité et la solidarité. Faute de quoi les bestioles les plus terrifiantes vous magneront crus ou cuits. Nous ne sommes pas loin des contes de Perrault / Grimm, comme l’a montré Bruno Bettelheim10. Ce n’est pas Machiavel, mais qui veut la fin se donne les moyens : Tout le monde peut lire l’Apocalypse et en bénéficier, à condition d’user de la clé la plus simple : Il n’y a pas de mystère, juste de l’imagination ! 11

En situant le religieux – ce qui relie la communauté – à l’intérieur du concept de laïcité, il perd de son impact absolu et n’est plus une béquille de l’existence pour les handicapés de l’évolution… – vous avez dit « opium du peuple »?

En fait, ce n’était peut-être pas nécessaire d’écrire l’apocalypse, mais quel talent pour se faire vibrer le soir au coin du feu, et avoir peur en sachant qu’on ne risque pas grand chose..

1Charles Brutsch, « La clarté de l’Apocalypse » Labor et Fidès,5e édition 1966, 505 p.

2Pierre Prigent « L’apocalypse de Jean » Delachaux et Niestlé 1981, 382 p.

3Daniel Attinger,« L’apocalypse de Jean , à la rencontre du Christ dévoilé » Éditions Ouverture, 2005. 121p.

4Comme les faux Jésus de Nazareth ou messies dont il faut reconnaître le masque

5C’est la correspondance habituelle qui utilise les lettres hébraïques pour désigner les empereurs de Rome

6 Pasteur, co fondateur de la communauté de Bose

7 J’ai aimé l’identification de la « femme enceinte » avec sa couronne de douze étoiles, que les théologiens ont si souvent identifié à Marie (L’europénne). Mais les exégètes, plus souvent les non romains, identifient plutôt l’Eglise, qui met au monde l’agneau immolé … dont le sang va « laver » l’âme des pêcheurs : Tous ceux qui ont essuyé les genoux d’un enfant avec un mouchoir savent que le sang n’est pas vraiment à la hauteur d’Ariel pour laver plus blanc ! Oups Merci Calgon !

8Karl Barth paraphrasant Charles Péguy ( Le kantisme a les mains pures ; par malheur, il n’a pas de mains. ) disait que des chrétiens qui ne s’engagent pas gardent les mains propres … le problème est qu’ils n’ont pas de mains.

9« Eyeh asher Eyeh », traduit comme vous voudrez pour résumer « JE SUIS »

10Bruno Bettelheim , « Psychanalyse des contes de fée ». 1976

11Voir les tableaux de Breughel dans le « Jugement dernier en procès » André Herren, Ed Payot 2011

D.ieu aurait-il offert son fils en sacrifice pour le salut du monde ?

REFORMES Mars 2018

le journal des églises de Suisses Romande aborde le sens du sacrifice chrétien.

Pouvez-vous imaginer un père qui condamne son fils à être exécuté par le moyen le plus infamant pour l’opinion publique ?

Nous entendons souvent : « Il fallait que le Christ soit sacrifié pour notre salut »… Ben non, fallait pas. Et cependant, il faut expliquer les circonstances de ces expressions dans le contexte culturel de l’époque.

Le « Message de Bonnes Nouvelles » c’est que le « Royaume de D.ieu » est annoncé : Avec l’observation des « Dix Paroles » de « la Loi » données à Moïse sur le Mt Sinaï, de nouvelles conditions socio-politiques sont possibles.

Au cours de sa vie, Jésus a proposé des interprétations de ces principes : Dans le sermon sur la Montagne, le conseil au « Jeune Homme Riche ». En rappelant que « trois choses demeurent : La foi, l’espérance et la charité, mais la plus importante est la charité ».

La Foi : Croire à « la Bonne Nouvelle », l’Espérance : faire en sorte que cela arrive, La Charité : Appliquer la « loi » avec amour et discernement.

Exemple : La femme adultère qui ne sera pas lapidée. Il mange avec tout le monde, il critique les religieux dogmatiques.

Toutes ces prises de position sont dangereuses, et mettent les puissants et les « bien pensants » en positions scabreuses à cause de leurs multiples compromissions.

Mais comment « valider » la « Parole de D.ieu » portée par Jésus ?

Vivant il avait une notoriété évidente, mort il fallait la maintenir.

Pour être reconnu « Messie ». il faut que Jésus de Nazareth soit engendré par D.ieu et par une vierge. C’était le mode de naissance des Pharaons et des demi-dieux de l’Olympe. Jésus de Nazareth (après sa mort) est reconnu comme « Fils de D.ieu » … il le prétendait comme vous et moi de son vivant.

La mort de Jésus légitime sa volonté de ne pas transiger avec la vérité, la liberté et la charité : Il a tenu jusqu’au bout en sachant les risques qu’il encourait : La mort. C’est une décision personnelle qui est attestée dans sa prière au Jardin des Oliviers : Si c’était possible de l’éviter, ce serait mieux ! En ce sens, il nous montre l’exemple, et donc, en effet il agit en notre faveur, mais aucunement pour nous « laver de nos péchés », juste pour nous donner le courage de résister à la tentation.

A l’époque de l’élaboration de la Théologie chrétienne au 1er siècle, l’objectif était de nous libérer de l’angoisse de la mort, de lutter contre les discriminations et de l’arbitraire des religieux. Il fallait aussi surmonter les idées gnostiques et magiques qui en découlaient.

Au cours du 1er siècle, les disciples ont du trouver les mots et les références culturelles pour faire passer le « Messager de la Bonne Nouvelle ». Ils ont donc eu recours à l’image du sacrifice pascal et du bouc émissaire, en activant le rituel du Seder/Repas pascal « institué par Jésus », pour garder sa mémoire. Dans le rituel Jésus devient « l’Agneau  offert en rémission des péchés » dont il est aussi question dans l’Apocalypse. De victime, il devient offrande salvatrice, belle promotion.

Là encore D.ieu est supposé être à l’origine du déroulement des événements, lui qui sait mon destin dès ma conception.(ps.22:11 & Heb 2:6-10) Une notion de la divinité plus proche de Zeus que de YHVH du judaïsme, un œcuménisme qui apparaît déjà dans les psaumes (ps.144)

Alors, dire qu’il faut que Jésus meurt pour nous sauver, avec une absolution à la clé, revient à dire aujourd’hui qu’il faut les morts de la Ghouta de Damas pour que Poutine reste président. Il faut des sacrifices de collégiens pour que Trump soit réélu. Il faut que les femmes aient 18% de revenus en moins que les hommes pour la paix des ménages économiques, il faut que les néo-corticoïdes altèrent le génome de nos enfants pour que les riches restent riches, ou mieux, prospèrent…

Il faut reconnaître que les notions de « Trinité », de « naissance Virginale », comme les confessions de foi utilisées dans nos célébrations ont eu leurs raisons d’être à un moment de l’histoire politique et du développement de la culture chrétienne. Nous pouvons les expliquer et les recadrer dans un souci de clarification de nos convictions, pour faire le tri entre le message et le vecteur du message. Si nous croyons seulement aux dogmes et aux rituels, nous ne serons jamais des « porteurs de la Bonne Nouvelle ». Si nous réalisons les paroles de Jésus de Nazareth, alors, nous serons des « pratiquants » convaincants.

L’avenir du christianisme ne sera pas dans l’aménagement des structures ecclésiastiques, mais dans l’exemple donné par les chrétiens dans le monde dans lequel ils sont insérés, et il y a des chances qu’ils soient « Église » de manière inattendue.

Louis Evely rappelait que « Dieu n’a pas d’autres mains que les nôtres pour réaliser nos prières. »

 2 mars 2018

Les «10 Paroles de Vie » à l’épreuve des siècles et des continents.

 

La radio a ceci de bien c’est qu’au hasard du temps on peut tomber sur des pépites.

Eric Julien interrogé par Florence Farion sur sa rencontre avec les Indiens Kogis nous fait découvrir un peuple de l’équilibre et de la bienveillance mutuelle… https://www.rts.ch/play/radio/egosysteme/audio/la-sagesse-de-kogies?id=9323121&station=a9e7621504c6959e35c3ecbe7f6bed0446cdf8da

Ces habitants de Colombie ne sont pas coupeurs de têtes, ni cannibales, pas de sarbacanes empoisonnées : Quand les conquistadores et les missionnaires sont arrivés ils les ont accueillis… et quand ils se sont montrés envahissants et vulgaires, ils sont partis dans les montagnes pour pouvoir continuer à vivre en paix : Dans leur langue le mot « guerre » n’existe pas, les hommes et les femmes sont égaux, personne n’a d’autorité sur personne, et le partage des tâches, des responsabilités et de la gestion des « affaires courantes » se fait dans la concertation respectueuse, et le respect des limites de chacun de telle manière que l’équilibre soit respecté.

Dany Robert Dufour dans son livre « On achève bien les Hommes » (dans le sens de les « terminer » dans leur construction, et non pas de les « exterminer ») (Denoël 2005) arrive à la conclusion étrange pour un incroyant : La véritable « trace de Dieu », ce sont les « dix Paroles » données à Moïse » et transmises par la tradition judéo-chrétienne. Dix paroles qui devraient organiser l’humanité de telle manière qu’elle vive dans la liberté, la vérité et la charité… cherchez l’erreur !

Le peuple « Elu » a oublié son devoir de respecter les recommandations divines pour toutes sortes de raisons économiques, politiques et de survie. Les pays de traditions chrétiennes tergiversent sur la notion de laïcité pour ne pas appliquer l’égalité, la fraternité prônées par celui qui est considéré comme « La lumière du Monde » et relégué à l’éclairage des sacristies ou parfois d’étranges attitudes sont suggérées sous prétexte d’amour et de divine autorité…

La morale laïque se conjugue avec le libre arbitre et le libéralisme amoral du profit pour les plus « méritants » autrement dit la « loi du plus fort ».

Et Eric Julien nous fait faire la rencontre qui est exactement ce que souligne Dany Robert Dufour, à savoir que les « dix Paroles » ou ce qui leur ressemble, sont partagées partout dans le monde comme idéal de la vie sociale, mais… rarement utilisées comme « norme » efficace, à part l’interdiction du meurtre … quoi que certains puissants y recourent en affirmant une piété par ailleurs ostentatoire pour garder le pouvoir sur le bas peuple convaincus que l’autorité est divinement donnée à ceux qui ont « pris le pouvoir ».

Les indiens Kogis ont une spiritualité, une cosmogonie qui explique le monde et ses environs, on peut appeler cela une « religion » ou une spiritualité, qui n’est pas basée sur le pouvoir ou la peur, mais sur la nécessité de vivre ensemble dans de bonnes conditions, malgré les problèmes causés par la « civilisation » à laquelle ils n’échappent pas, mais dont ils se tiennent à distance, en évaluant le pour et le contre de ses pratiques.

Serait-ce un « Peuple Elu de D.ieu » qui aurait réussi ?

Eric Julien en tire des conclusions managériales qui en valent la peine :

http://www.tchendukua.com/association-3/#.WpGZI-fjKM8

Il vient de consacrer un livre à cette aventure hors du commun. « Le choix du vivant » est un plaidoyer étonnant, fruit de 6 ans de recherche et de près de 30 ans dʹobservations et dʹécoute.
(Eric Julien et Marie Hélène Straus: « Le choix du vivant » éditions Les liens qui libèrent. Après
Kogis, le réveil d’une civilisation précolombienne (Albin Michel),

 

Les Indiens Kogis sont les derniers descendants des civilisations précolombiennes. Réveil d’un peuple qui ne veut pas mourir

Ils étaient là avant tout le monde. Avant les Espagnols. Avant les missionnaires. Avant les pilleurs de tombes, les guérilleros, les trafiquants de bois et le cartel de Medellin. Ils sont parmi les derniers représentants vivants des civilisations précolombiennes, comme si 25 000 Mayas avaient traversé (presque) intacts cinq cents ans d’une histoire tourmentée. 

Deux cités enfouies. Les Kogis, héritiers du grand peuple tayrona, vivent en Colombie, sur une montagne à fleur de mer, la sierra Nevada de Santa Marta, 5 800 mètres d’altitude à 40 kilomètres de la mer des Caraïbes. Les conquistadors les ont cru décimés: ils s’étaient seulement repliés sur les plateaux où l’oxygène manque, loin de leurs cités de pierre et des terres cultivables. Redécouverts dans les années 1970 par le comte de Brette, le niveau de sophistication de leur société, son système juridique, ses codex ont impressionné Marshall McLuhan et Gerardo Reichel-Dolmatoff. 

En 1985, Eric Julien, géographe et alpiniste, est sauvé d’un œdème pulmonaire à 4 500 mètres par les Kogis. Repoussés toujours plus loin vers les sommets par les narcotrafiquants et les troupes des Farc, ils ont perdu 70% de leurs terres en trente ans. En signe de gratitude, Eric Julien leur fait alors la promesse de les aider à les récupérer. Depuis 2000, l’association Tchendukua a racheté plus de 1 500 hectares, dans le but de réaliser un corridor jusqu’à la mer et ainsi de faire revivre les traditions agricoles rendues obsolètes par l’altitude. Sur ces terres, deux cités enfouies dans la selva sont en cours de défrichement, que les Indiens souhaitent réinvestir pour les faire revivre. Comme si cinq siècles ne s’étaient pas écoulés. 

 

Un beau sujet de réflexion pour notre monde un peu désenchanté par les utopies et les belles promesses des démagogues de tous les pays.

 

Quelques références prises sur Internet :

Paroles kogis, ce qu’ils nous apprennent.

1) Une mémoire collective:
Ils se racontent leur histoire et ne l’écrivent pas. Ils discutent longuement et prennent des décisions pour le futur en fonction de leurs expériences passées.
Citation Kogis :
« Nous devons apprendre à écouter les anciens, à les respecter comme nous respectons nos enfants, nos épouses. Pour cela, il faut être humble, apprendre à aimer. Les Kogis doivent se respecter et s’aimer: comme ils respectent et aiment la nature. » M.M Dingula.

2) Une forte convivialité:
Les Kogis parlent beaucoup, pour mieux se comprendre, éviter les conflits… Ainsi, leurs relations sociales sont fortes et harmonieuses.
Citation :  » Nous sommes frères, nous sommes égaux entre frères, les jeunes et les anciens. Lorsque nous mangeons, nous ne mangeons pas chacun dans son coin comme les petits frères, c’est trop triste d’être seul. Quand il n’y a pas beaucoup à manger, on partage ce qu’il y a. Il faut toujours essayer d’aider l’autre, l’accompagner pour qu’il soit bien. » Conchacala.

3) Une finalité d’équilibre:
Pour les Kogis, l’équilibre est partout : équilibre de soi, de soi avec les autres et de soi avec le monde et la nature.
Citation :  » Les petis frères ne savent pas ce qui signifie l’idée de justice, d’équilibre. Ils font des trous, ils causent des dégâts partout, ils coupent des arbres, sans savoir, sans comprendre, ils sont aveugles, ils ne voient pas et n’entendent pas, alors les problèmes arrivent. » M.M Dingula

4) Un temps cyclique:
Pour les Kogis, le temps est cyclique. Chaque année, les étapes fondamentales de la vie sont marquées pas un rituel, une cérémonie.
Citation : « Au début, nous sommes petits enfants, peu à peu, nous devenons grands, puis nous finissons par revenir vers là Mère (la Terre) pour mourir… » M.M Dingula

5) L’appartenance à un lieu:
Les Kogis, et tous les peuples racines appartiennent à un lieu et portent cet endroit dans leur coeur.
Citation :  » Pour nous, ce n’est pas simplement un territoire, c’est le coeur du monde, de la vie, c’est comme un corps vivant.. » MM.Dingula

6) Des lois fondés sur le vivant:
Les Kogis vivent en relation permanente avec la nature et le vivant. Leurs lois sociales et politiques sont basées sur l’observation de la nature.
Citation :
« Nous devons écouter les voix de la nature. Si on écoute pas, chacun va de son côtés et sans direction, cela ne peut pas aller. Pour nous, la nature est comme vos livres, tout y est écrit. Essayer de comprendre que la mère terre, c’est la justice, l’équilibre. » MM.Baro

7) Une association des contraires:
Pour les Kogis, il n’y a pas de bien et de mal dans la vie. Mais il y a des principes opposés : le jour et la nuit, le féminin et le masculin, le haut et le bas..

8) Un pouvoir canalisé:
Chez les Kogis, il n’y a pas de « chef » ( c’est pareil dans tous les peuples racines ). Les décisions sont prises tous ensemble, après avoir longuement parlé dans la « Nuhé ».
Citation : « Dans la Nuhé, on peut pas se disputer, on vient pour discuter de choses importantes… » MM.Dingula

9) Une parole partagée en permanence:
C’est la première chose qui frappe quand on arrive chez les Kogis : chacun demande qu’on lui répéte notre histoire. La culture orale inspire bien leurs activités quotidiennes que leurs rituels sacrés.

10) Une prédominance de l’invisible:
Chez les Kogis, c’est « Aluna », la pensée ou l’énergie qui a crée le « vivant ». Certains enfants sont sélectionnés pour être « Mamu »; leur éducation vise à rentrer en relation avec l’esprit de chaque chose. Lorsque leur enseignement prend fin, le Mamu qui a accompagné son élève prononce alors la phrase rituelle :

« Tu as appris à voir à travers les montagnes, à travers le coeur des hommes, tu as appris à regarder au-delà des apparences, maintenant tu es un mamu. » MM.Dingula

 

Voici ce que déclare un chamane kogi, en parlant de nous, les occidentaux, dans le très beau livre, sous la direction d’Eric Julien et de Muriel Fifils, « Les indiens kogis, la mémoire des possibles » paru en novembre 2009 aux éditions Actes sud :

« Nous ne sommes pas pauvres, vous les petits frères êtes plus pauvres que nous.
Nous n’abîmons rien, au contraire nous protégeons ce que nous donne la nature. Nous avons de l’eau en quantité, claire et limpide, des arbres et des fruits… Chez vous, vous avez tout détruit. Chaque jour qui passe vous êtes plus pauvres. Si vous continuez, vous allez devenir vraiment très pauvres.
Nous ne dépendons de rien, ni de personne pour vivre, faire une maison, manger, nous chauffer. Nous sommes libres. Les petits frères deviennent pauvres, car ils détruisent tout ce que la nature leur a donné. C’est parce qu’ils enferment la vie qu’ils pensent qu’ils sont plus riches ? Parce qu’ils traversent les montagnes en faisant des trous pour aller plus vite ? Si je vous faisais un trou dans le ventre pour aller de l’autre côté, quel effet cela vous ferait ?
Nous n’avons pas toutes vos machines et tout votre argent, mais nous ne sommes pas pauvres. Vous êtes sans doute plus pauvres que nous. Ici dans la Sierra, nous protégeons la nature, nous n’abîmons pas les choses. Vous, vous êtes en train de tout détruire et vous allez devenir pauvres de tout ce que la nature vous a donné.
Si vous continuez à tout détruire, la chaleur va arriver et va tout brûler. Le vent va tout assécher et tout va disparaître.
Tous vos objets vont être détruits et vous mourrez. »

 

Doubles foyers, ma perception est troublée.

2012 bateau tempête

Un matin, j’entends l’éditorial du journaliste sportif à propos du match Suisse Irlande du Nord. Il dit que l’honneur de la suisse est en jeu, qu’elle ne peut pas perdre sans aussi perdre la face, et que ce serait la honte pour les helvète que de rater cette occasion de marquer durablement la réputation de la Suisse… Donc il est question aussi de mon honneur…

Quelques soirs plus tard, un documentaire à la télévision me fait (re)découvrir les magouilles et mensonges de Glencore. Cette société au bâtiment propre en ordre, corrompt les gouvernements, en particulier au Congo de Kabila, sans oublier aussi d’autres dirigeants et entreprises utiles à ses intérêts. La multi nationale est « Suisse » basée à Zoug, cela me concerne, et me consterne.

Arte-TV me décrit Monsanto qui ment. Ment et s’offre des lobbyistes appuyés pour maintenir son privilège, et le glyphosate, associé à ses monstrueux profits. Cela touche les membres de ma famille en Suisse, parce que je mange tous les jours.

Sans étonnements, les Paradises papers détaillent avec perspicacité et pugnacité les bons usages des lois fiscales et les bonnes règles de la gestion des profits aux dépends des citoyens de la planète (enfin pas de tous!)… Il y a des Suisses, pas mal, aussi.

Les prêcheurs de moralités élastiques se font piquer au jeux de l’amour et du hasard, tellement leur moralité s’éloigne de leur vie – qu’on espère pas quotidienne pour leurs victimes. Ils ont enseigné dans les établissements de mes enfants.

Enfin – mais c’est une manière de dire provisoire – il y a débat sur la place des églises, à Neuchâtel et Genève, pour en inscrire les limites dans la constitution.. Et tout cela comme dans la société francophone, au nom d’une laïcité érigée en religion, avec dogmes et excommunications, pour en définir les limites et les expressions.

Qui va faire quelque chose ?

Quand on évoque toutes ces questions dans les instances gouvernementales, les notables répondent « Qu’il faut laisser les sociétés réguler leurs procédures, la concurrence permet aux meilleurs de conformer leurs performances aux demandes du marché ». Donc pour plus de profit pour les investisseurs.

Nos ministres arguent que les règles « de moralité » contreviennent au maintien des sociétés dans les pays qui les édictent et encouragent les délocalisations. Il vaut donc mieux exploiter la main d’œuvres de nos voisins que la nôtre, qui perd son travail, mais ce ne sont pas les mêmes qui financeront leur misère.

La Suisse industrielle, pays de la Croix Rouge et des Droits de l’Homme, des « protocoles additionnels » pour protéger les civils en cas de conflits, demande des assouplissements aux interdictions de vente d’armement aux pays troublés par des mouvements belliqueux. Nos militaires auront certainement les meilleurs avions pour nous protéger des sub sahariens échoués en Sicile.

Les parabens -perturbateurs endocriniens – limitent la fertilité, mais c’est un avantage pour le plastique utilisé pour la fabrication des biberons de nos enfants . Sauf qu’un jour il y aura moins d’enfant pour utiliser les biberons, mais ce n’est pas demain la veille, et tant qu’à faire du profit, il y a de bonnes raisons de faire de la procrastination – un vilain défaut – à ce sujet.

Où est l’honneur réclamé par

le journaliste sportif cité plus haut ?

Je ne suis pas pratiquant de Foot, Rugby et autres Hockeys sur glace ou sur terre.

Je constate que ces sports entraînent des frais considérables en cas de hooliganisme, d’accidents, d’infrastructures immobilières, d’utilisation de terres. Que ces activités supposées développer la solidarité et l’harmonie auprès de la jeunesse, développent aussi des attitudes racistes, nationalistes, et une violence qui renverses les barrières des stades et de la décence – je sais que je fais de la peine à quelques collègues, pasteurs ou prof d’Éthique en théologie, qui aiment le foot et Facebook.

La caisse de ma retraite ne fait pas partie des « Fonds Prédateurs », et si c’est à son honneur, cela cause bien des soucis à ses administrateurs. Mes économies sont – presque – à portée de mains, mais ne me permettent ni voiliers aux Caïmans ni de retrouver « Mon vrai moi » dans un paradis des Antilles.

Je suis consterné par ce que nous allons laisser à nos petits enfants.

Mais que font nos autorités ?

Nous n’avons pas attendu les Wikileaks, les Paradise Papers et lanceurs d’alertes pour savoir que les parlementaires qui (ne) votent (pas) les lois sociales ne sont pas ceux qui en ont besoin.

Ils ont des retraites confortables sur trois piliers, et un quatrième en réserve, pour les cliniques privées et les liftings de moralité. Il font des lois. Leurs avocats les aident à les rédiger pour pouvoir les contourner légalement, d’un paragraphe négligeable en bas d’une colonnes de chiffres « qui ont été élaborés par des spécialistes ». Ils sont pour la « libre circulation » de tous et de tout Surtout de ce qui permet à leurs entreprises de s’échapper du filet qu’ils tissent par ailleurs pour maintenir le travail des humains à un niveau profitable : « Il vaut mieux exploiter les pauvres, ils sont plus nombreux que les riches » disait Desproges ou Coluche ? Nous sommes fiers de notre « PIB » et du rang économique de notre pays, de notre continent. Mais il faut empêcher les pauvres d’y accéder pour ne pas en diminuer le « revenu moyen », sauf si le déficit démographique le met en danger.

Nous mettons en avant la « paix du travail ». Ceux qui ont de bons fauteuils dans les conseils d’administration espèrent porter la retraite à 67 ans, et faire passer les semaines de 45h à 50h pour que les heures supplémentaires ne diminuent ni leurs « gratifications », ni le confort de leurs sièges.

Nous aimons et soutenons nos agriculteurs, jardiniers du paysage, et mélomanes du Cor des Alpes, tant qu’ils produisent du lait – mais pas trop. Le jour de leur retraite, il convient d’en faire des propriétaires immobiliers héritiers d’une plus-value telle qu’ils finissent en HLM, et vendent la maison de leurs ancêtres pour financer leurs EMS.

Nous sommes fiers de notre industrie chimique, qui fait la promotion de la santé. Pour la garder elle vend ses médicaments à un tel prix, que vous devez choisir entre manger, se loger, ou se soigner. Sans se soigner, à court terme vous n’avez plus besoin de manger, ni donc de vous loger, et la caisse dans laquelle vous finissez est un cercueil. Il n’a rien d’une retraite, sinon du monde des vivants, qui se précipitera sur votre logement enfin libre pour une augmentation de loyer.

Facile de dénoncer,

« mais c’est plus compliqué que ça ! »

Je sais… je sais que ce n’est pas à ma portée, sinon de mon bulletin de vote, quoi que je ne gagne jamais au tiercé des élections.

Mais, permettez moi une remarque en ce qui concerne « la légalité et la moralité » :

Nous avons lu et entendu des politiciens, des juristes, des constitutionnalistes, les magistrats des « pôles financiers », avec et sans moustaches, nous dire que tout ce qui a été organisé par ces cabinets exotiques est accompli dans le cadre de la légalité, du point de vue où il se trouvent. Que ce soit « moral » ou pas est une question d’appréciation. Moi en tout cas je ne suis pas objectif et je n’apprécie pas, mais alors pas du tout.

Pourquoi les impôts de la majorité rendue silencieuse, doivent-ils servir à couvrir les déficits supposés des établissements bancaires qui ont misé sur les mauvais chevaux en voulant gagner au tiercé.

Pourquoi laisser s’endetter des sociétés incapables de gérer des stades difficile à remplir, et les « renflouer » à coup de millions pour que des « sportifs » de tribunes finissent par en venir aux mains à la sortie.

Pourquoi soutenir des activités sportives – y compris des jeux olympiques à la réputation plus que douteuse – et refuser l’accompagnement spirituel des malades à l’hôpital, dans les prisons, les établissements d’internement administratif, sous prétexte qu’un tel financement est incompatible avec l’idée de séparation entre l’Eglise et l’État.

Les églises croulent aussi sous les frais d’entretien des bâtiments que « les gens souhaitent au milieu du village ». Elles assument tant bien que mal les charges salariales qui leur permettent de suppléer aux béances de la solidarité d’état.

Pourquoi laisser des sociétés ruiner des régions et priver les églises des moyens pour venir en aide à ceux qui n’ont personne d’autres pour les défendre contre les « Fonds Souverains » qui détruisent leur environnement, et les herbicides qui malforment leurs enfants ?

Pourquoi limiter l’influence morale de ceux qui prônent la justice, l’égalité des droits et des devoirs et la charité sous prétexte que ce sont des institutions religieuses et que la religion n’a rien à faire dans la gestion de la société civile…Bien que certains politiciens se réclament d’une tradition judéo-chrétienne à défendre, comme argument électoral.

C’est vrai qu’il y a des dérives dans certains cercles religieux dirigeants : Corruption, détournements de fonds, scandales sexuels, népotisme etc. Ce sont des « sociétés humaines » avec leurs défauts humains . Mais elles suscitent aussi une espérance de générosité, d’amitiés, de convivialité et d’équilibre social à tous les niveaux de responsabilité, ou de participation. Ce qui n’est pas le cas des sélectionnés du CAC 40.

Bien sûr il y a eu les « guerres entre Catholiques et non catholiques, entre Romains et Orientaux, maintenant entre Chiites et Sunnites… mais le temps des extrémismes a passé pour certains et passera pour d’autres.

Les vertueux défenseurs d’une laïcité négationniste de la culture dans laquelle ils ont grandi prônent « le libre choix » entre croire ou ne pas croire ce qu’ils ont appris depuis leur enfance… ils oublient que le choix entre ce qu’offrent les églises – même maladroitement – et le « rien du tout » permet à n’importe qui de s’y mettre et d’y mettre n’importe quoi, comme la promesse du ciel avec 70 vierges, voilées ou pas, le paradis des ceintures d’explosifs, et le sacrifice des enfants pas assez grands pour ne pas vouloir en finir si jeunes.

Pas que du pain et des jeux :

L’honneur sorti du stade, les jeux de la télé-réalité, le pain si possible vendu et prémâché par une multinationale de Vevey ne doit pas être trop cher, pour vous permettre d’acheter les dernières trouvailles technologiques, pour aller réserver « d’un clic » votre place au stade, votre Pizza à la porte, et confier votre identité au Dieu GAFA (Google,Apple,Facebook et Amazon).

Je n’ai rien contre la « Leçon de Morale » qu’avait voulu instituer Sarkozy dans les écoles laïques de France et de Navarre. Je n’ai rien contre les encouragements à la coexistence des intellectuels musulmans – pour autant qu’ils ne soient pas exécutés par leurs coreligionnaires moins intellectuels.

Je n’ai rien contre les subventions aux églises, si elles restent indépendantes du pouvoir et évitent leur instrumentalisation toujours menaçantes, comme les conflits des Balkans l’ont montré il n’y a pas si longtemps. Ceci est aussi valable en Israël, aux Indes, au Pakistan, en Irlande du Nord, et en bas de mon immeuble.

J’aimerai que ces injonctions à la vie sociale deviennent ce qu’elles étaient à l’origine, en « libre accès » et qu’elles puissent être développées par chacun dans les termes qui lui conviennent.

A travers les âges, tu n’es qu’un passant sur la terre.

La vie qui est en toi s’inscrit dans une histoire et une culture qui te permet d’être humainement responsable.

Tu ne toléreras pas les idéologies et les promesses illusoires.

Tu seras charitable en exerçant avec discernement bonne volonté et bienveillance envers tes semblables et aussi envers ceux qui ne te ressemblent pas.

Tu défendras la justice et la vérité, en évitant les mensonges prometteurs des manipulateurs, avides de pouvoirs, car ce seront aussi tes enfants qui en pâtirons. Tu ne feras pas de faux témoignages pour en tirer avantage.

Si tu restes ferme dans ton intégrité et ton humanité, tu seras un modèle de génération en génération  et pas seulement pour les tiens :

Tu exerceras tes activités en ménageant ton temps pour ne pas t’épuiser et pour ne pas épuiser ceux qui travaillent avec toi.

Tu protégeras ce temps de repos, sans aucun ouvrage, ni pour toi, ni pour ton fils, ni pour ta fille, pas plus que pour ton collaborateur, pour ton employée, pour l’émigré qui est dans tes villes et tes entreprises, et pour les bêtes que tu as domestiquées.

Car comme le ciel et la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent savent prendre du temps pour se régénérer, c’est un bienfait naturel.

Tu respecteras tes parents et tu bénéficieras de leurs expériences et de leurs histoires, tu tiendras compte de leurs traditions.

Tu ne détourneras personne de son chemin, sauf en cas de danger pour lui même car tu en es aussi responsable.

Tu n’auras de visées ni sur la femme de ton voisin, ni sur son employé, sa collaboratrice, son instrument de travail, ni sur rien qui appartienne à ton voisin.

Tu ne commettras pas de meurtre, et tu ne harcèlera pas ceux avec qui tu vis ou travailles.

En tout temps tu exprimeras de la reconnaissance, pour le bien qui résulte de ta manière de vivre, en famille et en société.

A quelques nuances sémantiques près, ces conseils sont connus de toutes les cultures et encouragés par toutes les religions, spiritualités ou philosophies, et sont aussi les « dix Paroles » énoncées par Moïse.

Seraient-elles interdites de rappel au nom de la séparation de l’Eglise et de l’État ?…

Un ami me disait que les règles du jardin d’enfant devraient être érigées en principe de vie dans les parlements et les sociétés.:

  • – Dire bonjour en arrivant.
  • – Écouter avec attention la parole de l’animateur ou de l’animatrice.
  • – S’exprimer en parlant et ne pas crier.
  • – Ne pas taper ses camarades,
  • – Ne pas leur prendre leurs jeux,
  • – Demander gentiment si tu peux jouer avec eux ou avec lui ou elle.
  • – Répondre gentiment aux questions
  • – Ne pas dire de « gros mots »
  • – Proposer des nouvelles idées ou des nouveaux jeux.
  • – Se laver les mains en sortant des toilettes.
  • – Poser et reprendre ses habits au vestiaire sans bousculade.
  • – Respecter le règlement.

Peut-être que cela sera utile à ceux qui cherchent comment prendre des décisions.

En résumé, si vous me comprenez bien, je suis favorable à une collaboration entre l’Eglise et l’État, surtout si les Églises font leur « mise à jour » dans leurs activités et leur pédagogie, ce que leurs détracteurs et les journalistes feignent souvent de rechercher.

A cause de mon scepticisme en ce qui concerne l’Honneur de la Suisse, je suis radicalement pour la séparation du  Sport de l’État.

Le 13.11.2017

L’idolâtrie se cache derrière les meilleures convictions.

La trinité

laque automobile sur bois et limites en laiton B.van Baalen

A l’occasion de l’anniversaire de la réforme religieuse de Luther, le site catholique romain « Aletheia » explique à ses « followers » les 7 différences entre catholiques et réformés. Ils le font sur la base des dogmes admis au cours des siècles et répertoriés comme « condition de la foi » romaine à différents moments de l’histoire.

L’ouverture de l’institut de formation professionnelle de théologie protestante – associée aussi à « Eucharistein » mouvement catholique plutôt conservateur – défend une lecture « sérieuse » des évangiles et de la tradition chrétienne « de toujours » pour reprendre une qualification qui rassure les inquiets de l’évolution des cultures.

Ce qui m’a toujours intéressé, ce sont les raisons qui ont été à l’origine des mythes.

Ceux de la Grèce sont assez clairement pris pour ce qu’ils sont : Une expression de la nécessité de répondre à des questions existentielles générales avec une incidence particulière, comme celui « Œdipe » bien expliqué par Freud – ou plus récents comme « le Petit Chaperon Rouge », actualisé par les prédateurs sexuels. Personne ne « croit » à ces figures symboliques ou mythologiques. Elles sont pourtant pertinentes pour comprendre des situations, et pour trouver des solutions pour mieux vivre.

Dans son édition du 1er novembre, le journal « LE TEMPS » publie une inerview de Boris Cyrulnik très intéressante sur le « besoin de croire en Dieu »(https://www.letemps.ch/monde/2017/10/31/boris-cyrulnik-religions-necessaires-socialiser-ames)

Une réaction de lecteur du journal « Réformés » déclare que quand la Virginité de Marie, la Naissance de Jésus, ses miracles, sa résurrection sont mis en doute, cela provoque l’effondrement des églises…1

Notre différence d’appréciation des mêmes sujets serait l’essence de notre incompatibilité entre Protestants et Catholiques (romains).

Si notre « foi » ne tient qu’aux textes de la bible et des dogmes de la tradition, à la performance des rituels, et que nous y croyons plus qu’aux « paroles » du Rabbi de Nazareth, se pose la question de la perception du monde dans lequel nous vivons, et des convictions qui nous animent. Le créationnisme en est un des effets collatéraux.

Quand j’ai cinq ans, la grand mère est mangée par le loup, et elle m’annonce qu’en tirant la bobinette la chevillette cherrera : J’y crois. Quand on me dit que Dieu est Père, Fils et St Esprit, « trois en un », comme le détergent de la machine à laver, pas de problème.

Devenu adulte, je fais la différence : Avec Bettelheim, je comprend que le rôle du prédateur incarné par le loup est adéquat pour mettre en évidence le risque des « mauvaises occasions / mauvaises rencontres ». Je comprend que pour expliquer l’importance que représente « Jésus de Nazareth » – Le Fils. Il est fondamental que cela ne puisse venir que d’une « instance supérieure » – Le Père. Je suis capable de l’exprimer ou de l’assumer moi aussi avec la force reçue en en faisant la découverte – Le Saint Esprit. Le terme « Trinité » est donc le mot codé pour expliquer toutes une série de concepts « spirituels ».

L’idée de se retrouver autour du repas pascal ritualisé pour se souvenir de ce qui avait été vécu avec Jésus de Nazareth est fondamental… Très vite, sa mort tragique a été mise en rapport avec le sacrifice rituel de l’agneau pascal. La communauté chrétienne en a fait un « message » qui communiquait le risque qu’il y avait à aller au bout de ses convictions, contre les traditions et contre le pouvoir, en l’occurrence romain, de l’époque. C’est ce que rappelle l’Apocalypse, très terre à terre.

Les divergences doctrinales sur le pain/hostie et le vin/fruit de la vigne ont été des sujets de controverses interminables, et ce n’est pas fini. Là encore, il faut se souvenir des contextes :
Les paroles de l’institution de la Cène/Eucharistie transcrites dans la Bible sont postérieure à leurs apparitions d’usages : Comment rendre « vivante » cette coutume sociale du repas communautaire en présence du « Christ », sans en désigner les ingrédients comme des éléments constitutifs de la présence de Jésus, qui recommandait de le faire en toutes occasions.

Question d’enfant : « Il et où Jésus ? » réponse : « Il est là ! », « OK je ne le vois pas … »… « Il est dans le pain et dans le vin » qu’il nous recommande de partager… « Mais c’est toujours du pain et du vin non ? » « Ben oui, mais non ! »

D’où la nécessité de faire du pain autrement : l’hostie, et de ne plus partager le vin, pour éviter les questions oiseuses.

« Croyez-vous en la présence réelle du corps et du sang du Christ dans l’eucharistie ? »

La réponse permettait sous la torture de sauver sa peau. Et surtout donnait le pouvoir de vérifier la sincérité de l’accusé. Nous savons que ce n’est pas le cas !

Et là nous retrouvons la question du « mythe symbolique » en contradiction avec « la réalité objective » : Au 10e et 16e siècle, et encore aujourd’hui pour « Aletheia », cette question est au cœur du besoin de se compter, pour ne pas parler de territoire. Le schisme Orient Occident, et la réformation, en vertu du principe « Le souverain impose la religion à son territoire »2 ont entraîné un raidissement des interprétations « Que tous ceux qui croient comme moi, se rallient à mon panache blanc ! ».

Je crois à la présence réelle de Jésus de Nazareth dans la communauté qui célèbre la Cène/Eucharistie. Je sais en même temps que ce n’est qu’un mélange de farine et d’eau et une goutte de vin, qui donne du sens à ce que je suis en train de vivre. Il y a longtemps que plus personne ne croit aux manipulations de magiciens du prêtre qui transformerait ces espèces en protéine et en hémoglobine : Cela ferait de nous des anthropophages… Les ecclésiastiques moins que personne.

Si nous entendons que Dieu est l’ordonnateur du vivant, il aurait conduit/offert celui dont on dit qu’il est son fils « en sacrifice sur la croix ». Quelques années après la mort de Jésus sur la croix des criminels, cela s’est compris comme une évidence3.

Si les croyants souhaitaient faire admettre que le message de Jésus est plus important que son destin terrestre, c’est une nécessité. La « résurrection » est indispensable pour faire passer l’idée qu’un monde plus juste reste possible, malgré le scandale de la croix. Les « apparitions » de Jésus attesteront qu’il « est présent parmi nous, jusqu’à la fin du monde ». Une autre manière de dire la permanence de la pertinence de ses propos. La « trinité » en fait « Dieu avec nous ».

Revenons à l’élaboration théologique qui est à l’origine des textes bibliques, Les auteurs ont mis en parallèle le sacrifice du Temple, et la tradition du bouc émissaire.

Les deux pratiques performées en public et collectivement dans la tradition juive libéraient les tensions de la communauté. C’était dans un contexte religieux où l’action liturgique4 était le lien (religio) commun.

Les sacrifices étaient la norme pour satisfaire les divinités qui protègent ceux qui en font l’offrande.

Le Bouc Émissaire est une autre forme d’évacuation de la culpabilité collective, qui causait défaites, sécheresses ou inondations.

La transmission rituelle et la rationalisation du « message de Jésus de Nazareth » s’élaborent selon l’attente et le contexte religieux. « Dieu sacrifie son fils » dans un holocauste symbolique à répéter, pour expier le fait que nous l’avons laissé aux mains des Romains et du Sanhédrin. Ces derniers ont accompli le rituel sous la conduite divine5. Ou nous l’avons sacrifié porteur de tous nos péchés comme le bouc émissaire mort à notre place « Crucifie,crucifie !» crie la foule.

L’apocalypse dira que nous avons été « lavé par son sang ». Les ménagères ne comprennent pas, mais elles ne sont pas théologiennes. C’est une autre collision entre le symbole et le réalisme.

« Aletheia »  écrit « Contrairement aux catholiques, les protestants ne croient pas que le baptême est efficace par lui-même, mais estiment qu’il doit être associé à la foi ».

Ce sont les mêmes remarques que pour l’eucharistie/Cène : Ce n’est pas le symbole/sacrement qui fait « foi » mais ce à quoi il renvoie. Pour le baptême des enfants, ce sont les parents qui y accordent de l’importance. Pour le baptême d’un adulte qui en fait la demande, cela lui permet de manifester ce qui lui tient à cœur : Il recevra en public le soutien de sa communauté, une autre manière de bénéficier de « l’aide du Saint Esprit », quelles que soient ses convictions.

Pour les autres « différences » du site dogmatique romain: « Purgatoire », « prière des saints » et « Vierge Marie », je rappellerai qu’en son temps et dans le contexte spirituel et culturel de l’élaboration des dogmes, il s’agissait de convertir une mythologie ethnique polymorphe, marquée par les traditions animiste et gréco-romaines, les traditions gnostiques à mystères, les mythes celtiques et germaniques de la terre mère etc. Et pour christianiser ces traditions, il était indispensable d’en inclure ce qui était possible dans les manifestations publiques et assimilables par les fidèles de l’époque.

Parfois cela n’a pas marché, l’exemple le plus connu se trouve dans le Livre des Actes : Paul devant les philosophes d’Athènes :

Paul, est un juif élevé dans la plus pure tradition pharisienne. Il ne connaissait que très mal les mythologies grecques. Les relations que les grecs entretenaient avec les rituels religieux étaient très divers. Paul évoque devant l’Aréopage « l’Autel dédié à un dieu inconnu » rencontré dans une rue d’Athènes. Il dit qu’il vient en son nom, et parle de son fils sacrifié sur la croix et ressuscité des morts…

Les philosophes rigolent, et le renvoient à ses croyances absurdes… C’est que les philosophes d’Athènes ne « croyaient » pas à leurs cosmogonies comme l’expression d’une vérité divine. Pour eux c’était des mythes qui permettaient de comprendre la réalité de la vie quotidienne et les relations humaines ou sociales. Les affrontements entre les peuples dépendaient de la compréhension qu’on avait des interactions entre les dieux et leurs alliés. Peut-être qu’une analyse de leurs aventures permettrait de savoir quelle politique adopter pour s’entendre ou pour vaincre.

Paul partira pour Corinthe. Il y restera 3 ans pour « faire ses classes » en culture gréco-romaine et adapter son discours, pour continuer son ministère et organiser le message de Jésus de Nazareth pour le rendre compréhensible au monde qu’il parcourait.

Plus haut j’utilisais le « Petit Chaperon Rouge » comme exemple de mythe auquel il n’est pas nécessaire de « croire » pour en percevoir la pertinence.

Il y a des mythes qui sont devenus extrêmement dangereux : L’existence des Aryens ancêtres de l’Allemagne rappelés par les nazis. Leurs références ont été érigées en dogmes qui ont conduit à la guerre la plus perverse du 20e siècle. C’était absurde, mais un peuple entier y a cru – certains y croient encore.

Quand les textes deviennent des « objets de cultes » et ne sont plus des objets du culte, il est nécessaire de se poser la question de leurs statuts, et réciproquement de celui des pratiquants qui s’y réfèrent : Il faut remonter à la période de l’Empire byzantin dite aussi « querelle iconoclaste » ou « Querelle des images », qui s’étend de 726 à 843. Elle a eu une redondance au moment de la réforme il y a 500 ans, et ce sont les mêmes arguments qui se sont affrontés – et parfois s’affrontent encore aujourd’hui6.

En résumé : Les statues et icônes devant lesquelles on se prosterne et qui sont objet de dévotions sont-elles « performantes » pour le salut de vos âmes ? Si la réponse est « oui » vous êtes idolâtres, et vous prenez ces objets pour une Divinité, comme on prenait par exemple l’empereur romain, avec droit de vie ou de mort… dans les arènes !

Si vous répondez « non » il faut alors en expliquer la présence dans les lieux de cultes.

Si leurs présences aident au salut de votre âme, qu’elles y restent, sinon qu’elles passent à la prochaine brocante – dans le meilleur des cas – ou au dépotoir de l’histoire.

Là il s’agit aussi de la relation avec les « saints », comme il y a une relation avec les ancêtres dans les religions animistes.

Les théologiens, pour justifier la présence de ces objets – et les investissements consentis pour les faire – ont expliqué que les images/statues n’étaient pas des objets de dévotions, mais un symbole de ce qu’ils représentent et vers qui s’orientent nos prières7.

On ne prie pas la statue de la « vierge noire », qui fut autrefois la déesse mère locale, mais on s’adresse à Marie, mère de Dieu, pour qu’elle intercède pour nous auprès de son fils etc…

On ne prie pas la statue de St François, mais on prie pour les pauvres, comme il l’a fait en son temps. Hélas, chassez le naturel, il revient au galop, la statue de la vierge à Medjugorge est plus efficace que celle de Lourdes ou de Fatima, on ne peut pas lutter contre 5000 ans de culture magique.

L’organisation et le management social nous vient de loin : L’autorité du Chef/Pape !

Peut-être est-ce en rapport avec«  la société ecclésiastique » et touche à l’autorité du Pape. Il faut rappeler que la structure de l’Eglise a été adaptée/héritée de l’empire romain et de la « vénération impériale ». Si le pape est le « Vicaire du Christ » il a succédé à l’empereur « Symbole Divin » dans l’Empire Romain, voir « incarnation de la divinité » … Toutes ces notions se sont intégrées dans le christianisme naissant, mais pas seulement.

Probablement depuis l’époque patriarcale8 le « Chef/Mâle Alpha » a la responsabilité de la troupe/meute. Pour obtenir une faveur, il convient de lui montrer son allégeance. Le cercle des ses proches est organisé par « népotisme »9 ou « achat des charges »10.

Avoir accès à l’un des proches permet de bénéficier de la bienveillance de son supérieur, voir de celui qui exerce la souveraineté, de recevoir des privilèges plus rapidement, d’obtenir des charges ou des responsabilités rémunératrices.

Dans une perspective eschatologique, les morts sont déjà proches de la zone divine. Si au cours de leurs vies, ils ont été des privilégiés par leurs relations spirituelles avec le « divin supérieur » qui est reflété par la structure humaine – l’Eglise – ils sont les intermédiaires qu’il faut actionner pour exaucer nos prières. Comme il convient de s’adresser au cousin du chef de clan, à sa mère, à l’un de ses héritiers dans le système de la mafia … et de bien des gouvernements de la planète où cela s’appelle « corruption »11. C’est pourtant un mode de fonctionnement rationnel, longuement expérimenté dans les royaumes féodaux, parce qu’il est « relationnel », quand il n’aboutit pas à des « abus de biens sociaux » bien sûr.

Concrètement, disons que toutes les sociétés et associations ont le droit de s’organiser comme elles le souhaitent, et de vivre sous des règlements qui permettent l’accueil ou l’exclusion des membres qui ne correspondent pas à leurs attentes. Les « excommunications » font partie du « jeu ». Il n’y a pas de différence entre catholiques et réformés, surtout en cas de sanctions pénales.

Pour revenir au propos initial de cet article, soit les différences entre les chrétiens évangéliques, les protestants (libéraux, comme on en parlait au siècle dernier) et les Catholiques Romains, elles sont réelles mais relèvent, si elles sont clivantes, de l’idolâtrie animiste ou tribale :

Si vous croyez que l’observation de la lettre des textes justifie vos comportement, vous tombez sous le jugement de Jésus de Nazareth sur « les scribes et les pharisiens » – c’est pas moi qui le dit, mais le texte (oups !). C’est aussi valable pour le Coran.

Si la croyance dans les vérités dogmatiques est plus importante que la signification qu’elles portent, vous êtes dans la performance de la magie, mais pas dans l’essence du christianisme.

Si vous pensez que les rituels sont nécessaires et suffisants pour assurer le salut de votre âme, vous êtes comme les fidèles de la Diane du Temple d’Éphèse, mais c’est votre choix, et pas celui de l’apôtre Paul.

Ce qui distingue les chrétiens, c’est leur attachement aux principes fondamentaux rappelés par Jésus de Nazareth : la charité et l’amour partagé, un résumé des Dix Paroles de Moïse.

Cependant il y a une limite à ne pas franchir non plus : « Ne jugez pas, si vous ne voulez pas être jugés » « Aimez-vous les uns les autres ».

Vous pouvez croire à l’horaire des transports publics, cela simplifiera vos déplacements, mais vous ne risquerez pas votre vie en doutant de leur exactitude.

Si pour votre compréhension du monde et de votre vie, vous avez besoin de croire à l’intercession de la Vierge Marie, que ce soit à Medjugorge, Lourdes ou Fatima, c’est votre conscience et Dieu vous reconnaîtra parmi les siens.

Si vous pensez que la célébration de l’eucharistie et votre communion est « au corps et au sang du Christ », soyez les bienvenus dans l’église universelle.

Si vos cierges plantés dans le sable devant l’icône de St Jean Chrisostome dans une chapelle latérale de Tinos peuvent vous aider à trouver les mots pour me contredire, que le Saint vous soit en aide.

En toutes choses, rappelez vous que les récits, les dogmes, les encycliques, les proclamations de toutes les religions répondent à des impératifs contextuels, historiques ou organisationnels et s’ils sont resitués correctement, ils prennent un sens auquel on peut adhérer, en sachant qu’ils ne sont pas « Vérité Divine » mais seulement une trace de l’indicible. Car on ne peut rien dire ou écrire de Dieu,

comme le rappellent les sages juifs du Talmud… qui nous ont libérés de l’idolâtrie en libérant Dieu de nos définitions : Ce qui est défini est « limité », et nous sommes tous persuadés que Dieu ne l’est pas.

Mais si un ecclésiastique de quelque religion que ce soit vous demande de l’argent pour assurer votre salut, fuyez, et adressez vous à un psychanalyste, vous serez remboursés par l’assurance maladie, ce sera toujours cela de gagné !

Bernard van Baalen 31 10 2017

1Des divergences théologiques choquantes Réponse à l’article du numéro de septembre consacré à la nouvelle filière de formation HET-PRO. Votre texte fait bien ressortir l’opposition qu’il y a entre l’approche « libérale » des textes bibliques (de l’EERV) et la conviction des « évangéliques » fondée sur ces mêmes textes […]. En ne souscrivant pas sans réserve aux convictions évangéliques, c’est aux dogmes fondamentaux qui fondent notre foi chrétienne que vous vous en prenez. S’il n’y a plus naissance miraculeuse de Jésus, ni incarnation, ni résurrection, que reste-t-il de la notion même d’Église ? Elle s’effondre, tout comme s’effondre l’espérance chrétienne du royaume éternel à venir […]. Georges Dufour, Saint-Légier Journal « Réformés » novembre 2017

2 Cujus regio, ejus religio  « À chaque région sa religion »est une maxime latine soulignant le principe politique, défendu au 16e siècle, suivant lequel la religion d’un peuple, à l’époque nécessairement celle de son souverain, pouvait différer selon l’État dans lequel on vivait

3 Les femmes palestiniennes sont fières de la mort de leurs enfants en martyrs, ce qui ne manque pas de nous interroger sur l’humanité.

4La « performance » ou le fait d’accomplir un rituel qui porte en lui une efficacité.

5« C’est pas nous, ce sont les juifs, on n’est pas responsables, Dieu l’a voulu » Nous savons où cela conduit !

6 j’attends « Aletheia » sur ce point !

Une forme de « channelling » pour prendre un concept plus actuel.

8 même dans les cavernes et pas seulement au Moyen Orient .

9Les proches de la famille ou de la tribu

10Par alliance économiques ou mariages

11Chez les américains autour de Trump, les russes autour de Poutine, etc.

Des témoins, actifs du changement de notre temps.

D’abord une définition : En architecture, en archéologie et pour les ingénieurs civils, un témoin est cette petite langue de ciment posée sur une fente, de bâtiment, de rocher, avec la mention de la date de sa pose. Si l’élément ainsi « marqué » évolue, la languette de ciment est brisée, et il convient d’en poser une autre, toujours avec la date. Si elle ne se fend pas, c’est que l’élément contrôlé n’a pas bougé, si le témoin est fendu, il sera possible de mesurer l’évolution des mouvements, leur vitesse et les dangers éventuels que cela représente.

Nous avons été témoins de l’Ecole Préparatoire de Théologie Protestante,(1846-1990) et à ce titre participants à la publication d’un livre « Une école qui fait date »1. L’ouvrage  relate le parcours des « drop out », ou marginaux des parcours standards de l’enseignement public. Nous étions étudiants dans une institution protestante, dont l’objectif principal était la formation de futurs ministres de l’église, les « vocations tardives » … Ce qui a fini par tuer l’institution qui ne répondait plus aux objectifs productivistes de l’organisation ecclésiastique devenue plus entreprise que chargée de mission.2

Les rencontres organisées par les « Anciens de l’EPTP » de StGermain en Laye, puis de St Cyr au Mont d’Or, et enfin de Montpellier ont mis en évidence l’exceptionnelle richesse de parcours de ces originaux, un jour – pas tous – appelés à devenir « pasteurs ». Beaucoup ont brisé leur marque pour explorer d’autres réalités de notre temps. Certains ont même eu des parcours heurtés, cassant les trajectoires pourtant choisies de bonne foi. D’autres ont eu des parcours sinueux, à la marge de leur intuition originale. Ils ont pourtant brisé les marques qui témoignent aujourd’hui de leur évolution, et de celle du monde dans lequel ils ont inscrit « leurs temps ».

En octobre 2017 nous constations l’intensité des éclairages des participants, et nous nous sommes interrogés sur le devenir des vivants, ceux dont nous avions quelques nouvelles pour nous avoir expliqué leurs absences. Nous avons constaté que ceux qui étaient restés dans l’institution ecclésiastique avaient maintenu un contact – parfois seulement en lisant des comptes rendus de synodes ou de rencontres thématiques – ils se savaient toujours présents.

Il y avait les autres, que l’intérêt pour la mémoire d’autrefois avait poussé à participer aux rencontres des « anciens de l’EPTP ». Merci à ceux de StGermain dont le nombre diminue à la mesure de leur approche du siècle, et à Ceux de St Cyr qui ont eu l’envie de revoir les lieux et les amis qui ont marqué leurs temps dans la région Lyonnaise.

Et puis il y a ceux dont la « fente » est devenue plus large. Ils opnt mis une distance à première vue infranchissable entre les deux parties des « témoins » de leur évolution.

Bien sur il y a la « perte de la foi ». Encore faudrait-il s’entendre sur les termes, car quand nous les retrouvons, ils ne croient plus à la trinité, ni à la confession de foi de Nicée Constantinople. Pourtant la conviction dont ils témoignent dans leurs engagements est simplement … incroyable. Ceux là sont attachés à une partie de leurs passé, n’en niant pas l’autre, mais ils constatent simplement que l’autre n’est plus pertinente dans leur actualité.

Et puis il y a ceux dont « la rupture » a été l’essentiel de leur évolution : Une béance impossible à retenir, malgré les ancrages essayés, les contreforts accumulés, et les torrents dévastateurs.

L’âge et l’expérience apportant parfois une sorte de sage résignation, et renonçant à luter contre leur propre identité, ils ont le courage – l’audace – de répondre à un de ces amis resté sur le bord du monde et qui les invite a venir partager un moment de leur passé commun.

Que de fois n’avons-nous pas entendu « Je n’ai rien à faire de rencontres d’anciens combattants », « mes petits enfants réclament ma présence »… « Ma santé précaire m’empêche de voyager jusqu’à Lyon »… « Mon séjour à l’EPTP a été si traumatisant que je ne souhaite pas raviver cette période » « Franchement, j’en ai plus rien à faire, j’ai passé à autre chose ! » – j’ai gardé des citations pour les rendre « politiquement correcte » car la violence de certains, qui ont quand même décidé de répondre, ne manque pas d’être surprenante tellement le ressenti est encore douloureux.

Ce qui ressort de tous ces témoignages , même les plus contradictoires, c’est que le monde dans lequel nous vivons est plus important que celui dans lequel nous avons vécu. Et je met en évidence cette distance, qui est celle des témoins de ciment dont je donnais la définition plus haut.

Ce qui m’a passionné au cours de nos différentes rencontres, c’est ce que chacun est devenu aujourd’hui : Le militant incorrigible de la démocratie et de la liberté, le psychanalyste qui publie des ouvrages de références, l’artiste qui s’honore de son seul diplôme de carreleur et participe à des activités dans le cadre des université prestigieuses. Mais aussi le contrôleur de la SNCF qui parcourait l’hexagone en poinçonnant les billets, le commandant des pompiers oublié de sa hiérarchie, disparu avec son chien dans la région de Belfort… Lui. je ne l’ai pas oublié !

Et puis les plus surprenants : L’ingénieur en environnement spécialiste de l’aménagement du territoire qui a pris avec enthousiasme le site internet « www.eptpaupresent.fr », enlevé par le « crabe » alors que notre dernière rencontre se concrétisait. Le mathématicien mondialement connu, l’artiste peintre qui vit de ses toiles, voir même le prof de théologie… pourquoi pas !

Il y a les auteurs de livres spécialisés, historiques. Ils racontent des expériences vécues, ou la mise en évidence de questions fondamentales pour notre société : Le travail, l’esclavage, la liberté de pensée.

Il y a les aumôniers militaires, anciens pacifistes de l’Algérie, les gradés des forces de dissuasion, les vignerons apaisés… et tous ceux qui rechignent à se raconter tellement la « modestie protestante » les a coincés dans un silence dont nous aimerions les faire émerger.

Ce sont ceux qui ont le plus de « témoins brisés » qui nous passionnent, non pas pour satisfaire une curiosité morbide, ou pour expliquer les « aléas du temps qui passe » mais pour mettre en évidence la singularité de leur adaptation au temps qui passe, l’originalité qui fait de chacun d’eux des vivants exceptionnels. Nous avons eu, à un moment ou un autre, l’honneur de croiser leur route.

Si « l’École Préparatoire de Théologie Protestante » est enfouies sous les gravats de l’histoire, les vivants sont une source infinie d’espoir pour les laissés de côté d’aujourd’hui, ceux qui ne « répondent pas aux besoins » de l’industrie ou des services. Ils ont su par leur propre personnalité être des témoins actifs des changements de notre temps.

Tous, à un moment ou un autre, ont été amenés à prendre une décision : retourner en arrière, faire un saut dans l’inconnu, se conformer à des exigences contradictoires, refuser des offres prestigieuses, ou accepter l’humble chemin d’une modeste fonction où ils ont été importants pour un enfant, pour une épouse, pour un groupe marginal, ou simplement pour s’en sortir « vivants ».

J’aimerai rencontrer ces témoins, et me réjouir avec eux, car c’est eux qui annoncent ce que souhaitait le type de Nazareth, qui nous avait pris par la main autrefois : Un monde « nouveau », enfin,  « différent » où les poings ne seront plus levés pour le combat, mais pour offrir des fleurs au printemps.

1Jean François Zorn, éditions Olivétan, 2013.

2L’école n’approvisionnant plus les églises protestantes en pasteurs, les synodes ont décidé de renoncer à soutenir les budgets de l’EPTP, ce qui a conduit à sa fermeture en 1990

Apocalypse kekseksanimaux ?

Pourquoi les animaux de l’apocalypse ?

Pour moi la « Bible » n’est pas « Parole de D.ieu » – mais je n’ai rien contre un avis différent – dans la mesure où la tradition juive m’a appris qu’il est impossible de dire quoi que ce soit sur D.ieu sans le trahir: Il reste inaccessible, innommable, inqualifiable, inimaginable…

Par contre, j’aime chercher ce que les humains ont essayé de dire en racontant leurs tribulations intellectuelles et parfois violentes, avec cette idée qu’entre la vie et la mort, nous avons assez de temps pour nous inventer des comportements et des bonnes raisons de les avoir pour survivre. Donc toutes sortes de bonnes raisons pour Inventer D.ieu.

Le choix des «  Animaux de l’Apocalypse » est stimulant pour les représentations artistiques qui sortiront de l’atelier de gravure, mais plus complexe pour clarifier ce que la présence de ce zoo fantastique fait dans ce livre qui a eu de la peine à entrer dans le canon des écritures…

Pour les lecteurs attentifs de la Bible, à la suite du monument de Charles Brutsch1, du commentaire de Pierre Prigent2 et de l’approche de Daniel Attinger3, dernier publié, que pouvons-nous dire d’autre que … ces animaux n’ont aucune importance en eux mêmes. Ils sont interchangeables, et nous pouvons les affubler de toutes sortes d’oripeaux, de têtes, de couronnes et de queues pour en deviner les sens cachés. Nous ne serons jamais les auditeurs du 1er ou du second siècle, pour identifier avec amusement les élucubrations de ce Jean dont tout le monde sait qu’il n’est pas celui qu’il prétend être, à part de Patmos… une île dont le vignoble est déjà renommé.

Mais prenons ce passage – un autre aurait aussi bien convenu – mais celui-ci se termine aussi par une phrase qui a fait couler beaucoup d’encre.

Apocalypse 14. 11Alors je vis monter de la terre une autre bête. Elle avait deux cornes comme un agneau4, mais elle parlait comme un dragon.

12Tout le pouvoir de la première bête, (Décrite dans le chapitre précédent) elle l’exerce sous son regard. Elle fait adorer par la terre et ses habitants la première bête dont la plaie mortelle a été guérie. 13 Elle accomplit de grands prodiges, jusqu’à faire descendre du ciel, aux yeux de tous, un feu sur la terre.

14 Elle séduit les habitants de la terre par les prodiges qu’il lui est donné d’accomplir sous le regard de la bête. Elle les incite à dresser une image en l’honneur de la bête qui porte la blessure du glaive et qui a repris vie.

15 Il lui fut donné d’animer l’image de la bête, de sorte qu’elle ait même la parole et fasse mettre à mort quiconque n’adorerait pas l’image de la bête.

16 A tous, petits et grands, riches et pauvres, hommes libres et esclaves, elle impose une marque sur la main droite ou sur le front.

17Et nul ne pourra acheter ou vendre, s’il ne porte la marque, le nom de la bête ou le chiffre de son nom.

18C’est le moment d’avoir du discernement. Que celui qui a de l’intelligence interprète le chiffre de la bête, car c’est un chiffre d’homme : et son chiffre est six cent soixante-six.

Homme 666

Inutile de chercher le numéro de portable de la bête : Nous savons que c’est un chiffre d’homme, et pas d’une entité évanescente magique ou divine : Qui fait la bête fait l’homme et vice versa5.

Ce qui paraît évident, depuis les lettres aux églises au début de l’Apocalypse, jusqu’à la descente de la Jérusalem Céleste, et ce que relève assez simplement Daniel Attinger6, c’est que Jésus de Nazareth est au centre de ce texte, qu’il est porté par l’ÊGISE (majuscule). Elle est ballottée par toutes les vicissitudes offertes par l’humanité, dans ses aspirations au pouvoir et les recours à la corruption. L’auteur de l’apocalypse décrit assez bien tous les travers de la politique et de l’économie, de la spiritualité débridée et de la magie si pratique pour vous faire prendre des vessies pour des lanternes, afin d’éclairer les lendemains, qui chantent des cantiques même parfois, encore aujourd’hui en Latin…7

Que signifie être croyant ? Les limites du formalisme fondamentaliste.

Si comme le laissent croire certains courants religieux, les rituels sont les conditions du salut : la burqa, la barbe, la tonsure, le rabat, la liturgie, les autels, les bougies et par dessus tout les yeux fermés et les mains jointes pour ne pas risquer de se rendre compte que tout change. En fait, chacun fait comme il peut : Nous ne nous compromettons pas trop, comme le soulignait le Père Beaupère:: « L’unité – Le Royaume ? – ne se réalisera pas grâce à nos efforts, mais quand le Christ le voudra ». En attendant, la Croix-Rouge, Médecins sans Frontière, L’Eper, l’action de Carême, comme d’autres, courent les risques que nous finançons par quelques clics de nos smartphones … quand même.8

La monétisation de la nature, comme y parvient Monsanto, y compris de la nature humaine, ne vous permettra jamais de profiter des richesses amassées, une fois vos cendres répandues dans le « jardin du Souvenir ». Vos héritiers n’y trouveront sans doute pas plus qu’un bonheur fugace sous l’œil d’un cyclone dévastateur comme la queue d’un serpent.

Les traités de sociologie, de gestion institutionnelles, de politique internationale sont toujours passionnants et/ou consternants à lire : Les pensées profondes des « coaches » ou des candidats aux plus hautes fonctions vont toujours s’échouer sur les écueils de l’amour propre, du besoin de s’affirmer, d’avoir raison contre la raison. Ils espèrent passer pour le plus fort à la tribune de la fête nationale, ou le lit de leur(s) maîtresse(s).

Pour l’auteur de l’Apocalypse, les animaux règlent les comptes des malades incapables ou « fainéants » qui nous gouvernent, élus politiques ou de Conseils d’Administration, de multinationales ou de gangs agro alimentaires. Il nous rappelle que finalement, ils se seront tous bouffés entre eux, aussi puissants qu’ils sont. Leurs statues d’or ou de plomb seront recyclées pour les plus grand bien de tous … Bon c’est pas demain la veille, il faudra attendre un peu… mais c’est en respectant les dix paroles et en allant comme Jésus de Nazareth jusqu’au bout de leurs conséquences qu’adviendra la Nouvelle Jérusalem.

Si la référence à Jésus de Nazareth est au centre de votre réflexion, comme le navigateur de votre action, votre bonheur sera assuré, car il a dit « JE SUIS9 » (est) le chemin, la vérité et la vie. Le reste n’est que chimère et langue de bois.

L’apocalypse serait donc un traité d’éthique comportementale, politique et sociale, destiné à inspirer les humains et les sociétés, dans le respect mutuel et la charité, la vérité et la solidarité. Faute de quoi les bestioles les plus terrifiantes vous magneront crus ou cuits. Nous ne sommes pas loin des contes de Perrault / Grimm, comme l’a montré Bruno Bettelheim10. Ce n’est pas Machiavel, mais qui veut la fin se donne les moyens : Tout le monde peut lire l’Apocalypse et en bénéficier, à condition d’user de la clé la plus simple : Il n’y a pas de mystère, juste de l’imagination ! 11

En situant le religieux – ce qui relie la communauté – à l’intérieur du concept de laïcité, il perd de son impact absolu et n’est plus une béquille de l’existence pour les handicapés de l’évolution… – vous avez dit « opium du peuple »?

En fait, ce n’était peut-être pas nécessaire d’écrire l’apocalypse, mais quel talent pour se faire vibrer le soir au coin du feu, et avoir peur en sachant qu’on ne risque pas grand chose…

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Charles Brutsch, « La clarté de l’Apocalypse » Labor et Fidès,5e édition 1966, 505 p.

Pierre Prigent « L’apocalypse de Jean » Delachaux et Niestlé 1981, 382 p.

Daniel Attinger,« L’apocalypse de Jean , à la rencontre du Christ dévoilé » Editions Ouverture, 2005. 121p.

Comme les faux Jésus de Nazareth ou messies dont il faut reconnaître le masque

5 En Hébreu il n’y a pas de signe particulier pour écrire les chiffres. Ceux-ci sont marqués par les lettres de l’alphabet. Si on écrit en hébreu César et Néron. la somme des valeurs numériques est de 666, un code comme un autre.

6 Pasteur, co fondateur de la communauté de Bose.

7 J’ai aimé l’identification de la « femme enceinte » avec sa couronne de douze étoiles, que les théologiens ont si souvent identifié à Marie (L’europénne). Mais les exégètes, plus souvent les non romains, identifient plutôt l’Eglise, qui met au monde l’agneau immolé … dont le sang va « laver » l’âme des pêcheurs : Tous ceux qui ont essuyé les genoux d’un enfant avec un mouchoir savent que le sang n’est pas vraiment à la hauteur d’Ariel pour laver plus blanc ! Oups Merci Calgon !

Karl Barth paraphrasant Charles Péguy ( Le kantisme a les mains pures ; par malheur, il n’a pas de mains. ) disait que des chrétiens qui ne s’engagent pas gardent les mains propres … le problème est qu’ils n’ont pas de mains.

« Eyeh asher Eyeh », traduit comme vous voudrez pour résumer « JE SUIS »

10 Bruno Bettelheim , « Psychanalyse des contes de fée ». 1976

11 Voir les tableaux de Breughel dans le « Jugement dernier en procès » André Herren, Ed Payot 2011

Pentecôte, un rendez vous avec l’Esprit

« Qu’il et difficile d’aimer… » chante Gilles Vignault, et je viens d’en faire l’expérience, que certains on pu voir en direct sur Fasse Bouque…

Il m’arrive de réagir à des phrases piquées ici ou là sur les contributions des « amis », en phase avec l’actualité ou le contexte culturel.

Cela a commencé avec l’annonce de mes amies de St Augustin, que j’apprécie toujours autant : L’annonce de « la tentation » d’une nouvelle version du « Notre Père ».

Il me semblait qu’aucune des versions en usage ou proposée ne correspondait plus à ce que nous percevions du message des évangiles (pluriels!) et de l’intention proposée par Jésus de Nazareth. En effet certainement qu’il ne souhaite pas nous « Laisser tomber dans la tentation », « succomber à la tentation » « induire en tentation » et encore moins « y conduire ».

J’avais relevé que l’exemple de Jésus nous indique plutôt que nous sommes responsables de nos comportements, et que notre attitude face à la tentation découle d’une décision individuelle dont les conséquences nous touchent personnellement.

Nous avons le choix, quand la tentation « passe devant nous » de prendre ou de ne pas prendre, d’hésiter, de soupeser, et finalement de décider.

Si c’est facile quand c’est une tartelette au citron de plus, c’est naturellement plus difficile quand il s’agit d’avoir plus de pouvoir, d’argent, ou d’influence.

C’est là que le dialogue a commencé à déraper : quand j’ai essayé d’argumenter avec la raison de la foi, j’ai eu quelques réactions positives – merci – et en particulier une autre qui m’opposait le « Catéchisme de l’Eglise Catholique », qui promet « l’Enfer » à qui se laisse tenter.

Il y a pas mal de références dans la vie de Jésus à propos de ceux qui ont été tentés, et donc « pécheurs ». Ils sont pardonnés : La« femme adultère » ne sera pas lapidées, Zachée hébergera Jésus à Jéricho et la phrase célèbre au Golgotha « Père pardonne leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ».

En ce qui concerne « l’Enfer » il est suffisamment présent sur cette terre, pour ne pas le souhaiter à son meilleur opposant.

En essayant de resituer ces notions dans leur contexte historique, comme l’usage de « codes » qui évoquent des émotions, des douleurs ou des récompenses. Il y a des images qui à leur époque permettaient de transmettre une idée, ou de contrer des croyances absurdes, et dont nous savons que « le pied de la lettre » est absurde…

Sauf que mon intention de partager sereinement des arguments divergents en vue de se comprendre, même si nos convictions ne sont pas les mêmes, a produit une agressivité troublante : J’étais devenu un abominable « protestant  anti catholique » indigne de dialoguer avec une VRAIE catholique qui me traite de « sale type » …

Pour ceux qui me connaissent, ce n’est pas vraiment ce qu’ils savent de mon parcours, pas seulement œcuménique, mais bienveillant envers mes frères et confrères « romains » qui m’accueillent, et avec qui je partage tant d’activités, toujours avec bonheur … et je ne parle pas des Sœurs de St Augustin, mes chères « frangines » depuis des années.

Dans les années 90, j’avais déjà été confronté à ce genre de problématique, lors d’un repas « œcuménique » avec les paroisses voisines. Un frère de St Jean m’avait expliqué pendant une heure en quoi mes convictions étaient étrangères et opposées à l’église catholique romaine… J’avais beau lui dire qu’il ignorait tout de mes convictions, il n’en démordait pas : Il avait le Salut, et moi la Géhenne : Le dessert a eu du mal à passer.

Les « dogmes » ont leur utilité, comme la connaissance des formules chimiques pour connaître la composition des matériaux, mais dans la vie courante, les explications sur les relations intra-trinitaires du concept divin, la pertinence de la durée de la « vie éternelle », la consubstantiation ou la transsubstantiation des espèces de l’eucharistie n’a que peu d’effet sur notre besoin de communier solidairement avec ce Jésus-Christ qui est présent et nous échappe. Il nous échappe comme le « Nom de Dieu », « Nom d’un Père » inconnaissable depuis la tradition hébraïque, mais « Père » qu’il faut « sanctifier » pour expérimenter notre famille spirituelle.

En ce qui concerne la nouvelle formulation de prière exemplaire, j’en donerai le sens suivant :

                                         « Aide nous à ne pas choisir de nous laisser tenter                                              par ce qui n’apporte rien à notre humanité »

Et je suis d’accord que, liturgiquement, c’est un peu difficile a dire tous ensemble, alors, n’importe quelle formule conviendra si nous en assumons la responsabilité.

Avec le temps j’ai appris que la foi de chacun est particulière, et que toutes les expressions qui en témoignent ont leur valeur si cela permet de vivre dans la liberté, la vérité et la charité.

Croire aux apparitions divines ou ne pas y croire, croire à l’intervention des saints ou les laisser dans leur cryptes ou leurs montagnes ne me gène pas du tout. Un lumignon éclairant le souvenir de ma visite, une médaille bénie qui aide à surmonter des difficultés, ou qu’elle soit seulement un bijou hérité de ses parents n’aura que la valeur que nous lui donnerons, « Grâce à Dieu ».

Mais tous les « il faut… » « on doit …», et toutes les barrières construites pour favoriser les privilèges de « ceux qui savent » ou qui imaginent imposer leur « pouvoir » d’ouvrir ou de fermer les portes de l’enfer sont exactement ce que Jésus de Nazareth dénonçait chez les scribes et les pharisiens.

Ce que nous raconte la Bible, c’est la géniale (vous pouvez dire Sainte) histoire de la vie des hommes et des femmes, confrontés aux difficultés de leur temps, économiques, politiques, spirituelles. A toutes les époques ils ont raconté leurs espoirs, leurs doutes, leurs morts et leurs victoires. Ils expliquent les conditions de leur survie, et surtout de la survie d’une idée fondamentale : Nous sommes porteurs de l’intuition vitale, « Divine » si vous voulez, qu’il y a quelques conditions pour que l’humanité puisse vivre en paix, du noyau familial à l’échelle des nations : « Dix Paroles » qui sont le message fondamental des croyants, et que nous pouvons trouver sur tous les continents et dans toutes les cultures.

Alors, oui, l’ENFER se manifeste quand ce que JE crois n’est pas conforme à ce que je pense que TU crois, et qu’il est nécessaire de T’éliminer pour affirmer que J’ai raison.

A propos des risques de « l’autorité » spirituelle, souvent mise en question quand elle devient abusive, les habitants des Indes disent qu’ « On a le gourou qu’on mérite », ici, le « président que nous avons élu »… Dans l’Eglise, nous qui avons les « Dix Paroles », nous avons quelques critères pour sélectionner ceux qui peuvent nous accompagner, et nous rappeler que nous ne sommes rien d’autre que l’un ou l’une d’entre nous, ni plus ni moins privilégié au regard de la communauté humaine.

En cela, le Pape François trace bien la route qui reconduit au « Royaume de Dieu » …  mais on y est pas encore.

Le fondamentaliste et les philosophes

Paul entre Athènes et Corinthe

Introduction.

Le récit comme une pédagogie des comportements

et de la compréhension du monde

Prenez comme exemple un événement parfaitement anodin dans les Alpes : L’effondrement d’une paroi rocheuse à Derborence au 17e siècle. Il y a eu passablement d’autres éboulements, d’autres villages sinistrés au cours des siècles, mais celui-ci a donné lieu à l’œuvre de CF Ramuz, et Derborence est devenu l’archétype de la catastrophe naturelle qui fait référence dans la culture. Sans le récit du romancier, l’Histoire n’aurait rien retenu, sinon pour la curiosité des spécialistes, quelques hypothèses géologiques au moment de réaliser la cartographie de la région.

L’auteur des « Actes » va développer une histoire, en suivant le fil de deux personnes importantes au début du Christianisme, situant des communautés et des événements qui ont marqué les croyants de cette époque et dont les témoignages sont encore accessibles au début du 2e siècle … et compréhensibles au 21e siècle.

Si nous prenions les textes, non pas selon la méthode historico-critique ou paléographique, mais en se posant la question : A quoi doivent-ils servir ?               Et à quelles situations répondent ils ?

Pour les évangiles, c’est à peu près clair : Ils sont une initiation à la vie du Christ et donc un support pour son enseignement, une « Histoire Sainte » pour nous encourager à le « suivre » comme nous croyons pouvoir le faire, avec les risques qu’il a couru, les oppositions qu’il a du affronter, et sa détermination pour assumer la « vérité » et la Liberté des enfants de D.IEU.

En ce qui concerne les Actes des Apôtres, qui suit / complète l’Évangile de Luc (même auteur?) nous sommes dans une autre perspective. Il y a longtemps que Jésus de Nazareth est mort (environ deux générations = 60-70 ans) et l’histoire des premières communautés s’est déjà bien complexifiée : Les disciples sont partis dans toutes les directions avec leurs propres compréhensions de ce Rabbi qu’ils pressentent Messie, et dont il faut assurer la transmission du message.

L’idée qu’ils étaient tous assidus à la prière et au partage des biens n’aurait pas été mentionnée si cela avait été la réalité ! (Actes 2:42-46) car très vite nous apprenons que Pierre et Paul ont des « visions du Royaume » et des conditions pour y accéder qui diffèrent éventuellement gravement, jusqu’au « Concile de Jérusalem » qui consacrera la coexistence pacifique des pratiques devenues courantes, même si elles sont différentes, et non pas divergentes.(Actes 15:1-12)

Il n’y a pas encore de « droit Canon » avec articles et définitions dogmatiques. Il y a des Apôtres= disciples de Jésus de son vivant. Il y a des « autres apôtres » qui se sont auto proclamés comme Paul. Et puis des « prophètes » qui se considèrent fidèles à Jésus de Nazareth, pratiquant le baptême sans succession apostolique, mais « qui n’est pas contre nous est avec nous »(Luc 9:50), Dieu y reconnaîtra les siens.

Tout au long de ce récit, nous découvrons les difficultés et les succès de la prédication apostolique, la complexité des relations humaines, et les différences culturelles des villes et régions traversées par ces « itinérants » de la communication chrétienne, chacun avec ses charismes et ses défauts.

Le réalisme de l’auteur des Actes ne nous épargne rien : les « plantées » qui conduisent à la prison, les bagarres entre convaincus divergents, les conversions miraculeuses, et les surprises comme l’apparition de Lydie, la marchande de Pourpre devenue sans doute « cheffe de la communauté de Philippe de Macédoine » puisque c’est chez elle que vont se retrouver les croyants de cette bourgade du nord de la mer Eggée, face à la Turquie, et première étape européenne de Paul.

Pierre est la figure au premier plan de la première partie des Actes, Paul est le héros de la seconde section, et son voyage se termine à Rome, ou plutôt le Livre es Actes se termine avec le séjour de Paul à Rome, avant sa mort.

Je n’aborderai pas le parcours de Pierre, bien connu comme pêcheur engagé par Jésus au début de son parcours pour s’assurer (Ah bon?) un moyen de locomotion sur la Lac de Tibériade…

L’origine culturelle de Paul

Actes 22  (TOB)

3« Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie, mais c’est ici, dans cette ville, que j’ai été élevé et que j’ai reçu aux pieds de Gamaliel une formation strictement conforme à la Loi de nos pères. J’étais un partisan farouche de Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui,

Actes 23 :6Sachant que l’assemblée était en partie sadducéenne et en partie pharisienne, Paul s’écria au milieu du Sanhédrin : « Frères, je suis Pharisien, fils de Pharisiens ; c’est pour notre espérance, la résurrection des morts, que je suis mis en jugement. » 

Paul est, ce que nous pourrions appeler un « Fondamentaliste Juif ». Il a été éduqué en « circuit fermé ». Il ignore la culture du « monde » et même s’il vit au milieu de la civilisation gréco-romaine ( Il se dit citoyen Romain) il en récuse les traditions et « la religion » … dont, en fait, il ne connaît que ce qui en est visible : Les temples et les cérémonies publiques.

Il s’applique à la seule chose qui importe à tous les hassids : Vivre de l’étude de la Torah dans une yeshiva (celle de Gamaliel) et se garde du « monde » et des plaisirs qui détournent le fidèle de YHWH. (Comme les Fondamentalistes juifs aujourd’hui, chapeau noirs et papillottes)

Il y a des chances que devenus « apôtre » il continue dans sa perception du monde, comme aujourd’hui certains mouvements fondamentalistes chrétiens (Darbystes, Amish, etc) sans aucun intérêt pour le « modernisme » … ou comme le pape Pie X dans son encyclique Pascendi Dominici Gregis en 1907

Paul trouve la communauté de Philippe de Macédoine

Actes 16

6Paul et Silas parcoururent la Phrygie et la région galate, car le Saint Esprit les avait empêchés d’annoncer la Parole en Asie. (Nord et centre de l’Anatolie)

7Arrivés aux limites de la Mysie, ils tentèrent de gagner la Bithynie, mais l’Esprit de Jésus les en empêcha. 8Ils traversèrent alors la Mysie et descendirent à Troas. 

9Une nuit, Paul eut une vision : un Macédonien lui apparut, debout, qui lui faisait cette prière : « Passe en Macédoine, viens à notre secours ! » 

10 A la suite de cette vision de Paul, nous avons immédiatement cherché à partir pour la Macédoine, car nous étions convaincus que Dieu venait de nous appeler à y annoncer la Bonne Nouvelle.

A Philippe de Macédoine, Paul trouve hébergement chez Lydie :

Comme ce fut le cas dans presque tous ses déplacements, Paul et ses amis vont rejoindre les « craignants Dieu » les « pas tout à fait juifs » ces croyants attirés par cette spiritualité qui vénèrent un Dieu imprononçable qui proclame Dix Paroles moins compliquées que les rituels gréco-romains ou les mystères orientaux.

Jésus déjà fréquentait « ces gens là » au bord du Jourdain, le long de la Mer de Galilée, ces croyants qui n’appréciaient pas vraiment les pharisiens et les sadducéens trop proches du pouvoir de l’occupant.

Actes 16

13 Le jour du sabbat, nous en avons franchi la porte, pour gagner, le long d’une rivière, un endroit où, pensions-nous, devait se trouver un lieu de prière ; une fois assis, nous avons parlé aux femmes qui s’y trouvaient réunies. 

14L’une d’elles, nommée Lydie, était une marchande de pourpre originaire de la ville de Thyatire qui adorait déjà Dieu. Elle était tout oreilles ; car le Seigneur avait ouvert son cœur pour la rendre attentive aux paroles de Paul.

15 Lorsqu’elle eut reçu le baptême, elle et sa maison, elle nous invita en ces termes : « Puisque vous estimez que je crois au Seigneur, venez loger chez moi. » Et elle nous a forcés d’accepter.

Le séjour tourne mal, comme d’habitude, la polémique entre deux fondamentalismes, les uns fidèles au Judaïsme, les autres annonçant la « Bonne Nouvelle »…

Actes 17 : 15 ss. – Actes 18:18

15Ceux qui escortaient Paul poussèrent jusqu’à Athènes, puis ils s’en retournèrent, avec l’ordre, pour Silas et Timothée, de venir le rejoindre au plus vite.

Paul et les philosophes d’Athènes.

Qui sont ces « Philosophes » ? Les « people » de l’époque, mais aussi les savants, mathématiciens, physiciens, chercheurs de réponses, et poseurs de questions réalistes sur l’état du monde, des objets, des étoiles et de la matière.

Comment a-t-elle apparu, cette terre et tout ce qu’elle contient : Par exemple : Une chaise : Une fois brûlée, il ne reste qu’un petit tas de cendres. Donc la matière de la chaise est constituée essentiellement de « vide » puisqu’une fois passée par le feu ce qui reste est dérisoire. Qu’est-ce que cette « matière » ? Des atomes qui se tiennent ensemble… par la volonté nécessaire ce celui qui regarde l’objet dont elle est formée…ou une force divine ? Le mythe de la caverne de Platon interroge sur l’image de la réalité et sur la relative pertinence de cette réalité. La mort conduit à la décomposition du corps. Il ne reste que les os, pour les animaux comme pour les humains, un matériau blanc comme le calcaire…

La mythologie inspire les poètes, les divinités de l’Olympe permettent aux auteurs des comédies ou des tragédies dont personne ne pense qu’elles sont le reflet d’une quelconque réalité autre que littéraire et artistique. Sur l’Agora Athénienne si les gens espèrent que leur mort ne sera pas trop difficile à aborder, ce qu’il y a de l’autre côté reste totalement inconnu … sauf pour quelques « connaisseurs » qui vous font miroiter un paradis avec plus ou moins de vierges selon les époques. 

Quelques informations sur la perception des « divinités »

Dès le 7e siècle av.JC et plus encore dès le 5e les philosophes et « savants » grecs se sont posés la question de la création, de la souveraineté universelle et des principes de l’origine de toutes choses.

La « religion » et ses rituels marquaient le parcours annuel et sociétal avec ses rites de passage, ses initiations. Très vite les intellectuels les plus futés se sont rendu compte que l’intervention humaine n’avait aucune influence sur le parcours du temps et des éléments. Seuls les comportements humains pouvaient être organisés, régulés, structurés si ils étaient mis en rapport avec des traditions en relation avec le « religieux » d’où découlait une éthique.

Les grecs n’étaient pas athées au sens moderne du terme, ni incroyants dans les coutumes de l’époque. S’ils n’accordaient pas « foi » dans les Dieux de l’Olympe, ils se servaient de ces symboles pour communiquer leurs questions en sachant pertinemment que sur l’Olympe, il n’y avait que de la neige et parfois des orages dont ils ignoraient l’origine.

Ils imaginaient qu’il y avait une « divinité » originelle, et des principes de fonctionnement du monde inexplicables sans une « force divine » qui mettait en mouvement les astres, soleil, Lune, vents et marées, vie et mort.

L’anthropomorphisme donné à ces différentes forces qui agitaient l’univers et nos émotions est devenu le panthéon et rejoint culturellement les « faire-croire » des « initiés » des religions animistes, chamanistes, etc.

Les récits des poètes inspirent les sculpteurs, les traditions mythologiques vont permettre à des artistes comme Praxitèle, Phidias et Lysippe de sculpter des « idoles » = des représentations de divinités ou de héros, placés dans des bâtiments votifs, appelés « temples » mais plus représentatifs de la richesse de ceux qui les ont sponsorisés. Ils qui entretiennent leurs célébrants-servants de dieux, au sens ou on l’entend habituellement, mais sans aucune ressemblance avec ce que les fidèles juifs croyaient.

Dans l’histoire européenne : Les cathédrales sont le reflet de la richesse des commanditaires qui les ont édifiées…comme la Fondation Pierre Arnaud à Crans Montana, ou les musées Guggenheim de New-York ou Venise.

Autre exemple contemporain au 21e siècle : Les « Tramp Buildings » ou les méga centres comme ceux de Google aux USA qui sont l’expression culturelle de la même envie de dire : « Voyez comme je suis riche et béni des Dieux».

16Tandis que Paul les attendait à Athènes, il avait l’âme bouleversée de voir cette ville pleine d’idoles.  17 Il adressait donc la parole, dans la synagogue, aux Juifs et aux adorateurs de Dieu, et, chaque jour, sur la place publique, à tout venant. 18 Il y avait même des philosophes épicuriens et stoïciens qui s’entretenaient avec lui. Certains disaient : « Que veut donc dire cette jacasse ? » Et d’autres : « Ce doit être un prédicateur de divinités étrangères. » – Paul annonçait en effet Jésus et la Résurrection. 

19 Ils mirent donc la main sur lui pour le conduire devant l’Aréopage : « Pourrions-nous savoir, disaient-ils, quelle est cette nouvelle doctrine que tu exposes ?  20En effet, tu nous rebats les oreilles de propos étranges, et nous voudrions bien savoir ce qu’ils veulent dire. »  21 Il faut dire que tous les habitants d’Athènes et tous les étrangers en résidence passaient le meilleur de leur temps à raconter ou à écouter les dernières nouveautés.

22 Debout au milieu de l’Aréopage, Paul prit la parole : « Athéniens, je vous considère à tous égards comme des hommes presque trop religieux. 

23 Quand je parcours vos rues, mon regard se porte en effet souvent sur vos monuments sacrés et j’ai découvert entre autres un autel qui portait cette inscription : “Au dieu inconnu”. Ce que vous vénérez ainsi sans le connaître, c’est ce que je viens, moi, vous annoncer. 24 Le Dieu qui a créé l’univers et tout ce qui s’y trouve, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas des temples construits par la main des hommes 25 et son service non plus ne demande pas de mains humaines, comme s’il avait besoin de quelque chose, lui qui donne à tous la vie et le souffle, et tout le reste.

26« A partir d’un seul il a créé tous les peuples pour habiter toute la surface de la terre, il a défini des temps fixes et tracé les limites de l’habitat des hommes :  27 c’était pour qu’ils cherchent Dieu ; peut-être pourraient-ils le découvrir en tâtonnant, lui qui, en réalité, n’est pas loin de chacun de nous.

28« Car c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être, comme l’ont dit certains de vos poètes : “Car nous sommes de sa race.”

29« Alors, puisque nous sommes la race de Dieu, nous ne devons pas penser que la divinité ressemble à de l’or, de l’argent, ou du marbre, sculpture de l’art et de l’imagination de l’homme.  30Et voici que Dieu, sans tenir compte de ces temps d’ignorance, annonce maintenant aux hommes que tous et partout ont à se convertir. 31 Il a en effet fixé un jour où il doit juger le monde avec justice par l’homme qu’il a désigné, comme il en a donné la garantie à tous en le ressuscitant d’entre les morts. »

32 Au mot de « résurrection des morts », les uns se moquaient, d’autres déclarèrent : « Nous t’entendrons là-dessus une autre fois. »  33 C’est ainsi que Paul les quitta. 

34Certains pourtant s’étaient attachés à lui et étaient devenus croyants : parmi eux il y avait Denis l’antidopage, une femme nommée Tamaris, et d’autres encore.

Paul s’est magistralement « planté » : Jusqu’à l’évocation de la résurrection, cela faisait partie des mythologies et des récits allégoriques, cela pouvait passer, mais il n’avait pas le talent d’Aristophane ou d’Eschyle, son image de Dieu était un peu terre à terre, de ces croyances juives connues et sans grand écho sur l’Aréopage.

Mais la résurrection des morts, a part celle des ivrognes après un comas éthylique, personne ne peut y croire sérieusement…passons à autre chose !

Ce qui est admirable dans le livre des actes, c’est que ce récit totalement « défavorable à Paul » va servir d’exemple : Il démontre la nécessité d’assimiler la culture de ses auditeurs avant de leur enfiler des calembredaines.

Paul va faire les 90 KM entre Athènes et Corinthe en trois jours, en ruminant son échec devant les philosophes, et en méditant sur Denis, Tamaris et la petite communauté judéo-chrétienne qui avait déjà entendu parler de Jésus avant l’arrivée de Paul, et qui maintenant était convaincue… mais par autre chose que le discours sur l’Autel au Dieu Inconnu… Sans doute par le partage du pain et du vin, en « Présence du Christ ».

La fondation de l’Eglise de Corinthe.

Corinthe, c’est la ville polyglotte, au carrefour commercial et international sur l’isthme du même nom, cette ville est le point de passage privilégié entre la méditerranée et la Mer Eggée. C’est là que sont débarquées les cargaisons de Rome et d’Italie qui seront remises à flot de l’autre côté de l’obstacle terrestre qui relie le continent au Péloponnèse, pour l’Asie Mineure.

Dans cette ville se croisent toutes les spiritualités, toutes les conditions sociales, les marchands, les esclaves, les soldats, les philosophes et les artistes qui vont d’un côté à l’autre du monde Gréco-romain. On pourrait comparer Corinthe à New-York aujourd’hui.

Paul y apprendra les références de ses contemporains, hors du Judaïsme.

Chapitre 18

1 En quittant Athènes, Paul se rendit ensuite à Corinthe. 

2 Il rencontra là un Juif nommé Aquilas, originaire du Pont, qui venait d’arriver d’Italie avec sa femme, Priscille. Claude, en effet, avait décrété que tous les Juifs devaient quitter Rome. Paul entra en relations avec eux 3 et, comme il avait le même métier – c’était des fabricants de tentes – il s’installa chez eux et il y travaillait.  4 Chaque sabbat, il prenait la parole à la synagogue et tâchait de convaincre Juifs et Grecs.  5Mais, lorsque Silas et Timothée furent arrivés de Macédoine, Paul se consacra entièrement à la Parole, attestant devant les Juifs que le Messie, c’est Jésus.

6 Devant leur opposition et leurs injures, Paul secoua ses vêtements et leur déclara : « Que votre sang vous retombe sur la tête ! J’en suis pur, et désormais c’est aux païens que j’irai. » 7 Quittant ce lieu, il se rendit chez un certain Titus Justes, adorateur de Dieu, dont la maison était contiguë à la synagogue. 

8Crispus, chef de synagogue, crut au Seigneur avec toute sa maison, et beaucoup de Corinthiens, en écoutant Paul, devenaient croyants et recevaient le baptême. 

9Une nuit, le Seigneur dit à Paul dans une vision : « Sois sans crainte, continue de parler, ne te tais pas. 

10Je suis en effet avec toi et personne ne mettra la main sur toi pour te maltraiter car, dans cette ville, un peuple nombreux m’est destiné. »

11 Paul y demeura un an et six mois, enseignant la parole de Dieu.

12La comparution de Paul devant Gallion

Sous le proconsulat de Gallion en Achaïe, l’hostilité des Juifs devint unanime à l’égard de Paul, et ils l’amenèrent au tribunal. 13 « C’est à un culte illégal de Dieu, soutenaient-ils, que cet individu veut amener les gens. » 

14Paul allait prendre la parole, quand Gallion répondit aux Juifs : « S’il s’agissait d’un délit ou de quelque méfait éhonté, je recevrais votre plainte, ô Juifs, comme de raison ; 15mais, puisque vos querelles concernent une doctrine, des noms et la loi qui vous est propre, cela vous regarde ! Je ne veux pas, moi, être juge en pareille matière. » 16Et il les renvoya du tribunal. 17 Tous se saisirent alors de Sosthène, chef de synagogue ; ils le rouaient de coups devant le tribunal ; mais Gallion ne s’en souciait absolument pas.

Passage de Paul à Antioche

18Paul resta encore assez longtemps à Corinthe. Puis il quitta les frères et s’embarqua pour la Syrie, en compagnie de Priscille et d’Aquilas.

On évalue à 3 ans le séjour de Paul à Corinthe. Avec ses amis, il va commencer par se taire et à écouter la manière dont s’expriment les membres de la petite communauté d’abord chez Aquilas, puis chez Titius Justus, qui n’avait pas de « passé juif » à surmonter.

Devant Gallion, c’est la première fois que la « séparation de l’Eglise et de l’État » est explicitement mise en évidence : reprenant la phrase de Jésus « rendez à César ce qui et à César et à Dieu ce qui et à Dieu ».

On peut dire que c’est une véritable « mise à niveau » que Paul opère à Corinthe et cela va lui servir pour tout son « ministère » itinérant. Il insistera sur son identité de citoyen Romain plus que sur son origine pharisienne désormais plus lourde à porter.

Conclusion :

Le parcours de Paul entre Philippe et Corinthe nous permet de comprendre qu’il ne sert à rien de proférer des idées fondamentalistes sans en connaître le sens originel pour le rendre « audible » dans la situation où on se trouve.

L’échange avec la communauté locale a été indispensable pour valoriser la tradition juive dans un nouveau contexte.

Il est nécessaire de comprendre ce que les destinataires de nos messages peuvent entendre, et ce qui va « brouiller » la communication : Un beau discours proféré par un orateur dont la cravate est de travers et la veste mal boutonnée perturbera les auditeurs spectateurs plus que la difficulté des propos. De même l’emploi d’un vocabulaire ou de concepts inconnu des auditeurs rendra le discours inaudible.

Paul va apprendre la culture Gréco romaine et développera l’organisation de « l’Ecclésia » avec ses successeurs pour en faire une organisation universelle (catholique) qu’il faudra adapter, siècle après siècle pour que le cœur de la Bonne Nouvelle reste pertinent. Le Livre des Actes est donc une « marche à suivre » …